EPILOGUE 5
Dans la soirée du 8 novembre 1923 à la Bürgerbräukeller, une brasserie de Munich, Adolf Hitler, autrichien ayant servi comme caporal pendant la guerre dans les troupes bavaroises devenu dirigeant du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) fait une tentative de prise du pouvoir par la force en Bavière. Soutenue par le général Erich Ludendorff, elle se termine dans la confusion et par un échec total des putschistes. Condamné à cinq ans de détention, Adolf Hitler ne passe finalement que moins de quatorze mois à la prison de Landsberg, mettant son incarcération à profit pour rédiger Mein Kampf/ Mon Combat.
Auréolé de son prestige militaire le maréchal Hindenburg est élu, sous la République de Weimar, Président lors de l'élection d'avril 1925.Réélu sept ans plus tard, lors du scrutin présidentiel de 1932, il nomme le 30 janvier 1933 Adolf Hitler à la fonction de chancelier. En 1934, le maréchal Hindenburg meurt et le chancelier Adolf Hitler lui succède à la Présidence tout en restant chancelier.
Cette même année 1934, contre la volonté d’Hitler, les Nouvelles Editions Latines de Paris décident de publier Mein Kampf en français. Dans la page qui suit la page de titre le Maréchal Lyautey écrit : Tout Français doit lire ce livre.
Selon Adolf Hitler :
La cartographie de l'Europe, issue du traité de Versailles (« Diktat de Versailles »), est inacceptable, car elle a pour conséquence immédiate l'éclatement des peuples de culture allemande. L'Autriche et les minorités allemandes de Tchécoslovaquie et de Pologne doivent être rattachées à l'Allemagne en un seul espace géographique, le « Grand Reich » (Großdeutsches Reich). Pour assurer l'épanouissement du peuple allemand réunifié, il préconise la voie des chevaliers teutoniques :
« Lorsque le territoire du Reich contiendra tous les Allemands, s'il s'avère inapte à les nourrir, de la nécessité de ce peuple naîtra son droit moral d'acquérir des terres étrangères. La charrue fera alors place à l'épée, et les larmes de la guerre prépareront les moissons du monde futur».
Le nouvel essor de la nation allemande doit se faire notamment au détriment des territoires russes, des pays de l'Europe centrale et danubienne, mais aussi à l'ouest, au détriment de la France qu'il considère comme :
« Inexorable et mortelle ennemie du peuple allemand ».
La France est désignée comme un ennemi à abattre pour ses manœuvres anti-allemandes, considérées d'ailleurs comme logiques :
« Je ne croirai jamais à une modification des projets que la France nourrit à notre égard ; car ils ne sont, au fond, que l'expression de l'instinct de conservation de la nation française :
« Si j'étais Français et si, par conséquent, la grandeur de la France m'était aussi chère que m'est sacrée celle de l'Allemagne, je ne pourrais et ne voudrais agir autrement que ne le fait, en fin de compte, un Clemenceau ».
« Notre objectif primordial est d’écraser la France. Il faut rassembler d’abord toute notre énergie contre ce peuple qui nous hait. Dans l’anéantissement de la France, l’Allemagne voit le moyen de donner à notre peuple sur un autre théâtre toute l’extension dont il est capable ».
L’idée d’un Troisiéme Reich succédant à l’Empire Romain d’Occident censé perpétué par l’empire carolingien et le Saint Empire Romain Germanique (Premier Reich) puis au Deuxième Reich (Empire Allemand) née dans l’esprit d’un soldat vaincu de la Première Guerre mondiale qui rappelle au début de son ouvrage qu’il est originaire de la région frontière entre l’Autriche et la Bavière apparait dans la logique des choses.
Dès le 13 janvier 1935, la Sarre plébiscite massivement (90,8 % de Oui) son rattachement à l’Allemagne.
En réponse à la ratification du traité d'assistance franco-soviétique, le 27 février 1936, Hitler fait réoccuper la zone démilitarisée de la Rhénanie pour rétablir la souveraineté du Reich sur la frontière occidentale de l'Allemagne.
Mais c’est l’Anschluss du 12 mars 1938 qui constitue la premiére étape dans la constitution d’un grand Reich regroupant les pays et territoires germanophones; après l’annexion de l’Autriche, c’est le tour des Sudètes, en Tchécoslovaquie, le reste du pays étant transformé en protectorat en 1939. Au cours de la même année, l’Allemagne annexe également le territoire de Memel, en Lituanie, ce qui constitue le dernier agrandissement territorial du Troisième Reich sans recours aux armes, avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Le Ier septembre 1939, Hitler envahit la Pologne et le 3 septembre la France déclare la mobilisation générale mais une fois passée la démonstration sans lendemain du général Gamelin dans la Sarre allemande du 6 au 13 septembre, les troupes franco-britanniques, sous commandement français, ne prennent aucune initiative militaire et ne mènent aucune opération offensive. En mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l'invasion foudroyante des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France. Dès le 25 mai, la défaite des armées franco-belgo-anglaises du nord se précise. Le 5 juin, Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense du nouveau généralissime Weygand sur la Somme et l'Aisne. L'Italie se joint alors à l'Allemagne et déclare la guerre à la France le 10 juin. Puis, en France, le nouveau gouvernement Pétain demande l'armistice le 17 et en accepte les conditions le 22. Désireux de laver l'humiliation de 1918, Hitler exige de signer celui-ci à Rethondes, en forêt de Compiègne, dans le wagon historique où le maréchal Foch et les plénipotentiaires allemands se retrouvèrent pour l'Armistice du 11 novembre 1918.
