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22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 09:58

 

La moitié sud de la Crimée reste longtemps gréco-romaine. Le reste de la péninsule est occupé par les Goths et les Alains (250 apr. J.-C.). Theodoros, ancienne forteresse située au sud-ouest de la Crimée (à 21 km à l'est de Sébastopol), fut peut-être fondée par ces Goths et Alains. La population des Goths de Crimée subsiste plusieurs siècles, avec sa propre langue, le gotique de Crimée, mais Goths et Alains (ici dénommés Iasses, et proches des actuels Ossètes) sont progressivement hellénisés, adoptant la langue grecque et la religion chrétienne orthodoxe. Au début du IXe siècle, l'Empire byzantin organise le Sud de la Crimée en un « thème » (province civile et militaire) : le thème de Cherson. En 1204, lorsque Constantinople, tombe entre les mains des croisés occidentaux, les Vénitiens s'emparent des ports de Cembalo, Caulita, Lousta, Soldaïa et Caffa (Théodosie) tandis que le thème lui-même échoit à l'empire grec de Trébizonde. Dans la moitié nord de la péninsule, divers autres peuples se succèdent : les Huns (376), les Bulgares (Ve siècle), les Khazars (VIIIe siècle), les Russes kiéviens (Xe – XIe siècles), les Pétchénègues (1016), les Kiptchaks (1050), les Coumans ou Polovtses (1171), les Tatars et aussi les Mongols (1237). En 1235, l'empire grec de Trébizonde reprend les ports criméens aux Vénitiens, pour les concéder au XXIIIe siècle aux Génois. En 1362, l'Empire byzantin récupère le thème de Théodoros avec Doros pour capitale. Le basileus Jean V Paléologue le confie à l'un de ses parents, le thémarque Demetrios Paleologue Gavras. Les descendants de celui-ci en feront un État grec orthodoxe quasi indépendant. Cet État byzantin, appelé principauté de Théodoros, disparaîtra vingt-deux ans après la chute de Constantinople (1453)

La république turque est fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk. Il abolit le califat et sous son impulsion, la Turquie quitte la conférence de La Mecque en 1926, estimant que sa participation à une conférence islamique. La. République devient effectivement laïque à partir de 1937, plaçant le pays dans une forte proximité avec  l’Occident.

Mais cette  révolution  turque ne fut jamais initiée par le peuple mais  par les élites sociales, politiques et militaires. Le peuple, en particulier celui des campagnes, largement analphabète et très attaché à la religion, est tenu à l’écart  car considéré comme trop fruste pour y participer et même comme un danger pour la modernité du nouveau régime. L’État-nation turc fondé sur un modèle centralisateur à la française ne sait pas en retour traiter la diversité de ses populations, sociale (villes riches, campagnes pauvres), ethnique (Turcs, Arméniens, Kurdes, Grecs, etc.) et religieuse (sunnites, alévis chiites, orthodoxes grecs, etc.), autrement qu’en l’ignorant et en s’imposant sur tout par la force. Une solide administration et une armée puissante sont les deux instruments de l’autoritarisme turc républicain.

A la différence de la guerre 14-18 pendant laquelle l’empire Ottoman était l’allié des empires de Prusse et d’Autriche-Hongrie, la république d’Atatürk  n’a pas participé à la Deuxième Guerre mondiale dans laquelle elle n’entre qu’en 1945. Ennemie héréditaire de la Russie et idéologiquement hostile à l’Union Soviétique, elle adhère à l’0tan dès le 22 octobre 1951.

Son  histoire singulière  a donc conduit à cette originalité que la laïcité est défendue en Turquie par l’armée, celle-ci se considérant comme la garante des principes de la république fondée par Atatürk, là où les pouvoirs militaires soutiennent et sont en général soutenus partout dans le monde par les autorités religieuses traditionnelles. L’autoritarisme politique servi de l’armée s’est par ailleurs traduit en Turquie par une forme de tradition du coup d’État militaire. Mais là encore, originalité de la Turquie, les militaires interviennent pour « sauver » le pays, le sortir de ses impasses politiques et en général économiques, et restaurer la république.

