CH.III LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE BOURGOGNE-PROVENCE
R. Comté et Marquisat de Provence (ancien Royaume de Provence)
terres d’empire de 1032 à 1271/1486
b. Evêché de Marseille/ Vicomté de Marseille/Abbaye de Saint Victor
Au Moyen-Age, Marseille comprend trois villes différentes qui sont : la cité abbatiale, la cité épiscopale et la cité vicomtale; la première soumise à la puissante abbaye de Saint-Victor de Marseille; la seconde appartenant à l'évêque, et, comme toutes les villes placées sous l'autorité ecclésiastique, flanquée de tours; la troisième, enfin, sous la dépendance des vicomtes de Marseille qui, dès le X° siècle y ont fait des constructions militaires importantes et l'ont entourée de remparts solidement établis.
Evêques :
.Honorat, évêque de Marseille de 948 à 976.
Fils d’Arnulf, frère de Guillaume de Marseille dit le Gros, premier vicomte de Marseille.
.Pons, évêque de Marseille de 977 à 1008
Fils de Guillaume ; frère de Guillaume II, vicomte de Marseille.
.Pons II, évêque de Marseille de 1008 ou 1014 à 1073.
Fils de Guillaume II, vicomte de Marseille et d’Accelena de Fos ; frère de Guillaume III, Geoffroy et Aicard, vicomtes de Marseille.
Il succède à son oncle Pons Ier comme évêque de Marseille, probablement dès 1008 et certainement à partir de 1014. Durant son long épiscopat, il figure dans un grand nombre de donations à l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille, ou autres, ou dans des actes divers, soit avec ses parents, soit avec ses frères ou ses sœurs.
Vers 1069 a lieu une opération qui compte dans l'histoire de Marseille : la division de la ville entre les vicomtes et l'évêque. Pons II (le troisième de la famille vicomtale), frère des vicomtes Guillaume III et Geoffroy et Aicard, occupe le siège épiscopal depuis plus de soixante ans. La papauté se dégage alors des intrigues romaines. Cinq papes successifs, Léon IX, Nicolas II et leurs successeurs prêtent l'oreille aux conseils d'un moine destiné à coiffer lui-même la tiare, Hildebrand, et manifestent leur autorité. Cluny réclame la réforme du clergé; Nicolas II l’entreprend.
Les vicomtes comprennent qu'ils ne peuvent conserver l'évêché dans leur famille. Ils se décident donc à effectuer un partage avec l'évêque leur parent, qui, par sa naissance, participe à leurs droits. Le partage se traduit par une division territoriale. La plus grande et la plus belle part échoit naturellement aux vicomtes : ils conservent tout le versant méridional des hauteurs de Marseille et la nouvelle ville de l'est. À l'évêque est attribuée toute la partie de la ville comprise à l'ouest et au nord de la place de Lenche : le château Babon, le bas-fond de la Major (l'alleu Notre-Dame), les quartiers neufs et quasi déserts qui sont devenus plus tard ceux de la Charité et de l'Observance, se joignant la butte des Carmes, comprise également dans le territoire épiscopal.
Cette division se continue dans le terroir, en dehors des murs. La région nord (avec Château Gombert) est également attribuée à l'évêque; les vicomtes conservent les territoires situés à l'est et au sud, et notamment la vallée de l'Huveaune, dont ils vont d'ailleurs se dépouiller bientôt en partie.
.Raimond Ier, évêque de Marseille de 1073 à 1122.
Fils de Geoffroi Ier, vicomte de Marseille.
Dès sa nomination, Pons de Peynier, neveu de l’évêque décédé, conteste divers droits que l’évêque possède en vertu du partage de 1069 qui a entériné la division de la ville de Marseille entre l’évêque et les vicomtes. Un accord finit cependant par être trouvé en 1119 grâce à l’arbitrage d’Atton, archevêque d’Arles, désigné par le pape Gélase Les vicomtes conservent toute la partie sud des hauteurs de Marseille et la partie est tandis qu’à l’évêque est attribuée la partie comprise au nord et à l’ouest de la place de Lenche. En 1121, Pons de Peynier reconnaît tenir la ville d’Aubagne de l’Église de Marseille : l’évêque est donc son suzerain. Vers 1121, après la restitution à l’évêque de la ville haute et des domaines de la ville d’Aubagne, de Saint-Marcel et du Beausset, Raimond Ier aurait absout Pons de Peynier et son épouse qui avaient été excommuniés.
.Raimond II de Soliers, évêque de Marseille de 1122 à 1151.
Le choix des chanoines d’élire Raimond II, évêque de Marseille, qui appartenait à une branche cadette des vicomtes de Marseille mais privée du titre vicomtal, témoigne d’un choix de compromis. Bien qu’homme de conciliation, le conflit avec la famille des vicomtes de Marseille se poursuit. Raymond II continue l’œuvre de son prédécesseur Raimond Ier. Pons de Peynier lui promet fidélité pour les fiefs qui le faisait son vassal. Il reconnait la seigneurie de la ville haute de Marseille et le droit absolu de l’évêque sur le château de Roquebarbe.
.Pierre Ie, évêque de Marseille de 1151 à 1170.
Peu après sa nomination, il se rend à Rome et obtient du pape Anastase IV la confirmation de ses biens par bulle du 30 décembre 1153, à savoir la ville supérieure de Marseille, le château de Roquebarbe et ses fortifications. En 1157, il fait appel à l’archevêque d’Arles Raimbaud de Reillanne et à l’évêque de Carpentras pour faire constater juridiquement la possession de Saint-Cannat par ses deux prédécesseurs.
