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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 07:53

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CH.III       LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

R. Comté et Marquisat de Provence (ancien Royaume de Provence)                                                                                                              terres d’empire de 1032 à 1486

Lors du démembrement de l’empire de Charlemagne en 843, l’ancien Royaume Burgonde est scindé en Duché de Bourgogne rattachée au Royaume de Francie Orientale,  et Bourgogne Transjurane et  Cisjurane (dont dépend la Provence) rattachée à la Francie Médiane de l’empereur Lothaire. 

Maison des Bosons

En 875, profitant de la mort de Louis II, fils de Louis le Germanique, Charles le Chauve s’empare de la Provence et fait de son beau-frère Boson, déjà seigneur du Lyonnais, du Viennois et de la vallée de la Saône, le duc de Provence. Charles se fait aussi sacrer empereur à Rome par le pape Jean VIII. A son retour en France, Charles est pris d’une forte fièvre, un médecin lui fait prendre une médication soit disant empoisonnée. Charles meurt le 6 octobre 877. Son fils Louis le Bègue lui succède sur le trône de Francie occidentale.

En 878, le pape Jean VIII est menacé par les invasions sarrasines, et c’est Boson qui assure sa protection en le recevant en Arles s’attirant ainsi ses faveurs.

Louis le Bègue de santé fragile meurt en 879 à Compiègne. Ses successeurs, Louis III (royaume des Francs et Neustrie) et Carloman II (Aquitaine et Bourgogne) semblent incapables de lutter efficacement contre la reprise des invasions et leur succession est vivement contestée.

.Boson (879-887), roi de Provence de  879  à 887

Il épouse en 876 Ermengarde, fille de l’empereur Louis II le Jeune.

Dès la mort de Louis II le Bègue, les droits de succession de ses fils Louis III et Carloman II sont sérieusement contestés. Le 15 octobre 879, des grands ecclésiastiques et seigneurs se réunissent en concile au château de Mantaille dans la Drôme et choisissent Boson comme roi du royaume de Burgondie constitué des vastes possessions de Boson, mais aussi des diocèses des religieux – six archevêques et dix-sept évêques – présents (Aix, Arles, Autun, Avignon, Beaune, Besançon, Chalon, Dijon, Genève, Grenoble, Langres, Lausanne, Lyon, Macon, Marseille, Tarentaise, Tonnerre, Troyes, Valence, Vienne).  

Boson est couronné quelques jours plus tard à Lyon, par Aurélien, l'archevêque de cette ville. Il installe sa capitale à Vienne, ancienne capitale de la Gaule. Mais il doit faire face à une alliance des rois carolingiens. Louis III de Francie occidentale, Carloman II et leur cousin Charles III le Gros et un représentant de Louis le Jeune, retenu dans son royaume par la maladie  se rencontrent en juin 880 en Lorraine. Fin 880, les troupes de l'alliance, après avoir repris Autun, Besançon, Chalon, Mâcon et Lyon, se trouvent devant Vienne. Boson se réfugie avec la plus grande partie de ses troupes dans les montagnes, laissant la défense de la ville sous le commandement de son épouse. Alors que Charles III le Gros  est parti recueillir la couronne d'Italie, Louis III et Carloman II abandonnent le siège de la ville et permettent ainsi le retour de Boson dans sa capitale. Charles III le Gros, nouvellement élu empereur d'Occident, fait reprendre la guerre dès le mois d'août 881. Les troupes du roi Carloman II entament à nouveau le siège de Vienne, mais apprenant la mort de son frère le roi Louis III, survenue le 5 août, il lève aussitôt le siège pour aller recueillir la succession. Cependant les troupes de l'empereur Charles III le Gros arrivent à leur tour et réussissent à prendre la ville qui est pillée et incendiée. Richard le Justicier, frère de Boson, prend sous sa protection sa belle-sœur et sa nièce Engelberge et les emmène à Autun.  Boson se réfugie en Provence.

Avignon, Arles et Marseille sont alors les trois plus importantes villes de la Provence.

En 884, à la mort de Carloman II, qui n'a pas de fils, l'empereur Charles III le Gros est appelé pour assurer la régence du royaume de France. Il propose à Boson de le reconnaître comme roi de Provence sous la simple condition d'un hommage au royaume des Francs. Boson meurt le 10 janvier 885. À sa mort, son fils unique Louis est mineur. Sa deuxième épouse Ermengarde, secondée par Aurélien, l'archevêque de Lyon et Barnoin (ou Bernoin), l'évêque de Vienne, assure la régence du royaume de Provence. Son beau-frère, Richard II de Bourgogne dit Richard le Justicier qui a hérité des « honneurs » de Boson, n'hésite pas à se déclarer le protecteur naturel de son neveu Louis, et se saisit du gouvernement des États de Boson. L'empereur Charles III le Gros est le seul prince régnant en position de contester les droits de Louis à l'héritage paternel. Pour prévenir toute opposition de sa part, Ermengarde, se rend en 887, auprès du monarque pour lui présenter Louis et implorer sa protection. Privé d'héritier légitime, Charles III le Gros comble les espérances de la reine. Il adopte Louis comme son fils, et lui confère le titre de roi ce qui lui permet de retourner régner en Provence sous la régence de sa mère. 

.Louis III l'Aveugle (vers 882- 928), roi de Provence de 890 à 928, roi d’Italie en 900 et empereur d’Occident de 901 à 905

Fils de Boson de Provence et d'Ermengarde, fille de l'empereur d'Occident, Louis II le Jeune.

En 890, à Valence, le concile des prélats et des grands féodaux élit Louis  roi d'Arles, roi de Provence et roi de Bourgogne Cisjurane.

En 894, le roi Louis fait acte de soumission au roi Arnulf de Germanie.

En 898, Engelberge, sa sœur  épouse le duc d'Aquitaine, Guillaume le Pieux qui est aussi comte de Lyon et de Mâcon.

A l'appel des grands féodaux pour qui il est le petit-fils de l'ancien empereur Louis II le Jeune, le roi Louis de Provence prend Pavie, chasse le roi Bérenger de Frioul et se fait couronner roi d'Italie, le 12 octobre 900.

Puis il épouse fin 900 Anne de Constantinople (fin 887-903), fille de l'empereur romain d’orient Léon VI.

En 902, l'ancien roi d’Italie Bérenger de Frioul, lui aussi petit-fils d'un empereur d'Occident (Louis Ier le Pieux), revient avec des forces en nombre, et réussit à chasser d'Italie le nouvel empereur qui est obligé de se réfugier vers la Provence.

En 905, Louis est de retour en Italie à l'appel des grands féodaux, mais Bérenger Ier de Frioul, grâce à l'aide des troupes bavaroises, réussit à le faire prisonnier  à Vérone et le 21 juillet 905 lui fait crever les yeux (d'où son surnom) et reprend la couronne royale d'Italie.

De retour à Vienne, sa capitale, le roi Louis, handicapé par sa cécité, n'est plus en mesure de résister aux demandes de ses féodaux. À partir de 911, il laisse la gestion du royaume à son cousin Hugues d'Arles, comte d'Arles et de Vienne qui quitte Vienne et s'installe à Arles.

Fait marquis de Provence, le régent Hugues d'Arles, épouse Willa de Provence, la demi-sœur du roi Louis III l'Aveugle et veuve de Rodolphe Ier de Bourgogne. Le 9 juillet 926, Hugues d'Arles est élu roi d'Italie. 

.Hugues d'Arles (v. 880- 947) comte d’Arles, comte de Vienne puis marquis de Provence en 905, roi d’Italie en 926

Fils de Théobald d'Arles et de Berthe, fille illégitime de Lothaire II de Lotharingie. Élevé à la dignité de comte d'Arles et comte de Vienne puis marquis de Provence en 905 par son parent, l'empereur Louis III l'Aveugle, Hugues devient roi d'Italie en 926. Pendant son règne de roi d’Italie, la Provence est momentanément rattachée au royaume d’Italie.

À la mort de Louis III l'Aveugle en 928, Hugues revient en Provence pour lui succéder sur le royaume de Provence et de Bourgogne Cisjurane. Hugues doit toutefois renoncer à ses droits au royaume de Provence et reconnait le fils illégitime de Louis III, Charles Constantin. À la mort de Charles Constantin en 934, il reconnait Rodolphe II de Bourgogne Transjurane comme le roi de Provence et lui abandonne ses droits. En échange, selon l'accord de 926, Rodolphe II lui abandonne ses prétentions en Italie. Hugues continue toutefois de porter le titre de marquis de Provence où il est toujours richement possessionné.

La Provence qui s’étend du Rhône à La Turbie, à la limite du diocèse de Vintimille, compte vingt-trois cités épiscopales réparties en trois provinces ecclésiastiques : Arles, Aix (dont dépends Antibes) et Embrun dont relèvent Nice, Vence et Glandèves. Chaque année se tient un concile des trois provinces de Provence ainsi qu’une assemblée générale des grands vassaux sous la présidence du marquis. Pourtant la désagrégation de l’organisation administrative carolingienne se poursuit.

Dès 948 ou 949, le roi de Bourgogne Conrad réussit à faire reconnaître sa suzeraineté sur l'ancien royaume de Provence en créant le marquisat de Provence et en nommant trois comtes et des vicomtes, étrangers au pays, un à Apt, un en Avignon et un à Arles qui va rapidement supplanter tous les autres. Il s'agit du comte d'origine bourguignonne Boson II, à l'origine de la première lignée des comtes de Provence.

.Boson II (910-968)  comte d’Arles, d’Avignon et de Provence de 949 à 968

Fils de Rotbold (Roubaud) ou Rodboald d'Agel (noble mâconnais) fait comte de Provence en 903 par Louis III l'Aveugle. 

Son suzerain le roi Conrad (937-993) se montre très actif en Provence ; ainsi en 963, il délivre un diplôme à l’abbaye de Montmajour ; l’année suivante il est présent à Arles.

.Guillaume Ier le libérateur (955-993),  comte d'Avignon en 948, comte de Provence en 972, marquis de la Provence arlésienne en 972 et prince de toute la Provence en  991

Fils de Boson II comte d'Arles et de Constance de Provence.

Guillaume est connu pour avoir réuni une armée de seigneurs provençaux et chassé les sarrasins des côtes provençales en 972. Il est alors surnommé "le libérateur" et prend le titre de marquis de Provence. Il reconnait l’autorité du roi Conrad lequel en 976 et en 978  tient un plaid dans la ville d’Arles. La royauté est alors respectée en Provence ou c’est toujours au nom du roi que les maitres du ban exercent le gouvernement des hommes. Sa victoire sur les sarrasins permet à Guillaume d'obtenir la suzeraineté de fait de la Provence. Il  distribue les terres reconquises à ses vassaux.  Arles  retrouve son statut de capitale quand peu après 981, il revient s'y établir. De lui sont issus les premiers comtes de Provence, qui s'allièrent ensuite aux comtes de Barcelone. Roubaud, quant à lui, est l’origine de  la tige des comtes de Forcalquier.

.Guillaume II ou III (v. 986-1018), comte de Provence de 993 à 1018 

Fils de Guillaume le libérateur, marié en 1002 avec Gerberge de Bourgogne, fille d’Othe-Guillaume, comte de Bourgogne et d’Ermentrude de Roucy, comtesse de Macon et Besançon.

Il ne peut récupérer le titre de marquis de Provence qui échoit à son oncle Rotbald Ier.

Guillaume II est inhumé dans les fondements de l'église en cours de construction de l'abbaye de Montmajour qui au début du XIe siècle devient la nécropole des comtes de Provence.

A sa mort, le comté devient possession indivise  entre ses trois fils :

-Guillaume IV

 -Foulques Bertrand

 -Geoffroi.

.Guillaume IV (avant 1013-1019-1030), comte de Provence de 1018 à 1030

Sans postérité.                                                          

.Foulque-Bertrand (1014-1051), comte de Provence de 1018 à 1051

Père de :

-Guillaume V -Bertrand.                                                                                                               -Geoffroi II, dont la part deviendra le comté de Forcalquier.

En 1030, le comte Foulque-Bertrand doit de nouveau combattre les seigneurs des Baux et de Fos. À la tête de l'ost comtal, composé par les vicomtes de Marseille et quelques seigneurs des Alpes, les combats s'engagent encore une fois sur les rives de l'étang de Berre où le prince réussit à battre ses vassaux révoltés. La paix est à peine revenue en 1032, que son suzerain Rodolphe III de Bourgogne meurt. Suit une période trouble de lutte entre les prétendants, l'empereur Conrad le Salique et Eudes de Blois, qui meurt en 1037. À l'issue de cette guerre, le comté de Provence devient terre d'Empire.

.Geoffroy Ier  (1015-1061/ 1062) comte de Provence de 1018 à 1061

Fils de Guillaume II, comte de Provence, et de Gerberge de Bourgogne, frère du précédent.

Il intervient dans la lutte contre la Maison de Fos qui reprend en 1048. À cette date, il conclut un accord avec Aicard et Geoffroy de Marseille Ier, vicomtes de Marseille, pour récupérer la seigneurie de Fos et d'Hyères[].

Il épouse Étiennette, peut-être fille du vicomte Guillaume II de Marseille et d'Étiennette des Baux, avec laquelle il :

-Bertrand                                                                                                             -Gerberge (v. 1060-1115), comtesse de Provence, mariée à Gilbert de Millau, comte de Gévaudan

.Bertrand II de Provence ( ?-1093),  comte de Provence de 1061 à 1093.

Fils de Geoffroi Ier, comte de Provence, et d'Etiennette 

Dès son accession, le nouveau comte de Provence est affaibli : il transfère la résidence comtale d'Arles à Tarascon en 1063 et, incapable d'assurer la paix, demande en 1065 aux puissantes familles arlésiennes d'assurer la protection des biens de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille.

À la fin des années 1070, dans le cadre de la Querelle des Investitures, Bertrand s’oppose à l’archevêque d’Arles Aicard. Mais ce conflit d'ordre religieux se double d’un triple problème politique entre le comte et l'archevêque qui à cette époque est aussi un seigneur féodal. Le comte s’oppose à Aicard d'abord à propos de la nomination controversée de Bermond comme abbé de Montmajour, ensuite probablement parce qu'Aicard s'est rapproché dès 1076 du comte de Saint-Gilles, excommunié par le pape et rival du comte de Provence, enfin et surtout parce qu'il redoute la puissance de la famille de l'archevêque, celle des vicomtes de Marseille.

En 1078, le comte de Provence recherche donc l'appui du pape en accusant l'archevêque de simonie, puis en 1081, en se plaçant sous la suzeraineté papale, renie ses liens de vassalité avec l'empereur Henri IV. Le comte de Provence s’aliène alors la ville d’Arles et son archevêque soutenu par le peuple, le clergé, les familles des Baux et des Porcelet et le comte de Saint-Gilles, Raimon IV. L'archevêque d'Arles bénéficie aussi du soutien de sa famille, les vicomtes de Marseille qui à partir de 1079 désertent l'entourage du comte Bertrand. La fin de sa vie est moins connue. Il meurt en 1093. Sa fille étant déjà mariée et dotée, le comté de Provence passe à sa sœur Gerberge, tandis que le titre de marquis de Provence est repris par Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse et issu de la branche aînée des comtes de Provence.

La famille comtale de Provence s'éteint en 1093 et trois familles se partagent la Provence: la maison de Toulouse, celle de Barcelone et celle d'Urgell.

Gerberge épouse Gilbert Ier, comte de Gévaudan  avec lequel elle a  deux filles :

-Douce née en 1090 qui épouse en 1112 à Raimond Bérenger III, comte de Barcelone.                                                                                                               -Etiennette  mariée à Raymond, seigneur des Baux.

Les droits sur le comté de Provence sont donc transférés, par mariage, aux comtes de Toulouse  et aux comtes de Barcelone. Les maisons des deux comtés entrent en conflit pour la possession de la Provence.

Les conflits d’intérêt entre ces familles ne permettent pas de maintenir l’indivision sur le comté.  Les descendances de Guillaume le Libérateur et de son frère Robold, avec leurs partages successoraux, structurent les terres de Provence autour de trois grandes maisons :

- celle de Toulouse,  présente depuis que Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, a épousé Emma de Venasque, en 990. Cette famille possède le marquisat de Provence.                                                                                                               

- celle de Forcalquier, par Adélaïde, descendante d’Emma de Venasque.  Elle possède le comté de Forcalquier qui s’étend d’Apt à Embrun.                                                              

-celle de Barcelone, depuis le mariage de 1112 entre Douce, descendante de Guillaume, et Raymond Bérenger III, comte de Barcelone. Elle possède le comté de Provence au sud de la Durance.

 

Dès 1119, commence une guerre de succession entre les Maisons de Toulouse (marquisat de Provence) et de Barcelone (comté de Provence), maisons  rivales qui se heurtent déjà dans leurs sphères d’influence, qui est l’actuel Languedoc.

À cela d’ajoute les ambitions de la maison des Baux qui, étant issue d’Etiennette de Provence-Gévaudan, revendique une part du comté.

Les guerres dite baussenques ne tardent pas à éclater entre Raymond-Béranger III, comte de Barcelone, d’une part et Alphonse Jourdain, comte de Toulouse et les seigneurs des Baux d’autre part. Défait, Alphonse se réfugie dans Orange en 1123, secours et force la levée du siège.

Mais Alphonse doit renoncer à contrôler la totalité de la Provence et signe en 1125 un traité de partage de la Provence :

- le comté de Forcalquier reste indépendant.                                                                                            

- le marquisat de Provence passe à Alphonse Jourdain (Maison de Toulouse) qui reçoit la partie située entre l’Isère et la Durance, dont les fiefs sont fiefs du Marquisat de Provence :

.comté de Valence (Valentinois) et de Die (Diois) : comtés - domaines vassaux jusqu'en 1189.                                                                                                                                           .comtat Venaissin, la partie sud du marquisat - propriété propre, qui prendra définitivement ce nom en 1274.                                                                                           

.comté d’Orange: domaine vassal jusqu'en 1181, année où il devient une principauté autonome.84Odddonayant46878

 

- le comté de Provence passe à Raymond Béranger Ier (Maison de Barcelone) qui occupe les terres du sud de la Durance, jusqu’au Rhône à l’ouest et à Nice à l’est.

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 10:51

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE

 

Q. Dauphiné (Archevêché de Vienne/ Comté du Viennois / Evêché de Grenoble / Comté de Grenoble / Vicomté de Briançon)                           terre d’empire de 1032 à 1349

 

2. Evêché/comté de Grenoble

 

Comtes de Grenoble 

Maison de la Tour du Pin (1282 à 1349)

Lorsque, après la mort de Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne, les évêques et les comtes, profitant de la faiblesse et de l'éloignement des empereurs appelés à recueillir la succession de ce prince, s'emparent, les uns des villes de leurs sièges, les autres des terres de leurs gouvernements, une foule de petits souverains  apparait sur le territoire du Dauphiné.

Les guerres qu’ont dû soutenir l'empereur Conrad et ses successeurs, en Allemagne et en Italie, ont permis  à raffermir ces seigneurs dans leur usurpation ; l'un d'eux est le baron de la Tour, qui, à l'exemple des prélats et des autres grands du pays, se rend maître de la partie actuelle du département de l'Isère entre le Rhône et la Bourbre, jusqu'à Charpieu, près de Lyon, et dont la capitale était la Tour-du-Pin. 

La baronnie de la Tour comprenait la terre de ce nom, celles de Quirieu, de Bourgoin, de Maubec, de Faverges, de Falavier, de Saint-Jean-de-Bournay, de Châtonnay, de Mézieu, de Puisignan, des Eparres, de Virieu, de Dolomieu, d'Anthon et de l'île de Crémieu ; elle s'étendait, au-delà du Rhône, dans la Bresse et dans le Bugey. Elle s'accrut, plus tard, des seigneuries de Revermont et de Coligny, dans la première de ces deux provinces, par le mariage d'Albert III avec l'héritière de ces deux dernières terres. Une étendue de territoire aussi considérable, des traités et des alliances que firent les barons de la Tour avec ceux de leurs voisins les plus puissants, les placèrent de bonne heure à côté des Dauphins ; ils recherchèrent surtout la faveur et l'amitié de ces princes, jusqu'à ce qu'enfin l'un d'eux, ayant obtenu la main de l'héritière de leurs états, ils leur succédèrent dans leur puissance et dans leur principauté. 

Le nom  de celui qui, le premier, gouverne la baronnie de la Tour n'est plus connu de même que de ses successeurs, jusqu'à un dénommé Berlion ou Berillon, mentionné dans un acte du prieuré d'Innimont, en 1107. Son fils
Giraud ou Geraud, lui succède puis son fils Albert Ier, baron de la Tour du Pin.

à sa mort, la terre de la Tour est partagée entre ses fils, Albert et Berlion : le château reste en entier au pouvoir du premier, qui était l'aîné. Albert II, baron de la Tour du Pin épouse Marie, fille de Robert V, comte d'Auvergne ; il vit en 1190 et en 1202. Albert III, baron de la Tour du Pin, fils d'Albert II, et de Béatrix de Coligny. Albert IV, baron de la Tour du Pin, fils d’Albert III lui succède  et ne survit que cinq ans; il obtient de l’empereur Frédéric II, par des lettres-patentes, datées de Parme, du mois de septembre 1245, la confirmation d'un droit de péage dans la terre de la Tour, accordé autrefois par les empereurs à ses prédécesseurs ; lettres  qui prouve que  cette terre relève  immédiatement de l'empire.

C'est lui qu'Alphonse, roi de Léon et de Castille, nommé empereur en 1257, crée, cette année, son sénéchal des royaumes de Bourgogne-Provence, avec pouvoir d'en exercer les fonctions lorsqu'il se rend à sa cour. Ce baron meurt en 1264.

.Anne, dauphine  du Viennois, comtesse d’Albon, de Grenoble et de Gap  de 1281 à 1306

Fille du dauphin Guigues VII, sœur aînée du dauphin Jean, elle se met en possession du Dauphiné après la mort de son frère. Mariée depuis le 1er septembre 1273 à :

.Humbert, baron de La Tour du Pin (? - 1306) 

Frère du baron de la Tour du Pin Albert IV, sénéchal du royaume de Bourgogne-Provence.

Le jour même de la mort du jeune Dauphin Jean, sa mère Béatrice, dame de Faucigny, investit de ses possessions dans cette province son petit-fils Jean, fils d’Anne et Humbert de la Tour du Pin, si l’héritage du Dauphiné n’échappe point à la maison de la Tour. Cette libéralité assure pour l’avenir la réunion dans les mêmes mains du Dauphiné et du Faucigny ce qui  évidemment ne peut plaire aux  comtes de Savoie, peu désireux de voir ainsi s’accroître la puissance de leurs rivaux. Béatrice le prévoit, et pour mieux assurer l’effet de sa libéralité, elle s’adresse au représentant du pouvoir impérial. 

Le 24 septembre 1282, Hermann de Baldeck, qui porte le titre de bailli général de l’Empire pour le Royaume de Bourgogne-Provence , assiste à la cérémonie de l’investiture du Faucigny, que Béatrice donne à son petit-fils par le procédé traditionnel de la festuca ; il prend  l’enfant sur ses genoux, pendant que Béatrice lui adresse  ces paroles : « Beau fils Jean, je te place sous la garde et la protection du sérénissime seigneur Rodolphe, roi des Romains, qui te maintiendra et te défendra dans la possession de tous ces biens ».

Humbert prend le titre de Dauphin mais ce titre lui est contesté par Robert II, Duc de Bourgogne, qui prétend succéder au Dauphin Jean, comme plus proche héritier de la ligne masculine. Cette prétention occasionne divers combats assez sanglants et plusieurs sièges. L’empereur Rodolphe de Habsbourg éprouve quelque embarras dans cette affaire. Ses sympathies  vont à  Humbert de la Tour ; de plus, il est en quelque façon engagé à le protéger, lui et les siens, pour leur avoir donné sa protection par l’entremise de son bailli Hermann de Baldeck. Cela paraît d’autant plus probable que l’année suivante, en 1283, Rodolphe parvient, à faire une campagne décisive contre le comte Philippe de Savoie. Les hostilités se terminent par un traité du 10 décembre 1283, totalement désavantageux à la maison de Savoie. Le comte de Savoie doit restituer à l’empereur Rodolphe de Habsbourg, Morat, Gümminen et ses droits sur Porrentruy. Les Habsbourg triomphent dans la Suisse occidentale qui fait partie alors du Royaume de Bourgogne-Provence; Rodolphe cependant  ne semble pas pressé de consommer sa victoire en élevant la famille de la Tour du Pin  pour l’opposer la maison de Savoie. En effet d’abord Béatrice de Faucigny,  veut revenir sur sa donation et  remplit, devant le tribunal de deux abbés délégués par Rodolphe, les formalités nécessaires pour arriver à la révocation de sa libéralité. De plus, un événement imprévu  rapproche Rodolphe le roi des ennemis du Dauphin ; sans doute en vue de resserrer les liens qui l’attachent à la dynastie Capétienne et d’affermir sa propre influence dans l’est de la France, Rodolphe, alors âgé de soixante-six ans, a demandé et obtenu la main de la jeune Isabelle de Bourgogne, sœur du duc Robert, qui devient ainsi le beau-frère de l’Empereur, et le dernier représentant mâle de l’ancienne race des Dauphins, partant le rival d’Humbert de la Tour ; or, au moment de la célébration de son mariage, c’est-à-dire en février 1284, Rodolphe de Habsbourg, sans s’inquiéter de ses anciennes relations avec la famille de la Tour,  accorde à Robert de Bourgogne l’investiture du Dauphiné. 