Les coups d’État perpétrés par l’armée sont le plus souvent soutenus par le peuple comme par la bourgeoisie, le but n’étant jamais pour les militaires de conserver le pouvoir – ils le rendent lorsque la démocratie fonctionne à nouveau et que la sécurité règne. Néanmoins, malheureusement,  bien qu’alliés dans l’Otan, les militaires turcs n’apparaissent pas aux yeux voilés des Occidentaux comme des défenseurs de la Démocratie et font l’objet d’une certaine hostilité de la part des Européens qui rêvent d’une évolution de la République turque vers les standards de l’Europe occidentale.

En 1961, un premier coup d’État  est soutenu par la presse, les intellectuels et les universités.

En 1969, la Turquie adhère à l'Organisation de la coopération islamique. En 1970, une crise économique a lieu avec un climat de violence et des attentats d’extrême gauche. .

Le 12 mars 1971, Süleyman Demirel démissionne à la suite d'une déclaration musclée de l'État-major. Les mouvements de gauche connaissent une répression violente. La liberté de la presse et des droits syndicaux sont limitées. Le Parlement reste en fonction et des gouvernements technocrates sont formés par des hommes politiques « indépendants », proches de l'État-major.

En 1973, Fahri Korutürk est élu le sixième président de la République. Les élections législatives sont remportées par le Cumhuriyet Halk Partisi de Bülent Ecevit qui devient Premier ministre. L’armée regagne ses casernes, réalisant qu’elle avait finalement négligé les revendications populaires et apporté son soutien à la bourgeoisie dans la conduite de la répression

Le 20 juillet 1974, l'opération Attila débute. À la suite d'un coup d'État des nationalistes grecs contre le gouvernement chypriote en place visant à rattacher l'île à la Grèce, et en s'appuyant sur le traité de garantie de la Constitution de 1960, la Turquie intervient militairement à Chypre, et occupe le Nord de l'île en deux jours. Cette rapide victoire de l'armée turque aboutit à la division de l'île et à la chute de la dictature des colonels en Grèce. Un embargo militaire américain est mis en place.

Le 14 avril 1987, Turgut Özal  adresse la candidature de la Turquie à l'Union européenne à Leo Tindemans, alors ministre belge des Affaires étrangères et président en exercice du Conseil des Communautés européennes.

Le 24 mars 1994, les élections municipales sont massivement remportées par les islamistes du Parti de la Prospérité (Refah Partisi, créé en 1983). Recep Tayyip Erdoğan devient le premier maire islamiste d'Istanbul.  En 2002, l'AKP domine largement le Parlement. En près de 20 ans, comme sympathisant des Frères Musulmans, il va procéder à une réislamisation à marche forcée de la Turquie. Son parti islamo-conservateur va vouloir discréditer ses adversaires.

A partir de 2007, un gigantesque procès dit Ergenekon du nom d'un présumé réseau criminel turc va être engagé  pour poursuivre  des militants de l'extrême droite ainsi que de la gauche républicaine, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie, de magistrats, d'universitaires et de journalistes. L'affaire, extrêmement complexe et controversée, va voir une partie des politiques turcs, en particulier du Parti républicain du peuple (CHP), accuser l'AKP, En tout, 300 personnes sont arrêtées de juin 2007 à novembre 2009, et 194 inculpées dans le procès Ergenekon, à des titres divers. À partir de 2012, une fois l'élite militaire en prison lors du procès Ergenekon, Erdoğan fait davantage référence à l'Islam, rappelant ses discours télévisés des années 1990. En 2014, Erdogan devient le premier président de la République élu au suffrage universel direct.

Le 15 juillet 2016, une tentative de coup d'État militaire, finalement repoussée, menace le pouvoir d'Erdoğan.  22.000 militaires sont renvoyés sur un effectif de 450.000 hommes.. Les purges affectent également affecté les relations de la Turquie avec l'Otan, dont elle est la deuxième force en termes d'effectifs (derrière les Etats-Unis). Le pouvoir turc, prompt à voir la main de l'Occident derrière chacun des troubles qui agitent le pays, a rapidement rappelé une grande partie de ses militaires détachés auprès de l'institution.  40 attachés militaires et 300 officiers sont ainsi sommés de revenir en Turquie pour se soumettre à une enquête. Certains d'entre eux ont choisi de ne pas s'exécuter. En Allemagne, 40 militaires turcs détachés auprès de l'Otan ont ainsi déposé une demande d'asile politique.