Après une nouvelle enquête en 1164, il fait enregistrer tous les engagements de Pons de Peynier et de ses fils. Entre 1152 et 1157, il obtient du Comte de Provence Raimond-Bérenger II l’autorisation de fortifier la ville haute. Il prend soin de faire confirmer ce droit par l’empereur Frédéric II.
Plusieurs conflits éclatent entre l’évêque et les chanoines notamment avec le prévôt qui veulent plus d’autonomie, ce qu’il obtient en 1162, pour l’administration de leurs domaines et des églises qui leur étaient attribués.
.Foulques de Thorame, évêque de Marseille de 1170 à 1188.
En 1179, il assiste au troisième concile du Latran. En 1183, il obtient du roi Alphonse II d’Aragon, la reconnaissance sur la seigneurie du château de Saint-Cannat.
.Rainier, évêque de Marseille de 1188 à 1214.
Rainier, au moment de son élection à l’épiscopat de Marseille, appartient au chapitre cathédral depuis plus de 25 ans. En 1199, le pape Innocent III lui confie le rétablissement de l’ordre dans l’abbaye de Lérins. Il se rend au concile d’Arles tenu en 1205 par le légat Pierre de Castelnau qui est assassiné le 14 janvier 1208. Il se rend à Saint-Gilles le 20 juin 1209 où le comte Raymond VI de Toulouse, accusé du meurtre du légat, est absous.
.Pierre de Montlaur, évêque de Marseille de 1214 à 1229.
Fils de Bernard III de Montlaur, seigneur de Vailhauques (Languedoc) ; frère d’Hugues de Montlaur, archevêque d’Aix en Provence.
Le règne de cet évêque se caractérise essentiellement par les nombreux conflits qu’il a avec la commune de Marseille. Marseille est alors secouée par un violent mouvement anticlérical : des églises sont attaquées, des biens de l’évêque saccagés. Trois pouvoirs se partagent alors la ville : l’évêque, maître de la ville haute, les vicomtes, seigneurs de la ville basse, et enfin la vieille et célèbre abbaye de Saint-Victor. Or, à la fin du XI° siècle et au commencement du XII°, Marseille, comme beaucoup d’autres cités, s’est dotée d’une organisation municipale. L’influence des bourgeois s’accroit avec la prospérité commerciale et maritime de la ville ; peu à peu, dès les premières années du XIII° siècle, ils se trouvent assez riches et assez puissants pour racheter les droits féodaux que les vicomtes exercent dans la ville basse. Entre les bourgeois et le pouvoir ecclésiastique qui régne sur la ville haute, les conflits sont fréquents. En effet la ville basse, dirigée par une bourgeoisie active, riche, peu sympathique au clergé, très dévouée au comte de Toulouse, se trouve en lutte contre l’évêque et l’ancienne aristocratie des vicomtes ; Marseille acclame le comte de Toulouse à son retour du Concile de Latran ; les bourgeois de la ville basse sont alors en pleine querelle avec l’évêque.
Le pape Honorius III s’élève contre ces violations dès février 1217 et son légat, le cardinal Bernard, prononce en 1218 l’excommunication des marseillais. Un accord est finalement trouvé entre la ville basse et l’évêque se traduisant par une délimitation précise entre la ville haute ou épiscopale et la ville basse approuvée le 23 janvier 1220[]. Mais, cet accord ne suffit pas à établir une paix solide. En 1221 les marseillais de la ville basse décident de se relancer à la conquête du pouvoir communal et nomment un podestat, spécialiste de l’administration désigné pour un an et la plupart du temps d’origine italienne. Dès 1222, la lutte se ranime entre l’évêque et les bourgeois de la cité vicomtale ; bien plus, excités par l’exemple et les conseils de leurs voisins, les habitants de la ville épiscopale entreprennent d’enlever à l’Église le gouvernement temporel de leur cité. Ainsi ville haute et ville basse s’unissent contre le pouvoir du clergé. L’évêque Pierre de Montlaur ne demeure pas inactif ; dans sa détresse, fidèle aux exemples de beaucoup de prélats du royaume de Bourgogne-Provence, il s’adresse à son suzerain l’empereur.
Au mois de mai 1222, il se rend à Cosenza, près de Frédéric II, dont il obtient le renouvellement du privilège conféré en 1164 à son prédécesseur. Quelques mois plus tard, en février 1223, un diplôme impérial rendu à sa demande donne une confirmation solennelle à la transaction de 1220.
En 1223, les habitants de la ville haute soutenus par ceux de la ville basse, forment également une confrérie, nomment des consuls et s’affranchissent ainsi de la juridiction de l’évêque. Le 14 juillet 1224 Pierre de Montlaur casse les actes de la confrérie, mais à la fin de cette année 1224, les deux villes s’unissent : l’autorité et la juridiction de l’évêque sont bafouées. Pierre de Montlaur se plaint au pape et à l’empereur. Celui-ci prend la défense du prélat et se flatte de rétablir la paix sur la base des droits anciens de l’Église, modifiés et atténués par la transaction que les deux parties avaient acceptée. Aussi il charge l’archevêque d’Arles, Hugues, et Bermond, archevêque d’Aix, d’assurer à l’Église de Marseille la restitution qui lui est due.