Aussi la guerre fait rage entre le duc de Bourgogne aidé du comte de Savoie et le Dauphin appuyé par son auxiliaire le comte de Valentinois. Cependant Rodolphe n’est pas sans regretter cette lutte entre des seigneurs qui de part et d’autre lui tiennent de près ; le 17 mars 1284 par une lettre adressée à Humbert de la Tour, auquel il donne le titre contesté de Dauphin, comte de Vienne et d’Albon, il l’invite à venir à sa cour afin de chercher les moyens de rétablir la paix ; à l’aller et au retour, il lut assure le libre passage sur toutes les terres autres que celles du comte de Savoie. L’intervention  demeure sans effet ; la lutte continue jusqu’à ce que la médiation puissante du roi de France Philippe le Bel qui  engage les parties à conclure à Paris le 25 janvier 1285 un accommodement par lequel Humbert demeure possesseur du Dauphiné au moyen de la cession qu’il fait à Robert des terres de Coligny et de Revermont. Humbert garde le Dauphiné en abandonnant à son adversaire diverses possessions dont les plus importantes sont les seigneuries de sa famille au-delà de l’Ain ; il s’oblige en outre à payer au duc de Bourgogne une indemnité de vingt mille livres tournois. Cette dette est une lourde charge pour Humbert : il lui faut, pour s’en acquitter, recourir à la bourse de son fidèle allié le comte Aymar de Valentinois.

D’ailleurs le roi Philippe le Bel ne perd pas de vue le traité de paix dont il a obtenu la conclusion pendant les années qui suivent, les officiers royaux s’occupent d’en assurer l’exécution. Maintenant le roi de France, dont l’influence déjà puissante sur les comtes de Valentinois vient de s’affermir en Dauphiné, ne néglige aucun moyen de faire respecter son autorité ; dès 1287, il a établi sur les frontières du royaume, pour protéger ses droits et sans doute aussi pour saisir tous les prétextes de les étendre, un représentant qui porte le titre de bailli royal dans les diocèses du Puy, de Vienne, de Valence et de Viviers : c’est peut-être une imitation du bailli impérial que Rodolphe de Habsbourg a chargé de le représenter en Bourgogne.

En tous cas cet agent fait sentir aux seigneurs voisins, même aux plus puissants, tout le poids de la main de son maître ; il traite le Dauphin et le comte de Valentinois comme des sujets, les cite devant sa juridiction et leur inflige, des amendes quand il  constate sur leurs domaines des infractions aux ordonnances royales, par exemple des duels où le port d’armes prohibées.

En toutes ces affaires, la politique de l’empereur Rodolphe n’a pas été heureuse ; grâce à son alliance, avec le duc de Bourgogne, il a jeté dans les bras de Philippe le Bel le Dauphin et le comte de Valentinois. S’il ne réussit pas à conserver ses alliés naturels, encore moins parvenait-il à rallier à sa cause des ennemis invétérés tels que les Savoyards. Cependant il essaye d’exploiter à son profit la discorde jetée dans la maison de Savoie par l’ouverture de la succession du comte Philippe mort le 17 aout 1285.

Philippe a pris le parti de s’en rapporter au jugement d’un tiers et par son testament il déclare remettre l’affaire aux mains, non pas du roi des Romains Rodolphe, mais d’Edouard Ier, roi d’Angleterre et de sa mère Éléonore.

Depuis longtemps Louis de Savoie bénéficie des bonnes grâces de Rodolphe ; déjà un diplôme de 1284 témoigne en quelle faveur le tient le roi des Romains. Sans doute sous l’influence des exécuteurs testamentaires, des arbitres furent nommés pour décider entre les prétentions rivales d’Amédée et de Louis l’inclination personnelle du roi des Romains fut pour peu de chose dans leur décision.  Amédée est désigné pour succéder au comte de Savoie, et Louis doit se contenter de possessions importantes, situées notamment dans le pays de Vaud ; il est obligé d’en rendre hommage à son frère aîné. Encore une fois la Savoie retrouve  un souverain peu sympathique à la maison de Habsbourg.

Amédée V, comte de Savoie qui a pris le parti du Duc de Bourgogne, est en conflit par ailleurs  avec le Dauphin Humbert au sujet de  la Baronnie de la Tour du Pin et d’autres terres qu’il prétend relever de lui.

En 1291, Humbert et plusieurs prélats du Royaume de Bourgogne-Provence viennent trouver l’empereur Rodolphe à Morat pour lui rendre leur hommage ; Humbert remporte de ce voyage l’avouerie de l’Abbaye de St Claude que Rodolphe lui confère pour la tenir comme Sénéchal du Royaume de Bourgogne ainsi que ses successeurs.

Le comte Amédée IV attire dans son parti Louis, baron de Vaud, son frère, seigneur de Gex, et l’Abbé d’Ambournai avec lesquels il forme une ligue contre le Dauphin Humbert. Celui-ci, de son côté bénéficie de l’alliance de l’Archevêque et du chapitre de Vienne, de l’evêque de Valence, de Jean Chalon, baron d’Arlay et du comte de Valentinois.

Le 9 décembre 1289, Anne et son époux Humbert voulant assurer leur succession à leur fils Jean,  lui font donation,  de leurs états en se réservant l’usufruit des revenus. 

Le comte de Savoie et le dauphin Humbert, après avoir fait divers compromis qui suspendent les hostilités sans les terminer, s’accordent enfin, au mois de juin 1293 par un traité. Les querelles et les hostilités s’étant renouvelées entre le comte de Savoie et le dauphin, ils conviennent après s’être fait réciproquement beaucoup de mal, de prendre pour arbitre Charles de Valois, frère du Roi de France, lorsqu’il passe dans leurs Etats, pour aller au secours du Roi de Naples son cousin. L’acte du compromis signé près de Montmeillan est de juillet 1301. Charles de Valois ordonne préalablement la cessation de toute hostilité ; mais il est mal obéit, comme on le voit par ses lettres datées de Tournus, à son retour, le 22 janvier 1302.

Le Dauphin Humbert  décide en Septembre 1306, de se retirer à la Chartreuse de Val Sainte-Marie au diocèse de Valence. Il y  meurt le 12 avril de l’année suivante.

.Jean II, dauphin du Viennois, comte d’Albon  et de Gap de  1306  à  1319

Fils d’Humbert et de Béatrix.

Il reçoit, le 18 Avril 1307 après l’inhumation de son père, l’hommage des seigneurs du Dauphiné qui assistent à cette cérémonie. Il ajoute à ses possessions celle du Comté de Genève  dont le Comte Guillaume lui fait hommage lige le 16 juin 1316. Jean s’étant rendu à la Cour d’Avignon, meurt à son retour, le 5 mars 1319  à l’âge de 38 ans.

.Guigues VIII, dauphin du Viennois, comte d’Albon et de Gap de 1319 à

Fils aîné de Jean II.

Il lui succède à l’âge de neuf ans, sous la tutelle et régence d’Henri de la Tour, son oncle, élu évêque de Metz. L’an 1323, il épouse le 17 Mai, Isabelle fille du roi Philippe le Long à laquelle il a été fiancé dès le 16 juin 1316.

En 1325, Guigues se déclare pour Hugues de Genève, seigneur d’Authon, son vassal contre Edouard, comte de Savoie qui lui fait la guerre. Edouard les bat deux fois ; mais la même année, ils remportent sur lui une victoire considérable, le 9 Août, dans la plaine de Saint Jean le Vieux, devant le château de Varei dont il faisait le siège. A la suite de cette victoire des arbitres choisis de part et d’autre parviennent à établir une paix solide entre elles par un traité qu’elles concluent  le 7 Mai. 

Entre les prisonniers que fait le Dauphin, les plus importants sont Jean de Chalon, comte d’Auxerre, Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre  et Guichard, sire de Beaujeux qu’il ne relâche que longtemps après et moyennant de fortes rançons. 

En 1328, après une trêve conclue avec Edouard, par ordre du roi Philippe de Valois, Guigues, accompagné de Henri, son oncle, suit le roi de France  en Flandres et combat à la bataille de Montcassel, le 28 Août de cette année.

Aymon de Savoie, successeur d’Edouard, ayant recommencé  la guerre contre le Dauphin, Guigues va assiéger le château de la Perrière. Il y reçoit une blessure dont il meurt  le lendemain, 28 juillet 1333.

.Humbert II (1312- 1335), baron de Faucigny de 1328  à 1335, dauphin du Viennois de 1333  à 1335

Fils de Jean II et de Béatrice de Hongrie ; frère  de Guigues VIII.

Il est depuis 1328, en Hongrie ou il est allé pour recueillir la succession de Clémence de Hongrie, veuve de Louis le Hutin, roi de France, sa tante, qui l’a institué son héritier universel. De là, étant passé à Naples, il y a épousé en 1332, Marie de Baux.

Pendant son absence, Béatrix de Viennois, sa tante, exerce la Régence du Dauphiné avec les principaux seigneurs du pays.

Le 20 juin 1337, il nomme Agoult des Baux, oncle de son épouse, administrateur de ses finances privées.

Après la perte de son fils unique André, il abandonne vite l'espoir d'avoir une descendance et projette dès 1337 de céder son héritage.

Humbert III ambitionne de devenir roi de Bourgogne-Provence ;  une lettre d’Edouard III, roi d’Angleterre, à l’empereur Louis de Bavière,  du 3 mars 1338,  le supplie d’accorder au Dauphin ce titre de Roi de Bourgogne-Provence. Louis de Bavière est d’autant plus prêt à accéder  à cette demande qu’il obtient par là un nouveau partisan dont il a grand besoin dans les conjonctures critiques où il se trouve. Mais, Humbert, faisant ensuite réflexion qu’en acceptant cette faveur, il va se compromettre avec la Cour Pontificale, siégeant alors à Avignon, et ennemie déclarée de Louis de Bavière qu’elle refuse de reconnaître pour empereur, ne juge pas à propos d’en faire usage. 

Le rôle d’Agoult des Baux s’amplifie lors des négociations de paix entre le Dauphin et Vienne, en juillet 1338, à la suite de la révolte des Viennois. Au cours de l’été, Humbert doit emprunter 30 000 florins au pape pour solder ses troupes et donner en gage  ses terres. Le roi de France Philippe VI et  son conseiller l’archevêque de Rouen, Pierre Roger sentent qu’il y  a l’opportunité  d’acheter ; le roi de France  soutient alors l’accession de son  conseiller à la pourpre cardinalice ; le pape Benoît XII  nomme celui-ci cardinal par lettre bullée, en date du 12 décembre 1338. Les difficultés financières s'accumulant, Humbert fait procéder à l'inventaire de ses biens en 1339 dans le but de les vendre au pape Benoît XII. Celui-ci lui en offre d’abord 150 000 florins tout en décidant d’enquêter sur les revenus domaniaux du Dauphin. L’archevêque de Rouen arrive à Avignon le 5 mai 1339 et reçoit, le 12, le chapeau de cardinal. Entretemps de  janvier à  juillet 1339, Jean de Cojordan, évêque d'Avignon, trésorier pontifical, et Jean d’Arpadelle, chapelain du pape, parcoururent le Viennois et le Briançonnais. Ils estiment les revenus annuels du Dauphin à 27 970 florins, ce qui donne une valeur théorique de vente pour le Dauphiné de 559 400 florins. La transaction avec le pape échoue.

Humbert vivant au dessus de ses revenus, est obligé de recourir aux emprunts. En 1340, il est redevable depuis plusieurs années envers la Chambre Apostolique de 16 mille florins dont il diffère le remboursement. En octobre 1340, il demande un délai de paiement. Mais il n’entend pas pour autant négliger d’exercer l’autorité qu’il s’est fait accorder dans Vienne par le chapitre et les habitants de la ville.

Philippe VI  engage  alors à son service  Agoult des Baux qu’il nomme le 30 octobre 1340 sénéchal de Beaucaire.

De son côté,  l’archevêque  de Vienne s’étant pourvu devant la cour d’Avignon, obtient de Benoit XII une Bulle en date du 12  décembre 1340, qui déclare nulle la cession que le chapitre avait faite au Dauphin sur les droits de la ville.

En août 1341, Humbert est toujours débiteur de 16 200 florins. Le cardinal Pierre Roger intervient auprès de Benoît XII qu’il persuade d’excommunier le mauvais payeur. Affolé le pieux Humbert offre alors au pape de couvrir sa dette en donnant au Saint-Siège quelques-uns de ses fiefs. Toujours conseillé par Pierre Roger, Benoît XII fait une réponse négative à l’ambassade delphinale. Sans héritier, endetté jusqu’au cou, rejeté de l’Église, Humbert II devient une proie facile pour le royaume de France.

Le roi de France Philippe gagne ses officiers, et les engage à le persuader de faire cession de ses états à la France, sous la promesse d’en recevoir une compensation qui le mettrait en état de passer heureusement le reste de ses jours. La négociation réussit. L’an 1343, par un traité qui est ratifié à Vincennes le 23 Avril. Humbert fait donation de tous ses états à Philippe, duc d’Orléans, fils puîné du roi, lui substituant, faute d’héritiers, l’un des fils de Jean de France, duc de Normandie, tel qu’il plairait au roi de nommer. Mais, l’année suivante, on fait, en présence du Pape, le 9 Juin à Avignon, un autre traité par lequel Humbert fait donation entre vifs, pure et irrévocable, de tous ses états en faveur de Jean, duc de Normandie ou de l’un de ses enfants, sous la condition que son successeur aux dits Etats conserverait aux Dauphinois leurs privilèges ; ce qui est confirmé par deux bulles du Pape Clément VI données le 9 Juillet et le 11 Septembre suivant (Il est remarquable que le Pape donne ces bulles par l’autorité tant impériale que pontificale, regardant la première de ces deux autorités comme dévolues au Saint Siège par l’excommunication de Louis de Bavière qui rendait, selon lui, l’Empire vacant).Cent vingt mille florins d’or et dix mille livres de pension viagère sont le prix de la libéralité du Dauphin envers la France.

Le Pape ayant ordonné une Croisade contre les Turcs, Humbert demande et obtient d’en être nommé le chef. Revêtu de ce titre; il s’embarque le 2 septembre à Marseille. Ayant abordé à Nègrepont, il entre de là en Asie. Après quelques avantages remportés l’année suivante sur les infidèles, il reçoit un ordre du Pape de faire une trêve avec eux. Alors, il remet à la voile pour son retour, et perd à Rhodes, dans le mois de mars ou d'avril 1347 son épouse, qui l’avait accompagnée. Il envisage  de se remarier ; et comme les traités qu’il a faits avec la France n’offrent qu’une succession éventuelle, ce projet de remariage inquiète le roi de France.

Une nouvelle négociation s’engage qui aboutit au traité signé le 30 mars 1349 à Romans. Le 16 juillet 1349, à Lyon, en présence de Jean, duc de Normandie, fils aîné du roi de France et futur roi Jean II dit le Bon, Humbert abdique de tous ses états en faveur de Charles de France, fils aîné de Jean et de Bonne de Luxembourg, elle-même sœur ainée de l’empereur Charles IV de Luxembourg qu’il investit sur le champ en lui donnant l’ancienne épée du Dauphiné et la bannière de St Georges. Le même jour, le nouveau Dauphin, par un acte particulier, fait entre les mains de l’évêque de Grenoble, représentant le corps de l’Etat, le serment de conserver les libertés, coutumes et privilèges du Dauphiné.

Le 13 du même mois, Charles rend hommage à la cathédrale de Lyon à l’archevêque Henri de Villars et à son chapitre,  pour différentes parties du Dauphiné qui relèvent de cette église. Le 2 août de la même année, il rend  hommage à l’église de Vienne ; et, dans le mois de décembre suivant, il fait à Grenoble son entrée en présence  d’Humbert. Humbert abdique officiellement le 1er février 1350 en présence des principaux seigneurs du pays assemblés dans le couvent des Dominicains de Grenoble auxquels il déclare  par un discours également ferme et touchant " qu’à l’avenir ils eussent à reconnaître Charles de France pour leur légitime Souverain. "

La même année, Humbert s’étant rendu à Avignon pour être promu aux Ordres Sacrés, il les reçoit tous, dans l’intervalle des trois messes de Noël, de la main du Pape. Cette précipitation dont le prétexte était d’honorer davantage le Dauphin alors que  le vrai motif  est de l’empêcher de rentrer dans le monde, comme le bruit court qu’il en a l’intention, est suggéré par la Cour de France avec laquelle Clément VI agit toujours de concert dans cette affaire. Pour la tranquilliser parfaitement sur le compte d’Humbert, huit jours après il le sacre Patriarche-Latin d’Alexandrie. Le roi le fait pourvoir, en 1352 de l’administration de l’Archevêché de Reims et le nomme le 25 janvier 1354, évêque de Paris. Mais Humbert se démet du soin de l’église de Reims, le 22 février suivant, entre les mains du Pape, renonce à l’évêché de Paris et se retire à Clermont en Auvergne, dans le couvent de son ordre où il meurt le 22 mai 1355.

Le Dauphiné n’étant pas incorporé au domaine royal français, Charles doit  rendre hommage à Metz pour le Dauphiné et en reçoit l’investiture par l’empereur Charles IV de Luxembourg. Par  lettres du 1er Janvier 1357 adressée au dauphin Charles, fils du roi Charles V, il lui accorde la confirmation de tous les droits et privilèges que les Dauphins de Viennois tenaient de ses prédécesseurs.  L’empereur Charles IV est couronné en 1365, roi de Bourgogne-Provence dans la cathédrale Saint Trophime d’Arles et en 1378, par lettres données à Paris le 7 Janvier, il nomme Vicaire du Royaume de Bourgogne-Provence, le dauphin Charles ; et le 23 du même mois ce dernier donne commission au Gouverneur du Dauphiné d’exécuter les lettres de l’empereur. En 1389 encore le dauphin Charles, futur roi Charles VI arbore l’emblème du Dauphiné comportant le dauphin dans deux quarts et les aigles impériales dans les deux autres ; ce n’est que postérieurement  sous l’ordre du roi François Ier que les aigles seront remplacées par les lys de France. En 1426, le roi Charles VI cède le Dauphiné au Dauphin Louis, son fils, qui n’a que trois ans ; cession qu’il confirme l’an 1440.

 

 

 

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 10:40

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE

 

Q. Dauphiné (Archevêché de Vienne/ Comté du Viennois / Evêché de Grenoble / Comté de Grenoble / Vicomté de Briançon)                                                                                                               terre d’empire de 1032 à 1349

 

2. Evêché/comté de Grenoble 

Comtes de Grenoble 

Maison de Bourgogne (1192 à 1282)

 

André-Guigues VI (1184 -1237), dauphin de Viennois, comte d'Albon, de Grenoble, d'Oisans et de Briançon de 1228 à 1237

Fils de Beatrix et de Hugues III, duc de Bourgogne, il succède à sa mère. C’est lui qui prend le titre de dauphin en 1192. André-Guigues épouse :

1) Semnoresse, fille de Aymar de Valentinois dont il n’a pas d’enfant

2) en 1202, Beatrix de Sabran de Castellar, dite de Claustral, petite fille de Guillaume V, comte de Forcalquier, d’Avignon d’Embrun et de Gap qu’il répudie en 1210 sous prétexte de parenté quoiqu’il ait une fille nommée Béatrix.

3)  Béatrix de Montferrat dont il a Guigues, le futur Guigues VII.

Béatrix, sa fille, étant veuve de ses deux maris lui fait cession de tout ce qui lui appartient.

En 1225, il acquiert de Guillaume Ier, Dauphin d’Auvergne par acte du 9 octobre, les terres de Voreppe et de Varacieu. Guigues-André meurt le 5 mars 1237.

.Guigues VII (1225-1269), Dauphin du Viennois, comte d’Albon, de Grenoble, d’Oisans, de Briançon, de Gap et d’Embrun de 1237 à 1269

Fils et héritier du dauphin Guigues-André ; il épouse Béatrix, fils du comte de Savoie Pierre II et d'Agnès de Faucigny. Béatrice lui apporte en dot le Faucigny.

En mars 1238, arrivent à Turin les représentants du jeune Dauphin Guigues VII, et avec eux les deux frères Jean et Aymon de Bernin, archevêques de Vienne et d’Embrun, les évêques de Grenoble et de Gap.

Tout d’abord, deux diplômes y sont rendus au profit du Dauphin Guigues VII, encore placé sous la tutelle de sa mère Béatrice de Montferrat : l’un confirme à Béatrice et à son fils un péage en Viennois ; l’autre reproduit les privilèges des Dauphins, jadis reconnus par Frédéric Ier Barberousse, et déclare que ces seigneurs relèvent immédiatement de l’Empereur et de ses légats en Bourgogne.

Guigues VII  prend les titres de Dauphin de Viennois, de Comte d’Albon, de Gap et d’Embrun. L’an 1243, il rend hommage pour ses comtés de Vienne et l’an 1245, il reçoit de l’empereur Frédéric II, comme roi de Bourgogne-Provence, l’investiture des comtés de Gap et d’Embrun.

L’empereur  qui souhaite regagner à sa cause Guigues VII dans sa lutte contre le pape Innovent VI lui confirme par un acte daté de juin 1247  toutes ses acquisitions dans les comtés de Gap et d’Embrun et, de plus, lui concède les alleux situés dans ces deux comtés, ainsi que dans les comtés de Vienne, d’Albon et de Grenoble, sauf  l’hommage et la fidélité que le Dauphin en doit à l’Empire. L’avantage est d’importance, si l’on considère que le Dauphin se trouve  ainsi placé dans la hiérarchie féodale, au-dessus de tous les propriétaires d’alleux, qui cessent d’être ses pairs pour devenir ses inférieurs. 

L’empereur se rend à Verceil à l’été 1248. Son vassal Guigues VII est présent comme le comte de Savoie Amédée IV. Frédéric  accorde à cette occasion au dauphin  une pension annuelle de trois cents onces d’or, payables par le Trésor impérial. 

Plus tard Guigues VII  se heurte aux  prétentions de Charles d’Anjou, sur les deux comtés, qui constituaient la dot de Béatrice de Sabran-Forcalquier, première épouse de Guigues VI. Guigues VI avait répudié sa première femme et avait conservé les comtés, qu'il avait transmis à son fils, issu d'un second mariage. Evidemment, Charles d'Anjou, héritier des comtes de Forcalquier, lui demande le retour des comtés. Charles est sur le point d’en venir à une guerre ouverte avec le Dauphin. Mais même dans sa famille, Charles d’Anjou  rencontre de graves difficultés ; longtemps il doit lutter contre sa belle-mère, Béatrice de Savoie, veuve de Raymond Bérenger, qui l’accuse d’avoir lésé ses droits lors du règlement de la succession de Provence. Le roi Louis IX, gendre de Béatrice et frère de Charles, est tout naturellement désigné pour concilier ce différend : de concert avec les légats du pape Alexandre IV, il y travaille activement et réussit à y mettre fin par une sentence arbitrale que lui-même et les légats rendent à la fin de l’année 1256. La sentence, qui est ratifiée par  le roi d’Angleterre Henri III, autre gendre de Béatrice, détermine l’étendue des droits qui doivent être attribués à titre de douaire à la veuve de Raymond Bérenger.   Ce document contient une allusion à une autre querelle qui, sans la sage intervention du pape et du roi de France, risque de mettre en feu la Provence et le Dauphiné. Presque depuis le commencement du siècle les dauphins de Viennois prétendent avoir acquis le Gapençais des comtes de Forcalquier. Depuis lors, le comté de Forcalquier a été réuni à celui de Provence, et Charles d’Anjou se trouve être le représentant des anciens seigneurs du Gapençais ; à ce titre il conteste la prétention du dauphin Guigues VII. 