Les purges ont permis d'éliminer les partisans de Gülen au sein de l'armée, qui représentaient un obstacle à une intervention turque en Syrie.

 

Alors qu’en Syrie, les opérations de l’Armée turque n’ont pas été  dirigées contre l’Etat islamique mais contre les Kurdes pourtant alliés des Occidentaux,

Alors que la Turquie s’est montrée très agressive avec l’Union Européenne dont la majeure partie des membres sont ses alliés dans l’Otan,

Alors que depuis son invasion d’une partie de Chypre en 1974, elle n’a manifesté  aucune volonté de règlement de ce conflit,

Alors que récemment encore elle a fait preuve d’agression à l’égard de la Grèce, alors qu’en infraction avec les résolutions de l’ONU, elle a envoyé des troupes et du matériel militaire en Lybie en se plaignant des contrôles effectuées par les marines de l’Union Européenne, alors qu’elle a acheté malgré l’opposition des USA des missiles S 400 russes,

Alors et surtout qu’avec la disparition de l’Union soviétique l’importance stratégique de son armée pour l’Otan  a considérablement diminué,  cette dernière  et l’Union Européenne se félicitent d’une apparente volonté de la Turquie d’améliorer ses relations  avec elles.

Et ce à l’occasion de la crise Ukrainienne et des velléités de l’Ukraine de récupérer la Crimée tout en espérant pour ce faire intégrer l’Otan avec l’appui de la Turquie et obtenir son soutien.

 

Mais les dirigeants de l’Otan et de l’Union mais également ceux de l’Ukraine  devraient se souvenir que

le khanat de Crimée a été attaqué par l'Empire russe dès le  XVIIe siècle et  qu’à  l'issue de la guerre russo-turque de 1768-1774 les Tatars de Crimée, jusque-là vassaux de l'Empire ottoman, étaient devenus  théoriquement indépendants par le traité de Küçük Kaynarca mais en pratique le khan était passé sous protectorat russe  et qu’après plusieurs années de désordres et un nouveau conflit entre la Russie et l'Empire ottoman, l'impératrice Catherine II procéda à l'annexion du Khanat en 1783, entérinée par le traité de Jassy.  La même année, elle fonda le port de Sébastopol et inaugura une politique de peuplement par des chrétiens (grands-russiens et petits-russiens — c'est-à-dire des Russes et des Ukrainiens —, mais aussi Allemands, Moldaves, Arméniens et Grecs nord-pontiques rappelés sur leurs terres d'origine), au sein d'une nouvelle entité territoriale qui vit aussi s'élever des villes à l'architecture et aux noms grecs antiques (Odessa, Tyraspol, Ovidiopol, Chersonèse, Simféropol, Sébastopol, Théodosie, Mélitopol…). Cette entité fut d'abord nommée gouvernement territorial de Crimée, puis intégrée à un nouveau gouvernement de Tauride. Le pays, jusque-là consacré à l'élevage extensif des Tatars, devint terre de cultures. Et dès lors, les Tatars de Crimée, bientôt minoritaires, furent persécutés, chassés vers l'Empire ottoman, déportés vers la Russie centrale ou la Sibérie, voire massacrés lors des révoltes. Leurs vassaux roms qui élevaient leurs chevaux, fabriquaient leurs tentes, selles et chaudrons, construisaient leurs chars, portaient leurs bagages et reconnaissaient le terrain lors des raids, devinrent alors par tribus entières la propriété des Tzars, boyards et monastères chrétiens. La Russie impériale chargea les Cosaques de « pacifier » et d'assimiler définitivement Tatars et Roms, dont beaucoup furent sédentarisés de force. En 1853, l'Empire ottoman en plein déclin décida, avec le soutien de la Grande-Bretagne et de la France, de mettre un coup d'arrêt à l'expansion économique et territoriale russe. Les alliés de circonstances attaquèrent la péninsule.  Le conflit de 1854-1856 fut extrêmement meurtrier, 750 000 hommes périrent en trois ans. La Crimée resta sous le contrôle de la Russie, malgré le siège de Sébastopol qui se solda par une défaite russe. Le traité de Paris entré en vigueur le 16 avril 1856,  déclare la neutralité de la mer Noire et interdit la navigation aux navires de guerre et la construction de fortifications Si le traité de Paris entraîne peu de changements territoriaux, il marque la fin du Concert européen créé par le congrès de Vienne en 1815.