Comme Bermond meurt sur ces entrefaites, c’est à Hugues qu’incombe de réaliser cette mission difficile. Tous ses efforts s’avérent inutiles ; fort de la délégation impériale, le 22 mai 1225 il est obligé de mettre au ban de l’Empire les deux villes rebelles, la cité des évêques aussi bien que celle des vicomtes. Frédéric II s’occupe de lui donner une sanction immédiate en soulevant ou en encourageant les adversaires naturels de Marseille. A cette époque en effet, les bourgeois d’Arles sont les rivaux des Marseillais : déjà la guerre fait rage entre les deux villes : par un diplôme du 22 mai 1225, Frédéric enjoint aux Arlésiens de combattre Marseille de tout leur pouvoir, de saisir là où ils le peuvent les biens des Marseillais et de provoquer partout des coalitions contre eux. Frédéric tient le même langage au jeune comte de Provence, Raymond Bérenger.
Le podestat Spino de Sorresina n’en tient aucun compte et fait reconnaître les privilèges de la ville par Raymond VII de Toulouse le 19 septembre 1225. S’engage alors une lutte qui va désoler la Provence pendant de longues années. De leur côté les Marseillais se hâtent de resserrer leur alliance avec la commune d’Avignon qui, comme eux, garde toutes ses sympathies au comte Raymond VII. Déjà les positions sont prises en vue de la guerre qui bientôt s’ouvrira entre les comtes de Toulouse et de Provence. Il est facile de comprendre que l’empereur Frédéric II reste dans la Méditerranée le pouvoir dominant, et que Marseille ferait acte de folie en lui résistant ouvertement. Par ce seul fait que l’empereur les traite comme ennemis, les Marseillais se trouvent en guerre avec la plupart des riverains de la Méditerranée et doivent cesser avec eux toutes relations ; leurs rivaux Italiens s’empressent de profiter des proclamations impériales pour courir sus à leurs navires et les supplanter dans leurs positions commerciales.
Quand même Frédéric n’ entend pas user dans toute leur rigueur de ses droits contre la cité rebelle, il suspend au moins tous leurs privilèges ; or, pour se rendre compte de l’importance des privilèges que pouvait obtenir à cette époque une cité commerçante, il suffit de lire le diplôme accordé par Frédéric II, quelques années plus tard, à la république de Venise : on y trouve, longuement énumérés, la sauvegarde des personnes et la liberté du commerce promises aux Vénitiens dans tout le royaume de Sicile, l’atténuation ou l’exemption totale de certains impôts sur les achats et les ventes, des tarifs de faveur en ce qui concerne les droits sur la navigation et les taxes de douane à l’exportation, la reconnaissance au profit des Vénitiens qui viendraient à mourir dans le royaume, de la faculté de transmettre librement leur succession testamentaire . Telles étaient les faveurs que l’empereur dispensait à ses amis et retirait à ses adversaires. Aussi les Marseillais sont assez avisés pour comprendre qu’ils doivent renoncer à soutenir une lutte aussi dangereuse ; ils ne tardent pas à entrer en négociations avec l’empereur.
Deux bourgeois, Guillaume Vivand et Pierre de Saint-Jacques sont dépêchés auprès de l’empereur, qui se trouve dans le sud de l’Italie. Mais ces ambassadeurs sont jetés en prison sur les ordres de celui-ci.
En 1226 la commune dispose d’une grande autonomie mais un renversement de la situation se produit avec l’arrivée de l’armée du roi de France Louis VIII qui assiège et prend la ville d’Avignon le 12 septembre 1226. Par divers actes d’octobre 1226, Frédéric II réinvestit Raymond Bérenger V du comté de Provence et déclare nulles et non avenues, comme contraires à la constitution de l’Empire, les concessions de consulat et de liberté municipale qui ont pu être accordées par les comtes de Provence à leurs sujets. Raymond Bérenger devient l’ennemi de Marseille. Les Marseillais sont contraints de faire leur soumission à leur évêque lui promettant ainsi qu’au cardinal de Saint-Ange, légat du Pape, la réparation du préjudice qu’ils ont causé à l’Église. Par une lettre du 24 février 1227 le pape Honorius intercède alors auprès de l’empereur pour obtenir de lui qu’il se réconcilie avec la commune et qu’il remette en liberté les deux Marseillais emprisonnés.
En 1228, l’empereur est saisi des plaintes d’Hugues de Baux, devenu vicomte de Marseille par son mariage avec la fille de Barral : comme les Marseillais entravent Hugues dans le libre exercice de ses droits, l’empereur charge Draconet de Montdragon et Blacas d’exiger de la commune les restitutions qui lui sont dues.
Quelques mois plus tard, en octobre, du consentement de l’archevêque d’Arles, Raymond Bérenger V et la commune d’Arles concluent pour trois ans un traité d’alliance dirigé contre Marseille. Bien plus, en vertu d’un acte du 23 décembre, le comte de Provence doit s’engager à ne faire ni paix ni trêve avec les Marseillais sans sauvegarder les droits qu’un autre membre de la famille de Baux, Raymond, prétend avoir contre Marseille.
Le nouveau podestat Hugolin Domnedame est dans la nécessité de prononcer la séparation de la ville haute et de la ville basse. Par ailleurs pour régler le conflit entre la ville basse et l’abbaye de Saint-Victor au sujet des droits des vicomtes de Marseille, l’évêque d’Antibes et l’abbé du Thoronet sont nommés arbitres. Ceux-ci prononcent le 6 avril 1229 l’excommunication de la population. Il s’ensuit un nouveau mouvement anticlérical.
