.HENRI II LE SAINT / HEINRICH II (973-1024), empereur / kaiser de 1002 à 1024
Arrière-petit-fils d’Henri Ier l’Oiseleur, fils de Gisèle, sœur du roi de Bourgogne Rodolphe III, duc de Bavière en 995, il succède à Othon III en 1002.
C’est lui qui en 1007 investit l’évêque de Cambrai du comté du Cambrésis qui le rend ainsi prince-évêque d’empire. C'est d’ailleurs sous lui qu'est aboutie l'intégration de l'Église dans le pouvoir de l'Empire commencée par les trois premiers Ottoniens. La Reichkirchensystem est l'une des composantes majeures de l'Empire jusqu'à sa disparition. Henri est très pieux et exige des ecclésiastiques qu'ils lui obéissent et qu'ils mettent en œuvre ses décisions. Henri II parfait le pouvoir temporel sur l'Église d'Empire qu'il dirige. Il ne fait pas que diriger l'Église, il dirige l'Empire à travers elle en nommant des évêques aux postes importants comme celui de chancelier. Les affaires personnelles et religieuses ne sont pas différenciées et sont discutées de la même façon au sein des synodes. Cette démarche ne résulte pas seulement de la volonté de faire contrepoids à l’influence des duchés qui aspirent, conformément à la tradition germano-franque, à une plus grande autonomie. Henri considère l’empire comme la « Maison de Dieu » qu’il doit défendre comme serviteur de Dieu.
Henri s’attache également à remettre sur pied la Francie Orientale s’intéressant moins que ses prédécesseurs aux affaires d’Italie.
L’année 1007, il se fait élire roi des Romains se donnant vocation à être élu empereur. Il est couronné à Rome en février 1014.
A Strasbourg en 1016, il obtient de son oncle le roi Rodolphe III de Bourgogne-Provence, sans héritier, qu’il le prenne pour héritier. Rodolphe III lui renouvelle sa promesse de le prendre comme héritier en 1018 et va même jusqu’à se comporter comme son vassal en lui remettant en libre disposition les fiefs tenus par le comte de Besançon Otte-Guillaume. Mais à la mort de l’empereur Henri II en 1024, Rodolphe est contraint par ses vassaux de révoquer son legs fait huit ans auparavant.
MAISON DES SALIENS DE FRANCONIE / KÖNIGSHAUSES DER SALIER VON FRANKEN
.CONRAD II LE SALIQUE / KONRAD DER ÄLTERE (990-1039), empereur / kaiser de 1024 à 1039
Fils d’Henri de Franconie et d’Adélaïde, fille d’Eberhard IV de Nordgau, comte de Nordgau. Arrière-arrière-petit-fils d’Otton Ier par sa fille Liutgarde,, mère d’Othon de Carinthie, il est le premier des quatre rois et empereurs de la dynastie franconienne issue des Francs saliens.du duc de Franconie. Elu roi de Germanie (Francie Orientale) en 1024.
Cette même année 1024, le roi de Francie Occidentale Robert le Pieux, malgré son envie de défendre les Lombards contre l’empereur, refuse la couronne de Lombardie qu’ils lui proposent. Dès l’année 1025, le roi de Bourgogne-Provence Rodolphe/Rudolf III se voit contraint de renouveler son engagement initial vis-à-vis de l’empereur Conrad/ Konrad II, le mari de sa nièce Giséle de Souabe, fille de sa sœur Gerberge et d’Hermann, duc de Souabe lequel occupe Bâle pour faire pression sur lui.
A la mort du comte Otte-Guillaume en 1026, Conrad dispose déjà de nombreux vassaux dans le comté de Bourgogne.
Conrad II est couronné empereur à Rome en 1027 en présence du roi Knut de Danemark et Rodolphe III, roi de Bourgogne-Provence, d’Odilon de Cluny, de Guillaume de Sainte Bégnine de Dijon, de nombreux évêques et d’une impressionnante délégation de nobles italiens et allemands et l’année suivante il réussit à faire désigner par les Grands de l’empire son fils Henri pour lui succéder.