A la fin de l’année 1256, le conflit en arrive à une phase  aiguë ; Charles d’Anjou menace, pour se faire justice, d’attaquer les domaines du Dauphin.   Il faut tout le poids de l’autorité du pape et du roi pour l’arrêter. Alexandre IV va même jusqu’à ordonner aux archevêques d’Embrun, de Vienne et d’Aix, et aux évêques de Grenoble et de Gap, de prêter assistance à Guigues contre toute agression.

Enfin les deux parties consentent à accepter un compromis : l’affaire est remise à la décision de Barral de Baux, arbitre choisi par le comte de Provence, et de Jean de Bernin, archevêque de Vienne. Le 17 juillet 1257 les arbitres rendent leur jugement qui maintient le Gapençais au Dauphin à charge d’en faire hommage au comte de Provence, Guigues conservant la suzeraineté sur Embrun. Mais cette sentence fait naître un nouveau différent soulevé par l’Archevêque d’Embrun, qui prétend qu’il porte atteinte à ses droits. Le pape se déclare en faveur du Prélat et l’affaire n’est pas réglée avant le décès de Guigues VII  fin 1269. 

.Jean  I, Dauphin du Viennois, Comte d’Albon, de Grenoble de Grésivaudan, de Gapençais, d’Oisans, de Briançon et d'Embrun, baron de Faucigny de 1269 à 1281

Fils du précédent ; il lui succède sous la tutelle de sa mère Béatrix de Savoie.

En 1269, il rend hommage pour ses possessions à Charles Ier, comte de Provence et roi de Sicile. Jean meurt en 1281.

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 10:30

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

Q. Dauphiné (Archevêché de Vienne/ Comté du Viennois / Evêché de Grenoble / Comté de Grenoble / Vicomté de Briançon)                                                                                                              terre d’empire de 1032 à 1349

 

2. Evêché/comté de Grenoble 

Comtes de Grenoble 

 

Maison d’Albon (1029 à 1162)

.Guigues Ier dit le Vieux, seigneur d’Annonay, comte d’Albon de 1029 à  vers 1075

Guigues I, dit le Vieux, est le premier Comte d’Albon. Epoux d’Adélaïde de Savoie.

Vers 1029-1030, l’archevêque de Lyon Brochard lui inféode le nord du comté  de Vienne qu’il a reçu de la reine de Bourgogne-Provence et il acquiert le Grésivaudan et l’Oisans. Puis entre 1039 et 1043, Guigues Ier reçoit de l’empereur Henri III l’investiture du Briançonnais qui a été détaché en 1033 du diocèse de Maurienne par Conrad le Salique pour être rattaché à l’évêché  d’Embrun.  Il embrasse la vie religieuse à Cluny vers l’an 1063.

La formation du Dauphiné est alors l’œuvre des comtes d’Albon, plus tard Dauphins de Viennois, qui ont l’habileté de réunir peu à peu sous leur autorité toutes les seigneuries voisines de leurs domaines. Mais  ils doivent partager le pouvoir, en particulier la justice, avec les évêques de Vienne, Embrun, Grenoble et Gap.

.Guigues II dit "Le Gras", comte d’Albon et de Grenoble de 1075 à 1080

Fils du précédent. Marié en première noce avec Pétronille de Royans, puis en seconde noces avec Inès de Barcelone.

.Guigues III, comte d’Albon et de Grenoble de 1080 à 1120

Fils de Guigues II, il lui succède jusqu'en 1120.

Son règne est marqué par la lutte continuelle qu'il livre au nouvel évêque de Grenoble,  Hugues de Châteauneuf, pour la suzeraineté des biens d'église qu'il détient, notamment en Grésivaudan.      

Ce dernier soutient que les possessions des comtes d'Albon ont été usurpées à l'Église, avec l'aide de l'évêque Mallen. Finalement, un accord entre l'évêque et le comte est signé en 1099. 

Guigues restitue les églises et dîmes qu'il s'était approprié mais Hugues reconnait le partage des pouvoirs laïques et religieux sur Grenoble et sa région. Guigues III épouse Mathilde en 1095, qui est soit la fille d'Edgar Atheling soit la fille du comte Roger Ier de Sicile avec laquelle il a  cinq enfants :

-Guigues IV, comte d'Albon

-Humbert, archevêque de Vienne

-Gersende, mariée à Guillaume III d'Urgel, comte de Forcalquier

-Mathilde d'Albon, mariée vers 1135 à Amédée III, comte de Savoie.

-Béatrice d'Albon,  mariée à Josserand de Die.

Le 13 janvier 1115, Rodolphe de La Salle contre-signe l'acte de concession des mines d'argent de La Rame (maintenant l'Argentière) par l’empereur Frédéric Barberousse au comte d'Albon.

.Guigues IV, comte d’Albon et de Grenoble de 1120 à 1142

Fils du précédent. Il est le premier à porter le titre de Dauphin dans un acte passé vers l’an 1140 entre lui et Hugues, l’évêque de Grenoble. Il épouse Marguerite, fille d’Etienne, Comte  palatin ou plutôt, Administrateur du comté de Bourgogne, nièce du pape Calixte II avec laquelle il a pour enfants :

.Guigues futur Guigues V.

.Béatrice, mariée à Aymar Ier de Poitiers, comte de Valentinois.

.Marquise, mariée à Guillaume VII d'Auvergne, comte d'Auvergne.

.Guigues V, comte d’Albon et de Grenoble de 1142 à  1162

Fils du précédent.

À la mort de son père, Guigues V est trop jeune pour gouverner, c'est pourquoi sa mère Marguerite assure la régence jusqu'en 1153.

À peine en âge de porter les armes, Guigues décide de venger son père en allant ravager les terres du comte de Savoie. Comme onze ans plus tôt, il met le siège devant Montmélian mais est mis en déroute par l'armée de secours du comte Humbert III de Savoie. L'évêque de Grenoble, Hugues II, intervient et une paix honorable pour les deux adversaires est conclue.

La première expédition de Frédéric II en Italie affirme la puissance de son jeune empereur.                                                         

Le 13 janvier 1155, Guigues V  choisit, pour faire acte de soumission se rendant au camp impérial à Rivoli, non loin de Turin, pour rendre l’hommage à son suzerain l’empereur. En échange, il obtient de Frédéric la confirmation de tous les droits et privilèges que lui et ses prédécesseurs tenaient de l’Empire ; Frédéric y ajoute  la concession d’une mine d’argent à Ramas et le droit de battre monnaie à Sézanne. Lors de la cérémonie, à côté de l’empereur se tient, Berthold de Zaehringen, vicaire impérial pour le royaume de Bourgogne-Provence qui céde à Guigues tous les droits qui pouvaient lui appartenir sur la ville de Vienne, et lui promet son concours pour écarter les prétentions du comte Guillaume de Mâcon sur cette ville. Cette concession servira plus tard de fondement aux droits que réclameront les dauphins dans leur longue lutte contre les archevêques de Vienne.  En vertu de cette investiture, Il est le premier de sa maison à prendre le titre de Comte de Viennois.

Extrait du diplôme de l'empereur officialisant cette reconnaissance des possessions de Guigues :

« Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Frédéric, par la clémence bienveillante de Dieu, roi des Romains,(…) nous faisons savoir à tous ceux qui sont fidèles au Christ et à notre règne, que nous concédons à notre fidèle Guigues dauphin, comte de Grenoble, tous les bénéfices héréditaires qu'il avait jusqu'alors possédés justement, librement et tranquillement (…) De plus, sur le conseil des princes, nous y ajoutons en bénéfice une mine d'argent qui est en notre possession à Rama, avec tout le profit qui peut en provenir (…).En outre, il a obtenu de notre majesté, le pouvoir (…) de fabriquer de la nouvelle monnaie, dans le village de Cesana, au pied du Mont-Joux, parce qu'aucune monnaie n'y était fabriquée auparavant (…)

Guigues se montre  brillant à la cour de l’empereur. Il meurt au château de Vizille en 1162, laissant encore à sa mère la régence du Dauphiné, avec le soin d’élever une fille unique Béatrix qu’il a eue de son mariage.                                                  

.Béatrice, dauphine du Viennois, comtesse d'Albon, de Grenoble, d'Oisans et de Briançon de 1162 à 1228,

Fille unique de Guigues V, lui succède sous la tutelle de Marguerite son aïeule. Elle épouse :

1) Albéric Taillefer, fils de Raymond V, comte de Toulouse pendant la jeunesse duquel Alphonse son oncle administra le Dauphiné.                                                                        

2) Albéric étant mort sans lignée en 1180, Beatrix se remarie l’an 1184 à Hugues III, duc de Bourgogne qui meurt en 1192.                                                             

 3) en troisièmes noces, Hugues de Coligny, sire de Revermont.

Beatrix meurt en 1228 laissant de son deuxième mariage André qui suit, avec une fille nommée Mahaut et du troisième Marguerite, femme d’Amédée III, comte de Savoie. A sa mort en 1162, Marguerite reprend la régence et transmet le pouvoir au neveu de Guigues V, Guigues VI dit André.

 

 

 

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 08:26

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

 

 

 

Q. Dauphiné (Archevêché de Vienne/ Comté du Viennois / Evêché de Grenoble / Comté de Grenoble / Vicomté de Briançon)                                                               terre d’empire de 1032 à 1349

 

2. Evêché/comté de Grenoble 

 

Evêques :

 

.Mallen, évêque-comte de Grenoble de 1030 et 1037,

                                                          

.Hugues (1053-1132), évêque-comte de Grenoble de 1080 à 1132

 

Il est élu au concile d'Avignon de 1080, comme évêque de Grenoble, bien qu'il n'eût pas été encore ordonné. Conduit à Rome par un légat du pape, il est ordonné par Grégoire VII lui-même. Dès son retour, il se consacre à la tâche de réformer les abus dans son nouveau diocèse et d'y introduire la réforme grégorienne. Son épiscopat est marqué par le conflit avec Guigues III d'Albon sur la possession de territoires ecclésiastiques dans le Grésivaudan. Hugues soutient que le comte d'Albon a usurpé les terrains de l'évêché de Grenoble avec l'aide de l'évêque Mallen. Un accord n’est finalement trouvé entre Hugues et Guigues qu'en 1099.  Guigues accepte de céder les territoires en litige pendant qu’Hugues admet l'autorité temporelle du comte dans les alentours de Grenoble. Par un acte du 5 septembre 1116, est confirmé  l'abandon de tous les biens ecclésiastiques détenus par le comte.

En 1130, âgé de 77 ans, il trouve la force d'aller à la rencontre du pape Innocent II qui fuie l'Italie et de l'accompagner jusqu'au Puy où devait se réunir un important concile visant à faire reconnaître Innocent II par les souverains d'Europe et à prononcer l'excommunication contre l'usurpateur Anaclet II.

Il est canonisé le 22 avril 1134 par le pape Innocent II deux ans seulement après sa mort.

 

.Noel,évêque-comte de Grenoble en 1150

 

.Othmar de Sassenage, évêque-comte de Grenoble de 1150 à 1151

La famille de Sassenage serait issue des comtes de Forez : Girard, comte de Forez, fils et successeur d'Arthaud, comte de Lyon et de Forez, serait venu, vers 950, au secours de l'évêque Isarn, et aurait été récompensé de ses services par le don des terres de Sassenage et de Royans.                                                           

 

.Geoffroi, évêque-comte de Grenoble de 1151 à 1164

 

Ardent partisan de la cause impériale au vu du diplôme que lui confère Frédéric Ier Barberousse. Déposé par le pape Alexandre III et remplacé par Jean de Sassenage, il se maintient sur son siège grâce à la protection du gouvernement delphinal. En 1161, Il se fait confirmer par diplômes impériaux les biens restitués et concéder les droits régaliens, entre autres l'exploitation des mines d'or et d'argent et le droit de battre monnaie.

 

.Jean de Sassenage, évêque-comte de Grenoble de 1164 à 1220

En 1178, comme son prédécesseur, il se fait confirmer par l’empereur son pouvoir temporel obtenant comme le comte Guiges le droit de battre monnaie.

 

.Guillaume Ier, évêque-comte de Grenoble en 1220

 

.Pierre Ier, évêque-comte de Grenoble de  1221 à 1223

 

.Soffroy, évêque-comte de Grenoble de 1223 à v.1237

 

.Pierre II, évêque-comte de Grenoble de 1237 à 1250

En mai 1238, il fait partie des vassaux convoqués      à Vérone avec leurs troupes par l’empereur Frédéric II. L’archevêque d’Arles, Jean Baussan  et l’évêque de Marseille, Benoît d’Alignan, sont à Vérone dès le mois de juin. Les contingents de Grenoble, d’Embrun, du Valentinois et du Diois y rencontrent sous les drapeaux de l’Empire les troupes du comté de Savoie et aussi celles des comtés de Provence et de Toulouse, conduites par Guillaume de Savoie, l’évêque élu de Valence. Tous deux figurent comme témoins dans un acte où l’Empereur promet sa protection à la ville d’Embrun et lui assure le maintien de ses libertés et coutumes.

 

.Falcon, évêque-comte  de Grenoble  de v.1250 à 1266                                                  

 

.Guillaume II de Sassenage, évêque de Grenoble de 1266 à 1281

 

.Guillaume III de Royn, évêque-comte de Grenoble de 1281 à 1302

Profitant des divisions entre l’évêque et le Dauphin, les Grenoblois parviennent à faire adopter une charte de coutume leur garantissant un certain nombre de droits. En 1281, avec l'autorisation seigneuriale, les premiers consuls de la ville, au nombre de quatre, font leur apparition.

 

.Guillaume IV de Royn, évêque-comte de Grenoble de 1302 à 1337

 

En 1309, l’évêque Guillaume IV de Royn tente de passer outre les privilèges accordés aux Grenoblois mais une sédition éclate contre lui, les mécontents enfoncent les portes de l'évêché et maltraitent quelques-uns de ses officiers   l'obligeant à s'enfuir quelques jours. Le dauphin Jean II absent de la ville au moment des faits, annule les poursuites judiciaires que l'évêque avait entamées.

 

.Jean de Chissé, évêque-comte de Grenoble de 1337 à 1354

 

La seigneurie de Chissé est située en Savoie dans le haut Faucigny, près de Sallanches. La souche de ses premiers possesseurs se partage en deux branches, dont l'une, après l'annexion du Faucigny au Dauphiné, va s'établir à Grenoble.

Jean de Chissé, évêque de cette ville en 1337 est le conseiller intime d’Humbert II, dernier dauphin de Viennois qui sous son épiscopat cède le Dauphiné au roi de France. En théorie, le Dauphiné dont l’évêché de Grenoble et le comté de Grenoble restent des fiefs de l’empire.

 

.Rodolphe de Chissé, évêque-comte de Grenoble de  1350 à 1380,  archevêque de Tarentaise de 1380 à 1385

Frère du précèdent.  Assassiné dans son château en 1385.

 

.François de Conzié,  évêque de Grenoble de  1380 à 1388, archevêque d’Arles de 1388 à 1390 puis archevêque de Toulouse  de 1390 à 1391 et enfin archevêque de Narbonne en 1391. Patriarche de Constantinople en 1430, vicaire général du diocèse d’Avignon et Camérier du pape Clément VII,

La famille de Conzié est une des plus anciennes de Savoie ; oncle de Louis  Aleman  qui deviendra comme lui archevêque d’Arles.

 

.Aimon de Chissé, évêque de Grenoble en 1388

Neveu de Rodolphe de Chissé ; fils de Girard de Chissé, trésorier général de Savoie.

Il participe aux conférences pour l'extinction du schisme causé par la double élection d'Urbain et de Clément VII.

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 08:01

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

Q. Dauphiné (Archevêché de Vienne/ Comté du Viennois / Evêché de Grenoble / Comté de Grenoble / Vicomté de Briançon)                             

 terre d’empire de 1032 à 1389

 

1. Archevêché de Vienne/Comté de Vienne

En 450, le pape attribue les fonctions de métropolitain à l'évêque de Vienne dans les diocèses de Valence, Tarentaise, Genève et Grenoble, tandis que les autres cités de la Viennoise et de la Narbonnaise IIe restent du domaine du métropolitain d'Arles. Un siècle plus tard, en 551, la province ecclésiastique arlésienne s'agrandit de l'évêché d'Uzès qui passe sous la métropole d'Arles.     En 794, au concile de Francfort, les limites entre les provinces ecclésiastiques d'Arles et de Vienne sont à nouveau débattues. La province ecclésiastique de Vienne perd l’évêché de Moutiers Tarentaise élevé au rang d’archevêché tandis que la province ecclésiastique d'Arles perd les évêchés d'Aix et d'Embrun, qui sont eux-aussi élevés au rang d’archevêchés. La province de Vienne conserve pour suffragants les évêchés de Genève, de Die, de Grenoble, de Moutiers. La province ecclésiastique d'Arles conserve  huit suffragants : Marseille, Toulon, Orange, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Avignon, Vaison, Cavaillon et Carpentras. L'évêché de Moûtiers-Tarentaise fait aussi partie des suffragants de Vienne jusqu'à son érection en archevêché entre 794 et 800.

Au traité de Verdun de 843, la région se trouve intégrée au royaume de Lotharingie. Cependant, à la mort de Lothaire, Charles le Chauve, roi de France, se proclame empereur en 875 et intègre la région sous son autorité.

Mais à la mort de son fils, Boson, gouverneur de Vienne, se fait proclamer roi de Bourgogne Cisjurane -Provence en 879 à Mantailles (Drome).

Ce royaume de Provence est réuni en 954 à celui de Bourgogne Transjurane crée en 888 à Saint Maurice sous le nom de Royaume de Bourgogne-Provence.

En 1011, le douaire d’Ermengarde, épouse du roi de Bourgogne, Rodolphe III, est constitué du Viennois.

L'intégration du royaume de Bourgogne-Provence au Saint-Empire en 1030 renforce l'autonomie de l'évêque-comte de Vienne[. Mais l'importance de Vienne diminue graduellement avec les progrès de sa rivale, Lyon. Les anciennes prétentions de Vienne subsistent dans les prérogatives de ses évêques, qui gardent le titre archiépiscopal, ainsi que celui de « primat des Gaules », qu'ils partagent avec les archevêques de Lyon.

 

Archevêques de Vienne :

.Burchard, archevêque de Vienne, comte du Viennois  v.1010-v.1030

Trois ans avant la mort du roi de Bourgogne-Provence, Rodolphe III, l'archevêque Bouchard dispose entre 1029 et 1030 du comté de Viennois, que l'église de Vienne a reçu en don de la reine Hermengarde, épouse de Rodolphe.

Il le partage entre son beau-frère, le comte de Savoie Humbert-aux-blanches-mains, et son neveu le sire de Vion, Guigues Ier le Vieux, déjà largement positionné en Viennois méridional. Humbert de Maurienne reçoit le Nord, future Savoie, et Guigues 1er, dit "Le Vieux", sire de Vion et comte d'Albon, reçoit le Sud, futur Dauphiné dont, au moins en théorie, Briançon, le val de Suze et Chisone (Chizone). Une incertitude règne sur la façon dont les sires de Vion ont acquis le titre de comte. Il semble que Guigues Ier le Vieux l'ait obtenu par la concession de l'archevêque Bouchard dans cet acte de donation de 1029.
Malgré cette inféodation en faveur des comtes de Savoie et d'Albon, l'archevêque Bouchard conserve la cité de Vienne avec ses tours et le château de Pipet. Le comté de Vienne est le reste du comté du Viennois limité à la seule ville de Vienne sur laquelle règne l’archevêque.

.Léger, archevêque de Vienne de 1030 à 1070.

C’est sous son règne que le Royaume de Bourgogne-Provence est intégré à l’empire. La mort du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III, en 1032, marque une date importante de l'histoire de la région. Désormais, sous la suzeraineté lointaine de l'empereur Conrad le Salique, s’accomplit le morcellement déjà commencé sous la dynastie de Bourgogne. Alors en l'espace de quelques années, se constituent les Etats des comtes d'Albon et de Savoie.

Peu après le partage du comté du Viennois entre les deux maisons de Savoie et d'Albon, celles-ci s'étendent simultanément plus à l'Est. Entre 1039 et 1043, Guigues Ier le Vieux reçoit de l'empereur Henri III l'investiture du Briançonnais, qui a été détaché en 1033 du diocèse de Maurienne par Conrad le salique pour être rattaché à la métropole d'Embrun. Cette terre, Guigues la tient en fief impérial, alors qu'en Viennois il n'est vassal que de l'archevêque de Vienne.     De son côté, Humbert-aux-blanches-main, comte de Savoie est investi, au nord du Briançonnais, de la Maurienne, terre qu'il tient lui aussi en fief d'Henri III.

.Armand, archevêque de Vienne de  1070 à 1076.

En 1076, l'empereur germanique Henri IV du Saint-Empire s'oppose aux pouvoirs du pape Grégoire VII au sujet de l’investiture des évêques.

.Warmond, archevêque de Vienne  de 1077 à 1081.

.Gontard, archevêque de Vienne de 1082 à 1084.

.Guy de Bourgogne (1050-1124) archevêque de Vienne de 1084 à 1119, pape Calixte II de 1119 à 1124

Fils du comte Guillaume Ier de Bourgogne, frère d’Hugues III de Bourgogne qui devient archevêque de Besançon ; il devient administrateur du diocèse de son frère.

.Pierre I, archevêque de Vienne de  1121 à 1125

.Étienne I, archevêque de Vienne v.1125 à v.1145 

.Humbert d`Albon, archevêque de Vienne de 1146 à 1147

Fils de Guigues III d’Albon ; frère de Guigues IV, dauphin du Viennois.

.Hugues I, archevêque de Vienne v.1148 à 1155

.Étienne II, archevêque de Vienne v.1155 à 1163, archichancelier du Royaume de Bourgogne-Provence en 1157

En 1153, l’empereur Frédéric Ier Barberousse lui reconnait les droits régaliens  et la haute et la basse justice dans Vienne  accordés  précédemment par le roi  Rodolphe de Bourgogne et en 1157, il les lui confirme solennellement et le nomme archichancelier du Royaume de Bourgogne-Provence. Il a non seulement pour vassaux les comtes d'Albon et de Savoie mais également  presque toutes les puissantes familles du Dauphiné. Il est également abbé de Saint-Barnard de Romans et exerce sa suzeraineté au XIIIe siècle sur vingt-deux châteaux et une trentaine de fiefs dépourvus de châtellenies.

.Guillaume de Clermont, archevêque de Vienne de  1163 à 1166?

De la famille des Clermont-Tonnerre, originaire  du petit village de Clermont siège de la baronnie de Clermont l’une des quatre baronnies du Dauphiné ; qui deviendra vassale de l’archevêque de Vienne en 1203 et sera incorporée en 1340 au domaine des Dauphins du Viennois.

.Robert de La Tour du Pin, archevêque de Vienne  v.1170 à 1195

.Aynard de Moirans, archevêque de Vienne de  1195 à v.1205

De la famille des Barons de Moirans dépendant des Abbés de Saint Claude dans le comté de Bourgogne.

.Humbert II, archevêque de Vienne de 1206 à 1215, archichancelier du Royaume de Bourgogne-Provence à partir de 1214

A l’archevêque Humbert de Vienne, Frédéric reconnaît la qualité d’archichancelier du royaume de Bourgogne et le premier rang à sa cour.

L’archevêque exerce désormais, sous la suzeraineté impériale, les droits régaliens et la justice ; lorsqu’il est appelé à rendre à l’Empereur les services d’ost ou de cour, il peut demander des subsides aux bourgeois de Vienne et de Romans. En outre, Frédéric confère à l’archevêque et au chapitre un droit de péage sur toutes les marchandises qui passeront à Vienne par les routes de terre et d’eau. Il défend aux comtes, nobles et châtelains de la province de Vienne de lever de tels droits sans avoir obtenu le consentement du souverain; les transgresseurs de cette défense doivent être poursuivis et punis par l’archevêque de Vienne, chancelier du royaume de Bourgogne.

S’adressant à Adémar de Poitiers qui, au mépris des droits des évêques, continue dans le Diois les usurpations de ses prédécesseurs, l’empereur s’exprime en ces termes : « Nous vous enjoignons de vous abstenir des extorsions illicites que vous pratiquez sous prétexte de péages ; nous vous interdisons d’élever des fortifications sur la voie publique ; nous vous ordonnons de fournir satisfaction à l’évêque pour les droits que vous avez injustement perçus, et de vous conduire de telle façon que nous n’ayons pas lieu de vous écrire une seconde fois »

.Bournon, archevêque de Vienne de 1216 à 1218

Au mois de juin 1218, à la suite de la sourde lutte qu’il livre aux seigneurs de son royaume de Bourgogne-Provence, notamment à Adhémar de Poitiers, l’empereur Frédéric II renouvelle à tous les seigneurs de la province de Vienne la défense d’aggraver les péages existants et d’en créer de nouveaux sans son autorisation. En février 1219, il reconnaît à Adhémar  un doit de péage sur le chemin public de Valence à Monteil et le maintient en possession de tous les droits qui avaient été accordés à ses prédécesseurs par les empereurs.