.Benoît d’Alignan, évêque de Marseille de 1229 à 1267,
En arrivant à Marseille en 1229, Benoît d’Alignan trouve donc les Marseillais frappés d’excommunication et hérite d’une situation particulièrement délicate. Cependant le pape Grégoire IX inquiet des agissements de l’empereur Frédéric II, est prêt à faire preuve d’indulgence. Les Marseillais ne sont définitivement absous et réconciliés avec l’Église qu’au mois de janvier 1230. Le 1er janvier 1230, Benoît d’Alignan reçoit la soumission de la population et lève les sentences d’excommunication et d’interdit. Un traité est signé le 9 janvier 1230 à Aix-en-Provence. Mais il faut régler également le diffèrent entre l’abbaye de Saint Victor et la commune : l’abbé Bonfils et le consul Guillaume de Roquefeuille acceptent l’arbitrage de Benoît d’Alignan qui rend son jugement le 30 janvier 1230. Un peu plus tard, au printemps 1230, Raymond Bérenger V voulant affirmer son autorité sur la ville de Marseille, propose également comme arbitre l’évêque de Marseille qui rend une sentence reconnaissant la haute juridiction du comte de Provence Raymond Bérenger V qui reçoit les châteaux de Saint Marcel, Aubagne, Roquefort, Bréganson et Hyères. Cette année 1230, le ban impérial contre la ville est levé.
Mais Marseille se trouve dépossédée de son domaine extérieur, ce qui vaut à Benoît d’Alignan la colère des marseillais qui une fois de plus font appel au comte de Toulouse Raimond VII. L’empereur Frédéric II finit par imposer une trêve aux deux comtes, ce qui oblige les marseillais à se réconcilier avec l’évêque.
Par un diplôme de mars 1232, pour marquer publiquement sa faveur à Raymond Bérenger V, Frédéric II annule de nouveau, toutes les concessions que le comte de Provence a pu faire pendant sa minorité à la ville de Marseille ou aux autres communes, au détriment des droits qu’il tenait de l’Empire ; il enjoint par un autre acte aux seigneurs et aux communes du comté de Provence de s’abstenir de toute conspiration ou rébellion contre le comte, sous peine de la confiscation de leurs biens. Un peu plus tard, en mai 1232, il sanctionne une sentence rendue par l’évêque de Marseille au profit du comte Raymond Bérenger contre les syndics de la cité vicomtale. Au mois de mars 1233, les Marseillais font leur soumission à l’empereur, mais en mai, après que les élections eurent modifié la composition du conseil de la cité vicomtale, les Marseillais changent d’avis. Et c’est sous la menace du légat impérial de les mettre encore une fois au ban de l’Empire qu’ils se résignent.
En mai 1238, convoqués par l’empereur Frédéric, les contingents des évêques de Grenoble, archevêque d’Embrun, de l’évêque du Valentinois et du Diois rencontrent à Vérone sous les drapeaux de l’Empire les troupes du comté de Savoie et aussi celles des comtés de Provence et de Toulouse, conduites par Guillaume de Savoie, l’évêque élu de Valence. L’archevêque d’Arles, Jean Baussan, et l’évêque de Marseille, Benoît d’Alignan, ont devancé Raymond Bérenger à la Cour impériale ; ils sont à Vérone dès le mois de juin. Tous deux figurent comme témoins dans un acte où l’empereur promet sa protection à la ville d’Embrun et lui assure le maintien de ses libertés et coutumes.
En 1245 Benoit d’Alignan doit se défendre contre les exigences de Raymond Bérenger V qui, ayant réussi à obtenir le retrait du comte de Toulouse, affaibli par sa défaite en Saintonge, veut que l’évêque lui prête serment. Ce différent se règle car le pape Innocent IV attribue au comte la « rose d’or » à Lyon où se rend Benoît d’Alignan.
Raymond Bérenger V étant décédé le 19 août 1245 en ne laissant que des filles pour héritières, Charles d’Anjou, frère de Saint-Louis, devient le nouveau comte de Provence en épousant Béatrice de Provence, fille du comte décédé.
Benoit d’Alignan régne pendant une bonne partie du Grand Interégne.
Ce n’est qu’en 1252 que Marseille consent à se placer sous l’autorité du comte, à la condition de conserver ses franchises municipales. Cette soumission n’est qu’apparente les Marseillais gardent au fond du cœur, avec la haine de leur nouveau maître, les souvenirs de leur ancienne indépendance. Trop faibles pour s’affranchir par leurs propres forces, ils cherchent un protecteur à l’étranger : trente ans auparavant, pour résister aux envahissements de Raymond Bérenger, ils s’étaient donnés à Raymond de Toulouse ; maintenant, ils s’adressent à Alphonse de Castille. Alphonse de Castille, avant même d’être choisi par quelques-uns des électeurs, noue des relations diplomatiques avec Pise, la cité gibeline, alors serrée de près par ses ennemis, les Guelfes de Toscane. Pour poursuivre ces pourparlers le syndic de Pise, Bandino Lancea, se rend en Castille auprès d’Alphonse il en rapporte un traité d’alliance offensive et défensive entre la ville et le roi. En échange des privilèges qu’il leur confère et des secours qu’il leur promet, Alphonse est reconnu par les Pisans comme le futur Empereur ; Une clause de ce traité oblige Alphonse à procurer à la ligue l’adhésion de Marseille, avec laquelle il a évidemment ouvert des négociations.