Cette prétention et le fait qu’il supprime l’autonomie religieuse de Venise qui relève de l’empire romain d’Orient et confie aux Normands la garde de la frontière séparant en Italie du Sud son empire de l’empire romain d’Orient fait échouer son projet de marier son fils Henri avec une princesse byzantine.
Pour combattre la grande féodalité laïque, il s’appuye sur les petits féodaux et la noblesse ecclésiastique.
Le roi de Francie Occidentale Robert le Pieux meurt en 1031 ; son fils Henri Ier lui succède ; il épouse Mathilde la nièce de l’empereur Conrad.
Le 6 septembre 1032, à la mort de Rodolphe III, une lutte s’engage entre l’empereur Conrad II le Salique - désigné héritier du royaume bourguignon par le roi défunt - et l’autre neveu de celui-ci, le comte de Blois et de Troyes Eudes II, l’héritier le plus direct de Rodolphe. C'est le conflit de la Succession de Bourgogne (1032-1034), qui, après deux ans de luttes entre les deux cousins, tourne à l'avantage de l'empereur qui intègre le royaume dans l'Empire.
Conrad considère qu’il règne sur l’empire romain à tel point que sa bulle de 1033 porte en plus de la mention « Aurea Roma » la devise « Roma Caput Mundi Regit Orbis Frena Rotondi » (Rome, la tête du monde tient les rênes du globe).
En 1034, il se fait couronner de la couronne du royaume Bourgogne-Provence à Payerne (dans l’actuel canton de Vaud en Suisse mais qui appartenait alors au comté de Bourgogne) qu’il incorpore à l’empire, et en 1037, il nomme Renaud Ier de Bourgogne, fils de Otte-Guillaume, comte palatin de Bourgogne, titre donné dans l’administration impériale à ceux qui sont chargés d’administrer les terres d’empire et de rendre la justice au nom de l’empereur.
Comme pour le royaume de Francie Orientale (Germanie) avec le Prince-évêque de Mayence et pour celui d’Italie avec le Prince-évêque de Cologne, l’empereur dispose pour ce royaume de Bourgogne-Provence, d’une archi-chancellerie dite des Gaules dirigée par le Prince-évêque de Trèves.
En Lorraine, Conrad rétablit l’unité de la région que la création de la Haute Lorraine et de la Basse-Lorraine avait brisée et en investit la famille de Verdun.
Conrad meurt en 1039.
HENRI III dit le Noir / HEINRICH III (1017-1056), empereur/ kaiser de 1039 à 1056, Duc de Bavière / Herzogtum von Bayern de 1026 à 1042
Fils de Conrad II. Couronné roi des Romains en 1039, il doit attendre Noël 1046 pour être couronné empereur à Rome par le pape Clément II.
Depuis son règne, le Prince-archevêque de Mayence a le privilège de s’exprimer en premier lors de l’élection impériale et celui de Cologne de couronner l’empereur.
Comme ses prédécesseurs, son élection comme empereur n’entraine pas de grandes contestations parmi les grands féodaux et il n’a pas à affirmer militairement son autorité. Par contre, il doit intervenir dans les affaires hongroises.
A la différence de son père, il est animé d’une foi ardente et se fait une haute idée spirituelle de sa mission ; il continue de désigner les évêques et les abbés mais en ayant soin de faire dépendre son choix des qualités morales et religieuses des candidats. C’est sous son règne que le système de l’Eglise d’empire est parachevé : au lieu de donner aux évêques seulement l’investiture par la crosse, il leur confère aussi l’anneau. La subordination du spirituel au temporel est manifeste et il se trouve dans une position de supériorité vis-à-vis du pape.
