.HENRI VI / HEINRICH VI (1165-1197), empereur / kaiser de 1190 à 1197
Fils ainé de Frédéric Ier et de Béatrice de Bourgogne, proclamé roi des Romains dès 1169, couronné roi d’Italie en 1186, année où il épouse Constance de Sicile, héritière du Royaume de Sicile, élu empereur à la mort de son père en 1190, couronné empereur en 1191 et couronné roi de Sicile en 1194.
Il est alors le plus grand souverain du monde connu.
Il conclut la paix de Fulda avec Henri le Lion pour avoir les mains libres en Sicile, où Tancrède de Lecce, neveu de son épouse Constance, conteste ses droits au trône. En janvier 1191, il se rend en Italie où le 14 avril, le pape Célestin III le couronne empereur. Après quoi Henri part assiéger Naples, mais il tombe malade et l'opération est sans succès ; en outre, les habitants de Salerne capturent et livrent sa femme Constance à son rival Tancrède. En décembre, Henri repart en Allemagne où son épouse vient le rejoindre après s'être échappée des mains de son neveu.
Pendant ce temps-là, Henri le Lion a rompu la paix de Fulda et a attaqué les ducs de Saxe et de Holstein, et de nombreux princes allemands se révoltent contre l'empereur, dans le cadre de la lutte entre Guelfes et Gibelins.
En mai 1194, Henri VI retourne en Italie ; Tancrède de Lecce vient de décéder, et son armée ne rencontre guère de résistance. Le 25 décembre 1194, il est couronné roi de Sicile. Quelques jours plus tard, il fait crever les yeux au fils de Tancrède, Guillaume ; en même temps les nobles et les évêques qui avaient assisté au couronnement de Tancrède sont brûlés vifs dans un champ près de Palerme.
Puis Henri VI annonce qu'il souhaite comme son père prendre la tête d'une croisade mais avant Il veut faire élire son fils Frédéric-Roger roi des Romains, afin que sa succession soit assurée ; mais la diète de décembre 1195 refuse, de nombreux nobles espérant préserver leurs droits à la couronne. Il finit par obtenir gain de cause un an plus tard, mais au moment où il se prépare à partir en croisade, une révolte éclata en Sicile, peut-être fomentée par sa femme et le pape.
Les révoltés sont matés, mais Henri VI meurt avant de pouvoir embarquer vers la Terre sainte.
MAISON DE BRUNSWICK
.OTHON IV WELF / OTTO IV WELF (1176-1218), empereur / kaiser de 1198 à 1218
A la mort d’Henri VI, son frère Philippe de Souabe se porte candidat à sa succession et est élu roi des romains à la diète d’Arnstadt le 6 mars 1198 avec l’appui des évêques de Saxe et de Bavière et de nombreux évêques.
Cette élection est contestée par le parti guelfe constitué de l’archevêque de Cologne et de plusieurs princes Rhénans qui choisissent eux comme roi, avec l’appui du nouveau pape Innocent III, Othon de Brunswick, troisième fils d’Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, neveu par sa mère Mathilde Plantagenêt des rois d’Angleterre, élevé à la Cour d’Angleterre auprès de ses oncles Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, seigneur français par de nombreux fiefs qu’il possède en France et qui revendique l’Aquitaine sans vouloir cependant se reconnaitre vassal à ce titre du roi de France Philippe Auguste avec lequel pour cette raison il est en conflit.
Cette élection constitue un événement décisif dans le processus d’élection de l’empereur car apparait la pratique selon laquelle un groupe restreint de Grands seigneurs ont le privilège d’élire l’empereur alors que depuis Othon le Grand, l’assemblée de seigneurs pouvaient compter jusqu’à une centaine d’électeurs.
Othon IV est couronné à Aix la chapelle le 12 juillet 1198 par l’évêque de Cologne tandis que Philippe l’est le 8 septembre à Mayence par un évêque du Royaume de Bourgogne-Provence.
Tous les deux notifient au pape leur élection ; Innocent III en profite pour affirmer sa thèse que l’empire est un fief de l’église, que l’empereur est un vassal du pape et qu’il appartient à celui-ci de désigner l’empereur et pas simplement de le sacrer à Rome. Il attend donc longtemps pour faire connaitre son choix et ce n’est que le 1er mars 1201 qu’il fait connaitre son choix tout en rappelant à Othon les promesses qu’il a faites lorsqu’il a sollicité son appui à savoir la restitution à l’église de l’héritage de la comtesse Mathilde, de l’exarchat de Ravenne, du duché de Spolète et de tous les biens concédés à la papauté depuis Louis le Pieux.