Si Pise est menacée parles Guelfes, Marseille doit lutter pour sauvegarder son indépendance contre la puissance croissante de Charles d’Anjou ; non moins que les Pisans, les Marseillais ont alors besoin d’alliés et de protecteurs. Aussi se décident-ils à entrer dans la ligue formée par Pise et le roi de Castille ; ils y souscrivent à des conditions analogues à celles acceptées par les Pisans. Trois ambassadeurs de Marseille se rendent en septembre 1256 à Ségovie, où se trouve Alphonse et déclarent solennellement nommer, demander, postuler et élire comme empereur le seigneur roi de Castille.
Le 30 août 1257, le comte de Provence Charles d’Anjou achête à Benoît d’Alignan tous ses droits dans la ville haute par échange contre plusieurs châteaux : Mallemort, Saint Cannat, Signes, Mérindol. Bien que cet échange soit avantageux pour l’église, quatre chanoines se plaignent auprès du pape Alexandre IV qui adresse une lettre pleine de reproches à l’évêque. Suite à de nouvelles plaintes, le pape désigne deux commissaires qui mandatent deux chapelains pour entamer une procédure contre l’évêque et prononcent une sentence d’excommunication. Il faut que Charles d’Anjou intervienne vigoureusement auprès du pape pour faire lever cette sanction.
Mais par le traité signé par ses ambassadeurs avec Alphonse de Castille, Marseille, au moins pour ses affaires continentales, ne gagne aucun appui sérieux et demeure isolée dans sa querelle avec Charles d’Anjou ; aussi en 1262 les Marseillais renouvellent d’infructueux efforts.
Encore une fois ils mettent leur espoir dans un prince étranger, Pierre d’Aragon, fils du roi Jacques Ier et cousin de leur dernier comte Raymond Bérenger : le même qui un jour fera une si rude guerre à la maison d’Anjou. Grâce à lui ils espèrent retrouver « l’indépendance » ; cette même année 1262, les fortifications de Marseille sont rasées par le comte de Provence victorieux qui n’oublie pas les noms de plusieurs des ambassadeurs, qu’on retrouve dans les listes de proscription de 1263 ; il frappe du bannissement Pierre Vetuli, l’un des ambassadeurs envoyés l’année précédente près du roi de Castille. Plus tard, les chefs de la rébellion expient sur l’échafaud l’insuccès de nouvelles tentatives : au nombre de ces victimes de la cause de la liberté figure Albert de Lavanie, le même qui avait été jadis chargé de représenter Marseille auprès d’Alphonse. Le comte de Provence triomphe. Sous le nom de Chapitres de paix, il impose aux bourgeois une convention bien plus dure que celle de 1252. C’en est fait de la République marseillaise.
.Raimond de Nîmes, évêque de Marseille de 1267 à 1288.
Il n’approuve pas la décision de son prédécesseur Benoît d'Alignan au sujet de l’échange de la ville épiscopale ou ville haute de Marseille contre différents châteaux. L’examen de cette affaire est confié par le pape au cardinal Richard. La procédure retient Raimond à Viterbe (Italie) pendant toute l’année 1268, mais elle ne peut aboutir car le pape décède et son remplacement n’est réalisé que trois mois après. Raimond de Nîmes retourne alors dans son diocèse de Marseille. En 1274 il assiste au second concile général de Lyon sous le pontificat de Grégoire X.
.Durand de Trésémines, évêque de Marseille de 1289 à 1312.
À la mort de l’évêque Raimond de Nîmes, les chanoines de la cathédrale de la Major de Marseille élisent pour lui succéder l’abbé de Saint Victor, Raimond Lordet. Celui-ci refuse cette élection et le pape Nicolas IV qui s’était réservé la désignation de l’évêque de Marseille, nomme Durand dit de « Trésémines », qui résidait depuis quelques années à Rome dans l’entourage du cardinal Bernard de Languissel, ancien archevêque d’Arles, qui l’a recommandé au pape.
En 1309 il prête hommage au nouveau comte de Provence et roi de Sicile, Robert Ier de Naples.
.Raimond Robaudi (ou Roubaud), évêque de Marseille de 1313 à 1319 puis archévéque d’Embrun à partir de 1319
Le roi Robert Ier de Naples le charge en 1314 d’obtenir un délai pour le paiement d’un tribut de 8 000 onces d’or à l’Église car les dépenses de guerre l’empêchaient de l’acquitter au terme convenu.
Gasbert de Valle, de La Val ou de Laval, évêque de Marseille de 1319 à-1323, archevêque d'Arles de 1323 à 1341,
À partir de 1316, il exerce diverses fonctions à la Cour pontificale d'Avignon, sous les pontificats de Jean XXII, Benoît XII et Clément VI.
.Aymard Amiel, évêque de Marseille de 1323 à 1333.
Il est nommé par le pape Jean XXII auprès duquel il demeure à Avignon d’où il veille sur son église. Les bulles qui le nomment évêque de Marseille sont du 26 août 1323, de la même date que celles qui nomment Gasbert de La Val archevêque d’Arles. Le roi Robert Ier de Naples reçoit son hommage le 8 mars 1324. En 1325 il achète à Bertrand de Porcelet, seigneur de Cabriès, tout ce que ce dernier possédait à Signe (Var). En 1326, il assiste au concile de l’Abbaye de Saint-Ruf d'Avignon présidé par le camérier de Jean XXII, Gasbert de Valle, archevêque d'Arles, en présence des archevêques d'Aix-en-Provence et d'Embrun, concile qui réunit tous les évêques de Provence et où sont prises de nombreuses décisions : interdiction pour les clercs de porter des armes et de fortifier les églises sans autorisation de l’évêque.