En 1039 et 1043, c’est lui qui donne à Guigues Ier le Vieux l’investiture du Briançonnais (détaché en 1033 du diocèse de Maurienne par son père Conrad pour être rattaché à l’évêché d’Embrun). C’est lui également qui investit Humbert Ier (fondateur de la maison de Savoie) du comté de Maurienne. C’est lui qui, mari d’Agnès de Poitiers, petite-fille du comte palatin de Bourgogne Otte-Guillaume, élève l’évêque de Besançon au rang de prince d’empire avec 3 ième rang à la diète impériale. Et à la mort de Gozelin, duc de Lorraine en 1044, il investit le fils de celui-ci Godefroy le Barbu de la seule Haute Lorraine provoquant la révolte de celui-ci soutenu par plusieurs seigneurs de Basse-Lorraine. L’année suivante Henri III décide de remettre de l’ordre dans la nomination des papes qui depuis le IX ième siècle sont choisis par la famille des Tusculans, comtes de la petite ville de Tusculum. Il chasse deux pontifes extraordinaires, Benoit IX et Grégoire VI qui se disputent le trône de Saint Pierre et un troisième concurrent Sylvestre III désigné par les Crescentius, famille rivale des Tusculans, et les remplace tous les trois par un allemand Clément II par lequel il se fait sacrer à Rome en 1046.
Clément meurt assassiné l’année suivante ainsi que son successeur Damase II désigné par Henri.
Cette même année 1047, Henri III décide d’investir du duché de Haute Lorraine retiré à Godefroy le Barbu, Adalbert de la maison d’Alsace ; mais un an plus tard Adalbert est assassiné par ordre de Godefroy. Henri décide alors d’investir en 1048 du duché de Haute Lorraine, Gérard d’Alsace, le neveu d’Adalbert (la maison d’Alsace dite des Etichonides a toujours servi loyalement l’empire et possède d’importants fiefs non seulement en Alsace mais également en Haute Lorraine notamment dans la vallée de la Sarre, dans les environs de Trèves, dans la haute vallée de la Meuse et le Saintois).
En Alsace, la famille des futurs Habsburg / Habsbourg, comtes du Sundgau, originaire d’Ottmarsheim mais qui prendra le nom du château édifié en Aargau/Argovie en Suisse, est progressivement éclipsée par les comtes du Nordgau de la maison des Dagsburg-Egisheim/Dabo, maison dont est issu l’évêque de Toul Bruno d’Egisheim-Dagsbourg qu’Henri III désigne comme pape sous le nom de Léon IX au décès de Damase II. Bruno pour se faire accepter, estime ne pas devoir apparaitre comme le candidat désigné par l'Empereur, se rend en pèlerinage à Rome et demande humblement aux romains de ne l'élire que s'il leur convient. Il est intronisé le 1er février 1049.
L’empereur Henri III lutte victorieusement contre la féodalité et renforce considérablement l’autorité impériale. Il impose sa suzeraineté aux slaves de Pologne, de Bohême et aux Hongrois mais en se faisant le régénérateur de l’Eglise, il introduit de la part de celle-ci un germe de contestation de la suprématie impériale.
C’est à la fin de son règne en 1054 que se produit le Grand Schisme d’Occident dont l'origine est géopolitique : les papes, géographiquement éloignés du pouvoir impérial romain de Constantinople se trouve liés, même si très souvent en conflit avec lui à l’empire romain germanique par la donation de l’empereur Constantin Ier, un faux par lequel celui-ci aurait donné au pape Sylvestre Ier la primauté sur les Églises d'Orient et l’imperium (pouvoir impérial) sur l'Occident. Or dans la partie sud de l'Italie, récemment conquise par les Normands sur les Byzantins, le patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire (Keroularios), refuse l'abolition de la liturgie grecque et son remplacement par la liturgie latin. Il affirme l'œcuménicité du patriarcat de Constantinople, alors que l'empereur Constantin IX reste partisan d'une alliance avec Rome.
