.FERDINAND II DE HABSBOURG / FERDINAND II VON HABSBURG (1578 -1637),
roi de Bohême en 1617, de Hongrie en 1618, empereur / kaiser de 1619 à 1637
Fils de l'archiduc Charles Ier de Styrie et de sa nièce Marie-Anne de Bavière, respectivement fils et petite fille de Ferdinand Ier, archiduc d'Autriche, roi de Bohême, roi de Hongrie. Choisi comme successeur par son cousin l'empereur Matthias Ier, il devint roi de Bohême en 1617 (et à ce titre un des sept électeurs de l'Empire) puis roi de Hongrie en 1618.
La totalité de son règne est occupée par la guerre de Trente Ans.
Le 23 mai 1618 au palais de Hradschin à Prague, les Défenseurs de la Foi rencontrent deux émissaires de Ferdinand II, Martinitz et Slawata : ceux-ci sont passés par la fenêtre : la Défenestration de Prague marque le début de la Guerre de Trente Ans. Cette guerre va concerner toutes les parties de l’empire qui deviendront un jour françaises : le duché de Savoie, le comté de Bourgogne (Franche-Comté), l’Alsace et le duché de Lorraine.
Le 20 mars 1619, l’empereur Matthias meurt. Mécontents de leur nouveau roi, les Tchèques déposent Ferdinand II le 19 août et élisent à sa place l’électeur palatin (ardent calviniste) Frédéric V, le 26 août, alors que l’élection impériale se tient à Francfort le 28 août. Un roi protestant à la tête de la Bohême signifie une majorité d’électeurs du Saint-Empire acquis au protestantisme (Brandebourg, Saxe, Palatinat et Bohême contre les trois princes-évêques de Cologne, Mayence et Trèves), ce qui serait un bouleversement considérable.
Les nouvelles de Bohême ne sont pas parvenues à Francfort et Ferdinand II est élu Empereur : s’appuyant sur la Sainte Ligue et sur son cousin Philippe III d'Espagne, Ferdinand II se met en devoir de mater la révolte tchèque et d’éliminer son rival Frédéric V.
La Ligue catholique regroupe l'Espagne, l'électeur protestant Jean-Georges Ier de Saxe, le roi Sigismond III de Pologne et Maximilien Ier de Bavière, les princes-archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves.
Le prince-électeur Jean-Georges Ier de Saxe est dans un premier temps du côté de l’empereur, bien que protestant : il espère des gains territoriaux et, de toute façon, voit d’un mauvais œil l’accroissement de puissance d’un de ses collègues Électeurs car, élu roi de Bohême, l’Électeur Palatin dispose de deux voix sur les sept du collège électoral institué par la Bulle d'Or. Ce prince est par la suite un allié plus que versatile.
Louis XIII souhaite aider l’Empereur. Malgré la rivalité des deux familles, ils ont en commun l’idéal monarchique, le désir de conforter le catholicisme contre les protestants et les Turcs, toujours menaçants à l’est. La France offre sa médiation, concrétisée à Ulm en juillet 1620 par une trêve entre catholiques et luthériens : la Bohême calviniste n’est donc pas concernée, et les armées catholiques peuvent l’attaquer librement :
Les armées impériales sont commandées par Tilly. Après une défaite sans conséquences, il défait l'armée insurgée à la bataille de la Montagne Blanche le 8 novembre 1620. Frédéric V est vaincu, 1 an et 4 jours après le début de son règne et est mis au ban de l’Empire, ses territoires sont confisqués ; il doit s'exiler en Hollande. Il est plus tard déchu de son titre d’Électeur au profit de Maximilien de Bavière qui reçoit en outre une partie du Palatinat. Dès lors, la Bohême devient propriété personnelle des Habsbourg. Le 13 novembre, les États de Bohême reconnaissent de nouveau Ferdinand comme roi. La couronne élective devient héréditaire au profit des Habsbourg et le siège de la Cour est transféré à Vienne.
Ferdinand, pour écraser une fois pour toutes la rébellion, fait décapiter publiquement à Prague, le 21 juin 1621, 27 des principaux chefs insurgés.