.Jean Artaud ou Artaudi, évêque de Nice de 1329 à 1334, puis évêque de Marseille de 1334 à 1335.
Issu d’une famille provençale qui possédait la seigneurie de Venelles près d’Aix-en-Provence.
Jean Artaud ne réside que très rarement dans cette ville car le pape Jean XXII lui confie une mission de médiation pour mettre un terme à la guerre entre le comte de Flandre et le duc de Brabant qui se disputent la ville de Malines. Il part le 8 mars 1334 avec l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux et arrive à Amiens le 14 avril 1334 où il tient conseil. Les deux nonces du pape font en sorte que la ville de Malines reste indivise entre les deux comtes.
Jean Gasc ou Gasqui, évêque de Marseille de 1335 à 1344.
Désigné par le chapitre de la cathédrale de la Major de Marseille pour succéder à l’évêque Jean Artaud. Le pape Benoît XII accepte ce choix mais, pour le principe, casse cette élection et le désigne le 13 octobre 1335 de sa propre autorité. Il ne prête hommage que le 23 novembre 1336 au comte de Provence et roi de Sicile En décembre 1337, il se rend au second concile qui a lieu en l’Abbaye de Saint-Ruf d'Avignon où se réunissent tous les évêques des trois provinces provençales.
.Robert de Mandagout, évêque de Marseille de 1344 à 1359.
Neveu du cardinal Guillaume de Mandagout.
Choisi par le pape le 13 septembre 1344 pour être évêque de Marseille seulement trois jours après le décès de son prédécesseur Jean Gasc. Dès le 23 septembre 1344 il envoie son frère Hugues de Mandagout, chanoine d’Aix-en-Provence, présenter ses bulles de nomination aux chanoines de Marseille.. Il rend deux fois hommage à la reine Jeanne Iière de Naples : une première fois le 15 août 1346 à Marseille, une seconde fois le 15 juin 1351 à Aix-en-Provence car la reine Jeanne s’était remariée et avait donné le titre de roi à son second mari Louis de Tarente.
Robert de Mandagout se préoccupe de ses pouvoirs temporels de seigneur. La fin de son épiscopat est marquée par deux manifestations tumultueuses. Tout d’abord l’évêque voulant exiger la dîme à Marseille contrairement aux usages anciens, le conseil de la ville fait occuper le palais épiscopal par des troupes armées. Plus grave est la révolte des habitants de la seigneurie de Saint-Cannat qui livrent le château aux bandes armées d’Amiel des Baux. Les biens de l’évêque sont mis à sac et Robert de Mandagout ne peut en reprendre possession.
.Hugues d’Harpajon, évêque de Marseille de 1359 à 1361
Cousin de Robert de Mandagout et neveu du cardinal Guillaume de Mandagout,
Le principal évènement advenu sous son épiscopat est la reprise de la possession du château de Saint-Cannat.
Pierre Fabri, évêque de Marseille en 1361.
Institué par le pape mais n’est jamais consacré car il meurt peu de temps après cette désignation.
.Guillaume Sudre évêque de Marseille de 1361 à 1366, puis cardinal de 1366 à 1373.
Le 4 juin 1465, il assiste au couronnement de l’empereur Charles IV de Luxembourg comme roi de Bourgogne-Provence dans la cathédrale Saint Trophime d’Arles. En octobre de la même année, le pape Urbain IV vient à Marseille inaugurer les nouvelles constructions qu’il a fait réaliser à l’abbaye Saint-Victor.
Ses préoccupations spirituelles ne l’empêchent pas de s’intéresser aux questions temporelles. Ainsi fait-il réparer les murailles et fortifications et recrutent des capitaines chargés de leur défense. Guillaume Sudre est le premier cardinal créé par Urbain V le 18 septembre 1366 et doit donc quitter Marseille pour Avignon.
Philippe de Cabassolle, régent et chancelier du royaume de Naples, recteur du Comtat Venaissin, légat pontifical, évêque de Cavaillon puis évêque de Marseille, de ? à ? , patriarche de Jérusalem, cardinal avec le titre de cardinal-prêtre de Saints Pierre et Marcellin, puis cardinal-évêque de Sabine (1368-1372).
Issu d’une famille de hauts fonctionnaires provençaux. Remarqué à Apt par la famille de Sabran, il est recommandé à Robert d’Anjou, roi de Sicile et comte de Provence. Dès 1333, à Naples, il est chargé de diriger la chancellerie de la reine Sanche.
Un an plus tard, le 17 août 1334, il est nommé évêque de Cavaillon et le roi Robert le désigne comme tuteur de sa petite-fille Jeanne de Naples. Le 19 janvier 1343, sur son lit de mort, le souverain lui donne la charge de Régent de son royaume.
Le 17 novembre 1362, Urbain V le désigne comme recteur du Comtat.
