Aux Etats qui se montrent toujours réservés pour voter l’admission comme membre à part entière de la Palestine à l’ONU et qui diplomatiquement, pour ne pas dire hypocritement en grande partie pour de basses considérations électorales internes, repoussent cette perspective notamment en soutenant que cela ne changera rien sur le terrain si des négociations ne sont pas reprises, il est simple de faire observer que sur le plan de la morale et de l’égalité, ce ne serait que justice dans la mesure où il n’y a strictement aucune raison pour qu’il existe un Etat Juif depuis longtemps et pas encore un Etat palestinien.
Considérations électorales sur lesquelles on peut d’ailleurs s’interroger dans la mesure ou l’on peut espérer aujourdhui qu’une majorité de citoyens américains ou européens de confession juive puissent comprendre que leurs autres concitoyens américains ou européens estiment désormais qu’il y a un véritable déni de justice à l’égard des Palestiniens et voient disparaitre progressivement la sympathie qu’ils ont encore pour l’Etat d’Israël.
Donc si faute de pouvoir rendre davantage justice dans l’immédiat aux Palestiniens, ceux-c i se contentent d’une telle satisfaction morale, aucun argument valable ne peut leur être opposé.
Sans intérêt dès lors est la question de savoir si Israël soutient qu’une telle reconnaissance n’apportera rien aux Palestiniens et estime que la reprise des négociations et un accord doit être préalable à cette reconnaissance tandis qu’il continue d’implanter ses colonies illégales dans les territoires occupées sans que les Etats Unis ne parviennent à en imposer le gel alors que celui-ci est considéré par les Palestiniens comme un préalable à la reprise des discussions.
Ce vote à l’ONU a au moins l’avantage de contraindre les membres de l’Union Européenne à rechercher enfin une position commune et on voit mal par quelles contorsions diplomatico-juridiques les trois pays membres du Conseil de Sécurité et alliés que sont la France, le Royaume Uni et les Etats Unis pourront tenter de justifier un droit de veto sauf pour la France et le Royaume Uni a reperdre le petit capital de sympathie fragile qu’ils viennent de regagner dans le monde arabe avec la guerre menée en Libye (Il convient à ce sujet de bien avoir à l’esprit que le « Printemps arabe » n’a pas fait naitre que des idées démocratiques mais également renaitre le sentiment d’injustice à l’égard des Palestiniens).
Comme d’emblée les Etats Unis ont annoncé qu’ils opposeront leur veto, ils s’exposent sans profit aucun, à une confrontation qui ne fera que leur faire perdre le peu de capital de sympathie dont ils disposent encore dans le monde arabe et pourront difficilement dans le futur « paternaliser » de nouvelles négociations comme celles menées sans grands succès depuis des décennies.
Si les Etats Unis veulent prendre le risque d’un tel veto, il n’appartient à aucun membre de l’Union Européenne, sous prétexte de jouer les « bons offices » de leur permettre de fuir leur responsabilité historique en ménageant un « plan B » de nature à faire patienter encore les Palestiniens au moins jusqu’au-delà des élections qui se profilent aux Etats Unis ou en Europe car ce faisant ces Etats seront responsables une nouvelle fois de l’absence d’unanimité des Etats membres de l’Union Européenne qui dans peu de domaine s’avère capable de parler d’une seule voix.
Il importe qu’au Conseil de Sécurité de l’ ONU les Etats membres qui sont également membres de l’Union Européenne adoptent une position commune et si possible, si le Représentant de l’Autorité Palestinienne maintient sa demande d’adhésion pleine et entière, de voter pour
Ensuite le rôle d’organisateur des négociations devra revenir normalement à l’Europe c'est-à-dire à la Russie, à la Turquie et à l’Union Européenne dont Israël et la Palestine se trouvent dans la zone d’influence géo-politique dans laquelle manifestement les Etats Unis ont de moins en moins l‘envie et surtout les moyens d’intervenir.
Et le fait pour Israël de voir s’étioler l’influence de leur grand allié inconditionnel les Etats Unis et augmenter celle de l’Union Européenne, plus neutre et dont la diaspora juive semble plus compréhensive à l’égard des Palestiniens, ainsi que celle de la Russie et surtout de la Turquie amènera obligatoirement l’opinion publique d’Israël à évoluer favorablement.
Au-delà de la question de la reconnaissance d’un Etat, celle de ses frontières doit l’être également ; or le statut quo s’éternisant, l’Etat d’Israël grignote progressivement depuis plus de soixante ans ce qui devrait être le territoire de l’Etat Palestinien qui, si les choses durent encore longtemps, ne conservera bientôt plus que des colonies arabes éparpillées dans le territoire d’un Grand Israël.
Or contrairement à ce que prétend le porte-parole de l’Etat d’Israël qui feint de ne voir aucun intérêt à la démarche des Palestiniens, la reconnaissance comme membre à part entière ou même comme Etat-non membre avec le statut d’observateur comme l’a eu la Suisse avant son admission comme membre à part entière , présente au-delà de la simple symbolique, l’intérêt de poser la question de ses frontières, celle désormais de 1967, et celle de sa capitale Jérusalem. Et à cette occasion celui du statut de la vieille ville de Jérusalem qui est le patrimoine commun des chrétiens, des juifs et des musulmans .