De leur côté les troupes espagnoles alliées de celles de l’empire occupent le Palatinat. À la mort de Philippe III en 1621, son fils Philippe IV, qui n’a que seize ans prend pour conseiller le comte-duc d’Olivares, catholique très zélé ; celui-ci est partisan convaincu d’une collaboration étroite avec les Habsbourg d’Autriche.
De nombreux princes protestants estimant que l’empereur a outrepassé ses droits, c’est une cause majeure de la poursuite et de l’extension du conflit. Trois princes, à la tête de troupes de mercenaires, restent en armes : le comte Ernst von Mansfeld, le plus redoutable, retourne vers les rives du Rhin avec 20 000 hommes ; les deux autres, Christian de Brunswick et Georg Friedrich de Bade-Durlach ont chacun 15 000 hommes. Ces troupes d’aventuriers sont autant, sinon plus, motivées par l’appât du gain et les perspectives de pillage que par leur conviction religieuse.
Le général des armées impériales Tilly se porte vers les régions rhénanes pendant les années 1621-1622, et les affronte ensemble ou tour à tour au cours de plusieurs batailles d’abord sans résultat définitif.. Puis lors de la bataille décisive de Stadtlohn le 6 août 1623, il met en déroute complète l’armée de Christian de Brunswick : les forces catholiques contrôlent le sud et l’ouest de l’Allemagne.
En 1625, Christian IV de Danemark se décide à intervenir dans le conflit. Ce monarque luthérien, également duc de Holstein et comme tel, vassal de l’empereur veut à la fois défendre le luthéranisme et, si possible, étendre ses possessions en Allemagne du Nord. La France, sollicitée, mais en proie à des difficultés intérieures se limite à accorder une aide financière. Les troupes danoises sont commandées par Ernst von Mansfeld. Elles trouvent sur leur route, non seulement les armées de la Sainte Ligue dirigées par Tilly, mais aussi une armée impériale nouvellement levée et placée sous le commandement d’Albrecht von Wallenstein. Les Danois et leurs alliés sont défaits tour à tour par Wallenstein le 25 avril 1626 à Dessau (pour les Allemands et par Tilly le 27 août à Lutter pour les Danois). Wallenstein livre bataille et vainc Gabriel Bethlen à Neuhäusel en Hongrie. Puis les armées catholiques, à nouveau réunies, traversent le Holstein, pénètrent au Jutland : pour sauver son royaume, Christian IV est contraint de signer la paix de Lübeck le 12 mai 1629, par laquelle le Danemark s’engage à ne plus intervenir dans les affaires de l’Empire.
Les forces catholiques dominent l’Allemagne du nord, malgré l’échec de Wallenstein devant la ville hanséatique de Stralsund (les princes catholiques, inquiets de la domination de Wallenstein, s’opposent à ce que Tilly le rejoigne. Wallenstein s’est lui-même toujours abstenu de trop aider Tilly lorsqu’il en a eu la possibilité : alors que ce dernier est toujours motivé par sa fidélité à ses convictions et à son camp, Wallenstein est principalement mû par l’ambition personnelle.
Débarrassé du danger danois, l’empereur peut envoyer ses troupes en Italie du nord pour appuyer les Espagnols qui combattent les troupes françaises envoyées par Richelieu dans la guerre de Succession de Mantoue et du Montferrat.
En effet l'empereur Ferdinand II est marié avec Éléonore de Mantoue, sœur des trois derniers ducs de Mantoue, et donc beau-frère de Vincent II décédé en 1627, et tente de récupérer le duché de Mantoue comme terre d'Empire au titre d'un bien en déshérence, dans le but de l'attribuer à une branche cadette, celle des Gonzague de Guastalla.
Les prétentions de Charles de Nevers sont appuyées par la France ; Ferdinand a le soutien du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier qui espère rattacher le Montferrat à son duché. En 1628, Charles-Emmanuel conquiert le Montferrat avec l'aide de troupes espagnoles, bloquant ainsi Charles de Mantoue dans la ville de Casale Monferrato.
