Contrairement à une idée largement répandue, l’Ecosse a plus de chance d’accéder à l’indépendance en cas de Brexit dur qui se traduirait par une impossibilité pour le Royaume Uni de conserver l’accès au Marché Unique faute d’accepter les trois autres piliers de l’Union Européenne et notamment la liberté de circulation.
En effet si le vote sur la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne a été largement majoritaire en Angleterre et largement minoritaire en Ecosse, il n’a pas sensiblement augmenté pour le moment la proportion d’Ecossais favorables à l’Indépendance.
Sans doute parce qu’un bon nombre d’Ecossais espère un Brexit mou qui préserverait l’accès au marché unique moyennant certaines concessions sur la liberté de circulation alors qu’en cas de Brexit dur, la proportion d’Ecossais favorables à l’indépendance devrait devenir largement majoritaire.
Or une fois le Royaume Uni sorti de l’Union Européenne et l’Ecosse devenue indépendante, le Royaume Uni réduit à l’Angleterre, au Pays de Galle et à l’Irlande du Nord ne disposera plus d’un droit de veto pour une adhésion pleine et entière à l’Union Européenne à la différence du Royaume d’Espagne qui, membre de l’Union, pourra opposer un droit de veto à l’adhésion d’une Catalogne qui aurait proclamé unilatéralement son indépendance.
On peut donc penser que c’est par une habile stratégie que la Première Ministre d’Ecosse Nicola Sturgeon demande à la Première Ministre du Royaume Uni Theresa May d’essayer de négocier pour la seule Ecosse, la possibilité comme la Norvège de faire partie de l’EEE ( Espace Economique Européen) alors que le Royaume Uni rejette pour lui cette possibilité de Brexit mou qui lui laisserait certes l’accès au Marché Unique mais le contraindrait à accepter l’intégralité de la législation européenne sans plus pouvoir participer à son élaboration ; et surtout qu’une telle solution est pratiquement impossible à mettre en place car elle obligerait à instaurer une frontière entre l’Ecosse et le reste du Royaume Uni du fait de l’instauration de droits et taxes inévitables entre l’Union Européenne et les parties du Royaume Uni (Angleterre, Pays de Galle et Irlande du Nord) non membres de cette EEE.
En effet en provoquant la réflexion sur le sujet, la Première Ministre d’Ecosse va pouvoir montrer à l’opinion publique écossaise qu’il va être quasi impossible pour le Royaume Uni -dont l’Ecosse qui ne peut obtenir un statut à part en continuant d’en faire partie- de préserver son accès au Marché Unique et qu’une fois le divorce consommé entre le Royaume Uni et l’Union Européenne, l’Ecosse n’aura pas d’autre alternative si elle veut conserver cet accès au Marché Unique que d’obtenir l’Indépendance et de demander purement et simplement son adhésion à l’Union Européenne