Fiers de la bonne gestion des finances de leur Confédération et de leurs cantons (mais pas de leurs grandes banques) les Suisses se mettent très majoritairement à rejeter l’Union Européenne dont la majorité des Etats se trouvent aujourd’hui surendettés.
Plutôt que d’espérer un jour faire de l’Union Européenne un Etat Fédéral sur le modèle du leur depuis 1848 et y jouer un rôle majeur, les Suisses, persuadés qu’ils échappent actuellement à la crise mondiale grâce à leurs vertus dont ce modèle serait l’incarnation , sont de plus en plus tentés par un repli sur eux-mêmes, repli qui pourrait fort bien plus vite que certains d’entre eux le croient, s’avérer suicidaire.
En effet contrairement à ce qu’ils souhaiteraient pour régler le problème de leur franc largement surévalué dont ils tirent une fierté qui risque fort de les égarer, l’Allemagne n’abandonnera pas l’euro pour la bonne et simple raison que désormais les choses sont allées trop loin et qu’un tel abandon serait aussi catastrophique pour elle que pour le monde entier mais pas davantage l’Irlande, la Grèce, le Portugal, Chypre, ou l’Espagne et l’Italie ne l’abandonneront. En revanche l’Allemagne imposera ses règles.
Que cela soit bon ou mauvais, non seulement les 17 Etats membres de la zone euro sont condamnés à la solidarité mais ni les USA, ni le Japon ni les puissances émergentes que sont la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie ou l’Afrique du Sud ou les Pays de la péninsule arabique ne souhaitent, à la différence de la Suisse, que la Zone euro éclate .
La solution au problème du franc suisse surévalué ne viendra pas de l’euro qui se réévaluerait s’il ne restait, comme certains d’entre eux le souhaitent, que la monnaie de l’Allemagne, de l’Autriche, des Pays Bas et de la Finlande.
Qu’une solution durable soit ou ne soit pas trouvée prochainement à la crise de surendettement qui touche une bonne partie des Etats membres de la zone euro, la Banque Centrale Européenne devra veiller comme la Banque Nationale Suisse pour le franc suisse à ce que l’euro ne se réévalue pas par rapport à son niveau actuel afin d’aider précisément ces Etats à pouvoir obtenir une croissance minimum leur permettant de respecter les plans d’apurement de leurs dettes . Or actuellement l’euro continue de se réévaluer par rapport au dollar alors qu’il est tout à fait souhaitable qu’il suive cette monnaie dans sa chute.
Dans ces conditions la Banque Nationale Suisse se retrouve bien seule et dans une situation inédite car non comparable à celles qu’elle a connues aux cours des crises qui se sont produites entre le 15 aout 1971 et l’introduction de l’euro.
Malheureusement pour elle, sa monnaie n’est plus avec le Yen, que la seule monnaie de refuge avec l’or.
Or comme déjà indiqué dans un précédent article, ils ne semblent pas que beaucoup de personnes aient encore pris conscience de l’importance des masses monétaires en dollars et en euros qui pourraient étre vendues par rapport à la faible masse monétaire des francs suisses en circulation à acheter.
Si des parts croissantes de ces masses monétaires en dollars et en euros se reportent sur le franc suisse, ce que l’on peut raisonnablement craindre, toutes les politiques que pourra mener la Banque Nationale Suisse pour tenter d’enrayer la hausse du franc risquent fort de s’avérer inopérantes.
Si tel est le cas, la situation relativement confortable de la Suisse risque de se retourner brutalement et elle risque de s’enfoncer brutalement dans la récession.La dépendance économique de celle-ci à l'égard de l'extérieur est telle que sa souveraineté en matière monétaire est devenue limitée notamment pour la fixation du taux de change de sa monnaie avec le dollar et l'euro.
Dans un tel scénario catastrophe, les dirigeants suisses pourraient bien plus rapidement qu’ils ne le croient, regretter amèrement d’avoir tourné le dos à l’Union Européenne car alors leur salut ne viendra que d’une coopération renforcée de la Banque Nationale Suisse avec la Banque Centrale Européenne et d’une diminution considérable de sa souveraineté qu’elle croit pouvoir préserver par sa politique actuelle.
Contrairement à l’opinion largement partagée par la très grande majorité des Suisse, l’Union Européenne pourrait apparaitre alors comme un moindre mal.
Mais un tel revirement des hommes politiques suisses sera dur à avaler par les citoyens suisses qu’ils ne préparent nullement à une telle alternative.
La Suisse serait alors dans la plus mauvaise position pour négocier avec l’Union Européenne un tel accord de coopération entre la BCE et la BNS.