Louis XIII et Richelieu décident alors de passer à l’offensive ; l’armée du roi de France force le pas de Suse, en Piémont, le 6 mars 1629. Mais les événements d'Allemagne, et l'intervention suédoise dans la guerre de Trente Ans, force l’empereur Ferdinand à détourner son attention vers le principal théâtre d'opérations.
Au sud en Italie, le 18 mars 1630, la ville de Casale Montferrato est prise par les troupes du roi de Louis XIII puis la place forte de Pignerol le 30 mars. En avril, le duc de Savoie Charles-Emmanuel est contraint de signer une trêve.
Mais le 18 juillet 1630, l'empereur Ferdinand parvient à prendre Mantoue.
Le Pape Urbain VIII, s'étant offert comme médiateur, dépêche son chargé de pouvoir, un certain Jules Mazarin, gentilhomme de son état, pour négocier la paix entre les deux partis. Le 26 octobre, alors que les troupes de maréchal de La Force s'apprête à prendre d'assaut la forteresse de Casale Monteferrato, Mazarin s'interpose et fait cesser les combats.
Le 6 avril 1631 le traité de Cherasco signé par les plénipotentiaires de l'empereur Ferdinand II, du roi Louis XIII et du duc Victor-Amédée Ier de Savoie met fin à la guerre. Un autre accord du 19 juin 1631 confirme le premier :
- Le duc de Savoie renonce à ses droits sur le duché de Montferrat et en compensation en reçoit près de la moitié d'une valeur de 15.000 Écus ;
- Le duc de Nevers, Charles Ier de Mantoue est indemnisé de la perte de ses territoires par un versement du duc de Savoie fait en une fois et équivalant aux recettes totales annuelles de ces territoires ;
- Le duc de Nevers reçoit les territoires qui lui restent à titre de fief de l'empereur et de l'Empire ;
- Ferdinand II Gonzague renonce à ses droits sur le duché de Mantoue et recevait en compensation Reggiolo et Luzzara.
Au nord la guerre se poursuit ; en effet Gustave Adolphe, roi de Suède, se décide à intervenir et bat l'armée de la Ligue catholique, sous le commandement de Tilly, à la bataille de Breitenfeld, le 7 septembre 1631.
Dès le 29 septembre 1631, le duc de Lorraine Charles IV quitte Sarrebourg pour l’Alsace dont l’empereur Ferdinand II lui a confié la garde ; il installe des garnisons dans Saverne et Haguenau puis après avoir traversé le Palatinat son armée atteint Worms d’où il doit rejoindre l’armée de Tilly mais l’avancée des troupes suédoises ne permet pas cette jonction avec l’armée impériale ; le duc doit rejoindre sa capitale Nancy car à partir de Verdun et de Metz, les Français ont commencé à assiéger Vic et Moyenvic tenus depuis 1630 par des garnisons impériales ; ces deux villes prises, le duc de Lorraine se voit imposer le 6 janvier 1632 le traité de Vic par lequel il s’engage à cesser toute relation avec l’empereur.
Mais dès le printemps 1632, l’empereur Ferdinand et le roi d’Espagne engage Charles IV de Lorraine à reprendre la guerre ; Louis XIII prend les devants et c’est la deuxième guerre de Lorraine ; Ferdinand mobilise la moitié des troupes lorraines de Charles IV pour la défense de l’Allemagne du Sud de sorte que malgré l’aide espagnole venue du Luxembourg, les armées françaises progressent jusqu’à Nancy ; le duc doit alors pour obtenir l’évacuation de son duché par les troupes françaises signer le 26 juin le traité de Liverdun beaucoup plus sévère que celui de Vic ; outre plusieurs places fortes qu’il doit livrer pour quatre ans, il doit vendre à Louis XIII le comté de Clermont-en-Argonnes, s’engager à lui prêter dans le délai d’un an hommage pour le duché de Bar, l’aider en cas de guerre et autoriser le passage de ses troupes .
