L’intervention de la France et du Royaume en Libye a clairement démontré que ces deux pays n’étaient pas capables de conduire des opérations militaires impliquant, en plus d’eux, d’autres membres de l’Union Européenne. Très rapidement, ces deux Etats ont du confier la conduite des opérations à l’Otan ; or, dès que les Etats Unis ont décidé de limiter leur engagement, très vite il est apparu que la France et le Royaume Uni éprouvaient de réelles difficultés et que ces deux Etats ne seraient pas en mesure de pallier un retrait total des USA.
Or il est évident que les USA, après leurs retraits d’Irak et d’Afghanistan, s’impliqueront de moins en moins au travers de l’Otan dans des opérations militaires en Europe ou sur les marches frontières de celle-ci en Afrique du Nord et au Proche-Orient, sauf pour la défense d’Israël. Il appartiendra de plus en plus à l’Union Européenne seule et pas à l’ONU ni à l’Otan, d’intervenir si besoin sur tout le pourtour du Bassin Méditerranéen. Il serait en effet raisonnable de prévoir par exemple qu’en cas de nouvelle nécessité d’intervenir dans un Liban à nouveau déstabilisé, dans le cadre ou non d’un mandat élargi de l’ONU, c’est l’Union Européenne en tant que telle qui devra le faire. Mis à part pour sa défense anti-missile, et encore, l’Europe risque de plus en plus de se retrouver seule dans la mesure ou les USA commencent à s’inquiéter du développement de la puissance militaire chinoise et vont devoir réorienter la majeure partie de leur défense face à ce pays.
Contrairement aux espoirs que semble fonder la France dans une coopération renforcée avec le Royaume Uni en matière de défense, celui-ci ne conçoit nullement cette collaboration comme une avancée en direction de la mise en place d’une défense européenne mais simplement, depuis le retour de la France dans l’Otan, comme développement d’un pilier européen de l’Otan sous commandement franco-britannique.
Preuve en est que ce lundi, le Royaume Uni a refusé catégoriquement le projet français de création d’un QG permanent à Bruxelles des forces mises à disposition de l’Union Européenne par ses membres présenté par la Haute Représentante Catherine Ashton alors qu’actuellement le système de commandement des opérations de l’Union Européenne repose sur cinq QG nationaux situés en Allemagne, en France, en Grèce, en Italie et au Royaume Uni
Là encore l’Union Européenne est en situation de blocage dans le développement de sa politique de Sécurité et de Défense. Elle doit tirer la leçon de ce refus britannique et constater qu’il n’y a plus grand-chose à attendre de l’Otan sauf évidemment le cas improbable actuellement d’une attaque directe contre le territoire de l’un de ses Etats membres et proposer un projet ambitieux, avec ou sans le Royaume Uni, de création d’une véritable force rapide fédérale d’intervention européenne sous commandement direct de l’Union avec un QG permanent à Bruxelles.