.Jean de Bernin, archevêque de Vienne de 1218 à 1266, légat du pape

De la famille des seigneurs de Bernin. Né au château de la Veyrie à Bernin dans le Dauphiné.

Nommé légat du pape à une époque où les tensions augmentent en Provence en particulier dans la ville d’Arles. 

La papauté, sans désavouer l'archevêque d'Arles Jean Baussan, redoute que dans l'agitation du mouvement communal, les tribunaux inquisitoriaux puissent servir les intérêts politiques de l'épiscopat local. Ainsi, le pape enlève la juridiction de l'inquisition à l’archevêque d’Arles et la confie à Jean de Bernin qui en 1235 nomme des juges issus de l'ordre des Prêcheurs pour la Provence. En juin 1235, le légat Jean de Bernin, archevêque de Vienne adresse une consultation aux juristes avignonnais au sujet des vaudois d'Arles.

Il fait également édifier le château de la Bâtie qui accueillera le trésor pontifical lors du Concile de Vienne de 1311 où sera arrêtée la dissolution de l’ordre du Temple. L’archevêque de Vienne est en effet un chef séculier depuis le rachat de la moitié des droits du comté en 1263.

.Guy d'Auvergne de Clermont, archevêque de Vienne  v.1268 à 1278

.Guillaume de Livron (ou de Valence), archevêque de Vienne de 1283 à v.1305

.Briand de Lavieu (Lagnieu), archevêque de Vienne de  1306 à1317

Issu d'une famille illustre du Forez, où la maison de Lavieu possède plusieurs terres sous le titre de vicomté.

Briand de Lavieu est chanoine de l'église de Lyon, quand il est élu archevêque de Vienne en 1306. Comme il est parent d'Amédée, comte de Savoie, Briand devient suspect aux Viennois. Dans la crainte qu'ils ne forment quelque tentative contre lui, il se retire pour quelque temps au château de la Bâtie, appelé aussi château de Saint-Sévère, parce qu'il se trouve situé au-dessus de l'église de ce nom.

Briand de Lagnieu est de retour de la Bâtie, après la mort d'Humbert Ier, lorsque Jean, son fils et successeur, fait hommage à l'église de Vienne, entre les mains de l'archevêque, pour le comté de Vienne et d'Albon. L'église de Vienne n'était plus alors feudataire direct de l'Empire.

L'archevêque de Vienne a ses officiers, et le chapitre les siens également. Souvent il y a des contestations entre les officiers de l'archevêque et ceux du chapitre. Ces différends font sentir la nécessité de partager la juridiction, de même qu'on avait partagé les biens. Le partage est fait en 1309. 

En 1305 Bertrand de Got est couronné pape Clément V et en 1308 il convoque un concile œcuménique à Vienne pour l'année 1311. À mesure que le terme approche, ceux qui persécutent l'église de Vienne dans ses biens, craignant qu'elle n'en porte plainte au concile, cherchent à se raccommoder avec elle. Le dauphin jean II de Vienne Jean contracte avec l'archevêque et son église, un traité d'alliance et s'oblige à secourir de toutes ses forces et en toute occasion l'archevêque et son église et à leur entretenir à ses frais cent bons soldats bien armés.

.Simon d'Archiac, archevêque de Vienne de  1319  à 1320, cardinal.

.Guillaume de Laudun, archevêque de Vienne de 1321 à 1327.

Fils de Guillaume II, seigneur de Laudun.

.Bertrand de La Chapelle, archevêque de Vienne de 1327 à 1352

Il a beaucoup de démêlés avec le dauphin Humbert.

En 1333, Philippe de Valois qui aspire à se rendre maître de Ste-Colombe, renouvelle à l'archevêque et au chapitre métropolitain ses prétentions sur le faubourg de Ste-Colombe.

Le chapitre soutient ses droits avec la plus grande énergie; mais Bertrand de la Chapelle accorde au roi de France tout ce qu'il lui demande, ce qui le rend odieux au clergé et au peuple de Vienne. Pour se mettre à couvert des mauvais effets de la haine publique, il quitte la ville et la médiation du pape devient nécessaire pour que les Viennois le reconnaissent de nouveau comme véritable et légitime pasteur.

Une bulle de Jean XXII de février 1334, ordonne que les partis lui envoient des députés porteurs des pièces justificatives de leurs droits, pour qu'il puisse juger en connaissance de cause de la validité des oppositions. Mais Philippe VI ne s'amuse point à suivre cette procédure; sans attendre davantage, il s'empare de Ste-Colombe. Il unit ce faubourg de Vienne à son royaume, le fortifie et fait construire à l'entrée du pont une tour carrée.

.Pierre Bertrand, archevêque de Vienne de  1352 à 1362. 

.Pierre de Gratia, archevêque de Vienne de  1362 à 1363.

.Louis de Villars 1363-1377, archevêque de Vienne de 1363 à 1377

Fils d'Humbert, seigneur de Thoire et de Villars, et d'Éléonore de Beaujeu ; frère d’Henri de Villars, archevêque de Lyon et un neveu de Louis de Villars, archevêque de Lyon.

.Humbert de Montchal, archevêque de Vienne de  1377 à  1395

Famille illustre de Montchal dans le Forez. Humbert est le fils de Falques III, seigneur de Montchenu, et d'Alix Alleman.

A l’occasion d’un voyage à Paris, l'empereur Charles IV de Luxembourg, concède au dauphin, Charles II (futur roi Charles VI), fils de son neveu le roi de France Charles V, le titre de vicaire de l'empire dans le Viennois et dans les provinces du royaume d'Arles, avec la révocation de la juridiction dont l'archevêque de Vienne et son chapitre jouissent dans la ville de Vienne. Le jeune dauphin nomme comme vicaire son lieutenant Bouville, qui est déjà gouverneur. Les habitants, alarmés de la perte de leur liberté, veulent résister, mais quelques maisons brûlées et la vie qu'il en coûte à plusieurs citoyens intimident le reste et Bouville demeure le maître. On lui rend le château de Pipet.

.Thibaud de Rougemont, archevêque de Vienne de 1395 1405, devenu ensuite archevêque de Besançon (1405)

Famille illustre dans le comté de Bourgogne.

En 1400, un arrêt du roi-dauphin rétablit l'archevêque et son chapitre dans leurs prérogatives temporelles sur Vienne. En 1402 les archevêques de Vienne sont devenus abbés perpétuels de l’ordre de Saint-Chef et seigneurs du bourg et de ses dépendances, le château de Saint-Chef est pris et ruiné dans la guerre acharnée que se font Thibaud de Rougemont et les frères Guy et Jean de Torchefelon, ceux-ci ayant refusé de faire hommage à l’archevêque de leur château de Montcarra. Le fougueux prélat attaque brusquement ce château et le brûle. Les Torchefelon prennent et incendient celui de Saint-Chef, en font autant de celui de Seysseul et ravagent tous les environs. 

Lorsque le gouverneur du Dauphiné intervient pour chercher à arrêter ces désordres scandaleux, Thibaud excommunie les officiers du roi. L’année suivante, les Torchefelon brûlent le château de Mantaille. Les troupes de l'archevêque incendient à leur tour le château de Torchefelon. Le pape Benoît XIII saisit avec empressement l'occasion de transférer de Rougemont à Besançon.

 

Comtes de Vienne

Charles Constantin, fils de Louis l’Aveugle est comte de Vienne de 947 à 963; son fils Patton a une fille Etiennette de Vienne qui épouse  Guillaume le Grand comte de Bourgogne auquel elle apporte le comté en dot. Le comté de Vienne se limite à la seule ville de Vienne dans lequel le pouvoir temporel est exercé au nom de l’archevêque sous l’autorité des comtes de Macon issus de la maison des comtes de Bourgogne. De 1085 à 1239, les comtes de Vienne sont également comtes de Mâcon :

.Étienne Ier de Bourgogne (1085-1102)

.Renaud III de Bourgogne (1102-1148)

.Guillaume III de Mâcon (1148-1157)

.Géraud Ier de Mâcon (1157-1184)

.Guillaume IV de Mâcon (1184-1224)

.Géraud II de Mâcon (1224)

.Alix de Mâcon (1224-1260).  En 1239, à la mort de son époux, Jean de Dreux, Alix vend le comté de Vienne et le comté de Mâcon à la Couronne de France.

 

 

 

 

 

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 07:28

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

 

P. Seigneurie -Evêché d’Uzès                                                                                      terre d’empire de 1032 à 1229

 

La seigneurie et l’évêché d’Uzès font partie du royaume de Provence  puis de Bourgogne-Provence intégré à l’empire en 1032 jusqu’au traité de Paris de 1129 qui met fin  au conflit albigeois et annexe au Royaume de France les possessions de la Maison de Saint Gilles.

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 14:32

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

O.   Evêché  de  Viviers / Comté de Viviers (Vivarais)

     terre d’empire de 1032 à 1305-1308

Par le traité de Verdun de 843, l’évêché de Viviers fait partie de la Francie Médiane attribuée  à l’empereur Lothaire Ier. Ce royaume de Francie médiane (Lotharingie) est éphémère, puisque peu avant sa mort en 855, Lothaire Ier partage son empire entre ses trois fils (Traité de Prüm) : pour Charles de Provence (845 - 863), son plus jeune fils, Lothaire Ier fonde le Royaume de Provence (ou Provence-Viennois), constitué par la Provence et la Bourgogne Cisjurane (territoires issus du démantèlement du Royaume de Bourgogne), comprenant le Lyonnais, le Viennois, le Dauphiné et la Savoie ainsi que les comtés d'Uzès et de Viviers. Il a Lyon pour capitale.  

Lothaire II (835-869) hérite du Vivarais, de son frère Charles, il confirme les actes antérieurs de son père et de son frère, il prend la défense des archevêques et place sous sa sauvegarde la ville de Tournon, son château, ses églises, son territoire avec les fermes et les esclaves et tout ce que le siège illustre de Lyon possède en Vivarais.

Louis II (825 - 875), fils aîné de Lothaire Ier, déjà associé au trône, après la mort de son frère Charles de Provence en 863,  récupère une partie de son domaine, et devient aussi roi de Provence et de Bourgogne (seuls les comtés de Lyon, Vienne et Vivarais lui échappent). Lorsque l'empereur Louis II décède à son tour en 875, s'éteint la maison de Lothaire Ier qui a régné sur le Vivarais pendant plus de 40 ans. Charles II le Chauve son oncle, s'empare alors des deux royaumes d'Italie et de Provence   (le Vivarais en fait partie) et du titre d'empereur. Après avoir horriblement dévasté tout le pays environnant, il obtient la reddition de Vienne, ce qui entraîne la soumission du Dauphiné et du Vivarais dont le roi confie le gouvernement à Boson, son beau-frère.  

En 875, profitant de la mort de Louis II, fils de Louis le Germanique, Charles le Chauve s’empare de la Provence et fait de son beau-frère Boson le duc de Provence.  Charles se fait aussi sacrer empereur à Rome par le pape Jean VIII.

L'évêque de Viviers se voit confirmer en août 877, par le nouvel empereur, dans la possession des biens et privilèges de son église (y ajoutant aux précédents biens, territoire et port de Bourg-Saint-Andéol, les églises de Saint-Just, de Saint-Marcel et de Saint-Remèze).

Le 6 octobre 877, Charles est pris d’une forte fièvre, un médecin lui fait prendre une médication soit disant empoisonnée et il meurt. Son fils Louis le Bègue lui succède sur le trône de Francie occidentale.

Deux années plus tard, en 879, Louis le Bègue à la santé fragile meurt à Compiègne. Ses successeurs, Louis III (royaume des Francs et Neustrie) et Carloman II (Aquitaine et Bourgogne) semblent incapables de lutter efficacement contre la reprise des invasions et leur succession est vivement contestée. Mais Boson, beau-frère de Charles le Chauve, avait  maneuvré habilement. En effet, celui-ci déjà seigneur du Lyonnais, du Viennois et de la vallée de la Saône, avait reçu des mains de Charles le Chauve, la Provence, lui donnant ainsi le contrôle de toute la vallée du Rhône ou presque. De plus, en 878, le pape Jean VIII était menacé par les invasions sarrasines, et c’est Boson qui a assuré sa protection en le recevant en Arles s’attirant ainsi ses faveurs. Boson, se fait proclamer roi de Provence et de la Bourgogne Cisjurane en 879 à Mantailles (Drome). En 888 cette fois à Saint Maurice (en Valais) Rodolphe III se fait proclamer roi de Bourgogne Transjurane.  Et en 934, ces deux royaumes sont réunis pour constituer le Royaume de Bourgogne-Provence ou Royaume d’Arles.

Le Vivarais,  comme le Valentinois, reste partie intégrante du duché du Lyonnais, quoique son évêque continue à dépendre, en droit, de l'archevêque d'Arles.

.Thomas II, prince-évêque de Viviers vers 950            

C'est pendant le règne du roi de Bourgogne-Provence Conrad III qu’il  se signale en entreprenant de transcrire les antiques documents de la bibliothèque de l'évêché. Dans le diocèse de Viviers, un vieux seigneur fait don des terres, bois, prairies, pâturages et cours d'eau pour y fonder sur la montagne de Rompon un monastère de l'ordre de Cluny, à l'origine du prieuré conventuel de Saint-Pierre de Rompon. A Viviers, la charte de fondation du prieuré conventuel de Rompon est datée de la "quarantième année du règne de Conrad Le Pacifique" (977), roi de Bourgogne.

Pendant les dernières années du Royaume de Bourgogne-Provence, la féodalité se développe en Vivarais. Avec la terreur de l'an 1000, le besoin de sécurité dégénérant en ambition et cupidité, engage fonctionnaires de l'empire, prélats et grands propriétaires fonciers à construire des châteaux forts. Le Vivarais se couvre de châteaux. Leurs propriétaires, les seigneurs, établissent leur autorité sur des villes, des parties de ville, des étendues de terre plus ou moins grandes. Ainsi Joyeuse a trois co-seigneurs, Les Bermon d'Anduze, les Châteauneuf-Randon et les Montauban-Montdragon.

Le onzième et plus encore le douzième siècle voit se former les grandes seigneuries ecclésiastiques et laïques du Vivarais. Quelques lignages émergent, bien implantés en Vivarais. C'est le cas de la famille de Poitiers, comte de Valentinois, ou encore la famille Montlaur, des comtes de Viennois et de la puissante famille des comtes de Toulouse.

En 1125, la Provence est partagée entre le comte de Barcelone Raimond Bérenger, et le comte de Toulouse Alphonse-Jourdain :

- le premier reçoit le comté entre Rhône, Durance, Alpes et la mer
- le second le marquisat au Nord de la Durance.

La période de 1125 à 1173 marque la formation sous la suzeraineté  du Saint-Empire, des seigneuries temporelles des archevêques de Lyon et de Vienne, des évêques de Valence et de Viviers.

.Arman II, évêque de Viviers de 1014 à 1041

.Gérard, évêque de Viviers de 1042 à 1070

.Jean II, évêque de Viviers de 1073 à 1095

.Leodegarius, évêque de Viviers de 1096  à 1119

.Atton, évêque de Viviers de 1118 à 1124

.Pierre II, évêque de Viviers de 1125 à 1131

.Josserand de Montaigu, évêque de Viviers de 1133 à 1146

.Guillaume Ier de Franconie, évêque de Viviers de 1147 à 1155

Cousin de l’empereur Conrad de Franconie qui lui confirme ses droits sur le Vivarais.

.Raymond  d’Uzès, évêque de Viviers de 1157 à 1170

L'évêque de Viviers, étend sa domination temporelle sur des terres que convoite le comte de Toulouse. Vers 1169, Hugues d'Ucel lui donne une partie des mines de Largentière, de Chassiers et de Tauriers. Les seigneurs d'Ucel criblés de dettes cherchent un protecteur.   Le comte de Toulouse s'offre et en 1170 le même Hugues d'Ucel fait hommage à Raimond V, comte de Toulouse pour ses châteaux d'Ucel, de Saint-Laurent et de Rochecolombe. C'est ainsi que le comte de Toulouse s'installe dans le Vivarais. En laissant le comte de Toulouse prendre pied au centre même de son diocèse, l'évêque Raimond commet une faute irréparable.

Au-dessus de tous ces comtes et prélats, les agents des rois de France font sentir de plus en plus leur action centralisatrice.

Raymond VI de Toulouse, soupçonné d'une coupable indulgence vis-à-vis de l'hérésie cathare,  est excommunié par le pape Innocent III. Forts de l'appui des évêques du Puy et de Mende, comme aussi de la fidélité immuable de leurs puissants vassaux, les Montlaur, les Bermond d'Anduze, les Tournon, etc… les rois Capétiens introduisent  leur autorité dans les différentes zones du Vivarais.

Dès 1188 ce mouvement commence par l'hommage du sire Odon de Tournon - d'une famille encore modeste - à Philippe Auguste, et se poursuit  tout au long du XIIIe siècle avec l'intervention de plus en plus fréquente des rois de France en terre vivaroise.                                                          

.Robert de La Tour du Pin, évêque de Viviers de 1171 à 1173

.Nicolas, évêque de Viviers de 1174 à 1206, prince-évêque à partir de 1177

L’évêque de Viviers est lui aussi fait prince d’empire par l’empereur Frédéric Ier de Hohenstaufen par un diplôme du 16 mars 1177.

A cette occasion, il obtient de l’empereur la confirmation des droits donnés aux évêques de Viviers par l’empereur Conrad dont  le droit de battre monnaie.

En 1198, Adhémar de Poitiers et Bermond d'Anduze, ligués avec le comte de Toulouse, obtiennent par la force, de l'évêque Nicolas, d'entrer en partage des mines de Ségalières, de Chanier et de Taurier. D'après ces conventions nouvelles, les comtes de Toulouse en obtiennent la moitié, Adhémar et Bermond chacun un tiers de l'autre moitié, et l'évêque de Viviers  l'autre tiers  de cette moitié, c'est-à-dire le sixième. 

.Bernon de Brabant, prince-évêque de Viviers de 1206 à 1220

Frère de l’évêque de Die,  Didier.

Bernon de Brabant, profite de la guerre des Albigeois pour revenir sur le partage de 1198 des mines de Ségalièrese. Simon de Montfort reçoit en fief la moitié de tous les droits et revenus attachés au château de Fanjau et à la terre de Largentière; Bernon s'en réserve l'autre moitié.  

Après la mort du vainqueur des Albigeois et de son fils Amaury, l'évêque redevient entièrement propriétaire de la baronnie de Largentière.

En 1214, son frère Didier, évêque de Valence, présent à Bâle, obtient de l’empereur Frédéric II Didier la confirmation des privilèges de son siège.                                                          

En 1215, le concile de Latran déchoit le comte de Toulouse  Raymond VI de ses droits sur son comté au profit de Simon de Montfort, mais le pape Innocent III préserve le marquisat de Provence (dans lequel figure le Vivarais) au profit de son fils, le futur Raymond VII. Raymond VI de Toulouse, voit ses biens du pays de Largentière, avec ses riches mines confisquées au profit de l’évêque de Viviers Bernon de Brabant. Le Vivarais devient une terre d’empire  soumise à plusieurs autorités d’importance variable dans le temps. Les Archevêques  de Vienne et évêques de Valence perdent vite toute influence réelle tandis que l’archevêché  de Viviers reste la puissance dominante des deux-tiers méridionaux du territoire. Emergent aussi des seigneuries laïques (sires de Tournon, d’Annonay, comtes de Valentinois) qui vont se ranger se rangent petit à petit sous la bannière des rois de France.

.Guillaume II, prince-évêque de Viviers de 1220 à 1222

.Bermond d’Anduze, prince- évêque de Viviers  de  1222 à  1244.

Dès son avènement en 1222, le jeune Raymond VII veut récupérer les fiefs de son père ; les comtes de Toulouse prétendent s’appuyer sur  des chartes dont ils sont les auteurs dans lesquelles ils se qualifient de seigneurs et comtes de Viviers. Ils citent même un acte de donation de Bertrand de Toulouse à son épouse Hélène, dans lequel Bertrand lui donne Viviers et ses dépendances comme cadeau de noces. Les évêques de Viviers s'appuient sur une charte de donation de la suzeraineté du Vivarais, faite par l'empereur Conrad à son cousin  Guillaume de Franconie, évêque de Franconie, charte  confirmée, on l’a déjà dit en 1177 par l’empereur Frédéric Barberousse, accordant  à l'évêque de Viviers le droit de battre monnaie.

Après un échec fin 1222, Raymond VII revient en forces en juillet suivant et s’empare de la ville. Bermond en appelle au pape Honorius III qui invite le comte de Toulouse à restituer les biens de l’Église de Viviers ; s’il refuse d’obéir, il court le risque de ne jamais obtenir l’absolution qu’il sollicite.

Raymond VII maintient ses troupes et le 26 février 1225, un ultimatum du pape demeure sans effet. C’est alors que, sur la demande d’Honorius III, le roi Louis VIII de France se met en marche vers le Languedoc avec une armée de 100 000 hommes en 1226 et récupère Largentière.                                                    

Signé le 12 avril 1229, le traité de de Meaux (dit également premier traité de Paris) met fin à la croisade des albigeois contre les cathares. Il est imposé à Raymond VII comte de Toulouse, par la régente Blanche de Castille ; aux termes de ce traité, il cède les anciennes vicomtés Trencavel au roi de France et accorde Jeanne, sa fille et unique héritière, à Alphonse de Poitiers, frère du roi Louis IX. Cette soumission instaure une véritable dépendance à la Couronne, son gendre devient comte de Toulouse. À la suite de ce traité, le sénéchal de Beaucaire somme immédiatement l’évêque de Viviers de se reconnaître vassal du roi Louis IX. Bermond proteste et le sénéchal saisit le temporel de son diocèse et ses biens propres. Bermond d’Anduze se plaint à l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen mais n’en reçoit pas d’aide. En 1230, Bernard d'Anduze doit se résoudre à rendre hommage à Louis IX pour 21 localités dont Joyeuse.

Mais en 1235, il se met donc en route pour l’Allemagne, rejoint l’empereur Frédéric II  à Haguenau et obtient de lui, en janvier 1236, une bulle confirmant tous les biens et tous les privilèges de son église.

.Arnaud de Vogüé, prince-évêque de Viviers de 1244 à 1254

En 1244, l’empereur Frédéric II, qui a quelques bonnes raisons d’en vouloir au clergé, révoque tous les péages que les empereurs avaient jadis accordés à l’évêché de Viviers.

.Aimon de Genève, prince-évêque de Viviers de 1255 à 1263

Fils du comte Guillaume II de Genève et d'Alice de La Tour du Pin. Trois de ses frères deviennent évêques : Guigue à Langres, Amédée à Die et Robert à Genève. Par sa tante paternelle Béatrix, il est cousin des comtes de Savoie, Pierre et Philippe. 

.Hugues de La Tour du Pin, prince-évêque de Viviers de 1263 à 1291

Sous son règne, bien qu’il ne soit pas contesté que Viviers soit une terre d’empire, sans respect pour les anciens diplômes, les fonctionnaires de l’administration royale française la traitent  comme si elle eût été française.   Ainsi le pape Clément IV croit-il nécessaire d’écrire le 9 novembre 1265 au roi de France Louis IX : « Quoique, suivant leurs prétentions, ils ne soient soumis qu’à l’Empire, les habitants de Viviers et du diocèse sont cités par vos officiers... S’ils se refusent à comparaître devant eux, ils sont frappés d’amendes et leurs biens sont saisis ; on prononce des sentences contre eux en matière civile et criminelle. » Or Clément IV, en sa qualité d’ancien enquêteur de saint Louis, connaît bien l’état du royaume ; il est allé jadis à Viviers, et il a examiné les privilèges contenus dans les archives de l’évêque et du chapitre : tous émanent des empereurs ; on n’en trouve pas un qui vienne du roi de France ; bien plus, il y a vu les étendards impériaux dont les évêques de Viviers se sont servis jadis.  Les réclamations du pape sont entendues, et, au moins pendant les dernières années du règne de saint Louis, les officiers royaux s’abstiennent de toutes nouvelles  entreprises.

Cet incident permet néanmoins d’évaluer le discrédit dans lequel est tombé le pouvoir impérial pendant le Grand Intérègne. Aucun des prétendants à l’Empire n’a souci de protester contre les agissements de l’administration royale française ; il faut qu’un pape, lui-même ancien membre de cette administration, prenne la défense de l’Église de Viviers contre ses collègues d’autrefois.