Le 19 février 1954, Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique et dont l'Ukraine était la patrie d'adoption, rattache l'oblast de Crimée à la République socialiste soviétique d'Ukraine (RSSU) à l'occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l'Ukraine. Treize années plus tard (en 1967), les Tatars de Crimée furent réhabilités, mais sans pour autant être autorisés à revenir dans la péninsule. Ils n’accédèrent à ce droit qu'après la fin de l'URSS et son remplacement par la CEI. À la suite de la dislocation de l'URSS de 1989, la Crimée, après référendum, se déclare le 20 janvier 1991 « République autonome » (dans l'intention affichée de devenir une « République unionale » (RSS) à part entière), mais sept mois plus tard, le 24 août 1991, l'Ukraine proclame son indépendance (confirmée par référendum du 1er décembre 1991). Une semaine plus tard à Minsk, l’URSS cesse d’exister, à la suite de sa dissolution décidée par les dirigeants russe, ukrainien et biélorusse. La Crimée est à ce moment une République autonome de l'Ukraine.

Le 21 décembre 1991, à Alma-Ata, est fondée la Communauté des États indépendants (CEI) qui regroupe onze des quinze anciennes « Républiques unionales » soviétiques : l'Azerbaïdjan, de l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Moldavie, la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan et l'Ukraine ( puis la Géorgie, le 3 décembre 1993).

Au début de 1992, l'Ukraine réaffirme sa pleine souveraineté sur la Crimée. Le 5 mai 1992, la Crimée proclame sa première Constitution. Les tensions étant momentanément apaisées sur l'ensemble de l'Ukraine, la Crimée reste au sein de ce pays en tant que région autonome pourvue de sa propre constitution. La ville de Sébastopol accède à un statut spécial en Ukraine. Son arsenal portuaire de Sébastopol reste à la Russie, qui continuera à y entretenir sa flotte militaire stratégique du Sud. Le 19 juillet 1994, Leonid Koutchma est élu 1er président d'Ukraine, pour cinq ans. Il reste en place pendant deux mandats. Le 17 mars 1995, le Parlement ukrainien abolit la constitution criméenne de 1992. De juin à septembre 1995, c'est le président Koutchma qui gouverne directement la Crimée par décrets. Il en résulte un nouveau bras de fer entre pro-russes et pro-ukrainiens, en Crimée mais aussi dans le reste de l'Ukraine. L'enjeu est en fait le statut de la ville de Sébastopol et l'éventuel retrait de la flotte russe de la mer Noire. Comme chaque fois que des tensions apparaissent entre un pays ex-soviétique et la Russie, de nombreuses inquiétudes apparaissent au niveau international quant à la stabilité du « glacis russe . Le Parlement de Crimée vote alors une nouvelle série de lois constitutionnelles (octobre 1995), qui seront longtemps contestées par les autorités ukrainiennes, car réaffirmant et précisant l'autonomie de la Crimée. La situation restera tendue, mais sans incidents, pendant plusieurs années, jusqu'aux défaites électorales des partis ukrainiens pro-européens nés à l'issue de la chute du bloc soviétique. La Russie retrouve alors son niveau d'influence antérieur dans les affaires intérieures de l'Ukraine, et surtout de la Crimée. La Russie facilite la distribution de passeports russes à la population russophone de Crimée.