Othon réitère celles-ci. Othon peut compter sur l’appui du roi d’Angleterre tandis que Philippe a le soutien du roi de France ; le duc Ottokar de Bohème n’accorde son appui à Philippe qu’en contrepartie de sa reconnaissance du titre de roi. Le roi de Danemark n’accorde son appui à Othon que pour pouvoir occuper le Holstein et la ville de Lubeck. C’est l’anarchie.
En 1204 a lieu la prise de Constantinople par les croisés et la création d’un empire latin d’Orient se substituant momentanément à l’empire romain d’Orient, à la tête duquel vont se retrouver un certain nombre de nobles tant des Royaumes de France que de l’empire.
L’anarchie dans l’empire prend fin le 21 juin 1208 quand Philippe est assassiné dans le palais épiscopal de Bamberg par le comte palatin de Bavière Otton de Wittelsbach du parti guelfe. Othon est enfin couronné à Rome par Innocent III que le 4 octobre 1209. Le parti guelfe et de la papauté remporte la victoire sur le parti gibelin des Hohenstaufen.
Cette même année 1209, Othon formé dans sa jeunesse à la cour d'Angleterre et qui aime à s'entourer d'Anglais et de Saxons nomme Gilbert de Tibury, maréchal de la cour impériale pour le royaume d'Arles,
Toujours cette même année 1209, l’hérésie cathare ayant pris des proportions importantes dans le Languedoc, le pape Innocent III décide alors d'organiser une expédition contre les Cathares, et accorde aux combattants les mêmes indulgences et faveurs qu'à ceux qui combattaient en Terre sainte. Le pape demande d'abord au roi Philippe Auguste de prendre la tête de cette expédition, mais ce dernier s'y refuse.
Ceci s'explique par plusieurs raisons. La première est d'ordre juridique : si le roi estime que le pape peut réformer et assainir le clergé local, la décision de confisquer les fiefs à un seigneur n'appartient qu'à son suzerain, en l'occurrence le roi. La seconde raison est d'ordre pratique : il est encore en guerre contre Jean sans Terre, roi d'Angleterre et ne veut pas ouvrir un autre front. Il commence d'ailleurs par interdire aux barons de son royaume de prendre part à cette croisade, avant de changer d'avis et de donner cette autorisation.
Eudes III, duc de Bourgogne, annonce son engagement, suivi d'Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, et de Gaucher III de Châtillon, comte de Saint-Pol. De nombreux barons de moindre importance se rallient également à la nouvelle croisade. Comme le comte de Nevers refuse de voir son rival de Bourgogne diriger la croisade, le pape désigne le légat Arnaud Amaury comme chef de la Croisade.
Les croisés se réunissent à proximité de Lyon et se dirigent vers le sud, sous la direction du légat Arnaud Amaury. Trois grands féodaux dominent alors le Languedoc : le roi Pierre II d'Aragon, également comte de Barcelone, de Gévaudan, de Roussillon, seigneur de Montpellier et le suzerain de plusieurs autres seigneurs, Raymond VI, comte de Toulouse et Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, de Carcassonne et d'Albi. Pour écarter la menace de ses états et n'ayant pas réussi à s'entendre avec Trencavel pour une défense commune, Raymond VI de Toulouse fait amende honorable le 18 juin 1209 à Saint-Gilles et rejoint la croisade.
Dans l’empire, si la lutte entre la maison de Souabe et Otton de Brunswick trouble les Royaumes de Germanie et d’Italie, elle laisse assez indifférent la noblesse du royaume de Bourgogne-Provence plus concernée par la Croisade lancée les Albigeois. Ainsi bien qu’assez peu religieux, Adémar de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois se croise en 1209.
Après les refus du duc de Bourgogne, du comte de Nevers et du comte de Saint-Pol, le légat du pape Arnaud Amaury préside une commission formée de deux évêques et de quatre barons, qui fixe son choix sur Simon de Montfort.
Le 18 novembre 1210, l’empereur Othon IV, en dépit de ses promesses au pape, se met à envahir l’Italie du Sud, le pape riposte en l’excommuniant. Un an plus tard, à l’automne 1211, seule la Sicile proprement dite échappe à Othon. Le pape recherche alors contre lui l’alliance du roi de France et de certains princes allemands lesquels réunis en une diète à Nuremberg en septembre 1211 prononcent la déposition d’Othon et proclament Frédéric II de Hohenstaufen, empereur. Othon se rend compte qu’il a intérêt à rentrer rapidement en Allemagne et abandonne la Sicile. Réfugié dans un château du Harz, Othon qui est mentalement atteint depuis sa défaite de Bouvines enjoint à des moines de le flageller à mort et s’éteint le 19 mai 1218.
Suite :
MAISON DE HOHENSTAUFEN / KÖNIGHAUSES VON HOHENSTAUFEN
.FREDERIC II / FRIEDRICH II (1194-1250), empereur / kaiser de 1211 à 1250