Dès 1271, à la mort d’Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, la partie du Vivarais propriété des comtes de Toulouse, bien que terre d’empire comme tout le territoire de l’évêché, se trouve rattachée de fait à la couronne de France.

Un pas décisif est franchi en 1284. Les moines de Mazan, seigneurs du château de Berg, avec l'aide du roi de France, fondent la bastide de Villeneuve-de-Berg, pour en faire le siège de leur juridiction ce qui implante solidement le roi en Bas-Vivarais, 

A la même époque, le sénéchal de Beaucaire, représentant du roi de France en Languedoc, est en conflit avec le chapitre de Viviers; des usurpations incessantes sont commises. Le temporel de l’évêque est saisi ; ses vassaux sont obligés de rendre hommage au roi.

En 1284, l’empereur Rodolphe peut écrire en ces termes à Philippe le Bel :

« Les plaintes presque unanimes des grands du royaume d’Arles nous sont parvenues et nous ont appris les persécutions diverses dont est broyée, sans doute à votre insu, par le fait de vos agents et de vos serviteurs, l’insigne Église de Viviers, noble membre de notre Empire, sous la domination duquel elle repose en paix depuis un temps immémorial. Comme sous l’inspiration de la miséricorde divine, nous nous sommes imposés cette loi salutaire de ne point ambitionner le domaine d’autrui et de nous contenter de nos frontières ; ... nous prions de tout cœur votre sérénité de détourner, à l’exemple de votre illustre père Louis, de vénérée mémoire, vos officiers et agents de troubler et de persécuter la dite Église de Viviers. Car, cela est connu de tous dans l’Empire et vous ne l’ignorez pas, nos très saints pères Grégoire et Clément ont jadis représenté à votre père l’état de cette Église ; sur leurs instances, ce roi pacifique et ami de la justice, a reconnu les liens de sujétion qui rattachent ladite Église à l’Empire, et a empêché ses serviteurs de lui porter préjudice».

Mais Philippe le Hardi, surpris par la mort en 1285  ne peut lui-même régler cette affaire. Son fils Philippe le Bel lui succède.

Le 7 novembre 1291, Gérenton, seigneur de St Romain Valmordane, fait hommage à Philippe le Bel de son château de St Romain moyennant le montant d'une année de revenus de tous ses biens compris dans cet hommage. Par ce même contrat pour la construction d'une ville qui sera le siège d'une Cour Royale de Justice (balliage) pour tout le Haut Vivarais. Les moines de Mazan, avec l'aide du roi de France, fondent Boucieu-le-Roi, en Haut-Vivarais. En 1294 Philippe le Bel octroie à la «villa nova de Boceio» une charte de franchise par laquelle ses habitants sont exempts de tous les impôts d'alors (péage-taille) sauf la gabelle (impôt sur le sel) milice etc... 

Ensuite Philippe IV le Bel  intègre le Bas-Vivarais au domaine royal.

.Guillaume III de Falguières, prince-évêque de Viviers de 1292 à 1296

Dès le début de son règne, Philippe le Bel répond à la réclamation faite à son père par  l’empereur Rodolphe par un fait plus éloquent que toutes les lettres. Grâce  aux mesures de rigueur qu’il maintient en dépit des excommunications, il contraint le nouvel évêque de Viviers,  Guillaume, à se soumettre et à prendre l’engagement « d’ester à droit devant le Roi sur les articles auxquels il était tenu de droit et de coutume. » Les officiers du roi ne s’en contentent pas, « ils le poursuivirent sans relâche et en obtiennent une complète reconnaissance de la suzeraineté de la France».

.Aldebert de Peyre, prince-évêque de Viviers de 1297 à 1306

Peu à peu, les multiples pouvoirs locaux sont rongés par la monarchie capétienne. Puis lorsqu’ en 1304, Guidon II de Tournon, d’une vieille famille du Haut Vivarais adhère à l’appel de Philippe le Bel, pourtant excommunié par le pape Boniface VIII, c’est une page de l’histoire de Tournon et du Vivarais qui se tourne. Un an plus tard,  Aldebert de Peyre reconnaît en 1305, la suzeraineté du roi de France Philippe le Bel sur son diocèse c'est-à-dire le sud du Vivarais entérinant définitivement le lent glissement des terres vivaroises de l'Empire au royaume de France. Cet accord confirmé par Philippe le Bel le 2 janvier 1306.

.Louis de Poitiers (?-1327), prince-évêque de Viviers de 1306 à 1318.

Fils de Aymar IV de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois, et d’Hippolyte de Bourgogne.

Sous son épiscopat, à partir de 1308, le semis de fleurs de lys de Philippe Le Bel (1268-1285-1314) remplace l'aigle germanique.

.Guillaume de Flavacourt ( ? -1359) prince-évêque de Viviers de 1319  à 1322

Sous son règne, vers1320 apparaît le baillage royal du Vivarais avec à sa tête Villeneuve-de-Berg et Boucieu-le-Roi.

Finalement, sous le règne du roi Charles V, de 1364 à 1380, tout le pays est administré par un Bailly Royal du Vivarais et du Valentinois. Les États ou assemblées du Vivarais, qui votent entre autres attributions les impôts dûs au roi, sont alors formés pour la noblesse de douze barons: ceux de Crussol, de Montlaur, de la Voulte, de Tournon, de Largentière, de Boulogne, de Joyeuse, de Chalençon, de la Tourette, de Saint-Remèze, d'Annonay, de Voguë et d’Aubenas. Ils siègent ensuite après le XIV° aux Etats du Languedoc. 

Les évêques prennent dès le XV°, le titre de comte de Viviers, princes de Donzère et de Chateaubeuf mais au lieu du titre impérial de prince d’empire, ils doivent se résigner à n’être plus que prince de Donzère, un humble bourg qu’ils possèdent de l’autre côté du Rhône dans le Bas-Dauphiné.

 

 

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 14:17

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

N.Archevêché de Moutiers,  comté de Tarentaise 

    terre d’empire de 1032 à 1792        

En 714, l'évêque est élevé au rang d’archevêque par le pape Léon III. 

En 843, le territoire de ce qui deviendra le comté puis duché de  Savoie entre dans le domaine de Lothaire. Rodolphe III roi de Bourgogne-Transjuranne, ne parvient pas à s'imposer face aux grands propriétaires laïcs de son royaume : il accorde le titre de comte aux évêques qui exercent des droits fiscaux et judiciaires (fin du Xe - début du XIe siècle). Cependant, le bassin d'Aigueblanche, Salins et la Haute-Tarentaise appartiennent aux comtes de Savoie. 

.Amizo (Aymon), comte-archevêque de Tarantaise de 990 à 996

A la fin du X° siècle, l’évêque de Tarentaise voit sa puissance grandir. Il est fait   comte en 996 par le roi de Bourgogne-Provence Rodolphe III ce qui signifit qu’il obtient le pouvoir temporel sur l'ensemble de la vallée de la Tarentaise. Cependant les deux juridictions temporelle et ecclésiatique ne se superposent pas. Ainsi l'archevêché est définit entre le village de Savoie (situé dans la Combe de Savoie) à Laval de Tignes (aujourd'hui Val d'Isère), et de Marthod (à l'aval de Ugine) à Pralognan tandis que le comté s'étend sur la vallée de l'Isère, du castrum de Conflans à l'étroit du Siaix, sur les vallées débouchant sur Moûtiers (Vallée des Belleville et vallée de Bozel), ainsi que sur le Beaufortain. Ainsi toute la haute-Tarentaise échappe cette juridiction, et se trouve sous le contrôle d'une grande famille les Briançons, de même que les enclaves des seigneuries d'Aigueblanche et de Salins. Les Briançons portent le titre de vicomte de Tarentaise, qui leur aurait été donné par les comtes de Savoie ou par l'Empereur Henri IV, depuis Aymon Ier de Briançon, fils de Richard II. Les seigneurs de Briançons sont perçus comme une menace par les archevêques.

.Cuno, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise de 996 à 1006

.Baldophe, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1006 à ?                                                        

.Luzo, Luzon, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1020

.Amizo (Aymon Ier), comte-archevêque de Moutiers-Tarentaise de vers 1025 à vers 1057 

En 1032, avec  l’intégration de ce royaume dans l’empire romain germanique, il devient comte  du Saint Empire d’où les armoiries ci-dessus pratiquement identiques à celles du prince-évêque de Genève.

.Ebbon, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1057

.Annuzio II, Annuzon, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1077 

.Héraclius, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1080

Il doit faire appel  à son suzerain l'empereur Henri IV pour régler la situation qui l’oppose au Vicomte de Tarentaise Aimery de Briançon.

Envoyé par l’empereur régler le conflit, le comte de Savoie Humbert II bat Aimery.

.Bozon / Boson, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1096 à 1099

.Pierre  Ier, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1124 à 1140

.Isdrael, Isdrahel, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise vers 1140/1141 à 1142

.Pierre II de Tarentaise, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1142 à 1174

Durant le schisme provoqué par Frédéric Barberousse, il soutient le pape légitime Alexandre III.

.Aymon Ier  de Briançon, comte-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1174 à 1186 puis prince-archevêque de 1186 à 1210 

En 1186, l’archevêque-comte Aymon  reçoit de l’empereur Frédéric Ier de Hohenstaufen le privilège lui conférant toute autorité en matière d’acquisition foncière dans son diocèse. Il devient prince du Saint Empire avec l’immédiateté impériale ce qui comme vassal le place au-dessus du comte de Savoie Humbert III qui lorgne sur ses terres et contre lequel l’empereur a un certain ressentiment pour lui avoir refusé le passage par le Col du Mont Cenis lors de son retour d’Italie. Le 5 aôut 1196, l'empereur Henri VI, confirme la concession du château de Briançon à Aymon  par bulle donnée à Turin.

.Bernard de Chignin, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1121 à 1122

Issu d’une vieille famille noble de Savoie propre. 

.Jean II, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1222 à 1224

.Herluin de Chignin, prince-archevêque de Moutier Tarentaise de 1224 à 1248

De la même famille que Bernard.

.Rodolphe Ier Grossi du Chastelar ou Châtelard, prince-archevêque de Moutier Tarentaise de 1249 à 1271

Ancien évêque d'Aoste, Rodolphe Grossi prend le nom de Grossi du Châtelard par la construction d'une maison forte en ce lieu du Châtelard en la Valdigne. Lors de l'extinction de la branche aînée des Briançon, en 1254, les seigneurs     d’Aigueblanche-Briançon, Gontier et Aymeric, s'emparent de la forteresse du Pas de Briançon  qui contrôle le défilé très resserré entre la montagne et la rivière de l'Isère et donc la route qui mène à Aigueblanche, puis à Moûtiers.  Par leur acte, ils remettent en cause le fait que Aymeric IV, de la branche aînée des Briançon, avait reconnu, la suzeraineté de l'archevêque-comte de Tarentaise, son frère Aymon Ier de Briançon, puis de Bernard de Chignin. Ils remettent surtout en cause la capacité du représentant de l'empereur à pouvoir défendre les terres des dits seigneurs, dans la mesure où le siège impérial est vacant.   Le 9 février 1254, Rodolphe Ier proteste et menace d'excommunication les deux seigneurs. Cependant il renonce quatre ans plus tard en échange d'un paiement de 1 700 livres viennoises.

.Pierre III Grossi, prince-archevêque de Moutier Tarentaise de 1271 à 1283

Fils du noble Guillaume de Grossi, neveu de Rodolphe Grossi du Châtelard.

À la mort de l'archevêque Grossi du Châtelard, le comte Philippe Ier de Savoie, devient garant des terres du comté. En 1276, un bailli de Savoie, par ordres du comte de Savoie Philippe Ier enquête sur les revenus et droit appartenant à la famille de Aigueblanche-Briançon, et notamment sur le droit de péage de Briançon. Le 12 mars 1276, il est décidé que le château de Briançon et le droit sur la vicomté reviennent au comte de Savoie.  Le 15 avril 1279, le représentant de la famille Jean d’Aigueblanche, doyen du chapitre d'Hereford, et Aimeri, chancelier d’Hereford, son frère, consente à l'achat de leurs droits par le comte de Savoie. Les Briançon perdent le titre de « vicomte ». Le comté de Tarentaise tombe entièrement sous la sphère d'influence de la maison de Savoie. 

.Aymon III de Bruissons, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1283 à 1297

En 1287, l'archevêque ayant perdu son titre de coseigneur de Conflans se retire dans son château de La Bâthie et concentre son action sur Moûtiers, zone de rivalités entre le comte Aymon de Savoie et le vicomte de Briançon.

.Bertrand Ier de Bertrand, prinnce-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1297 à 1334

.Jacques II de Salins ou de Salino, prince-archevêque de Moutiers Traentaise 1334 à 1341

Au XIV° siècle, les tensions entre les vassaux des comtes de Savoie et les archevêques se multiplient. En octobre 1335, Moutiers est prise par le comte de Savoie et ses fortifications démantelées. Désormais les comtes de Savoie interviennent dans la nomination des archevêques. Au cours des siècles suivant, le pouvoir temporel  de l'archevêque va se réduire encore face aux possessions des comtes de Briançon-Cœur ou des seigneurs de la Val d’Isère.

..Bertrand II de Novo Domno, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1341 à 1342

.Jean III de Bertrandis ou Bertrand, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1342 à 1365

Fils de Jean, seigneur de Brussol.

En 1358, Monseigneur Jean de Bertrand négocie avec Amédée VI le maintien de ses possessions : Moûtiers, la paroisse autour du château Saint-Jacques, le Val de Bozel, la vallée des Belleville et la Basse Tarentaise.

.Jean IV de Betton, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1365 à 1368

.Jean V de Rotariis, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1369 à 1378 

.Humbert II de Villette, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1378 à 1379

.Rodolphe II de Chissey ou Chissé, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1380 à 1385

Il appartient à une famille noble originaire de Polinges en Genevois ; frère de Jean de Chissé, évêque de Grenoble. Rodolphe succède à son frère ou oncle Jean de Chissé, comme évêque de Grenoble en 1350 puis devient prince-archevêque de Moutiers Tarentaise en 1380. Il est l’oncle d’Aymon Ier de Chissé, évêque de Grenoble de 1388 à 1424  puis de Nice en 1427-1428. En 1385, le comte de Savoie Amédée VII semble avoir commandité son meurtre afin de placer des membres de sa famille ou des conseillers sur le trône de Moutiers.

.Adalbert, Azo, Édouard de Savoie-Achaïe, évêque de Belley puis évêque de Sion  puis prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1386 à 1395

Fils de Philippe I, comte de Piémont.

. Pierre IV de Collomb, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1395 à 1396

.Aymon IV de Séchal, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1397 à 1404

.Antoine de Challant, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1404 à 1418, cardinal

Fils d’Aymon II de Challant, seigneurs d'Ussel et de Fénis, frère de Guillaume de Challant,  évêque de Lausanne  de 1406 à 1431.

Le pape Clément VII le fait venir de Chambéry, où il est chancelier de Savoie, à Avignon, puis le fait nommer le 9 mai 1404 « administrateur apostolique de l'Église de Tarentaise et le 3 août, il devient archevêque.[

.Jean V de Bertrand, comte-évêque de Genève de 1408 à 1418, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1419 à 1432

Fils de Pierre, seigneur de La Pérouse et Chamousset. 

 .Laurent Marc de Condolmeris, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1433 à 1438

.Jean VI de l’Arces (d'Arcy), prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1438 à 1454, cardinal

.Pierre de Savoie, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1454 à 1456

Septième enfant du duc Louis Ier de Savoie et d'Anne de Lusignan ; par ailleurs évêque de Genève. Thomas de Sur, archevêque de Tarse, administre le diocèse du fait du jeune âge de Pierre.

.Jean-Louis de Savoie, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1456 à 1459

Treizième enfant du duc Louis Ier de Savoie et d'Anne de Lusignan ; par ailleurs évêque de Genève. Thomas de Sur, archevêque de Tarse, poursuit son administration du diocèse en compagnie de l'évêque Hébron.

Thomas de Sur, prince-archevêque de Moutiers-Tarentaise de 1460 à 1472

.Christophe de La Rovère, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1472 à 1479, cardinal

.Dominique de La Rovère, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1479 à 1482, cardinal

Frère du précédent.

.Urbain de Chevron Villette, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise  en 1483,

Fils de Rodolphe de Villette, seigneur de Chevron.   

.Jean de Compey, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1484 à 1492

Ancien abbé de Sixt et de Chézery, conseiller ducal et chancelier de Savoie entre 1462 et 1464, puis évêque de Turin de 1469 à 1482 avant de devenir évêque de Genève. Suite aux remous causés par la succession de Genève, avec François de Savoie, il est excommunié par le pape, puis on lui offre  l'archevêché de Moûtiers-Tarentaise.

.Corin de Plosasque, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1492 à 1497

.Claude de Château-Vieux, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1497 à 1516

.Jean-Philippe de Groslée, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1516 à 1559

.Jérôme de Valpergua, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1560 à 1573

.Joseph Parpaglia, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1573 à 1598                                                         

.Jean-François Berliet, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1598 à 1608

Conseiller, puis premier président de la Chambre des comptes de Savoie avant de devenir archevêque, suite à la mort de son épouse. Seigneur de Chiloup et de La Roche, il est fait baron du Bourget en 1589 par achat du titre. Il est l'ambassadeur du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie auprès de Henri IV après la signature du traité de Paris, en 1600.

.Anastase Germonio, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1608 à 1627.

.Benoît-Théophile de Chevron Villette, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1632 à 1658.

.François-Amédée Milliet de Challes et d’Arvillars, prince archevêque de Mouitiers Tarentaise de 1659 à 1703

Siège vacant de 1703-1727.

.François-Amédée Milliet d’Arvillars, prince-archevêque, de 1727 à 1744

.Claude-Humbert de Rolland, prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1749 à 1770 et dernier comte.

.Gaspard-Augustin Laurent de Sainte-Agnès, dernier prince-archevêque de Moutiers Tarentaise de 1772 à 1783

C'est sous son règne que la souveraineté temporelle de l'archevêque est abandonnée.                                                       

.Joseph de Montfalcon du Cengle, archevêque de Moutiers Tarentaise de 1785 à 1793

Siège vacant de 1793 à 1803.

.André-Marie de Maistre (1757-1818), nommé vicaire capitulaire de Tarentaise.

Fils du comte François-Xavier de Maistre.

 

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 14:02

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CH.III         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de BOURGOGNE-PROVENCE  

 

M. Comté / Duché de Savoie / Grafschaft / Herzogtum Savoyen

Terre d’empire de 1032 à 1806

Toute l’histoire de la Savoie comme celle d’autres territoires de l’Europe est déterminée par  son ancienne appartenance à l’empire romain comme partie des Provinces des Alpes Grées et des Alpes Pennines. La Savoie est habitée sous l’empire romain par diverses tribus celtes dont la principale était celle des Allobroges, voisine de celle des Helvètes située plus au nord sur le territoire de  l’Helvétie. Après que les tribus  germaniques (Francs, Burgondes, Vandales, Wisigoths   …Alamans) aient franchi les frontières du Rhin à la fin de 406 après Jésus Christ, les territoires de ce qui deviendra la Savoie comme la Suisse occidentale voient s’installer  les Burgondes qui fonderont un premier Royaume en 443 dont les capitales seront Genève et Lyon. En 443, la Savoie est une partie du Royaume Burgonde qui est  absorbé en 534 par le Royaume des Francs de Clovis. Quand Charlemagne restaure l’empire d’Occident en l’an 800, la Savoie n’existe encore pas comme comté mais son territoire se trouve incorporé dans un grand comté de Bourgogne, souvenir  de l’ancien royaume Burgonde. Sous les Carolingiens, la Savoie prend forme. 

Charlemagne divise la Savoie en comtés dont les noms et les contours correspondent toujours aux provinces traditionnelles du Genevois, de la Savoie Propre, de la Maurienne, de la Tarentaise, du Chablais, du Faucigny, de l’Albanais et du Bugey. Lors de la préparation de l'héritage, en 811, Louis II de Germanie reçoit en lot cette Sabaudia, qui devient Saboia, la Maurienne, la Tarentaise, le Mont-Cenis et le val de Suse. Avec le traité de Verdun de 843 qui partage l’empire entre les trois petit-fils de Charlemagne Lothaire Ier est l’empereur avec la Francie Médiane, Charles le Chauve a la Francie Occidentale (future France) et Louis le Germanique a la Francie Orientale (Germanie) : Les territoires de ce qui deviendra le comté puis le duché de Savoie font partie de la Francie Médiane puis du royaume de Lothaire II, fils de Lothaire Ier dit royaume de Lotharingie après un partage de la Francie Médiane en 855 entre ses trois fils, Louis II le Jeune, Lothaire  et Charles.

 

.Rodolphe Ier (859-911) roi de Bourgogne de 888 à 911

En 888, Rodolphe, fils de Conrad II, duc de Bourgogne transjurane et d’Auxerre marié à Willa de Provence, fille de Boson V de Provence, est proclamé roi de Bourgogne à l’abbaye de Saint Maurice en présence de l’archevêque de Besançon  puis  couronné roi de Bourgogne et de Lotharingie à Toul par l'évêque Arnaud (Arnald).

Les territoires qui constitueront la Savoie relévent de ce royaume de Bourgogne dite transjurane :

.Rodolphe II (vers 880-937) roi de Bourgogne-Provence de 912 à 937 roi d’Italie de 922 à 925

Fils de Rodolphe Ier.

En 934, Hugues d’Arles céde lui céde le royaume de Provence.

Rodolphe II meurt en 937 laissant 4 enfants mineurs. Conrad n’a que douze ans.

 

.Conrad III (925-993) roi de Bourgogne-Provence de 937 à 993

Fils de Rodolphe II

En

En 944, Conrad peut enfin réunir son premier plaid royal dans le Viennois en présence des ecclésiastiques : Guy, archevêque de Lyon, Sobon, archevêque de Vienne, Aymon , évêque de Genève, Béraud, évêque de Lausanne et des grands nobles, Hugues, archi comte de Haute Bourgogne, Charles-Constantin, comte de Vienne, Boson, comte d’Arles, Guillaume, comte d’Avignon, frère de Boson, Liétaud, comte de Macon, et Humbert, sire de Salins, frère de Liétaud. 

 

.Othon Ier (912-973) duc de Saxe en 936, roi de Francie Orientale (Germanie)  de 936 à 961, roi d’Italie en 951,empereur romain germanique de 962 à 973

Fils du roi de Francie Orientale Henri Ier dit l’Oiseleur

 

Othon Ier, roi de Francie Orientale restaure l’Empire en 962 disparu depuis 928 avec la mort du dernier des Carolingiens

 

.Othon II (955-983) ,roi de Francie Orientale (Germanie) de 961 à 983, roi d’Italie en 980, empereur romain germanique en 973 à 983

Fils d’Othon Ier

 

.Othon III (980-1002),roi de Francie Orientale (Germanie) de 983 à 1002, roi d’Italie en 996, empereur romain germanique de 996 à 1002

Fils d’Othon II

 

.Rodolphe III (vers 965-1032) roi de Bourgogne-Provence de 993 à 1032

Fils de Conrad III.

 

.Henri II dit le Saint (973-1024), roi de Francie Orientale de 1002 à 1024,  roi d’Italie en 1004, empereur romain germanique en 1002 à 1024

Fils d’Othon III.

Il se fait promettre par le roi Rodolphe d’être son héritier.

A la mort de Rodolphe III, en 1032, c’est l’empereur Conrad II le Salique qui hérite du Royaume de Bourgogne-Provence (encore appelée Royaume d’Arles car c’est cette ville qui en est la capitale) qui devient un des quatre royaumes de l’empire.

 

.Conrad II dit le Salique (990-1039), roi de Francie Orientale de 1024 à 1039, roi d’Italie en 1026, empereur romain germanique de 1027 à 1039, roi de Bourgogne-Provence de 1032 à 1039

Fils d’Henri II.

 

Maison de Savoie 

.Humbert Ier, (970/975-1047) comte de Maurienne, comte de Savoie de 1027 à 1047

En 1011, vingt et un ans avant sa mort, Rodolphe III avait légué le comté de Viennois à Brochard, archevêque de Vienne. Trop âgé, celui-ci le partage vers 1029  entre ses deux neveux, Humbert de Maurienne qui reçoit le Nord, future Savoie, et Guigues 1er, dit "Le Vieux", sire de Vion et comte d'Albon, qui reçoit le Sud, futur Dauphiné

A la suite de l’incorporation du royaume de Bourgogne-Provence en 1032, seul l'évêque de Maurienne refuse de rendre hommage à Conrad II le Salique.  Investi par lui en 1033 de la marche de Maurienne, Humbert aux Blanches Mains, se voit chargé de prendre la ville de Saint Jean de Maurienne d'assaut  et après un long siège, il  l'incendie afin de soumettre l'évêque rebelle.