En 1997, le rattachement de la Crimée à l'Ukraine (comme République autonome) est officiellement reconnu par la Russie. La nouvelle Constitution criméenne est officiellement ratifiée par les deux parlements, russe et ukrainien, les 21 octobre et 23 décembre 1998. La Crimée devient une entité administrativement et territorialement autonome au sein de l’État unitaire d'Ukraine. La Crimée n'est pas un État souverain mais son intégrité territoriale, son autonomie y compris budgétaire et le statut de sa population russophone et ses droits patrimoniaux face à toute revendication, lui sont garantis. Et enfin, elle possède son propre organe représentatif, la Verkhovna Rada (Parlement), un Conseil des ministres (organe exécutif), et un chef d'État. La seconde Constitution de la Crimée entre en vigueur à partir du 12 janvier 1999.

Le débarquement de matériel militaire américain via l'OTAN, le 27 mai 2006, dans le port criméen de Feodossia, en Crimée, en prévision de l'exercice Sea Breeze 2006, ravive fortement les tensions avec la Russie, ainsi que les passions en Crimée. En effet, ni la Crimée, ni l'Ukraine ou la Russie ne sont membres de l'Alliance militaire atlantique occidentale. Et l'autorisation de débarquement avait été donnée par le troisième président d'Ukraine, le pro-occidental Viktor Iouchtchenko (2005-2010, parti Notre Ukraine), alors que constitutionnellement, la décision relevait du seul Parlement ukrainien.

Les élections législatives de 2007 donnent la victoire au Parti des régions de Viktor Ianoukovytch. Mais les « forces pro-occidentales » de Notre Ukraine et du Bloc Ioulia Tymochenko s'allient pour former un gouvernement de coalition

L'année suivante, sur proposition du président géorgien Mikheil Saakachvili, le parlement géorgien vote la sortie de la Géorgie de la Communauté des États indépendants (CEI). Une semaine plus tard, le 14 août 2008, le député Iouri Kostenko (en) du nouveau groupe pro-présidentiel Notre Ukraine - Autodéfense populaire (NUAP) et représentant du Parti populaire ukrainien, déposent à la Rada suprême (parlement ukrainien), un projet de loi dénonçant l'accord de participation de l'Ukraine à la CEI. Le secrétariat du président ukrainien, soutenu par les Occidentaux, affirme que Kiev n'a jamais signé les Statuts de la CEI. Mais finalement, l'Ukraine restera dans la CEI en tant que membre fondateur et État participant.

Le 3 juin 2010, l'Ukraine renonce à une adhésion à l'OTAN. Cette année-là, de nouvelles élections générales se déroulent dans l'ensemble de l'Ukraine. Le 31 octobre 2010, la Crimée, région autonome d'Ukraine, vote pour élire ses parlementaires. Le « Parti des régions » (créé le 26 octobre 1997), qui est russophone et dirigé par Volodymyr Rybak, remporte sans surprise les élections parlementaires criméennes, avec une majorité écrasante (80 des 100 sièges). Aujourd'hui près de 98 % des habitants de Crimée parlent le russe.

Deux ans plus tard, à Kiev, lors de l'élection parlementaire ukrainienne de 2012, le Parti des régions remporte 185 sièges au Parlement ukrainien. Il forme alors un groupe parlementaire russophone majoritaire de 210 députés (sur un total de 444 sièges).

Courant 2013, l'Union européenne propose un accord d'association avec une Ukraine dont les caisses étatiques sont à nouveau vides. Mais le parlement Ukrainien refuse l'accord d'association avec l'U.E.

En réaction, la population de l'Ouest ukrainien et une partie des Kiévois se soulèvent en novembre 2013 : ce sont les manifestations dites « Euromaïdan » qui rappellent l'ancienne révolution orange (2004-2005). La radicalisation de la manifestation avec les violences qui s'ensuivent débouchent le 22 février 2014 sur la prise du palais présidentiel et de l'assemblée parlementaire de Kiev, ainsi qu'à la fuite du président de l'Ukraine, Viktor Ianoukovytch (2010-2014, Parti des régions). Ce changement de pouvoir à Kiev, « révolution » pour l'opposition pro-européenne, mais « coup d'État » pour les pro-russes et pour la Russie, attise en république de Crimée,  les tendances séparatistes face à l'Ukraine.

