EPILOGUE 3
La France est victorieuse mais meurtrie avec 1315000 soldats français décomptés morts soit 27 % de 18-27 ans. Le Deuxième Reich a 2 millions de soldats morts, et l’empire Austro-Hongrois 1.1 million sans compter tous les blessés de guerre et les pertes civiles.
Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité de paix est signé le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles pour marquer la revanche de la France sur l’humiliation de 1871 et est promulgué le 10 janvier 1920. Il détermine les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne et de ses alliés.
Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se voit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques. (Ces indemnités restent cependant inférieures, par rapport à la richesse nationale, à ce que la France avait dû payer aux Alliés en 1815).
L’Alsace Lorraine retourne à la France. Son retour dans le giron de la France ne se fait pas sans douleur ni maladresse de la part de l'administration française. Une des premières mesures consiste à diviser la population en quatre selon son origine : ceux qui sans l’annexion de 1871 auraient été français reçurent une carte A marquée de tricolore, ceux dont un parent était allemand, ou encore les Allemands conjoints d’Alsaciens-Lorrains, furent munis d’une carte B, les étrangers eurent droit à une carte C et les Allemands enfin reçurent la carte D. Ce tri était uniquement fondé sur les origines, et non sur le sentiment de l'individu ou son patriotisme, qui pouvait être indépendant de ses origines. Dès l'armistice, l'Alsace-Lorraine vit s'installer «les revenants», des fils d'Alsaciens ou de Lorrains qui, en 1871, avaient opté pour la France. Leurs parents leur avaient transmis de la Heimat (patrie, terre natale) perdue une idée mythique qui ne correspondait pas à la réalité. Revenus en force au pays, ils ne prétendaient pas moins en être les plus purs représentants, considérant parfois comme des traîtres ceux qui avaient préféré rester. Dès l'entrée des troupes françaises, le pillage des magasins allemands commença, sous le regard des nouvelles autorités. Enfin, un certain nombre d'Allemands sont expulsés brutalement, contraints à passer le pont du Rhin à pied avec les seuls bagages qu'ils peuvent porter personnellement, tandis qu'un « comité d'adieu », composé de voyous, les moleste au passage.
Du jour au lendemain, on demanda aux maîtres de faire cours en français; ceux qui en étaient incapables se voyaient chassés de leur chaire ou envoyés en stage « à l'Intérieur ». Pour remplacer le personnel révoqué, on fit appel à des enseignants « de l'Intérieur », qui souvent ne connaissaient ni la Lorraine, ni les Lorrains, ni l'alsacien, ni l'Alsace.
Par ailleurs le traité de Versailles prévoie une présence militaire des Français, des Britanniques, des Américains et des Belges sur la rive gauche du Rhin et une partie de la rive droite à partir de janvier 1920 et pour une période de 5 à 15 ans suivant les territoires.
Les Français héritent à la fois de la plus grande des zones d’occupation qui s’agrandit encore avec le retrait rapide des États-Unis ainsi que de la direction de la Haute commission interalliée aux territoires rhénans (HCITR), de la présidence de la Commission de gouvernement de la Sarre mandatée par la SDN, ainsi que celle de Memel et de la Haute-Silésie.
Le traité de Saint-Germain-en-Laye, signé le 10 septembre 1919 au château de Saint-Germain-en-Laye, établit la paix entre les alliés et l'Autriche, et consacre l'effondrement de la monarchie austro-hongroise : l'ancien Empire des Habsbourg est démantelé ; il est interdit aux Habsbourg de résider en Autriche et aux allemands d’Autriche, de s’unir à la République de Weimar. Les effectifs des forces occupantes dans l'armée française du Rhin créée en octobre 1919 atteignent le nombre de 100 000 hommes dans les territoires rhénans dans les périodes les plus calmes. Le maximum de militaires est atteint en mai 1921 lors de la première occupation de la Ruhr (de Duisburg sur le Rhin à Dortmund à l'est et de la Lippe au nord jusqu'à Düsseldorf au sud) avec 250 000 soldats dont 210 000 Français.