Le pape Léon IX envoie à Constantinople ses légats Humbert de Moyenmoûtier, Frédéric de Lorraine (plus tard pape sous le nom d'Étienne IX) et Pierre d'Amalfi Humbert et Michel Cérulaire sont tout aussi susceptibles l'un que l'autre. Michel Cérulaire émet des doutes sur la validité du mandat des légats. Humbert soulève le problème du Filioque et le débat tourne à l'échange de propos injurieux. Le 16 juillet 1054, Humbert et les légats déposent sur l'autel de la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople la bulle papale excommuniant Michel. Le 24 juillet, le synode permanent byzantin réplique en anathémisant les légats du pape.
.HENRI IV / HEINRICH IV (1050-1106), empereur / kaiser de 1056 à 1106
Fils du précédent, il devient roi de Germanie à l’âge de 6 ans.
Dès le début de son règne, il apporte son soutien à son vassal Gérard d’Alsace, duc de Lorraine, qui vient à bout de la révolte de Godefroy le Barbu. Au décès de Gérard d’Alsace, son fils Thierry voit son droit d’hériter du duché de Lorraine contesté par le comte de Bar, Louis de Montbéliard, gendre de l’ancien duc de Haute Lorraine Frédéric II ; à la mort de Louis, son fils, Thierry II comte de Bar réclame lui-aussi le duché de Lorraine. L’empereur Henri IV soutient Thierry d’Alsace et Thierry II doit se contenter de son comté de Bar. Tout au long de son règne, Henri IV a le soutien de son fidèle Thierry d’Alsace qui participe à ses côtés à plusieurs campagnes contre les Saxons.
L’archevêque de Vienne (Isère), vassal d’Henri IV au temporel est élu pape sous son règne ; au concile de Latran de 1058, il fait décider que les papes seront élus par les cardinaux et que le célibat des prêtres sera obligatoire dans l’église latine.
Or ayant repris la tradition romaine depuis la conversion de l’empereur Constantin en 315, tradition qui s’est maintenue à Constantinople jusqu’en 1453, les empereurs romains germaniques considèrent eux-aussi qu’ils se situent hiérarchiquement au-dessus des papes ou des patriarches de Constantinople et d’autant plus qu’avec la dislocation de l’empire de Charlemagne et le début des temps féodaux vers 888, les évêques et les abbés sont devenus des seigneurs féodaux, vassaux de suzerains, essentiellement les empereurs ou les ducs qui leur confèrent sur le plan temporel l’investiture de leur fief.
Dans l’empire romain germanique, les empereurs considéraient que l’investiture des évêques de pouvoirs seigneuriaux leur évitait à priori le risque qu’ils avaient avec les ducs et les comtes de voir s’instaurer une transmission héréditaire des fiefs, raison pour laquelle divers évêques et abbés disposaient du rang seigneurial le plus élevé de prince d’empire au côté des ducs et de certains comtes tels les évêques de Cambrai, de Toul, de Metz, de Verdun, de Strasbourg, de Bâle, de Besançon, de Genève, de Lausanne, de Sion, de Lyon, d’Embrun, de Belley, de Moutiers, de Vienne, de Viviers, de Valence, de Gap, d’Arles….et ceux de Cologne, Trèves et Mayence ayant une importance particulière .
Pour cette raison les empereurs estimaient qu’il leur appartenait de décider et non le pape du choix des évêques pour le pouvoir temporel mais aussi par voie de conséquence également pour le pouvoir spirituel.
En 1068, Henri IV épouse Berthe, fille du comte de Maurienne Odon Ier (de la maison de Savoie) mais l’année suivante à la Diète de Worms, il fait part de son intention de la répudier ; la Diète refuse mais l’archevêque de Mayence Sigbert réunit un synode qui lui donne son accord ce qui déplait au pape Alexandre II qui convoque un concile à Francfort lequel fait comprendre à Henri IV que le pape refusera de le couronner. Henri renonce mais poursuit sa vie de débauche et de violence.