Malgré tout cela, l’empereur Ferdinand conserve la fidélité de son duc de Lorraine qui laisse ses officiers continuer de se battre avec les Impériaux ; il accepte même une nouvelle fois de se voir confier par l’empereur la défense de Saverne, d’Haguenau et de la Basse-Alsace menacés par les Suédois.
En effet, la diplomatie de la France s’exerce aussi auprès du roi (luthérien) de Suède Gustave II. La Suède, puissance montante de la Baltique qui vient de vaincre la Pologne, a des vues sur la Poméranie et voit défavorablement la puissance catholique s’installer en Allemagne du Nord. Par le traité de Bärwald le 23 janvier 1631, Gustave Adolphe s’engage à intervenir en Allemagne et la France à lui verser 400 000 écus par an. Les Suédois doivent respecter le culte catholique et l’indépendance de la Bavière. Dès la fin du mois, ils mettent pied en Poméranie et au Mecklembourg. Un traité secret est par ailleurs conclu entre la France et la Bavière pour se garantir mutuellement leurs possessions sur le Rhin.
Gustave Adolphe est un génie militaire. Il commence par éviter le combat contre l’armée de Tilly. Celui-ci, probablement pour forcer son adversaire au combat, investit la ville protestante de Magdebourg où se tient une garnison suédoise. La ville est réduite en ruine : Tilly se retire vers la Thuringe, ravage la Saxe (qui se rallie alors aux Suédois) et affronte Gustave Adolphe le 17 septembre à Breitenfeld. L’armée impériale est écrasée. Gustave Adolphe poursuit son avancée vers le sud, combattant à plusieurs reprises l’armée impériale reconstituée. Les pays sillonnés sont dévastés, les Suédois atteignant la Franconie, l’Alsace, la Lorraine et en particulier les Trois-Évêchés, les pays rhénans, se dirigeant vers Munich.
Ferdinand II ne peut que rappeler Wallenstein. Celui-ci accepte de recruter et diriger une nouvelle armée. Les armées catholiques ne font pas leur jonction : pendant que Wallenstein chasse les Saxons de Bohême, Tilly affronte une nouvelle fois les Suédois à Rain am Lech le 15 avril 1632 : il y est grièvement blessé et ses troupes sont vaincues. Lui-même, après avoir organisé la défense de Ratisbonne et d’Ingolstadt, meurt dans cette dernière ville.
Wallenstein s'installe dans le camp fortifié de Zirndorf non loin de la ville de Nuremberg occupée par les Suédois. Ceux-ci assiégés tentent vainement de le déloger et subissent leur première défaite majeure du conflit en attaquant vainement ses positions d'Alte Veste le 3 septembre 1632.Ils sont contraints d'abandonner Nuremberg tandis que Wallenstein prend l'offensive, s'empare de Leipzig et menace les liaisons des Suédois avec la Baltique. Les adversaires se rencontrent à la bataille de Lützen le 16 novembre 1632. Gustave Adolphe est tué au cours de l’affrontement, mais les Suédois remportent néanmoins la victoire sous le commandement repris par Bernard de Saxe-Weimar. La mort de Gustave Adolphe désorganise quelque peu le commandement de l’armée suédoise.
De son côté Louis XIII face au non respect par le duc de Lorraine du traité de Liverdun fait occuper Bar le Duc par ses troupes qui vont ensuite encercler Nancy contraignant le duc de Lorraine à se réfugier à Lunéville. Celui-ci doit signer le 24 septembre 1633 le nouveau traité de Charmes qui l’oblige à renoncer à toute alliance contraire aux intérêts de la France et à licencier son armée. Puis Charles IV préfère alors abdiquer le 16 janvier 1634 en faveur de son frère Nicolas-François et reprend un commandement dans l’armée impériale de Ferdinand ; mais comme Charles IV n’a pas eu d’enfant avec son épouse Nicole, Nicolas-François décide d’épouser sa cousine Claude de Lorraine sœur de Nicole ce qui déplait au roi de France qui les fait prisonniers; ils parviennent toutefois à s’échapper vers la Franche-Comté en avril 1634. Charles IV se trouve lui-même à Besançon puis il participe en Bavière à la reprise de Ratisbonne occupée par les Suédois et il commande les troupes de la catholique lors de la prise de Nordlingen en septembre d’où il repart en direction de l’Alsace et de la Franche Comté.