Plus tard Humbert est fait également comte de la Tarentaise, comte du Val d'Aoste, comte de Bugey, comte de Chablais et comte de Sermorens en 1038.

En ce début du XIème siècle ce qui deviendra le comté puis duché de Savoie compte une trentaine de feudataires : au premier rang les évêques puis archevêques de Moutiers en Tarentaise, les évêques de Genève, les comtes de Genevois, les évêques de Saint Jean de Maurienne, les barons de Faucigny, les évêques de Belley et au second rang les sires de La Chambre, de Viry, de Chevron, de Miolans, de Montmayeur, de Briançon, de Chambéry, de Menthon, de la Rochette, de Compey, de Sales, de Sallenove, de Beaufort, de Lucinges et d’Allinges.

 

 Henri III dit le Noir (1017-1056) roi de Francie Orientale de 1028 à 1056, roi de Bourgogne de 1038 à 1056, roi d’Italie en 1039, empereur de 1046 à 1056

Fils de Conrad II.

 

.Amédée Ier (vers 1016-1051) comte de Maurienne et de Savoie de 1047 à 1051

Fils du précédent.

Il est présent à Vérone lors d’une Diète convoquée par son roi et empereur Henri III qui a succédé à son père Conrad II le Salique en 1039 et assiste à son couronnement à Rome à Noel 1046 par le pape Clément II. Il obtient de l’empereur la ville d’Asti.

.Odon  Ier (1023- 1060),  comte de  Maurienne et de Savoie 1051 à 1060

Frère du précédent, Il aurait épousé en premières noces Richilde, fille de l'empereur Othon Ier le Grand.

En 1045, il épouse Adélaïde de Suse, marquise (margrave) de Suse et comtesse de Turin qui lui apporte de vastes possessions en Italie du nord, avec Suze, clef du passage du Mont-Cenis, Ivrée et Pignerol et lui donne cinq enfants :

-Pierre Ier de Savoie : futur 4e comte de Savoie.

-Amédée II de Savoie : futur 5e comte de Savoie

 -Othon ou Odon, évêque d’Asti.

-Berthe qui épouse en 1066 Henri de Franconie, futur empereur Henri IV 

-Adélaïde, qui épouse Guigues IV d'Albon, puis en 1067 Rodolphe de Rheinfeld-Souabe, duc de Souabe.

.Henri IV (1050-1106) roi de Francie Orientale (Germanie) de 1056 à 1099, roi de Bourgogne-Provence de 1056 à 1106 , roi d’Italie en 1080, empereur de 1084 à 1105,

Fils d’Henri III.

.Pierre Ier (1048-1078), comte de Savoie de 1060 à 1078

Fils du précédent obtient de l’empereur  Henri IV l’investiture du Bugey et du marquisat d'Ivrée.

.Amédée II (1050-1080), comte de Savoie de 1078 à 1080

Frère du précédent. Beau-frère de l’empereur Henri IV qui a épousé sa sœur Berthe. Il épouse  en 1065  Jeanne, la fille de Gérold II comte de Genève.  

L’empereur  Henri IV fait part devant la Diète de Worms de 1069  de sa volonté de répudier  sa sœur Berthe mais la Diète refuse de même que le pape refuse de le couronner d’autant qu’il engage avec lui la « querelle des investitures »  née du fait que les empereurs estiment qu’ils leur appartient et non au pape de choisir les évêques pour les investir du pouvoir temporel de comte  mais aussi par voie de conséquence de leur  pouvoir spirituel d’évêque.

Mais le pape Grégoire VII  finit par excommunier l’empereur Henri IV qui, malgré ses velléités de divorce d’avec Berthe est accueilli à Vevey par sa belle-mère Adélaïde et son  beau-frère Amédée II  puis dans leur château d’Evian à  Noël 1076, puis à Chignin, en 1077. Amédée II reçoit le Chablais en échange du droit pour Henri de passer  par le Mont-Cenis, pour se rendre  à Canossa...

Adélaïde et Amédée II servent de médiateurs entre l’empereur et le pape. Ils aident efficacement l'empereur qui les récompense en donnant le Bugey à Amédée II et en reconnaissant les droits et l'inféodation du marquisat d'Ivrée à Adélaïde de Suse.

L'apport politique essentiel du comte Amédée II, réside dans le début de la prise de conscience par les princes de la maison de Savoie, de l'importance de leur position géographique, au carrefour du Saint-Empire, des États pontificaux, de Venise, du royaume de France, mais surtout en tant que gardiens des passages alpins.

.Humbert II (v.1065 -1103) comte de Savoie, comte de Maurienne de 1080 à 1103, vicaire impérial

Fils d’Amédée II et de Jeanne de Genève, il épouse Gisèle de Bourgogne, fille  de Guillaume le Grand, comte de Bourgogne et de Macon.

Il réussit aussi à marier sa fille Adèle avec le roi Louis VI le Gros engageant ainsi la maison de Savoie dans un début d’équilibre diplomatique entre le Royaume de France et l’Empire.

À son avènement, les terres d’Humbert II sont seulement constituées de la majeure partie de la vallée de la Maurienne, de la vallée de la Tarentaise (aux mains de l'archevêque), du duché de Turin, du Val d'Aoste, du marquisat de Suze.

Deux prélats, sont plus riches et plus puissants que lui, l'évêque de Maurienne, dont l'évêché a été refondé en 1061, et Héraclius, archevêque de la Tarentaise ; par ailleurs il doit se battre contre des petits barons, des grandes vallées alpines, relevant directement de l'empereur, avec à leur tête le baron Émeric de Briançon et de grands seigneurs, comme Aimon de Chambéry  et Aimon Ier de Genève. Héraclius veut asservir, toutes les populations et même les petits barons de son immense diocèse. Le peuple de Moûtiers se révolte, et se range avec une grande partie des petits barons sous le commandement   d’Emeric de Briançon qui bat les troupes de l'archevêque. Ce dernier fait appel à Humbert II qui vient pacifier la vallée de la Tarentaise, mais en profite pour faire valoir ses nouveaux droits de vicaire de l’empire qu'il vient d'obtenir de son oncle l'empereur Henri IV. Le peuple de Moutier  se rallie à lui. La puissance de l'archevêque est finalement réduite à ses seuls pouvoirs spirituels et à la seule propriété de ses domaines ecclésiastiques et des serfs y vivant.

En 1085, son oncle l’empereur Henri IV le confirme dans la possession du Bugey, l’investit du Marquisat d’Ivrée et lui reconnait la possession du Vieux Chablais ; il récupère également la plus grande partie du  pouvoir temporel de l’archevêque de Moutiers et de l’évêque de Saint Jean de Maurienne et obtient l’immédiateté impériale.

 

.Henri V (1086 –1125),roi de Francie Orientale (Germanie) de 1099 à 1125, roi d’Italie en 1098 , roi de Bourgogne-Provence de 1106 à 1125, empereur de 1111 à 1125.

Fils d’Henri IV.

 

.Amédée III (v.1095- 1149) comte de Maurienne  de 1103  à 1148, vice-roi de Bourgogne en 1111, vicaire de l’empire 

Fils d’Humbert III ; il épouse d’abord la fille du comte de Genève.

En 1123, il se remarie avec Mahaut d’Albon, la fille du Dauphin du Dauphiné.

 

.Lothaire III de Supplinbourg  (1075-1137) roi de Francie Orientale (Germanie) de 1125 à 1137 , roi de Bourgogne-Provence de 1125 à 1137 , empereur romain germanique de 1133 à 1137

 

Amédée III doit lutter contre la tutelle de sa mère et de Louis le Gros. En 1128, il agrandit son domaine en ajoutant à son gouvernement – ce qu'on appelait le «  Vieux Chablais  » – la région s'étendant de l'Arve jusqu'à la Dranse d'Abondance, formant ainsi le «  Nouveau Chablais ». Il favorise la renaissance de l'abbaye de Saint-Maurice d'Agaune, dont il est l'abbé laïc et  fonde l'abbaye de Saint-Sulpice en Bugey, l'abbaye de Tamié, l'abbaye d'Hautecombe.

Il combat les troupes du dauphin Guigues IV d’Albon lors du siège de Montmélian en 1142. Mais l'autorité impériale renaissante assure une paix durable.

C’est Amédée III qui en 1143 remplace son titre de comte de Maurienne pour celui de Savoie et modifie ses armoiries en introduisant la croix blanche correspondant au drapeau de guerre de l’empire déjà utilisé par l’Ordre des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem crée en 1080.

Il participe en 1947 à la deuxième croisade au côté de son neveu le roi de France Louis VI et meurt à Nicosie en 1148.

 

.Frédéric Ier de Hohenstaufen, dit Barberousse (1122-1190),duc de Souabe et d’Alsace, comte palatin de Bourgogne (Franche-Comté) roi de Francie Orientale (Germanie) de 1155 à 1190 ,roi de Bourgogne-Provence de 1152 à 1190 , empereur romain germanique de 1155 à 1190

 

.Humbert III (1136-1189)   comte de Savoie de 1149 à 1189 

Comme son père Amédée III, il doit lutter contre le dauphin Guigues V d’Albon encore à Montmélian en 1153 et participe à la troisième croisade.

Il soutient le pape Alexandre III contre son empereur Frédéric Barberousse qu’il laisse cependant passer par le Mont Cenis en 1168 quand celui-ci est chassé par les Ligues Lombardes. 

Humbert croit pouvoir profiter de l’absence de son empereur  pour s’émanciper ; mal lui en prend car en 1174, Frédéric le met au ban de l’empire, fait bruler Suze et déclare vassaux immédiats les évêques de Moutiers (origine des armoiries de Moutiers pratiquement identiques à celles de Genève) et de Belley avant d’aller se rendre à Arles en 1176 pour se faire couronner roi de Bourgogne-Provence en présence de ses principaux vassaux du Royaume. 

En 1184, Frédéric Ier convoque une Diète très importante à Mayence en présence de plus de 40 000 seigneurs de tout l’empire au cours de laquelle il adoube ses fils Henri et Frédéric  les futurs Henri VI et Frédéric II. 

Le conflit ouvert entre le comte de Savoie et l’empereur Frédéric se poursuit sous le règne de l’empereur Henri VI et aboutit à la mise au ban de l’empire du comte de Savoie en 1187.

Sous le règne des Hohenstaufen, le lien de vassalité entre l’empereur et ses vassaux s’applique dans toute sa rigueur de sorte que les comtes comme le comte de Savoie n’exercent un semblant de souveraineté qu’en raison du seul éloignement géographique de leur empereur qui peut les traduire devant sa cour de justice, leur confisquer leur fief (son comté) et les mettre au ban s’il ne remplissent pas leurs obligations à son égard.

 

 .Henri VI de Hohenstaufen dit le Cruel (1165-1197) roi de Francie Orientale (Germanie) dès 1169 jusqu’à 1197, empereur de 1191 à 1198, roi de Sicile de 1194 à 1197

Fils de Frédéric Ier

 

.Thomas Ier (1178 -1233) comte de Savoie de  1189  à 1233, vicaire en Lombardie

Fils du précédent ; il commence à régner sous le règne de l’empereur Henri VI de Hohenstaufen et réussit à rentrer en grâce auprès de l’empereur grâce à l’intervention de son tuteur le marquis de Montferrat qui avait soutenu l’empereur contre son père. Il récupère le Piémont et est nommé par l’empereur vicaire en Lombardie.

 

.Philippe Ier de Hohenstaufen (1177 - 1208 ),roi des Romains en 1198 ,roi de Francie Orientale de 1198 à 1208,

Fils d Frédéric Ier 

A la mort d’Henri VI  en 1197, ce n’est pas son fils Frédéric seulement agé de 3 ans qui lui succède  mais en 1198, deux rois des Romains sont élus: Philippe Ier de Hohenstaufen et Otton d Brunswick. Les deux sont donc candidats pour la couronne impériale. Le pape prend le parti d'Otton IV, mais celui-ci ne sera couronné qu'après l'assassinat de Philippe Ier en 1208 

.Otton IV de Brunswick (1175/1176-1218), roi des Romains en 1198, empereur de 1209 à 1214 

Otton est excommunié en 1211 par le pape ; soutenu par le roi de France Philippe Auguste, Frédéric de Hohenstaufen est élu comme nouveau roi des Romains en 1212.

Thomas soutient lui aussi Fréderic et fait le bon choix car Othon est battu à Bouvines en 1214 par Philippe Auguste  et c’est Frédéric II de Hohenstaufen, roi de Sicile qui devient empereur en 1211 en même temps donc que roi de Germanie, d’Italie (du Nord : ancien Royaume des Lombards) et roi de Bourgogne-Provence dont font partie les terres dont se trouvent investie la Maison de Savoie.

 

.Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) roi de Francie Orientale (Germanie) de 1212 à 1250 , roi d’Italie de 1198 à 1250, roi de Sicile de 1198 à1250, roi de Bourgogne-Provence  de 1198 à 1250  , empereur de 1220 à 1250

L’empereur organise le royaume d’Italie en huit vicariats et celui de Bourgogne-Provence en un  qu’il confie au Duc de Zärhingen, famille de Souabe ce qui place celui-ci au-dessus des comtes de Savoie, de Dauphiné, de Provence  et des princes-évêques.  En effet, le vicaire a la faculté de juger les causes en première instance, d’exercer le droit de grâce, de prescrire des règles de droit  supplantant les statuts communaux, d’imposer des taxes nouvelles. Le vicaire a également le droit de paix et de guerre. Il peut ajouter l’Aigle Imperial sur ses armoiries.  

Le 15 mars 1232, Thomas Ier achète au seigneur de Berlion la ville de Chambéry.

 

.Amédée IV (1197-1253) comte de Savoie de 1233 à 1253, vicaire général  de l’empereur pour le royaume d’Italie en 1248 

Fils d'Amédée III.

En juillet 1245, il va présenter ses hommages à Turin à l’empereur Frédéric II et se fait promettre par l’empereur la restitution de Rivoli.

Pendant les années suivantes, les liens qui unissent le comte à l’empereur ne cessent de se resserrer ; il obtient de l’empereur les titres de comte d’Aoste et du Chablais. 

En 1247, Amédée étant devenu un chaud partisan de l’empereur, il est convenu que Manfred, le fils de Frédéric et de Bianca Lancia, épousera Béatrice, fille du comte de Savoie : Manfred recevra immédiatement de l’empereur toute la terre qui s’étend de Pavie aux Alpes. Ce mariage est célébré l’année suivante.

Par voie de conquête, Amédée IV  augmente ses possessions dans le Viennois, le Lyonnais, en Piémont, en Ligurie et dans le Pays de Vaud avec le château de Moudon.

Amédée et son frère, Thomas de Savoie, comte de Flandre se trouve à la tête d’une assemblée de vassaux  qui rencontre à l’été 1248 à Verceil leur empereur

Frédéric II. Thomas est alors nommé vicaire général de l’empire pour l’Italie du Nord, depuis Pavie jusqu’aux Alpes, et reçoit en outre de nombreux fiefs, parmi lesquels les villes d’Ivrée et de Turin, ainsi que plusieurs châteaux ; en outre, Thomas et Amédée sont mandatés par  Frédéric pou entamer une nouvelle négociation avec le Pape. Thomas obtient le marquisat d’Ivrée en 1248 mais ne réussit pas à prendre Turin. Malgré néanmoins ses convictions gibelines, Amédée IV permet au pape Innocent IV en fuite de traverser ses terres.

L’empereur Fréderic II meurt en 1250 et sa mort  marque  la fin d’une certaine idée impériale qui avec l’affaiblissement progressif du lien vassalique va permettre aux ducs, comtes, princes-évêques, républiques  constituant  l’empire d’augmenter progressivement leur pouvoir et d’acquérir un début de souveraineté.

 

.Grand Interrègne de 1256 à 1273

.Guillaume Ier de Hollande, anti-roi de Francie Orientale de 1254 à 1256 (contre Frédéric II et Conrad IV)

.Richard Ier de Cornouailles, roi de Francie Orientale de 1257 à 1272

.Alphonse de Castille anti-roi de Francie Orientale de 1257 à 1272 (contre Richard Ier)

 

.Boniface  (1244- 1263) comte de Savoie de 1253 à 1263

Fils d’Amédée IV et de Cécile des Baux, il règne sous la tutelle de sa mère et de son oncle Thomas II, seigneur de Piémont, comte de Maurienne et comte de Flandres, qui meurt en 1259.

En 1258, sa grand-mère, Marguerite de Genève, comtesse de Flandres, en grande détresse par les divisions de ses fils, Pierre et Philippe de Savoie, demande du secours au roi Louis IX  qui envoie en Flandres, une armée sous le commandement de son frère, le comte Charles Ier d'Anjou (1227-1285).

Le comte Thomas II de Piémont et le jeune comte Boniface de Savoie se joignent à lui à Compiègne avec un corps de troupes savoyardes. La comtesse est rétablie sur son trône.

En 1263, Boniface de Savoie se décide de venger son oncle Thomas II de Piémont, tué par le parti des Guelfes triomphant à Turin. Vassal de l'Empereur, Boniface à la tête d'une armée savoyarde et de ses vassaux, dont le marquis de Saluces et Jean de Bourgogne, bat au Piémont les troupes  de Charles Ier d'Anjou à la bataille de Rivoli et met en place le siège de Turin. Mais, après quelques jours, arrivent au secours des assiégés, les troupes des Montferrains et des Astésans. Le combat est désespéré et Boniface est blessé et fait prisonnier, avec le marquis de Saluces. Il meurt cette même année en captivité, sans descendance.

.Pierre (1203-1268) seigneur de Vaud de 1233 à 1268, comte de Savoie,  d’Aoste et de Maurienne de 1263 à 1268

Initialement chanoine de la cathédrale de Valence et prévôt de la cathédrale d'Aoste, mais ne se sentant aucune vocation pour cet état, il demande un apanage à son frère Amédée IV et reçoit les terres, châteaux et mandements de Lompnes et de Saint-Rambert-en-Bugey, puis le château de Seyllon, celui de Coutey et toutes les terres que la maison de Savoie possède en Chablais, et dans le Pays de Vaud.

Son séjour en Angleterre auprès du roi Henri III lui permet de s’enrichir considérablement. Le 2 décembre 1241, il épouse  Agnès de Faucigny, qui lui apporte en dot, les baronnies de Faucigny, de Beaufort et plusieurs autres terres. Enfin il hérite en 1242,  de son frère Aymon, comte de Chablais. En 1250, il  oblige le comte de Genève à lui livrer tous ses châteaux depuis le Fort l'Écluse jusqu'à l’Aar. Il  oblige aussi l'évêque de Lausanne à lui remettre d'importantes seigneuries du Pays de Vaud. En 1253, Pierre II marie sa fille Béatrix (ou Béatrice) au Dauphin Guigues VII et lui offre le Faucigny en dot. Bien que Boniface ait des sœurs, que Thomas, son frère aîné déjà décédé ait des fils, la coutume savoyarde le fait hériter en tant que plus proche parent, la loi de primogéniture au second degré n'étant pas encore établie, il devient alors en 1263 le douzième comte de Savoie.

.Philippe Ier (1207-1285) , évêque de Valence de 1241 à 1267, prince-archevêque de Lyon de 1246 à 1267, puis comte de Bourgogne de 1267 à 1279 et 13e comte de Savoie, d'Aoste et de Maurienne de 1268 à 1285.

Philippe épouse le 11 juillet 1267, la comtesse Alix de Bourgogne  ou Adélaïde, fille du comte

Othon II de Bourgogne et de Béatrice II de Bourgogne. Par ce mariage sans enfants, il devient comte de Bourgogne, mais à la mort d'Alix, c’est Othon IV de Bourgogne (ou Othelin), né d'un premier mariage d'Adélaïde avec le comte Hugues de Bourgogne qui prend possession de la Bourgogne.

Devenu, comte de Savoie, à la mort de son frère Pierre II, il reçoit l'hommage  de Berne, de Nyon et de Morat. En revanche, malgré le traité que la ville de Genève avait conclu avec le comte Thomas Ier, le chapitre de la ville et l'évêque décident de s'allier secrètement au comte de Genevois.

Philippe Ier veut récupérer le Faucigny qui est devenu une enclave dans ses états. C'est l'origine du conflit entre le Dauphiné et la Savoie qui va durer cent ans.

 

.Rodolphe Ier de Habsbourg(1218-1291), roi de Francie Orientale, roi des Romains (empereur) en 1273 roi de Bourgogne-Provence de 1273 à 1291, Landgraf de Haute Alsace

 

Après un Interrègne de 17 ans, les grands nobles se décident à élire plutôt qu’un duc puissant de Lorraine, de Souabe, de Franconie, de Saxe, de Bavière voire le roi de Bohème, un petit comte  moins puissant en pensant ainsi ne pas à devoir subir trop fortement l’autorité impériale comme sous les Hohenstaufen.

C’est ainsi qu’ils élisent en 1273, Rodolphe  Ier de Habsbourg,  né en 1218 dans le château de Habsbourg  (dans l’actuel canton d’Argovie en Suisse) et dont l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen  est le  parrain.

Et le 24 octobre  à Aix la Chapelle, Rodolphe est couronné roi des Romains conformément à la tradition qui veut depuis Charlemagne que le futur empereur soit roi des Romains et se voit remettre par l’archevêque de Cologne les emblèmes impériaux. Philippe Ier s’oppose à l’empereur Rodolphe, en Suisse et au Piémont, et parvient à conquérir Turin.

Depuis 1282, le comté de Savoie est en guerre contre une coalition regroupant Rodolphe Ier de Habsbourg roi des Romains, le dauphin de Viennois  et le comte de Genève, Amédée II. Lors de son avènement, Amédée V organise une trêve au mois d'août avec le Dauphin et le comte de Genève afin de régler sa succession. Un mois plus tard, le comte de Genève s'allie avec la Grande Dauphine

 

.Adolphe de Nassau, (avant 1250- 1298) roi de Francie Orientale de 1292 à 1298, empereur de 1292 à 1298 

.Albert Ier de Habsbourg, (1255-1308), roi de Francie Orientale de 1298 à 1308, empereur de 1298 à 1308

Fils de Rodolphe Ier.

 

Sans enfant, le comte Philippe Ier choisit lui-même son successeur parmi ses nombreux neveux Amédée le futur Amédée V, fils de Thomas II de Piémont, comte de Flandre.

.Amédée V (1249-1323)    comte de Savoie , princ d’empire de 1282 à 1323

Fils de Thomas II de Piémont. Epoux en seconde noce de Marie de Brabant 

En 1305  le comte Amédée V,  s’était  rendu à Avignon demander au pape Clément V de reconnaitre son beau-père Henri de Luxembourg, époux de Marguerite de Brabant, parents de sa seconde épouse Marie comme roi des Romains  et  lui proposer de faire élire son neveu Louis II de Savoie, sire de Vaud comme sénateur  de  Rome (en souvenir des deux consuls de l’ancienne Rome on élisait deux sénateurs mais depuis 1192 on n’en élisait plus qu’un, lequel nommé pour 6 mois à 5 ans, avait pouvoir d’administrer Rome, de battre monnaie ; il habitait au capitole et s’il était reconnu intègre avait le droit d’ajouter à ses armoiries le sigle du Senat Romain S.P.Q.R) ; souverain de Rome, il était sous suzeraineté commune du pape et de l’empereur et venait immédiatement après eux en rang et  dignité). 

Henri est donc élu roi des Romains en 1308 et de  retour d’un pèlerinage en 1309 à Saint Maurice d’Agaune sur la tombe de son ancêtre  Sigismond, il est accueilli au château d’Evian par son vassal le comte Amédée V de Savoie.

 

.Henri VII de Luxembourg (vers 1275-1313), roi de Francie Orientale (Germanie) de 1308 à 1313 , roi d’Italie de 1311 à 1313, roi de Bourgogne-Provence de 1311 à 1313 empereur de 1311 à 1313

 

Louis II est  élu sénateur en 1310. Grâce à lui, Henri VII  peut le 23  juin, accompagné par son frère l’archevêque de Trèves, son beau-frère  Amédée V et Louis II de Vaud,  être couronné  empereur par le pape dans la basilique Saint Pierre.

Après la mort d’Henri VII, le pouvoir impérial se défait en Italie et à l’exception de celle que les empereurs continuent d’exercer sur leurs vassaux, le comte de Savoie, pour les terres dont il est investi dans le royaume d’Italie (du Nord) et le duc de Milan, les empereurs auront de plus en plus de difficultés à y exercer leur autorité.

