Si l’on parle beaucoup aujourdhui et un peu tard des dettes excessives contractées par les Etats, on ne parle pas assez de celles toutes aussi excessives contractées par leurs régions ou par leurs collectivités locales.
Or en proportion de leur budget par rapport à celui de l’Etat auquel elles appartiennent, l’endettement des régions par exemple est souvent plus élevé. Tel est le cas par exemple en Espagne, en France ou au Portugal. S’agissant de la France dont la dette tourne entre 1600 et 1700 milliards, celle de ses régions s’établit entre 160 et 170 milliards pour autant que l’on puisse la calculer précisément.
En effet alors que l’essentiel voire la totalité de la dette souveraine a été empruntée par les Etats dans leur monnaie l’Euro, certaines collectivités régionales ou locales se sont crues plus malines en empruntant en devise notamment en franc suisse obtenant sur cette monnaie un taux à payer inférieur à celui de leur Etat sur ses emprunts en euro en pensant peut-être que le cours du change entre l’euro et le franc suisse allait rester stable.
Ces collectivités régionales et locales ont des dirigeants manifestement incompétents sur le plan économique dans la mesure ou rien, bien au contraire, ne pouvait leur permettre de penser que le franc suisse par exemple, ne reprendrait pas son ascension à l’égard des autres monnaies à la première alerte comme il le fait depuis la deuxième guerre mondiale et que ce risque se trouvait amplifié depuis le passage à l’euro par la raréfaction du nombre de monnaies sur lesquelles les vendeurs éventuels d’euros pouvaient se reporter.
Surtout en cas de baisse simultanée subie ou voulue du cours du change entre le dollar et l’euro, ils auraient dû tenir compte du fait que ne restent plus depuis 2001 que guère trois monnaies circulant en quantité significative : le Yen, la Livre et le Franc suisse.
Si, sans être un grand économiste, on pouvait raisonnablement penser que des vendeurs de dollars et d’euros n’auraient guère d’intérêt à acheter du Yen et de la Livre, inévitablement alors ils devraient acheter du Franc suisse qui , avec l’or, finirait par apparaitre comme les deux seules « monnaies » refuge (même si stupidement on a démonétisé l’or).
Malheureusement la quantité de franc suisse émise par rapport à celle des dollars ou des euros étant dans une proportion de près de 1 pour 1000, les dirigeants de ces collectivités régionales et locales ne pouvaient pas raisonnablement exclure, en cas de crise possible et plus prévisible qu’ils ne l’admettent aujourdhui, qu’ils faisaient ainsi encourir un grand risque de change aux finances régionales ou locales pour un gain de taux assez faible.
Or certains, « surfant » sur la vague actuelle de mécontentement général et souvent légitime à l’égard des banques, voudraient dégager purement et simplement leur responsabilité en invoquant la complexité, souvent réelle s’agissant de certaines clauses des prêts souscrits mais qui ne permet pas pour autant lorsqu’on décide d’emprunter dans une monnaie étrangère ou avec une indexation sur une telle monnaie d’invoquer devant la Justice le fait que la banque ne leur avait pas fait prendre conscience d’un risque évident et serait seule responsable pour non-respect par ladite banque de son obligation de renseignement et de conseil.
On peut douter que la Justice leur donne raison sur cette question de savoir s’ils ne doivent pas assumer l’entière responsabilité de leur choix d’avoir pris le risque de souscrire des emprunts en monnaie étrangère ou indexés sur de telles monnaies.
Sauf à admettre que nos dirigeants acceptent de signer, après avoir « lu et approuvé », des contrats dont ils se déclarent aujourdhui incapables de comprendre les clauses .
Inquiétant, non ?
Et si la Justice venait par extraordinaire à leur donner raison, les banques intermédiaires en question se retrouveraient en difficulté, devraient à nouveau être recapitalisées par l’Etat, c'est-à-dire par l’ensemble des contribuables, reportant le risque pris par ces dirigeants de collectivités régionales ou locales sur la collectivité nationale, sans aucune sanction pour leur incompétence économique avérée.
Et alors que leur Etat, dirigé par des hommes politiques pas plus raisonnables depuis des décennies, a déjà bien de la peine à amortir sa dette voire même à en payer les intérêts.