De son côté, Wallenstein n’exploite pas l’avantage qu’il aurait pu tirer de la nouvelle situation et commence à travailler pour son propre compte, négociant avec les ennemis de l’empereur (Suède, France, électeurs de Saxe et de Brandebourg) dans le but de se constituer son propre royaume.
Ferdinand II, convaincu de sa trahison, le relève secrètement de ses fonctions et le fait assassiner le 25 février 1634.
Les catholiques peuvent alors reprendre l’avantage, menés par l'archiduc Ferdinand, (futur Ferdinand III) avec les généraux de Wallenstein (Ottavio Piccolomini et Matthias Gallas) ralliés à l’empereur ; ils battent les protestants à Ratisbonne le 26 juillet puis, avec l’aide des Espagnols sous le commandement de l’autre Ferdinand (fils de Philippe III d'Espagne, cousin du précédent), le Cardinal-Infant en route vers les Pays-Bas, à Nördlingen le 6 septembre 1634. Après cette victoire de Nordlingen puis celle de Philipsburg par les Impériaux le 23 janvier 1635, la position de la France et de la Suède est dégradée.
Jusqu’en 1635, la France, malgré la guerre engagée pour la succession de Mantoue, n’a pas pris officiellement les armes contre le Saint Empire romain germanique. En mai 1635, le roi de France déclare finalement la guerre à l’Espagne. Quatre théâtres d’opérations sont ouverts : le premier a comme objectif de s’attaquer aux Pays Bas espagnols ; le second, à l’est, doit s’attaquer à la Lorraine, l’Alsace et la Franche-Comté ; un troisième se trouve dans le nord de l’Italie ; et un quatrième est ouvert sur les Pyrénées, avec comme objectif de surveiller une éventuelle attaque espagnole. Les Français remportent très vite leur premier succès. Dès mai 1635, les Espagnols sont vaincus lors de la bataille d’Avins, en Belgique. Toutefois, au même moment, Ferdinand II accepte de signer la Paix de Prague avec les princes protestants et de suspendre l’édit de Restitution ce qui lui laisse les mains libres pour envoyer ses troupes vers les Pays Bas.
En juillet 1635, la France, les duchés de Savoie (le duc Charles-Emmanuel change de camp) Modène, Parme et Mantoue signent le traité de Rivoli, mettant en place une ligue défensive contre les Espagnols.
Louis XIII, afin de s’assurer du soutien de Victor Amédée I°, lui promet le commandement, la possession du Montferrat, une partie du Milanais et le titre de roi. Dans l’est du pays, en octobre 1635, Louis XIII se rapproche de Bernard de Saxe-Weimar, accordant une pension à ce dernier, contre la promesse d’entretenir une armée prête à lutter contre le Saint Empire romain germanique.
A la fin de l’année 1635, toutes les armées impériales et les restes de l’armée Lorraine doivent évacuer le duché de Lorraine qui est entièrement occupé par des garnisons françaises.
A son nord-ouest, du côté du Luxembourg et des Pays-Bas, les Français et leurs alliés affrontent les troupes du roi d’Espagne ; au nord et à l’est en Alsace et en Palatinat, les troupes impériales affrontent les troupes franco-weimariens tandis qu’au sud-est en Franche Comté terre d’empire administrée par l’Espagne, le duc de Lorraine Charles IV et les troupes impériales luttent contre les français.