Le nouveau pape Grégoire VII prend en 1075 un décret faisant interdiction à l’empereur de désigner les évêques ce qui est inacceptable pour Henri IV qui prononce la déchéance du pape le 24 janvier 1076 mais ce dernier réplique en l’excommuniant et le faisant déposer en février 1076. C’est l’origine de la Querelle dite des Investitures.
Néanmoins certains de ses vassaux lui restent fidèles alors pourtant que l’excommunication prononcée les délie de leur devoir de vassal ; c’est le cas par exemple du duc de Lorraine Thierry mais en revanche pas celui de son beau-père le comte Odon Ier (1069-1078) et d’Adélaide de Suze qui n’acceptent pas qu’Henri veuille divorcer de leur fille. Cependant comme vassaux, Adélaide et son deuxième fils Amédée II accueillent Henri IV à Vevey peu avant Noël 1076 puis dans leur château d’Evian lorsque l’empereur décide d’aller demander pardon au pape à Canossa ce qu’il fait le 25 janvier 1077. Mais quand il rentre en Allemagne, bien que son excommunication soit levée, les princes élisent le 15 mars 1077 comme antiroi le chef de l’opposition Rodolphe de Souabe, son beau-frère, lequel sollicite l’appui du pape Grégoire VII en lui faisant de nombreuses promesses.
Partisans de l’empereur et du pape s’affrontent alors en Souabe (qui comprend alors l’Alsace et toute la partie orientale de la Suisse) ou le parti pontifical est représenté par la famille des Dabo-Engisheim.
A Pâques 1079, Henri IV fait don du duché de Souabe à son homme-lige, Frédéric von Buren, fondateur de la maison de Hohenstaufen, auquel il donne pour épouse sa fille Agnès de Waiblingen laquelle lui apporte en dot le fief de Waiblingen dont par déformation sera tiré celui de Gibelin, nom donné à un partisan de l’empereur par opposition à celui de Guelfe, déformation de celui de Welf, donné au partisan du pape.
En1085, Henri confirme à son neveu le comte de Savoie Humbert II, l’investiture du Bugey, l’investit du marquisat d’Ivrée et lui reconnait la possession du Vieux-Chablais (entre Martigny et Vevey).
Son épouse Berthe meurt en 1088 ; l’année suivante Henri IV parvient à se faire couronner empereur à Rome par l’antipape Clément III. Se trouvant donc en Italie, il subit une cuisante défaite en 1092 sous les murs de Canossa face à la marquise de Toscane Mathilde, épouse en première noce du duc de Lorraine Godefroy le Bossu puis du duc de Bavière Welf Ier ; puis Mathilde et Welf en présence des représentants des cités lombardes font Conrad, fils ainé d’Henri IV, roi d’Italie couronné par l’évêque de Milan. Six ans plus tard, son deuxième fils Henri ayant atteint sa majorité, Henri IV le fait proclamer et couronner roi à Aix la Chapelle après avoir prononcé la déchéance de son ainé Conrad. Conrad meurt en 1095 supprimant ainsi, par sa disparition, une cause de conflit avec son frère Henri lequel attend jusqu’à la nuit du 12 décembre 1104 pour afficher son opposition à son père en désertant son armée et en ralliant ainsi tous ses adversaires y compris le pape qui le relève de son serment de fidélité à son père en échange de la promesse de gouverner l’empire en dévoué serviteur de l’Eglise ; et le 28 mai 1105, Henri V est sacré roi des romains dans la cathédrale de Meersbourg par le légat du pape.
Le 31 décembre 1105, Henri IV se résigne à abdiquer et se réfugie à Liège. Il meurt le 7 aout 1106 sans s’être réconcilié avec l’Eglise.
.HENRI V / HEINRICH V (1086-1125), empereur / kaiser de 1106 à 1125
Fils cadet d’Henri IV.
Henri V doit affronter la révolte du duc de Saxe Lothaire de Supplimbourg à la tête de nombreux princes allemands.