Le Führer arrive en Mercedes dans la fameuse clairière le 21 juin à 15h15. Il prend le temps de décrypter l'inscription en gros caractères : «Ici, le 11 novembre 1918, succomba le criminel orgueil de l'Empire allemand, vaincu par les peuples libres qu'il avait essayé d'asservir». Puis il entre dans le wagon historique et s'assoit à la place où s'était tenu le maréchal Foch.
Les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont de nouveau annexés de facto au Reich allemand. Le Reichsland Elsass-Lothringen de 1871 n'est pas reconstitué : l'Alsace, ou « CdZ-Gebiet Elsass », est annexée au pays de Bade pour former le « Gau Baden-Elsaß », alors que la Moselle, ou « CdZ-Gebiet Lothringen », est annexée au « Gau Westmark » avec la Sarre-Palatinat. On y impose diverses mesures visant à « regermaniser » les personnes et les pays. Le parler de la langue allemande est imposé à tous, et celui du français interdit sous peine de lourde amende. À partir d'août 1942, un autre niveau est atteint avec l'appel à des volontaires et la mobilisation, de tous les hommes jeunes dans les forces armées allemandes. Certains avaient déjà fait leur service militaire au sein des Armées ou de la Marine françaises et avaient combattu l'Allemagne entre septembre 1939 et juin 1940. Quelques-uns avaient même connu les Stalags. Les « mobilisés contre leur gré », réfractaires ou déserteurs risquent la peine de mort, et exposent leurs familles à l'arrestation, l'internement dans des camps ou la déportation « à l'Est », en Silésie. On les appelle les Malgré-Nous. La plupart des malgré-nous sont affectés dans la Wehrmacht mais de nombreuses classes sont versées d'autorité dans la Waffen-SS. Au final, 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans se retrouvent principalement sur le front de l'Est à combattre l'armée rouge et sont internés à Tambow Russie en 1945. Sur ces 130 000 hommes, 30 % sont tués ou portés disparus, 30 000 blessés et 10 000 invalides.
La Flandre et l’Artois sont rattachés au Commandement allemand de Bruxelles tandis que la Picardie est placée en zone interdite et la majeure partie du reste de l’ancienne Lotharingie (CharlesVille-Mézières, reste de la Lorraine avec Nancy, Franche-Comté) est en zone réservée, prélude à une éventuelle future annexion comme l’Alsace et le département de Moselle
Hitler se suicide à Berlin le 30 avril 1945 mettant fin à son réve de Troisième Reich sans qu’on ait su jamais qui il aurait voulu remettre comme Empereur à sa tête n’ayant jamais semble-t-il bizarrement émis l’idée qu’il aurait pu l’être.
Le 7 mai 1945, la reddition de l'armée allemande est signée à Reims par le maréchal allemand Alfred Jodl. Une nouvelle signature a lieu le 8 mai dans une villa de Karlshorst dans la banlieue est de Berlin.
Les pertes militaires de la France s’élèvent à 238 000 morts, celle du Troisième Reich à 5 318 000 morts.
Une fois la guerre terminée, les malgré-nous victimes de l’histoire de l’Alsace-Lorraine sont considérés par certains comme des traîtres voire comme des sympathisants nazis. Beaucoup d'entre eux subissent l'épuration, comme les collaborateurs, ainsi que les collaboratrices ayant eu des relations avec l'occupant allemand.
Si dès 1945, les Alsaciens-Lorrains incorporés de force dans l'armée allemande bénéficient des mêmes droits que les combattants ayant servi dans les formations de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale ce n’est qu’à la suite d'un accord signé en 1963 entre le Chancelier Adenauer et le président Charles de Gaulle que les malgré-nous qui étaient jusqu'à ce moment en droit militaire considérés comme déserteurs ne le sont plus et le temps de service passé dans l'armée allemande est considéré comme étant effectué dans l'armée française. Les blessés reçoivent une pension du gouvernement allemand ainsi que les veuves de morts au combat.
Le nombre d'enfants de la Wehrmacht et des prisonniers de guerre allemands en France est estimé pour les années 1941 à 1949 entre 75000 et 200000 et celui des enfants de prisonniers de guerre français (2 millions en 1940 tombés à 1.2 millions en 1942), de membres du STO ( 50 000 dès 1940 montés à plus de 650 000 après 1942) nés de mère allemande ou de femmes françaises volontaires (environ 50 000) nés de père allemand entre 200 000 et 350 000.
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