Toutefois, l’année 1635 se solde sur un statu quo entre les belligérants. Sur le Rhin, les Français ne parviennent pas à l’emporter ; en Italie du nord, ils ne parviennent pas à envahir le duché de Milan. Richelieu, cardinal de l’Église catholique et adversaire impitoyable des forces protestantes à l’intérieur du royaume, est l’allié des protestants étrangers contre les Habsbourg, champions du catholicisme. Les considérations religieuses s'opposent donc aux considérations politiques et à la volonté de contenir la puissance des Habsbourg. Or ceux-ci finissent par l’emporter sur leurs divers adversaires. Pour maintenir l’équilibre désiré, la France n’a plus d’autre solution que de s’engager directement dans le conflit. Cet engagement est précédé d’une intense activité diplomatique et de la négociation de multiples traités avec les ennemis de l’empereur et du roi d’Espagne. Avec les Hollandais est notamment prévu le partage des Pays-Bas espagnols (grosso modo l'actuelle Belgique, la Flandre française, le Hainaut français, le Cambrésis et l'Artois).
Les Suédois ont subi un revers mais, contrairement aux Danois quelques années plus tôt, ils ne sont pas anéantis. Leur intervention en Allemagne va en fait se perpétuer jusqu’à la fin de la guerre. Les Impériaux ne sont par conséquent jamais libres de se retourner complètement contre la France. Au contraire, les armées française et suédoise se coordonnent, ou tentent de se rejoindre pour forcer l’ennemi commun.
Par précaution, les Espagnols occupent Philippsburg, Spire, Landau et enfin Trèves dont le prince-évêque, s’est mis sous la protection de la France. Richelieu prend ce prétexte pour déclarer, le 19 mai 1635, la guerre à l’Espagne, adversaire le plus direct des intérêts français. Les armées françaises, fortes de 120 000 hommes, vont intervenir dans quatre secteurs dont trois principaux : vers le nord, où les Pays-Bas espagnols se trouvent pris en tenaille entre la France et les Provinces-Unies ; vers l’est (Lorraine, Alsace et pays rhénans, Franche-Comté) ; en Italie du nord, dans le Piémont et dans la Valteline; enfin dans le secteur des Pyrénées ne se trouve qu’un corps d’observation.
Les combats se portent vers les Pays-Bas où les Français battent les Espagnols à la bataille d'Avein le 20 mai 1635 avant de se joindre au prince d’Orange Frédéric-Henri. Mais des atermoiements franco-hollandais permettent aux Espagnols de recevoir des renforts et de sauver leurs possessions.
C’est à ce même moment qu'est négociée la Paix de Prague entre l’empereur et plusieurs princes protestants dont l’Electeur de Saxe : les armées impériales peuvent alors se retourner vers les Pays-Bas. Sur le Rhin, les impériaux, alliés aux troupes de Charles de Lorraine, font équilibre aux troupes de la France.
La campagne de 1636 est très difficile pour la France. Les opérations en Italie piétinent, de même que celles d’Alsace ; une opération menée en Franche-Comté contre Dôle se solde par un échec et les armées impériales envahissent le duché de Bourgogne avant d'échouer au siège de Saint-Jean-de-Losne et de devoir repasser le Rhin à l'arrivée de renforts ; dans le nord les Espagnols et leurs alliés gagnent du terrain, prenant finalement Corbie le 15 août. Paris est donc directement menacée. Mais le 4 octobre, le général suédois Johan Banér défait les Impériaux à Wittstock, ce qui contribue à alléger les difficultés françaises en relançant le camp protestant. Louis XIII parvient à reprendre Corbie le 14 novembre. Sur le front nord, la stratégie française consiste à capitaliser sur la victoire de Corbie en repoussant toujours plus au nord la "ligne de front" tout en la cloisonnant. Ainsi, la reconquête du château de Bohain, et les prises de Landrecies le 26 juillet 1636, de Maubeuge et de La Capelle respectivement les 5 août 1636 et 28 septembre 1636 sécurisent la Thiérache et le Vermandois des coups de force de détachements impériaux de cavalerie croate en Picardie, à partir de 1636, depuis les collines d'Artois et le Hainaut.
L’empereur Ferdinand II meurt le 15 février 1637. Epoux de Marie-Anne de Bavière, fille de Guillaume V de Bavière et de Renée de Lorraine, ils ont 7 enfants dont Ferdinand qui lui succède son frère ainé étant mort à l’âge de 14 ans.
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.FERDINAND III DE HABSBOURG / FERDINAND III VON HABSBURG (1608-1657),