Le 23 février 2014, la Crimée annonce qu'elle ne reconnaît pas le nouveau président ukrainien par intérim, Oleksandr Tourtchynov et les nouvelles autorités provisoires d'Ukraine. Dans la nuit du 26 au 27 février, des bâtiments officiels sont occupés par des paramilitaires armés se présentant comme des « forces d'autodéfense ». Le 27 février 2014, le Parlement de la Crimée, en présence d'hommes en armes, élit un nouvel exécutif et vote la tenue d'un référendum sur la question d'une autonomie renforcée vis-à-vis de Kiev ; un référendum est prévu pour le 25 mai 2014. Kiev dénonce la légalité de ce référendum, qui est alors avancé au 30 mars (puis une semaine plus tard, au 16 mars). Face à des menaces de sanctions, Vladimir A. Konstantinov, le président de la Crimée (Conseil suprême de Crimée), et Sergueï Aksionov, son nouveau Premier ministre de Crimée et chef du parti « Unité russe  », font alors appel officiel à la Russie. Le 1er mars 2014 la tension monte d'un cran : les groupes paramilitaires formés de russophones criméens, ainsi que des troupes et blindés russes basés dans le port de Sébastopol, se répartissent sur des points stratégiques de la péninsule, afin d'après des commentateurs de la presse étrangère, « de protéger la flotte de Sébastopol », et aussi d'assurer la sécurité des habitants russophones de Crimée, selon le ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie Sergueï Lavrov. Aussi présentes, les troupes ukrainiennes moins nombreuses restent cantonnées dans leurs bases militaires criméennes. Le 3 mars, certaines troupes ukrainiennes n'ont pas rendu les armes. Mais des responsables américains annoncent qu'ils considèrent que les troupes pro-russes ont achevé le contrôle opérationnel de la Crimée. Les atlantistes se réunissent et évoquent des rétorsions et sanctions non militaires. Dans le même temps, Vladimir Poutine, actuel président de la fédération de Russie, accepte de dialoguer avec un groupe de contact dit format Normandie (Allemagne, France et Ukraine). Le 11 mars, le Parlement criméen proclame l'indépendance de la péninsule vis-à-vis de l'Ukraine. Le 18 mars 2014, le président russe Vladimir Poutine signe avec les dirigeants de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule à la Russie. Cette signature intervient deux jours après le référendum en Crimée qui a plébiscité un rattachement à Moscou.

En ce début d’année 2021, face aux nouvelles tensions avec la Russie,  le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame à nouveau l’adhésion de son pays à l’Otan et l’UE  avec l’appui suspect de la Turquie qui estime légitime la récupération par l’Ukraine de la Crimée. Suspect car, la Crimée ayant été prise par la force à l’empire ottoman par la Russie, on peut s’étonner que la Turquie estime légitime qu’elle revienne de droit à  l’Ukraine.

Les dirigeants de l’Otan et de l’Union Européenne seraient bien inspirés de se demander qu’elles sont, dans cette nouvelle posture, les arrières pensées d’un président turc qui encore récemment, lors du conflit entre Arménie et Azerbaidjan  dans lequel la Turquie a soutenu cette dernière, a laissé la Russie  y mettre fin poursuivant une certaine complicité contre nature amorcée sur le conflit syrien.

Ou alors ils devront accepter qu’un jour le Président turc ne leurs présente « la note de l’aubergiste ».

Et ils devraient bien se poser les questions de savoir d’une part quel intérêt elles auraient à accepter la proposition d’adhésion de l’Ukraine et d’autre part si la Turquie- qui rêve de rétablir son influence sur les anciens possessions du Proche Orient et d’Afrique de l’empire Ottoman  (Syrie, Irak, Palestine, Jordanie, Arabie, Egypte, Lybie, Tunisie, Algérie….  Voire européennes serait un allié fiable dans les conflits prochains qui pourraient impliquer l’Oran et l’Union Européenne ou si objectivement, sinon l’alliance du moins la neutralité de la Russie ne serait pas stratégiquement plus profitable

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