En 1320, lassé de la  guerre d'usure entre la Maison de Savoie et celle du Dauphiné à propos de la Baronnie du Faucigny, Amédée V de Savoie veut frapper un grand coup pendant la minorité de Guigues VIII. Les années suivantes les échauffourées se multiplient. Mais  Amédée V meurt en 1323.

.Édouard de Savoie (1284- 1329comte de Savoie, d'Aoste et de Maurienne 1323 à 1329.

Fils aîné d’Amédée V et de Sibylle de Baugé. Epoux  de Blanche de Bourgogne (1288-1348), elle-même fille de Robert II, duc de Bourgogne

Reprenant la politique d’Amédée V, Édouard, allié à Guichard le Grand, sire de Beaujeu, décide le 7 aout 1325 d'investir le château de Varey, propriété du comte de Genève Amédée III, allié du Dauphin Guigues VIII.

Au côté de Guigues  se trouvent notamment :

.Hugues de La Tour, seigneur de Faucigny, oncle du jeune Guigues, mais aussi beau-frère d'Édouard de Savoie par son mariage avec Marie de Savoie.  

.Amédée III de Genève, héritier des comtes de Genève et aussi neveu d'Édouard.                     

.Hugues de Genève, capitaine belliqueux de la ligue anti-savoyarde.                             

.Hugues de Joinville, seigneur de Gex.                                                                         

.Aymar de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois.                                                        

.Raymond IV de Baux, prince d'Orange, cousin par alliance de Guigues.                                   

.Jean II de Chalon-Arlay, époux en seconde noces de Marie de Genève, fille d’Amédée III de Genève.

Du côté d’Edouard, se trouvent :

.Guichard IV le Grand, sire de Beaujeu, allié de longue date de la maison de   Savoie, et intéressé au premier chef par la prise du château de Varey.                                   

.Jean II de Châlon, comte d'Auxerre, dont la mère est une sœur d’Édouard.                   .

.Robert de Bourgogne, comte de Tonnerre, frère du duc régnant Eudes IV de Bourgogne.

.des vassaux suisses.

Edouard perd la bataille mais parvient à s’échapper tandis que Robert de Bourgogne, Jean de Châlon  et Guichard de Beaujeu sont faits prisonniers et devront payer de fortes rançons.

Trois ans plus tard, Edouard se  distingue dans l'armée de Philippe VI de Valois à la bataille de Cassel, en 1328.

Sans fils, c’est son frère Aymon qui lui succède.

 

.Louis IV de Bavière (1282-1347), roi de Francie Orientale de 1314 à 1347, roi de Bourgogne-Provence de 1314 à 1347,roi des Romains en 1314   puis empereur de 1328 à 1347.roi d’Italie de 1328 à 1347

 

.Aymon de Savoie (1291- 1343),  comte de Savoie, d'Aoste et de Maurienne de 1329 à 1343.

Fils cadet d'Amédée V, Il épouse le 1er mai 1330, Yolande de Montferrat, fille de Théodore Ier Paléologue, marquis de Montferrat.

Aymon passe les premières années de son règne à combattre le dauphin Guigues VIII.  À la mort de ce dernier, il conclut avec le nouveau dauphin Humbert II, le traité de Chapareillan signé en 1334 dans lequel il reconnait le Rhône comme frontière entre la Savoie et le Dauphiné septentrional.

Aymon désigne Louis II de Savoie comme tuteur du jeune Amédée VI et c’est Louis II qui administre la Savoie de 1343 à 1348.

Un an avant sa mort en 1347, Charles IV de  Luxembourg, roi de Bohême, est élu empereur.

 

.Charles IV de.Luxembourg(1316-1378), roi de Francie Orientale (Germanie) de 1346 à 1378,comte de Luxembourg de 1347 à 1352, roi de Bohême de 1346 à 1378 , roi d’Italie de 1355 à 1378. roi de Bourgogne-Provence de1347 à 1378, empereur (Charles IV) de 1355 à 1378

 

Dans cette première moitié du XIV° siècle, les tensions entre les vassaux des comtes de Savoie et les archevêques se multiplient. La ville de Moûtiers est prise en octobre-novembre 1335 et les fortifications sont démantelées[].

Durant la guerre de Cent Ans, il aide Philippe VI de Valois, roi de France, à combattre Édouard III, roi d'Angleterre et participe notamment à la guerre des Flandres.

.Amédée VI dit le comte vert (1334-1383), comte de Savoie, de Maurienne et d’Aoste de 1343 à 1383,  vicaire impérial pour le Royaume de Bourgogne-Provence de 1365 à 1367

Fils du précédent. Il épouse en 1355, Bonne de Bourbon, fille de Pierre Ier, duc de Bourbon et d'Isabelle de Valois.

La cession du Dauphiné, terre impériale, en 1349 au fils du roi de France par le dernier dauphin, lui apparait dangereuse pour la Savoie car l’empereur Charles IV de Luxembourg  était susceptible de céder le vicariat sur le Dauphiné voire sur le Royaume de Bourgogne-Provence. Prince  avisé, Amédée VI préfère la suzeraineté impériale éloignée à celle proche du roi de France sous laquelle à l’évidence le Dauphiné va passer, après le Vivarais, le Lyonnais et le Forez  40 ans plus tôt. Pour lui, ce lien avec l’empire est une précieuse garantie d’indépendance vis-à-vis du royaume de France centralisateur ou le roi tend à devenir le souverain de tous  ses sujets et plus seulement comme l’empereur celui de ses vassaux directs. 

Sous son règne, les Etats de Savoie représentent une dizaine de Baillages :

. la Savoie propre ou Savoie ducale avec dix sept châtellenies.

. le Chablais avec le château de Chillon et ses treize châtellenies

. le Val de Suze avec Avigliana et ses trois châtellenies

. le Val d’Aoste avec Chatel-Argent-Villeneuve et ses cinq châtellenies

. le Bugey-Valromey avec Château de Rossillon-Saint Germain et ses sept châtellenies.

 .la Novalaise avec Voiron partagée en huit châtellenies.

 .la Bresse avec Bourg, les Dombes  comprenant dix châtellenies.

. la Baronnie de Gex, la Valbonne

. le Faucigny avec Chatillon/Cluses avec onze châtellenies

Et ce, sans compter les Etats de Vaud.

En 1361, fait historique peu connu et dont les conséquences sont difficiles à analyser, Amédée envoie un représentant auprès de l’empereur Charles IV de Luxembourg pour obtenir que ses possessions ne fassent plus partie du Royaume de Bourgogne- Provence (dont une bonne partie déjà du territoire a été annexé de fait par le royaume de France) mais soient rattachées directement à l’empire ce que l’empereur fait par un diplôme du 17 mai 1361. Pourtant Charles IV de Luxembourg, quatre ans plus tard, entend bien marquer qu’il est toujours en droit roi de Bourgognes-Provence et décide comme l’avait fait avant lui Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse de se faire couronner à Arles dans la cathédrale Saint Trophime de la couronne de Bourgogne-Provence. Amédée VI doit venir l’accueillir à Morat aux portes de ses Etats de Vaud le 4 mai 1365 ; ils sont à Chambéry le 11 mai et le 13 mai, l’empereur confère le vicariat d’empire sur le Royaume de Bourgogne-Provence à Amédée VI ; désormais, c’est lui qui recevra à la place de l’empereur l’hommage des évêques de Sion, de Tarentaise, de Maurienne, de Genève, Lausanne, Belley, Macon, Lyon, Grenoble, Ivrée, Aoste et Turin pour leur pouvoir temporel de comte. Puis Amédée VI accompagne son suzerain  jusqu’à Arles ou celui-ci se fait couronner le 4 juin.  A leur retour par Genève, ils entendent les vives protestations de l’évêque Alamand de Saint Jeoire qui proteste contre le vicariat  d’Amédée qui lui enlève son immédiateté impériale. Là comme l’avait fait avant lui son ancêtre l’empereur Henri VII, Charles IV demande à Amédée de l’accompagner à Saint Maurice sur la tombe de son ancêtre Saint Sigismond (roi des Burgondes) ou ils arrivent le 21 juin. Enfin Charles et Amédée se rendent au château de Romont ou ils se quittent. Dès son arrivée à Berne, Charles adresse une série de lettres patentes aux évêques et seigneurs qui dépendaient désormais de son nouveau vicaire ne tenant aucun compte des récriminations de certains.

Mais en 1367, tenant compte de la véritable révolte que cette nomination suscite, l’empereur finit par révoquer le vicariat sur les princes ecclésiastiques ce qui n’entraine, à quelques exceptions près, guère de changement car entretemps beaucoup s’était trouvé devant le fait accompli qui, comme chacun sait, prime le droit

Quelque temps avant sa mort en 1378, Charles IV, comme l’avait sans doute appréhendé dès 1361 Amédée VI,  constitue son neveu le dauphin Charles (futur roi de France Charles VI) pour son vicaire et lieutenant dans le royaume de

de Bourgogne-Provence.

 

.Venceslas II (1361-1419), duc de Luxembourg de 1383 à 1388 empereur (Venceslas Ier) de 1378 à 1400,

Fils de l’empereur Charles IV.

  

.Amédée VII de Savoie, dit le comte Rouge, (1360-1391), comte de Savoie, d'Aoste et de Maurienne de 1383 à 1391.

Fils d'Amédée VI ; il épouse Bonne de Berry, fille de Jean de France, duc de Berry et duc d'Auvergne, et de Jeanne d'Armagnac qui était petite-fille du roi de France Jean II le Bon.

 

 .Robert Ier de Bavière ou Ruprecht III de Palatinat (1352-1410) ; comte palatin du Rhin de 1398 à 1410, roi de Francie Orientale(Germanie) de 1401 à 1410 , empereur de 1401 à 1410

.Sigismond de Luxembourg (1638-1437)) , roi de Hongrie  , roi de Francie Orientale(Germanie)  à partir de 1411, duc de Luxembourg de 1419 à 1433, roi de Bohême de 1419 à 1437, empereur de 1433.à 1437

 

.Amédée VIII ( 1391-1439) , comte de Savoie (1391-1416) duc de Savoie( 1416-1439)  comte de Genève ( 1424- 1439)  pape sous le nom de Félix V   ( 1439-1449)  évêque de Genève (1449-1451)

Fils du précédent ; il épouse Marguerite de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Philippe le Hardi.

Il n’a que huit ans quand il devient comte  et a pour tutrice  sa mére  Bonne de Berry. Une lutte pour la régence intervient entre celle-ci et sa grand-mère Bonne de Bourbon. Les Bourbons l'emportent et la grand-mère d'Amédée reste régente jusqu'en 1393. La régence du comté de Savoie passe alors au duc Philippe II de Bourgogne, qui fiance immédiatement sa fille Marie au jeune Amédée.  Ce n'est qu'en 1398 que cette période de régence prend fin. Mais même après avoir quitté la régence, sa grand-mère et son beau-père conservent une influence importante sur lui. Longtemps après la mort de Philippe II, quand Philippe III devient duc de Bourgogne, Amédée fait passer huit cent de ses soldats (sous le commandement du sire de Salenove) au service de la Bourgogne, et il saisit toutes les occasions de réconcilier le duc de Bourgogne avec le roi de France.

En 1402, l'enclave du Genevois (avec Genève, puis Annecy) tombe sous sa souveraineté, suite à la mort du dernier comte.

En 1410, il envisage un pèlerinage à Jérusalem mais y renonce finalement.  En effet, des émeutes agitent alors Paris, suite à l'opposition entre les partis ennemis, Armagnacs (auquel appartient le duc de Berry, oncle maternel d'Amédée) et Bourguignons (dirigés par le duc de Bourgogne, beau-frère d'Amédée).

Le comte de Savoie préfère se rendre avec ses soldats dans son hôtel de Gentilly, au sud de Paris, et participe à la signature du traité de Bicêtre, qui ramène temporairement le calme dans la ville et en France.

Ses armées contrôlent le val d'Ossola, en 1411, permettant le contrôle du Simplon (perte du territoire en 1417). Et en 1413, Il obtient l'apanage définitif du marquisat de Saluces.

C’est l’empereur,  Sigismond  de Luxembourg  qui élève à Chambéry en 1416  Amédée VIII  à la couronne ducale ce qui  consacre le développement de la puissance des comtes de Savoie et l’accroissement de leur souveraineté.

En 1435, alors que le duc Philippe III de Bourgogne cherche à prendre ses distances avec ses alliés anglais, Amédée, son oncle, sert de médiateur entre Français, Anglais et Bourguignons, dans une conférence à laquelle participent quasiment tous les royaumes concernés par la guerre de cent ans (France et Angleterre, mais aussi Aragon, Castille, Portugal, Écosse, et même des pays d'Europe centrale et orientale, comme le saint empire romain germanique et la Pologne). Le Traité d'Arras est signé suite à cette conférence.

 

.Albert II de Habsbourg (1397-1439) duc d'Autriche de 1404 à 1439(Albert V) roi de Francie Orientale (Germanie) de 1438 à 1439, roi des Romains  (empereur) de 1438 à 1439, roi de Bohême de 1437 à 1439, de Hongrie et de Croatie de 1437 à 1439,

 

.Louis Ier de Savoie (1413- 1465),  duc de Savoie, de Chablais et d'Aoste, de Piémont, d'Achaye et de la Morée, comte de Genève, de Nice, de Vintimille, de Bagé, de Romont, de Valentinois et comte de Diois, baron de Faucigny, de Vaud et de Gex, seigneur de Bugey, de Beaufort, Verceil et Fribourg, marquis de Suze, prince et vicaire du Saint-Empire de 1439 à 1465

Fils d'Amédée VIII et de Marie de Bourgogne. Il épouse en 1433, Anne de Lusignan, (1419 -1462), fille de Janus, roi de Chypre et roi titulaire de Jérusalem, et de Charlotte de Bourbon. Le mariage est célébré par l'archevêque de Tarentaise et les réjouissances se déroulent au château de Chambéry. Parmi les invités présents, ses meilleurs amis et proches parents, le duc Philippe III de Bourgogne, le duc René Ier de Bar, le comte de Nevers et le comte de Clèves, son père le duc Amédée VIII, sa sœur, Marguerite de Savoie, le prince d'Orange, l'ambassadeur du roi de France, Christophe d'Harcourt.

 Les douze provinces, possessions de la maison de Savoie sont représentées ainsi que le royaume de Chypre par des délégations, ainsi que les Ordres chevaleresques de la Toison d'or pour la Savoie, la Bourgogne et l'Autriche.

Après son veuvage, son père a abandonné ses fonctions ducales pour se tourner vers la religion. Dès 1434, Amédée IX administre les États de son père sous le titre de prince de Piémont. Il doit subir les intrigues de l’entourage chypriote de son épouse mais aussi les ambitions de ses voisins français et milanais. Il doit ainsi renoncer au Valentinois et ne peut s'emparer du duché de Milan à la mort du dernier Visconti.

.Frédéric III de Habsbourg (1415-1493) duc d’Autriche (Frédéric V) de 1457 à 1493,roi de Francie Orientale (Germanie) de 1440 à 1486 roi des Romains en 1440 puis empereur de 1452 à 1493, roi d’Italie de 1452 à 1493

 

Amédée VIII est élu (anti)pape en 1439 et  abdique alors du duché en sa faveur.  Une de ses filles Bonne de Savoie épousera deviendra duchesse de Milan en épousant le duc Galèas Marie Sforza le 24 avril 1467.

.Amédée IX de Savoie (1435-1472), duc de Savoie, prince de Piémont, comte d'Aoste et de Maurienne de 1465 à 1472.

Fils de Louis Ier et d'Anne de Lusignan. Epoux de Yolande de France, fille du roi Charles VII et donc sœur du  roi Louis XI.

Épileptique, peu capable de régner, l'autorité est exercée par sa femme Yolande de France et par son frère Philippe, comte de Bresse.

.Yolande  (1434-1478)  duchesse de Savoie de 1465 à 1478

Elle soutient le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, qui projette de recueillir la couronne de Bourgogne-Provence en vue pourquoi pas de recueillir la dignité  impériale élective. Elle est son alliée malheureuse pendant les guerres de Bourgogne de 1475-1477. Ce soutien lui fait perdre en 1477 une partie du Vieux-Chablais en amont de Massongex-Saint Maurice que les Valaisans en profitent pour s’emparer

.Philibert II le Beau (1480 -1504) duc de Savoie de  1478  à 1504

Il épouse Marguerite d'Autriche tante de Charles Quint.

.Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519) archiduc d’Autriche, roi de Francie Orientale (Germanie) de 1486 à 1519, duc de Bourgogne de 1477 à 1482, empereur de 1505 à 1519

Fils de l’empereur Frédéric III.

Maximilien de Habsbourg succède comme empereur à son père en 1499. Cette même année 1499, l’empereur remarie pour la troisième fois sa fille Marguerite d’Autriche avec Philibert de Savoie.

A la Diète d’Augsbourg de 1500, l’empire est organisé en 6 cercles et le duché de Savoie rattaché au Cercle du Haut Rhin qui comprend entre autres les duchés de Bar et de Lorraine, les’ évêchés de Toul, Metz , Verdun et de Strasbourg, le duché de Deux-Ponts, le comté de Blamont…….

 

 

 

 

Après l’échec de la tentative du grand-père  de Marguerite, Charles le Téméraire,  cette alliance entre  Habsbourg-Bourgogne et Savoie aurait peut-être pu permettre si Philibert n’était pas mort dès 1504  d’obtenir  la couronne du Royaume de Bourgogne-Provence qui comprenait encore le comté de Bourgogne (Franche-Comté) le Pays de Vaud savoyard, le  Pays de Gex, le  Chablais, le Genevois, le Faucigny, la Bresse, le Bugey, le Valromey, la Savoie propre, la Maurienne et la Tarentaise.

Après sa mort, la Maison de Savoie prend vraisemblablement conscience qu’elle n’obtiendra jamais cette couronne royale de Bourgogne- Provence et reporte son ambition légitime vers l’Italie ou  à partir de ses possessions dans le Royaume d’Italie (du Nord)  elle dispose  de plus de chances de succès.

 

. Charles III dit le Bon (1504- 1553), duc de Savoie de 1504 à 1553  

Il succède à son frère Philibert comme  duc de Savoie. Il doit commencer son règne par s'imposer face aux exigences, de sa demi-sœur Louise de Savoie  qui veut hériter le duché, de son frère bâtard René qui demande des fiefs, et de son frère Philippe qui soutient Louise et René.

Lorsque son neveu  François Ier, fils de Louise de Savoie, devient roi de France en 1515, il hésite à prendre partie entre lui et son empereur Maximilien et ne cherche pas comme les Confédérés suisses à s’opposer  au passage des troupes de François  Ier  vers l’Italie ou celui-ci veut s’emparer du Duché de Milan qu’il estime avoir hérité.  François Ier gagne la bataille de Marignan en 1515 contre les armées de l’empereur  Maximilien de Habsbourg et celles du pape.  Mais en 1519, c’est Charles de Habsbourg  qui est élu empereur sous le nom de Charles Quint et non François.

 

 .Charles de Habsbourg, dit Charles Quint,(1500 -1558) roi de Germanie de 1519 à 1556, roi d’Espagne de 1516 à 1556, roi d’Italie de 1530 à 1556, roi de Sicile de 1516 à 1556, couronné roi de Bourgogne-Provence en 1536, empereur de 1519 à 1558

 

Sans armée et sans grands moyens, le duc  Charles III  change  régulièrement d'alliance, entre  François Ier et Charles Quint.

En 1525  Charles Quint  bat avec ses armées impériales François Ier à Pavie  et l’emmène prisonnier à Madrid ou ils signent en 1526 le traité de Madrid : pour sa libération François Ier doit payer une colossale rançon réunie par sa mère Louise de Savoie, renonce au Duché de Milan et accepte que Charles Quint reçoivent le Duché de Bourgogne.

Mais rentré en France, François renie sa signature et  en 1536, Il engage la 9 iéme guerre d’Italie pour reconquérir le duché de Milan et décide avec ses alliés de fait, Berne, Fribourg et Valais, l’occupation des territoires savoyards sans rencontrer aucune résistance,  (cantons qui se  considèrent toujours pourtant en droit comme sujets de l’empereur).

Dans le pays de Vaud et le Genevois, l'autorité du duc est mise à mal. La cité de Genève se révolte et Charles III lui impose un blocus; pour s'en dégager, la cité fait appel aux Bernois, qui après quelques tergiversations passent à l'attaque, et conquièrent le Pays de Vaud. Charles III, incapable de réagir, brandit la menace de faire intervenir  Charles-Quint dont il est le vassal, mais ce dernier est bloqué à Naples. Profitant de la situation,  François Ier  réclame l'héritage de sa mère, Louise de Savoie, sur la Bresse et le Faucigny. Il franchit la frontière ouest et ses troupes prennent les capitales, Chambéry, puis Turin.

Charles III se trouve privé  de la plupart de ses États, ne conservant que le comté de Nice et la Vallée d'Aoste et finit par se réfugier à Verceil/Vercelli.

Pendant  cette occupation de la Savoie, le roi François Ier, par un édit royal du 6 janvier 1539, crée un Parlement de Savoie ce qui constitue un acte de souveraineté dans la mesure ou il devient la juridiction de dernier recours dans les possessions de la  Maison de Savoie  ( ce qui ne signifie pas pour autant que les ducs de Savoie dans leur litige avec d’autres maisons possessionnées de l’empire  ou vis-à-vis de l’empire ne continuent pas de relever eux de la justice impériale à la différence des litiges par exemple entre les 13 cantons de la Confédération suisse).

Charles Quint, trop occupé en Italie,  n’a pu aider militairement Charles III mais a néanmoins, à la Diète de Spire de 1545,  enjoint sans succès aux Bernois, aux Fribourgeois confédérés, qui restent ses sujets, de même qu’à l’évêque de Sion, de lui restituer ses territoires.

Charles III reste réfugié à Vercelli jusqu’à sa mort en 1553.

.Emmanuel-Philibert (1528- 1580), duc de Savoie de 1553 à 1580, gouverneur des Pays-Bas de 1555 à 1580

A dix-sept ans, en mai 1545, il part rejoindre l'empereur qui s'apprête à combattre la ligue de Smalkalde. C'est le début d'une longue aventure militaire. Charles Quint lui donne sa chance et, à la bataille de Muhlberg, le 13 avril 1547, Emmanuel-Philibert commande l'arrière-garde de l'armée impériale. En 1553, Charles Quint le nomme, à vingt-cinq ans, capitaine général de l'armée des Pays-Bas. Après la mort de son père, survenue le 16 septembre 1553, il est officiellement investi du duché de Savoie par Charles Quint le 15 juillet 1554. Le 27 octobre 1555, Philippe II le nomme gouverneur des Pays-Bas.

 Ferdinand Ier de Habsbourg (1503-1564) archiduc d’Autriche, roi de Germanie de 1531 à 1564 ,roi de Bohême de 1526 à 1564, empereur de 1556 à 1564 .  

Fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, reine de Castille puis d'Aragon, et frère cadet de Charles Quint.

Ferdinand Ier de Habsbourg, ainé de Charles Quint lui succède après l’abdication de ce dernier en 1556. Charles Quint partage alors ses possessions entre son frère Ferdinand et son fils Philippe II qui devient roi d’Espagne mais reçoit également l’héritage bourguignon qui continue de relever de l’empire.

L’année suivante le 10 aout 1557,le duc  Emmanuel-Philibert de Savoie, Général des armées impériales au service du neveu de l’empereur Ferdinand, le roi d’Espagne Philippe  II, bat à Saint Quentin les troupes du roi de France Henri II qui a succédé à  François Ier. 

Par le Traité de Cateau-Cambrésis de 1559, la France doit évacuer la partie des territoires savoyards qu’elle occupe depuis 1536. Par le Traité de Lausanne de 1564 avec les Bernois, ceux-ci  restituent  Pays de Gex, partie du Genevois et du Chablais qu’ils occupent depuis 1536 mais conservent les Etats de Vaud que, sans doute pour les raisons sus-exposées ou par crainte de  la puissante grandissante de Berne alliée à Genève passée à la Réforme, Emmanuel-Philibert ne se bat  pas pour conserver alors pourtant qu’ils avaient servi de base de développement depuis trois siècles à la Maison de Savoie  (depuis le château de Chillon).

Enfin cinq ans plus tard, par le Traité de Thonon  de 1569, la Savoie  récupère le reste du Chablais sauf la partie qui deviendra Bernoise puis Vaudoise  (au nord du Rhône de Chillon à Saint Maurice) et celle qui sera conservée par le Valais (au sud du Rhône de Saint  Gingolph – Chatel à Saint-Maurice).