Dès la deuxième année de son règne, Henri V montre qu’il n’entend pas plus que son père, renoncer à l’investiture laïque des évêques et abbés s’opposant ainsi au pape. En octobre 1110, il passe en Italie à la tête d’une puissante armée mais fait semblant de se soumettre au pape Pascal II pour obtenir sur le parvis de Saint Pierre la confirmation par lui de sa dignité impériale mais renonce à la cérémonie du sacre pour ne pas avoir à prêter serment au pape ; puis il ordonne à ses troupes de s’emparer du pape qui signe sous la contrainte un décret autorisant l’empereur à conférer l’investiture des évêques et aux abbés l’investiture par la crosse et l’anneau c'est-à-dire l’investiture spirituelle ; puis il le libère. En réaction Pascal II convoque en 1112 le deuxième concile de Latran qui quatre ans plus tard prononce l’excommunication de l’empereur. Furieux celui-ci lève une armée et repart pour l’Italie, prend Rome d’où le pape a réussi à s’enfuir. Apprenant que les Normands s’arment contre lui alors qu’une révolte a éclaté en Saxe, il repart en Allemagne. Pascal II revient alors à Rome deux ans plus tard et y décède aussitôt. Les cardinaux élisent Gélase II pour lui succéder. Henri repart à nouveau pour Rome et désigne un autre pape qui prend le nom de de Grégoire VIII. Gélase meurt un an après son élection. Les cardinaux nomment alors Guy, l’archevêque de Vienne, fils du duc Guillaume de Bourgogne, qui prend le nom de Calixte II lequel convoque à Reims un grand concile rassemblant plus de deux cents évêques d’Angleterre, de France, d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie qui en octobre 1119 excommunient solennellement Henri V et son antipape Grégoire VIII. Calixte II désigne alors comme légat l’archevêque de Mayence Adalbert opposant de l’empereur lequel en septembre 1112 convoque un concile à Worms. Henri s’y rend, réunit la Diète et en définitive accepte par le Concordat de Worms de rendre à l’Eglise le droit d’investiture par la crosse et par l’anneau et de lui restituer tous les biens confisqués tant par son père Henri IV que par lui-mettant fin à la Querelle des Investitures. Mais l’empire ressort affaibli cette querelle des investitures car les évêques du royaume de Bourgogne ont général pris parti pour le pape contre l’empereur.
Dans ce concordat, l’empereur déclare qu’il garantit la liberté d’élection des évêques et s’engage à concéder à l’élu le pouvoir temporel avec la remise du sceptre, le pape de son côté accepte la présence de l’empereur ou de son délégué aux élections épiscopales pourvu qu’elles se déroulent sans violence et confie à l’évêque métropolitain l’investiture spirituelle par la remise de la crosse et de l’anneau. Ce concordat fixe le principe de la primauté de la nomination des évêques par l’empereur avant leur installation par le pape soit d’une certaine primauté du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel mais affaiblit considérablement l’autorité impériale à l’égard des princes-évêques et indirectement des ducs, marquis et comtes. Enfin Calixte II convoque un troisième concile de Latran réunissant plus de trois cents évêques à l’issu duquel Henri V est relevé de son excommunication.
Henri V meurt en mai 1125 en fils soumis de l’Eglise sans aucun fils pour lui succéder. Avec l’extinction de la dynastie des Francs Saliens, la dénomination de Francie Occidentale et de Francie Orientale, existant depuis le partage de Verdun de 843, disparait progressivement ; on commence à dénommer Germanie le royaume de Francie Orientale alors que le royaume de Francie Occidentale est appelé progressivement Royaume des Francs/Frankreich en allemand alors que paradoxalement se trouve à sa tête non pas une dynastie de Francs Saliens mais depuis 987 avec Hugues Capet, une dynastie de Saxons.
Suite :
MAISON DE SUPPLIMBOURG / HAUS VON SUPPLINBURG
.LOTHAIRE III/ LOTHAR III (1075-1137), empereur / kaiser de 1125 à 1137