Au cours de son rectorat, il a l’immense tâche de faire barrage aux mercenaires qui menacent les États pontificaux. Agissant en fin politique, le 30 novembre 1363, il signe une alliance défensive avec Foulques d’Agoult, Sénéchal de Provence, Raoul de Louppy, gouverneur du Dauphiné, et la Savoie. Alliance utile puisqu’en 1364, il doit faire face au retour des Tard-Venus, en 1365, aux menaces des Grandes Compagnies de Bertrand du Guesclin, et, en 1367, aux armées de Louis d’Anjou, conduites par le même du Guesclin, qui envahissent la Provence et menacent le Comtat. Il s’en tire chaque fois avec réussite et efficacité.
Aussi, lors de son retour à Rome (1367-1370), Urbain V le nomme Vicaire au temporel pour le Gouvernement des États d’Avignon, du Comtat Venaissin et des terres adjacentes.
Le 18 août 1361, Urbain V le nomme patriarche de Jérusalem. C’est à ce titre que, le 4 mai 1365, il préside le concile d’Apt conjointement avec les archevêques d’Arles, d’Embrun et d’Aix.
La pourpre cardinalice lui est remise lors du consistoire du 22 septembre 1368. Cardinal-prêtre. Il entre à la Curie le 4 juin 1369 et reçoit le titre de cardinal-évêque de Sabine le 31 mai 1370.
Il participe à la fin décembre 1370 au conclave qui élit Grégoire XI. Le Souverain Pontife le met tout de suite en charge d’une légation[]en Ombrie, Toscane et Campanie avec le titre de Vicaire Général de Bologne
Mais l’âge empêchant le cardinal de Sabine d’agir à sa guise, il est suppléé le 19 mai 1371 par le cardinal Pierre d’Estaing.
.Guillaume de La Voute, évêque de Toulon de 1364 à 1368, évêque de Marseille de 1368 à 1379 et enfin évêque de Valence et Die.
Issu d’une famille noble du Var.
Peu de temps après sa nomination, en 1371, il est envoyé par le pape Grégoire XI comme nonce à Naples. En effet le pape veut prévenir énergiquement Philippe II de Tarente qui revendique les principautés de Salerne et de Bari, qu’il ne souffrira de personne des atteintes au royaume de la reine Jeanne Ire de Naples. Guillaume de La Voute a ordre de l’excommunier s’il n’obéit pas.
Il revient à Marseille en 1373. En 1374 il met fin à un long conflit avec les Marseillais en exemptant à jamais du paiement des dîmes la ville de Marseille.
À la mort du pape Grégoire XI le 27 mars 1378, il se trouve en Italie et est chargé par le cardinal camerlingue d’assurer la sécurité du conclave qui est à l’origine du grand schisme d’Occident. Après l’élection de l’archevêque de Bari qui prend le nom d’Urbain VI, il veut se retirer dans le château de Saint-Ange mais est pris par des émeutiers italiens et risque d’être massacré. Il peut s’enfuir et se réfugier à Vicovero. Le nouveau pape le nomme évêque de Valence et de Die. Il a la chance d’être à nouveau élu au même poste le 1er juin 1379 par le pape Clément VII qui s’installe à Avignon.
Aymar de La Voute, évêque de Grasse, évêque de Marseille de 1379 à1395.
En 1382, il est conseiller de Louis Ier de Naples et le 18 juin 1385 il rend hommage à Louis II d’Anjou à Avignon entre les mains de Marie de Blois.
À la fin de son épiscopat les rapports se tendent avec les Marseillais ; il réside à Saint-Cannat et à Avignon.
.Benoît II, évêque de Marseille de 1397 à 1418,
Dans la bulle de nomination de Benoît II au poste d’évêque de Marseille, le pape Boniface IX précise : «Il est probable que vous ne pourrez pas avoir la possession des biens de votre mense épiscopale, à cause de la puissance des schismatiques dans les domaines desquels votre église se trouve placée. C’est pourquoi, jusqu’à ce que vous ayez pu prendre possession de l’église de Marseille, ou que vous ayez été transféré à une autre église cathédrale, nous vous confions le monastère de Saint-Clément de Tivoli, dont les revenus vous aiderons à soutenir votre rang ».
Benoît II ne vint jamais à Marseille.
.Paul de Sade, évêque de Marseille de 1404 à 1433.
Nommé par le pape d’Avignon Benoît XIII qui avait été reconnu par le comte de Provence Louis II d’Anjou et par le roi de France. Paul de Sade rend hommage à Tarascon le 7 mai 1406 entre les mains de Louis II d’Anjou. Il se rend au concile de Pise qui a lieu le 5 juin 1409 et se rallie au pape Alexandre V qui y est élu. Le 14 novembre 1410, il est élu archevêque d’Arles, mais le pape Jean XXIII qui a succédé à Alexandre V n’accepte pas ce choix et désigne le cardinal de Brogny.
C’est sous son règne qu’a lieu la prise de Marseille le 20 novembre 1423 par l’armée navale du roi Alphonse V d'Aragon.
.Avignon Nicolaï, évêque de Senez, évêque de Marseille, évêque d’Huesca (Espagne) et archevêque d’Aix-en-Provence.
Lorsque le pape de Rome Innocent VII meurt le 6 novembre 1406, Nicolaï est un des principaux agents de l’habile Benoît XIII qui veut empêcher une nouvelle élection et mettre un terme au grand schisme. Nicolaï va successivement à Florence, Rome, Sienne, Lucques etc. Mais ces négociations ne peuvent aboutir. Pour le récompenser de son aide, Benoît XIII le nomme évêque de Sénez le 22 juin 1408. Il assiste au concile de Perpignan convoqué par Benoît XIII, mais pas à celui de Pise où est élu le pape Alexandre V qui nomme le 9 août 1409, Jean de Seillans évêque de Sénez, mais Avignon Nicolaï garde son poste jusqu’au 13 novembre 1415 date à laquelle Benoît XIII le transfère à l’évêché d’Huesca (Espagne).