Profondément attaché à l’appartenance de la Savoie à l’Empire romain germanique, mais ne croyant plus à la pérennité de son Royaume de Bourgogne-Provence (dont l’empereur Charles Quint avait pourtant tenu à se faire couronner à Aix en Provence en 1536)  qui subit ces nouvelles amputations au profit des Confédérés,  Emmanuel- Philibert décide de transférer  sa capitale de Chambéry à Turin. Sous son règne on assiste au début de la centralisation sur cette ville de l’administration des Etats savoyards.

 

 .Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612)  archiduc d’Autriche, roi de Germanie de 1576 à 1612, roi de Hongrie et de Croatie de 1608 à 1612, roi de Bohême. de 1576 à 1612, roi des Romains (empereur) de 1575 à 1612

Fils de  Maximilien II  et de Marie d’Autriche, fille de Charles Quint.

 

.Charles-Emmanuel Ier de Savoie (1580- 1630), duc de Savoie de 1580 à 1630

Fils d’Emmanuel-Philibert.

Un peu étrangement par rapport à ce qui vient d’être dit, Il conserve le vieux rêve de reconstituer à son profit le Royaume de Bourgogne-Provence ; mais son espoir s’avère vain.

Allié à l'Espagne par son mariage, il profite des guerres de religion pour s'emparer  en 1588 du marquisat de Saluces  et reçoit en 1590 des Ligueurs le titre de comte de Provence. Il envahit de nombreuses fois le Dauphiné et pousse même jusqu’à Fréjus en 1590, s’emparant de Draguignan et d’Aix[], mais il est battu le 17 septembre 1591 à Pontcharra par Lesdiguières.   Il attaque à nouveau les possessions françaises, et prend le fort d'Exilles en 1593.

Mais le roi de France Henri IV, après avoir envahi la Savoie et le Piémont (deuxième occupation) se fait céder le Bugey, le Valromey et le pays de Gex par le traité de Lyon en 1601 mais en échange, le marquisat de Saluces devient définitivement une possession de la Maison de Savoie.

Suit la tentative de décembre 1602 de reprendre Genève qui aboutit au Traité de Saint Julien de 1603 par lequel la Savoie renonce définitivement à cette ville; deux traités qui ne font qu’accentuer le glissement de la destinée vers l’Italie de la Maison de Savoie.

Charles Emmanuel  est ensuite le jouet entre les politiques de Richelieu et  d’Olivares, ministres des rois des Habsbourg d’Espagne qui sont possessionnés dans le nord de l’Italie.

 

.Matthias Ier de Habsbourg,(1557-1619) archiduc d’Autricheroi de Germanie de 1612 à 1619, ,roi de Bohême de 1611 à 1619,roi de Hongrie et de Croatie de 1608 à 1619, empereur de 1612 à 1619

Cinquième enfant de l’empereur Maximilien II

.Ferdinand II de Habsbourg (1578- 1637) archiduc d'Autriche, roi de Germanie de 1619 à 1637,roi de Bohême de 1617 à 1619 et de Hongrie de 1618 à 1626 ,empereur de 1619 à 1637.

 

Alors qu’il a des prétentions sur le marquisat de Montferrat à la mort du marquis en 1627, le duc de Savoie Charles-Emmanuel se rend compte que Richelieu soutient les droits de Gonzague de Nevers, instrument du roi de France contre les Habsbourg. Il se tourne alors vers eux et  déclare la guerre au roi Louis XIII ;  l’empereur Ferdinand II occupe le marquisat  mais  les armées royales fondent sur Suze en mars 1629 obligeant le duc à signer un armistice, la Paix de Suze. L’année suivante Charles Emmanuel rompt l’armistice soutenu par l’empire mais Louis XIII occupe toute la Savoie  (c’est la troisième occupation par la France) et s’emparent en Piémont de Pignerol, Suze, Saluces, Briguéras….

Charles Emmanuel meurt cette année 1630. 

.Victor-Amédée Ier de Savoie (1587- 1637), duc de Savoie de 1630 à 1637

Fils du précédent, 

Victor-Amédée doit signer le Traité de Cherasco le 6 avril 1631; au bout de 9 années, le roi de France Louis XIII rend la Savoie à son souverain sans la forteresse de Pignerol. 

Bien qu’aimant la paix  Victor-Amédée est entrainé  par Louis XIII et la Hollande dans la guerre de Trente Ans commencée en 1618 dans laquelle  Louis XIII, époux d’Anne d’ Autriche (de Habsbourg) s’est trouvé lui-même entrainé à partir de 1635 contre l’empire (Habsbourg d’Autriche) et contre l’Espagne (Habsbourg d’Espagne) ; c’est en marchant sur Milan qu’il meurt en 1637.

 

.Ferdinand III de Habsbourg (1608-1657), archiduc d’Autriche, roi de Germanie de 1637 à 1657, roi de Hongrie et de Bohême,  empereur de 1637 à 1657

 

.François-Yacinthe de Savoie  (1632 -1638), duc de Savoie de 1637 à 1638

Fils de Victor-Amédée. t, Il ne règne que quelques mois.

.Charles-Emmanuel II de Savoie (1634-1675) duc de Savoie de 1638 à 1675

Il succède à l'âge de quatre ans à son frère François-Hyacinthe et sous  la régence de sa mère Christine de France, fille d’Henri IV,  et donc sœur de Louis XIII, qui exerce la régence dans la même situation qu’avait connue avant elle Yolande de Savoie, sœur de Louis XI. 

Mettant fin à la guerre dite de Trente Ans, les traités de Westphalie  signés en 1648 amènent  l’Empire à la création de l’Electeur de Hanovre  comme Huitième  Electeur et accordent l’indépendance de l’empire aux Pays Bas (future Belgique, Luxembourg et  Pays Bas) et à la Confédération Suisse  mais  pas à la  Savoie que le duc Charles Emmanuel II ne demande d’ailleurs pas. Peut être parce que l’article VIII de l’un des deux  traités place désormais sur un pied d’égalité à l’intérieur de l’empire, les princes, les villes libres et l’Empereur.

Preuve du maintien de la Savoie dans le Saint Empire, Charles est présent  au côté notamment des évêques de Worms, de Spire, Strasbourg et de Bâle, du prince de Salm et de la ville libre de Francfort dans le matricule impériale de 1654 pour l’investiture par l’empereur Ferdinand III de Habsbourg de son duché, du Piémont et de quelques autres fiefs du Montferrat même s’il ne reconnait plus l’autorité de la Chambre impériale et ne paye plus le Mois Romain.

 

.Léopold Ier de Habsbourg (1640-1705) archiduc d’Autriche, roi de Germanie de 1657 à1705,roi de Hongrie et de Bohême  ,empereur de 1658 à 1705

 

.Victor-Amédée II de Savoie (1666-1732) duc de Savoie et prince de Piémont de 1675 à 1732, roi de Sicile de 1713 à 1720, puis roi de Sardaigne de 1720 à 1730.

Fils de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie et prince de Piémont, et de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, duchesse de Genève et d'Aumale.

Victor-Amédée II, devenu majeur en 1684, c’est lui qui règne en Savoie ; la même année, il épouse sa cousine Anne d’Orléans  fille de Philippe d’Orléans (frère de Louis XIV) et d’Henriette d’Angleterre (nièce de Christine de France).

Il se montre tout d’abord très docile à la politique française puis décide d’entrer dans la ligue d’Augsbourg qui oppose Louis XIV  (allié aux turcs comme l’avait fait avant lui François Ier) à l’empire (Habsbourg d’Autriche), à l’Espagne (Habsbourg d’Espagne) à l’Angleterre et à la Hollande.

En 1690, il déclare la guerre à la France ce qui vaut à la Savoie une nouvelle occupation  (la quatrième) par la France ; ses troupes et celles de son cousin le Prince Eugène de Savoie-Carignan,  attaquent en 1692  le Dauphiné mais elles sont battues le 4 octobre 1693 à La Marsaille, année ou le Prince-Eugène est nommé par l’empereur à la tête des armées impériales.

Victor-Amédée passe sans complexe dans le camp de la France sans attendre la fin de cette guerre.

Le traité de Turin de 1696 met fin aux opérations et à l’occupation de la Savoie et permet à la Savoie de récupérer la forteresse de Pignerol. Cette guerre dite de neuf ans  ou de la Ligue d’Augsbourg se termine  par le traité de Ryswick de septembre-octobre 1697 par lequel Louis XIV annexe définitivement Strasbourg et toute la Basse-Alsace (les 4/5 de l'Alsace). Louis XIV accepte de mettre fin à l'occupation militaire du duché de Lorraine, mais Sarrelouis est définitivement cédée à la France.

Les violences des armées françaises dans le Palatinat qui se  retrouve totalement dévasté et ses populations décimées font néanmoins perdre à Louis XIV  tous les espoirs formés par Mazarin quarante plus tôt d’une élection à la dignité impériale.

Le 1er novembre 1700, le roi d’Espagne Charles II de Habsbourg meurt sans successeur. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France  et celle d'Autriche, toutes deux très apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône.

Charles II a légué sa couronne par testament à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV (Bourbon  mais également Habsbourg  par sa mère Anne d'Autriche, petit-fils du roi Philippe III d'Espagne, donc cousin germain de Charles II). Philippe, âgé de 17 ans, va à Madrid où il est couronné sous le nom de Philippe V.

Toute l'Europe se sent menacée par l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne, d’autant plus forte que, par lettres patentes du 1er février 1701, Louis XIV reconnaît le droit de Philippe V à succéder à la couronne de France. C’est la cause d’une nouvelle guerre dite de Succession d’Espagne. Victor-Amédée II la commence au côté de Louis XIV mais celui-ci qui connait sa facilité à changer de camp,  prend la précaution en septembre 1702 de faire  désarmer ses troupes. Victor-Amédée revient alors dans le camp de l’empire et obtient en 1703 le  marquisat de Montferrat.  Mais  Louis XIV fait occuper une nouvelle fois (la cinquième) la Savoie et s’empare les unes après les autres de ses places fortes ; ce n’est que grâce à l’intervention du Prince Eugène que le 7 aout 1707  Turin assiégé est sauvé.

 

.Joseph Ier de Habsbourg (1678-1711), archiduc d’Autriche en 1705, roi de Germanie de 1690 à 1711,roi des Romains  le 24 janvier 1690, empereur de 1705 à 1711, roi de Hongrie et de Bohême  , roi de Croatie

Fils de l’empereur Léopold Ier

 

Charles VI de Habsbourg (1685- 1740) empereur de 1711 à 1740

Au congrès d'Utrecht, qui réunit les belligérants depuis janvier 1712, chacun essaie de trouver une sortie honorable. Philippe V conserve le trône d'Espagne, toutefois il doit renoncer, pour lui et pour sa descendance, au trône de France même dans le cas où les autres princes de sang français disparaîtraient. De la même manière, la France conserve toutes les conquêtes de Louis XIV (Flandre française, Roussillon, Lille, Artois, Franche-Comté, Alsace). Les combats cessent définitivement en 1713, après une campagne militaire en Allemagne victorieuse pour Louis XIV.

L’électeur de Brandebourg reçoit la couronne de Prusse tandis que le Duc de Savoie Victor-Amédé II, avec le soutien du Prince Eugène de Savoie-Carignan gagne, les provinces italiennes  d'Alexandria  et de Valesia, non pas la couronne du Royaume des Lombards (Italie du Nord) mais celle  de Sicile  et  se fait couronner dans la cathédrale de Palerme ou s’était fait couronner l’empereur  Frédéric II de Hohenstaufen  (qui y a son tombeau).

Le 6 mars 1714 est signé le Traité de Rastatt  qui  marque pour les Habsbourg d’Autriche un agrandissement de leurs États héréditaires mais au détriment de la puissance impériale.

Cinq ans après le  traité d’Utrecht de 1713, le  traité de Londres de 1718 prévoit qu’en 1720, Victor Amédée II  roi de Sicile doit échanger sa couronne de Sicile  contre celle de Sardaigne avec l’empereur Charles VI de Habsbourg : la Sardaigne, le Piémont  et la Savoie constituent  alors ce qu’on appelle les Etats Sardes et non pas l’Etat Sarde. Chacun de ces Etats sardes a  un statut international différent dans la mesure ou le duché de Savoie continue d’appartenir au Saint Empire Romain Germanique  et le roi, comme duc, participe toujours aux Diètes Impériales  de Ratisbonne     (ou se tiennent toutes les Diètes d’empire après 1648) comme ancien territoire ayant appartenu au Royaume de Bourgogne-Provence.

En revanche, le Piémont donné en apanage par l’empereur Sigismond de Luxembourg en 1416 à Amédée VIII lors de son élévation à la couronne ducale,  relève lui du Royaume d’Italie (du Nord) dont l’existence  réelle sinon nominale comme celui de Bourgogne-Provence  a pratiquement cessé et dont plus aucun territoire n’est représenté aux Diètes impériales depuis la dernière Diète impériale de Lindau  de 1496  ( pour ce Piémont, les membres de la maison de Savoie portent le titre de Prince) enfin le Royaume de Sardaigne devenu propriété des Habsbourg depuis Charles Quint  ne faisait pas partie de l’empire.

En  fait il s’agit de trois Etats ayant un souverain en commun comme cela s’était déjà produit souvent dans le passé  et comme cela  le cas par exemple de Georges Ier, Electeur de Hanovre et roi d’Angleterre à la même époque (une même personne se retrouvant souverain de plusieurs Etats distincts).

Le roi Victor Amédée II  a le souci d’établir son pouvoir souverain à l’intérieur de ses Etats. Sous son règne, triomphe l’absolutisme qui a peu ou prou pour modèle celui du roi Louis XIV.

En 1730, il décide d’abdiquer au profit de son fils Charles-Emmanuel  III.

.Charles-Emmanuel  III de Savoie (1701-1773), duc de Savoie, roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem de 1730 à 1773.

Fils de Victor Amédée II, duc de Savoie,

Celui-ci voit son règne marqué par deux conflits :

.celui de la guerre de succession de Pologne ou en 1733, il  est dans le camp de  l’Espagne et de la France contre l’empire  allant jusqu’à promettre à Louis XV de lui céder la Savoie si les conquêtes sur les Habsbourg s’avèrent suffisantes pour lui accorder des compensations en Italie.Il fait la conquête du Milanais,  prend Pavie, bat les troupes impériales à Guastalla mais n’obtient par la paix de Vienne en 1738 que les pays de Tortone et de Novare et quelques fiefs d’empire. Entretemps néanmoins il épouse Élisabeth-Thérèse de Lorraine, belle-sœur de Marie-Thérèse, fille et héritière de l'empereur Charles VI  laquelle avait épousé le duc de Lorraine et de Bar  François III   deux ans auparavant ; duché de Lorraine, terre d’empire  que les rois de France comptaient depuis longue date pouvoir annexer comme ils s’étaient déjà rendus suzerains pour le duché de Bar. 

Louis XV ne peut donc pas accepter que, comme cela avait été le cas de la Franche Comté de 1477 à 1678, ces duchés  Lorraine et de Bar  puissent être des possessions directes de la famille impériale des Habsbourg.

.celui de la guerre de succession d’Autriche qui commence à la mort de l’empereur  Charles VI en 1740 en raison de sa décision de léguer à sa fille Marie-Thérèse les Etats Héréditaires de la Maison des Habsbourg avec le risque comme cela vient d’être dit que son époux depuis 1736 le duc de Lorraine  François III ne devienne empereur ce qui était intolérable pour le roi de France.

Un accord est donc conclu entre  l'empereur Charles VI  et le roi Louis XV  par lequel le duc François III abandonne la Lorraine à la France pour devenir grand-duc de Toscane ; en compensation, la France accepte la Pragmatique Sanction de l'Empereur qui fait de Marie-Thérèse son héritière (conjointement avec son futur époux, François).

Mais Charles-Albert, l’Electeur de Bavière ou Frédéric-Auguste II, l’Electeur de Saxe et Roi de Pologne aspirent à l’élection impériale.

Frédéric II, tout nouveau roi de Prusse, sans déclaration de guerre préalable, engage contre l’empire les hostilités et  fait envahir la Silésie dès décembre 1740.

.Charles Albert de Bavière (1697-1745)  empereur de 1742 à 1745, Electeur de Bavière de 1726 à 1745

Louis XV soutient les prétentions de l'Électeur de Bavière. Le 11 décembre 1740, il envoie le maréchal Belle-Isle, assister comme son ambassadeur à l'élection du Bavarois à Francfort. Le 5 juin 1741, Frédéric II signe  avec le maréchal de Belle-Isle un traité d’alliance avec la France. Par ce traité, la France s'engage à soutenir militairement l'Électeur de Bavière, et à reconnaître les conquêtes prussiennes en Silésie. En contrepartie, Frédéric ne consent que des promesses. Ses autres alliés sont l'Espagne et la Bavière.

Marie-Thérèse est soutenue elle par Georges de Hanovre, Electeur de Hanovre et Roi de Grande-Bretagne et par les Provinces-Unies, traditionnels opposants à l'hégémonie de la France, ainsi que par la Saxe et le roi de Piémont-Sardaigne qui,  à la mort du père de Marie-Thérèse lui a fait valoir ses prétentions sur le Milanais qu’il n’a pu obtenir par le traité de Vienne deux ans plus tôt. Faute de l’obtenir, il s’est satisfait des promesses de celle-ci d’une augmentation de ses territoires en Italie contre son retour dans le camp de l’empire ; mais Il perd 5 000 hommes contre la France à Coni en 1744. 

Finalement, en 1745, Marie-Thérèse fait élire son époux le duc François Lorraine sur le trône impérial et devient  alors impératrice consort des Romains.

 

.François Ier de Lorraine(1708-1765) duc de Lorraine et de Bar de 1729 à 1737    ( François III)   duc de Teschen de 1729 à1765, grand-duc de Toscane de1737à 1765 ( François II). vice-roi de Hongrie de 1732 à 1765 , roi de Germanie de 1745 à 1765, empereur de 1745 à 1765

Epoux en 1736, de l'archiduchesse Marie-Thérèse, héritière de la maison d'Autriche.

 

Le roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III signe en 1746, à Turin, la paix avec la France mais c’est le traité d’Aix la Chapelle de 1748 qui  met fin à la guerre de succession. Par ce traité, Louis XV restitue à l'Autriche les territoires conquis aux Pays-Bas ainsi que la Savoie et le comté de Nice et reconnaît au mari de Marie-Thérèse de Habsbourg le droit à la couronne impériale.

Charles-Emmanuel III  recherche alors, à toutes fins utiles, une alliance dans l’autre camp et fait épouser à son fils en 1750 une infante d'Espagne de la Maison de Bourbon, belle-sœur du Dauphin Louis-Ferdinand.

Il meurt en 1773.

.Victor-Amédée III de Savoie (1726-1796) duc de Savoie, prince de Piémont, roi de Sardaigne, de Chypre et de Jérusalem de 1773 à 1796.

Fils du précédent.

En 1789,  Il est très vite hostile à la révolution et accueille à Turin des princes émigrés. De leur côté, en octobre 1792, un certain nombre de roturiers prennent l’initiative de constituer une Assemblée nationale des Allobroges, réunion de délégués de toutes les communes du duché qui siège à Chambéry sur le modèle de l’Assemblée nationale française ; en huit jours, elle met à bas tout l’édifice politique, administratif et social de l’ancien régime en Savoie ; la déchéance du roi est prononcée.Le principal artisan de cette révolution est un prêtre. Philibert Simond, originaire de Rumilly, député du Bas-Rhin. Puis cette assemblée nationale fait une demande d’annexion à la France. D’abord hésitante (plusieurs membres de la Convention étant favorable à la création d’une république sœur qui aurait regroupé Genève et la Savoie) l’Assemblée nationale française vote le 27 novembre 1792 l’incorporation du duché à la République Française et sa transformation en un seul département du Mont Blanc avec 6 députés pour le représenter à l’Assemblée Nationale Française.

L’empire romain germanique proteste contre l’abolition par la Constituante des droits seigneuriaux des princes allemands possessionnés en Alsace. La République française se garde de son côté de déclarer la guerre au Saint Empire  se limitant à la déclarer à son chef en sa seule qualité de roi de Bohême et de Hongrie mais après l’invasion par les armées révolutionnaires des Pays-Bas et de la Rhénanie, l’empire est contraint le 23 mars 1793 de déclarer la guerre à la République.

C’est désormais l’armée des Cercles de l’Empire dont la Savoie fait partie du Cercle du Haut Rhin qui combat  les armées de la révolution.

Profitant du développement dans le duché des mouvements contre-révolutionnaires, les armées impériales et du royaume de Piémont-Sardaigne parviennent à y pénétrer jusqu’à Annecy ou le drapeau du royaume flotte le 21 aout 1793 mais une riposte de Kellermann les oblige à repasser les Alpes.

Le 5  avril 1795 par  la paix de Bâle entre la Prusse et la France, cette dernière acquière la rive gauche du Rhin objectif des rois de France notamment depuis  Louis XIV.

.Charles-Emmanuel IV de Savoie (1751-1819), duc de Savoie, prince de Piémont et roi de Sardaigne de 1796 à 1802.

Après la défaite de Montenotte lors de la campagne d'Italie de Bonaparte en 1796, Charles-Emmanuel IV de Savoie, qui a succédé à son père Victor-Amédée III, signe l'armistice de Cherasco qui reconnait la perte de Nice et de la Savoie et doit se réfugier en Sardaigne.

Le Piémont est alors découpé en six départements et les quatre Electorats rhénans deviennent quatre départements français, la Prusse obtenant elle en compensation la sécularisation d’un certain nombre de principautés ecclésiastiques.

Le département du Mont-Blanc est amputé lui une première fois par la loi du 25 août 1798 de sa partie nord (Thonon-les-Bains, Bonneville, Cluses) pour créer le département du Léman avec le district de Carouge et le Pays de Gex dont Genève qui vient d’être annexée devient la préfecture et une deuxième fois le 17 février 1800,  par le détachement des cantons de Chamonix, de Saint-Gervais, de Megève, de Flumet et de Sallanches et leur rattachement au département du Léman qui est alors divisé en trois arrondissements, celui de Genève qui reste la préfecture et ceux de Bonneville et Thonon qui deviennent  sous-préfectures.

Enfin en 1801, le traité de Lunéville confirme définitivement le rattachement de la Rive gauche du Rhin à la République française et précise que c’est par le biais de sécularisation et de médiatisation que les princes allemands lésés seront indemnisés. C’est à la Diète d’Empire qu’il incombe de les indemniser. Ainsi en juillet 1802 l’empereur François II est conduit à convoquer  une députation d’empire (Reichsdeputation) à laquelle est soumis un projet de Bonaparte qui a reçu l’assentiment du tsar sur la base duquel est élaboré un recès.

Cette même année, Charles-Emmanuel IV abdique laissant le peu de pouvoir qu’il conserve à son frère Victor-Emmanuel Ier.

Le 2 décembre  1804,  Bonaparte se  fait couronner empereur selon la tradition romaine d’origine en marquant bien la suprématie de l’empereur sur le pape (il se met la couronne lui-même que lui remet le pape) et puis il transforme la République cisalpine en royaume d'Italie, se nommant roi d'Italie le 17 mars 1805. Le couronnement a lieu le 26 mai 1805 dans le Dôme de Milan. Ce Royaume d'Italie est un État pré-unitaire italien qui comprend l'Italie centre orientale et une bonne partie du nord avec pour capitale Milan.  

Un an plus tard, jour pour jour, le 2 décembre 1805, Napoléon remporte la bataille d’Austerlitz contre l’empereur romain germanique François II et celui de Russie Alexandre Ier. Puis début 1806, Napoléon fait pression pour que  des ducs Bavière et de Wurtemberg se voient accéder à la couronne royale ayant obtenu de lui en récompense de leur soutien militaire le rattachement de  plusieurs territoires à leurs duchés. Ces couronnements accentuent la désintégration de l’empire romain germanique même si l’empereur François II obtient la confirmation de l’appartenance de leurs royaumes au Saint Empire. Le coup de grâce est donné le 12 juillet 1806 quand seize des princes d’empire, dont ces deux nouveaux rois de Bavière et de Wurtemberg,  constituent une confédération sous protectorat de l’empire napoléonien. En effet la constitution de cette Confédération du Rhin indique dans son article 1 que la Confédération fait sécession de l’empire. Le lien entre la Savoie et l’Empire est définitivement rompu.

La Savoie retrouvera sa totale indépendance hors de l’Empire Romain Germanique pour 45 ans seulement de 1815, date de la fin du Premier Empire Napoléonien français jusqu’ à 1860 date de sa nouvelle annexion par le Deuxième Empire Napoléonien français.

 

 

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