Alors que les deux candidats à l’élection présidentielle française ont, pour des raisons démagogiques de politique intérieure, décidé un retrait anticipé des forces françaises d’Afghanistan par rapport à leur engagement à l’égard de l’Otan, assorti d’une « surenchère » de celui finalement élu pour un retrait avant fin 2012, force est de constater que les médias français se sont malheureusement guère souciés, avec la superficialité inquiétante dont ils font de plus en plus preuve, de la faisabilité ne serait-ce que sur le plan logistique d’une telle opération. Le Président sortant s’est d’ailleurs bien gardé d’expliquer les raisons d’une intervention, si ce n’était de permettre à la France de réintégrer sa place dans l’Otan et aucun des deux n’a cherché à expliquer pour quelles autres raisons que purement électorales ils décidaient un tel retrait anticipé. Sans compter que les médias se sont encore moins souciés de savoir ce que pourraient en penser les premiers concernés les militaires qui savent désormais eux qu’ils rentreront sans pouvoir dire « Mission accomplie ».
Personne n’a cru bon de faire observer aux deux candidats que l’Afghanistan étant un Etat enclavé entre l’Iran à l’Ouest, le Pakistan au Sud, et à l’Est et le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan au Nord, une telle évacuation comme l’installation des troupes et de leur matériel et armement n’a pu et ne peut se faire, hormis les seuls personnels ,que par voie terrestre sauf à engager des moyens aéroportés dont la France ne dispose pas.
En effet, s’il est toujours possible comme pour les envoyer d’évacuer les 3500 hommes par avion, il n’en est pas de même des quelques 2500 matériels lourds qui leur servent à combattre sauf à recourir à des gros porteurs américains qui n’ont aucune raison d’être affectés à des troupes d’un pays qui ne respecte pas le calendrier d’évacuation accepté avec les alliés de la France et pose des problèmes de capacités des installations aéroportuaires du pays ou,en supposant réglé ce dernier probléme, à payer au prix fort, pour autant que la Russie l’accepte, des Antonov russes ( sans doute la question sera posée par le président français au président russe quand il viendra prochainement à Paris).
Ce qui rendrait la France redevable d’une Russie âprement critiquée à tort sur la question de la Syrie ou peu soutenue par l’Union Européenne et la France notamment sur la question récemment abordée du bouclier anti-missile.
Sauf donc à négocier avec la Russie, seule la voie terrestre nettement plus longue est possible pour les 4 à 5 mois à venir est donc parfaitement irréaliste un objectif de retour de l’ensemble des matériels lourds à fin 2012 car exclue dès l’automne.Sauf à abandonner la garde des matériels à l'armée afghane, au mieux guère plus de la moitié des personnels seuls devrait pouvoir être rapatriés par rapport à l’engagement solennel pourtant pris par le nouveau Président de la République française et ce à un cout parfaitement inconnu aujourdhui.
En effet compte tenu des relations dégradées actuelles des Etats Unis et qui n’ont aucune raison d’être bien meilleures entre la France et le Pakistan, le cout du transit actuel par ce pays risque de s’avérer aussi prohibitif.
Pourtant la France qui n’a même pas reconstitué toutes les munitions et les pièces de matériels qu’elle a consommées en Libye, n’a guère les moyens financiers de s’offrir le luxe d’une évacuation très couteuse en Afghanistan pour prix de respect de promesses électorales peu réfléchies.
Ceci permet de rappeler en passant une nouvelle fois que les appareils A 400 M indispensables pour permettre aux alliés européens de l’Otan de disposer d’une capacité autonome de transport lourd n’ont toujours pas commencé de leur être livrés sans que cela ne semble beaucoup émouvoir les Etats-majors dans la situation dangereuse ou se trouve pourtant le monde.
Faute bien évidemment de pouvoir transiter par l’Iran, reste la seule voie terrestre moins couteuse mais pas forcément moins dangereuse dans la situation actuelle par le nord c'est-à-dire par les anciennes républiques soviétiques puis par la Russie.Russie avec laquelle la France devrait donc trouver une solution qui ne sera pas sans prix même si inférieur à l’affrètement d'Antonov.
Et étonnamment, comme pour l’opération quasi unanime en Libye, les Français pourtant « sans le sou » ne se posent aucune question du cout final de l’addition de telles opérations.
Certes ce cout en argent ne sera jamais trop élevé si la situation en Afghanistan continue de se dégrader rapidement mais il le sera alors à coup sûr en terme «d’ image » de l’armée française.
En effet l’on peut raisonnablement craindre que les Talibans qui ont besoin de montrer qu’ils sont capables au nom de l’Islam de vaincre l’Occident et son bras armé les « croisés » de l’Otan, ne laisseront certainement pas ses troupes évacuer tranquillement l’Afghanistan quelques soient les négociations engagées par les Etats Unis et l’on peut craindre légitimement que l’opération d’Afghanistan se termine comme celle du Viet Nam par une prise de Kaboul comme celle de Saigon ou au début de l’hiver par « une retraite de Russie ». Et là encore la France risque bien d'avoir besoin de l'expérience voire de l'aide russe.
Surtout si d’ici à la fin de l’année, les relations avec l’Iran tournaient à un conflit armé qui ouvrirait un front sur l’Est de l’Afghanistan en espérant alors qu’au sud le Pakistan ne se rangerait pas ouvertement dans le camp des talibans passés à l’offensive.
Le piège afghan risquerait bien alors de se refermer sur des occidentaux qui ont fait et font tout pour déstabiliser l’ensemble du Proche et Moyen Orient avant que la France ait pu récupérer une bonne partie de ses hommes et de leur matériel.
Sans noircir le tableau,une chose est certaine c’est que par ses positions en matière de politique internationale par son opposition avec l’Allemagne d’abord puis avec ses alliés de l’Otan ensuite par ce retrait précipité d’Afghanistan le Président français pense assoir sa stature de chef d’Etat à l’égard des français sans véritable souci de la crédibilité de la France sur le plan international affaiblissant ainsi non seulement la position de son pays mais celle de l’Union Européenne dans le monde en montrant son incapacité à devenir, avec les restrictions budgétaires qui ne manqueront pas de toucher les armées un des piliers d’une défense autonome de l’Union Européenne .