Après le concile de Constance, il reconnait Martin V qui le nomme évêque de Marseille en 1420, mais pour une raison inconnue sa nomination n’a pas de suite. Il est nommé le 14 mars 1421 évêque de Saint-Pons. Le 3 juillet 1422 il devient archevêque d’Aix-en-Provence où il meurt le 15 juin 1443.
.André Boutaric, évêque de Marseille en 1433
Appartenant à une famille noble d’origine aixoise, nommé par le roi Louis III d'Anjou maître rational à la cour des comptes d’Aix-en-Provence. À la mort de Paul de Sade, il est élu par le chapitre, évêque de Marseille. Cette élection est confirmée par le pape Eugène IV par ses bulles du 3 mars 1433. Il meurt en août 1433 avant son ordination.
.Barthélemy Rocalli, évêque de Marseille de 1433 à 1445.
Nommé par le pape Eugène IV. De leur côté les chanoines de Marseille avait désigné Louis de Glandevès, évêque de Vence. Celui-ci va demander confirmation de sa nomination au concile de Bâle alors en conflit avec Rome. Glandevès, soutenu par la municipalité de Marseille et le gouvernement du Comté occupe le siège tandis que Barthélemy Rocalli, réfugié à Avignon, a l’appui du peuple. Lorsque Glandevès part pour le concile, des émeutes se produisent en faveur de l’évêque désigné par le pape et des partisans vont le chercher à Avignon . Il est installé sans opposition dans sa cathédrale de la Major et le calme revient.
.Louis de Glandevès, évéque de Vence, évêque de Marseille en 1445.
Fils d’Élion de Glandevès, seigneur de Faucon-du-Caire.
En 1433 il est candidat à la succession de l’évêque de Marseille, André Boutaric qui venait de mourir. Soutenu par la municipalité et le gouvernement d’Aix-en-Provence, il occupe le siège mais le pape désigne à ce poste Barthélemy Rocalli. Louis de Glandevès se rend au concile de Bâle, mais durant son absence, Barthélemy Rocalli prend normalement possession de l’évêché. Il reprend son siège à la mort de Rocalli mais lui-même meurt la même année en 1445.
.Nicolas de Brancas, évêque de Marseille de 1445 à 1466.
En août 1448, il est ambassadeur du roi René à Rome, puis président de la cour des comptes d'Aix en 1460.
.Jean Alardeau, administrateur général des finances du roi René, évêque de Marseille de 1466 à 1496, baron d’Aubagne
Fils d’un secrétaire des comptes du roi René Ier de Naples.
En 1440 il entre au service de ce prince et devient son homme de confiance. Il est secrétaire du roi qu’il suit en Italie, maître rational à la cour des comptes d’Aix-en-Provence le 31 mars 1463 et devient général des finances du roi en 1446. Parallèlement il mène une carrière ecclésiastique. Il est archidiacre d’Aix-en-Provence et chanoine de Marseille en 1460. À la mort de Nicola de Brancas, il est élu évêque de Marseille le 30 avril 1466 par les chanoines qui suivent les recommandations du roi René en faveur de son protégé. Cette élection est confirmée par les bulles du pape Paul II du 20 juin 1466.
Pour le récompenser des services rendus, le roi René lui donne la riche baronnie d’Aubagne en échange des châteaux d’Alleins, Valbonnette et Saint-Cannat. Cet échange, fort avantageux pour l’église, est passé à Aix-en-Provence le 20 février 1474 dans le couvent des Carmes en présence notamment du grand sénéchal Jean Cossa. Cette baronnie est composée d’Aubagne, Cassis, Roquefort, Saint-Marcel, Cuges et Le Castellet. Cet échange entraîne deux procès :
Le premier est intenté par les chanoines de la Major qui soutiennent que l’évêque devenu seigneur de la baronnie d’Aubagne doit recevoir l’investiture du Chapitre, lui faire hommage et payer un cens annuel. Le procès est porté devant l’archevêque métropolitain d’Arles, Philippe de Lévis. Le roi René et Jean Aladeau saisissent le pape Sixte IV qui approuve l’échange et dispense l’évêque de prêter hommage au Chapitre car « il n’était point convenable que le chef d’une église restât sous la dépendance de ses inférieurs ».
Le second procès est entrepris après la mort du roi René par René de Castillon qui estime que l’indemnité de trois mille écus versée à son père ne représente pas la valeur réelle de ses droits sur la baronnie.
Jean Alardeau et René de Castillon finissent, après un procès qui dure près de dix ans, par adopter un compromis. René de Castillon reçoit la seigneurie du Castellet qui est détachée de celle d’Aubagne et renonce à tous ses droits sur cette dernière. Ce compromis est adopté par Ogier d'Anglure, abbé de Saint-Victor, délégué par le pape Alexandre VI.
En 1480 il est envoyé par le roi René comme ambassadeur auprès de Louis XIet, à ce titre, suit de près les évènements qui aboutissent au rattachement de la Provence à la France. Après la mort du roi René et le règne éphémère de son neveu Charles III de Provence, il passe au service de Louis XI qui le fait gouverneur de Paris et de l’Île de France.