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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 16:29

 

On ne peut qu’être qu'assez  surpris de voir deux anciens Chefs d’Etat major français s’impliquer dans la campagne politique des Européennes pour dénoncer dans un article peu convaincant le « fantasme » d’une armée européenne et l’opposer à une poursuite de coopérations renforcées qui tendent pourtant progressivement à une intégration

Et leur argument selon lequel « il ne saurait y avoir d’armée européenne sans gouvernement unique lequel reléve d’ une utopie niant la réalité de ce qu’est l’Europe » est tout sauf pertinent et traduit un manque un peu étonnant de culture historique et politique.

Sauf à estimer que l’Europe ne pourra jamais être une Fédération d’Etats avec un gouvernement fédéral ce que d’écrire nos deux militaires, et à expliquer pourquoi ce serait une utopie de l’espérer, on leur fera remarquer que la Confédération suisse a fini par se transformer  en Fédération avec une armée fédérale et sans même être une véritable Fédération, le Canada a bien une armée canadienne.

Mais gouvernement unique ou pas, il est évident que sur le sujet de la défense du territoire de l'Union  les gouvernements européens devront nécessairement adopter une position commune.

Puisqu’ils veulent faire de la politique , nos deux anciens chefs d’Etat major  devraient pourtant savoir qu’un objectif politique n’est pas un objectif militaire.

Or on  peut déplorer ,malgré leur compétence militaire ,que leur démarche apparaisse  purement politique faute de l’argumenter valablement sur le plan militaire.

Il est bien évident qu’il faudra de longues années avant d’atteindre l’objectif d’une armée européenne parfaitement intégrée ce qui n’interdit en rien de développer les coopérations actuelles. Mais sur ce plan, que proposent  nos deux chefs d’Etat major pour renforcer et développer les coopérations actuelles. ¨

Rien ! Sinon implicitement le maintien du statu quo pourtant risqué d’une défense de l’Union Européenne s’appuyant exclusivement sur une Otan dominée par le gouvernement des USA.

Or quelle certitude peuvent-ils avoir que, comme un tout autre traité , les USA peuvent décider un jour dénoncer le traité de l’Atlantique Nord ou du moins d’en appliquer l’article 5 que de manière restrictive ?

Et même si le pilier européen de l’Otan devait se renforcer conformément à la volonté appuyée du président Trump, il n’en reste pas moins que la décision d’engager l’Otan sur le théatre européeen dépendra toujours de la seule volonté des USA. Or on se souviendra que certes, à l’époque, les USA n’étaient pas liés par un tel traité en 1914 et en 1940, mais qu’ils ne sont intervenus à nos côtés qu’en 1917 et 1942 et  même aujourdhui s’ils respectaient le traité , les effectifs de l’armée américaine stationnés en Europe sont devenus si faibles qu’une défense terrestre de l’armée américaine au côté de leurs alliés européens ne tiendrait pas le choc en cas d’intervention éclair de l’Armée Russe.

Car, à force de la part de l’OTAN de provoquer depuis des années  l’ours russe, celui-ci pourrait finir par penser qu’il n’aurait plus d’autes moyens de se défendre.

Or, en cas d’attaque éclair de la Russie (qui a réussi récemment à faire un exercice en conditions réelles de combat rassemblant 300 000 hommes), compte tenu du rapport de force actuel en Europe occidentale, la frontière du Rhin pourrait être atteinte par son armée en moins. d’1 mois et les USA, même s’ils en avaient la volonté  n’auraient pas le temps de débarquer suffisamment de renforts dans une France dont l’armée aurait été décimée en Allemagne et qui ne dispose plus d’aucune Défense Opérationnelle de son territoire national. Et des renforts par des débarquements de troupes et de matériels en méditerrannée ou sur l’Atlantique s’avéreraient encore beaucoup plus difficiles que lors de la deuxième guerre mondiale.

Or nos deux officiers généraux croient-ils sincérement que la France oserait alors menacer la Russie de sa force de dissuasion nucléaire Et si elle osait le faire avant que les Russes aient atteint ses frontières, cela ne revient-il pas à en faire bénéficier l’Allemagne ce que certains réclament voire la Pologne ?

Si légitimement les Etats Baltes en premiére ligne, ou la Pologne ne comptent que sur l’OTAN, tout en commençant à s’interroger sur la volonté des USA de respecter le traité de l’Atlantique Nord, c’est précisément parce que, comme nos deux militaires, ils ne croient pas à la volonté de mettre sur pied un véritable pilier européen de l’OTAN susceptible d’agir si nécessaire sans le consentement des USA. Et leur prise de position ne va certainement pas les rassurer !

Pourtant s’il faut à l’évidence renforcer le pilier européen de l’Otan, Il est tout aussi  évident que l’Union Européenne doit se fixer pour objectif d’avoir une défense autonome et donc que ce pilier européen puisse dans une premiére étape disposer d’un commandement intégré propre avant d’aboutir à une armée fédérale européenne. Pilier susceptible le cas échéant d’agir de manière totalement autonome si d’aventure un jour -qui peut être proche- les USA décidaient que la Défense du territoire  de l’Union relevait de ses propres Forces et n’obligeait plus les USA.

On rappelera à nos deux chefs d’Etat major qui soutiennent un parti qui se revendique du Gaulisme que le général de Gaule tout en maintenant la France dans l’Alliance Atlantique l’en avait retirée du commandement intégré de l’OTAN.

On doit leur rappeler, sans que l’on n’ait connaissance de critiques de leur part qu’il y a déjà plus de 25 ans  le 14 octobre 1991, deux années après la création de la brigade franco-allemande, la France et l'Allemagne avaient annoncé  leur volonté de poursuivre l'intégration européenne jusqu'au niveau corps d’armée  et que dans les années qui suivirent, plusieurs pays européens ont rejoint l'initiative franco-allemande : la Belgique en 1993, l’Espagne en 1994 et le Luxembourg en 1996  

Actuellement le Corps d’armée européen dispose des unités suivantes : la Ière Division blindée française, la 10. Panzerdivision allemande, la 1re division mécanisée belge avec une compagnie luxembourgeoise, la 21e brigade d'infanterie mécanisée espagnole et la brigade franco-allemande soit 50 000 hommes, 645 chars lourds, 1 400 blindés légers et 360 pièces d'artillerie. À l'exception de la brigade franco-allemande et de la brigade multinationale d’appui au commandement - qui sont subordonnées à l'état-major du corps européen même en période de non-engagement - les autres unités dépendant en temps de paix de leur état-major national.

Dès le 29 mai1999 soit il y a 20 ans déjà, la France et l'Allemagne avaient proposé  de mettre le Corps européen au service de l’Union Européenne et en 2002  il a été transformé en Corps de réaction rapide européen (CRR-E) faisant suite à une décision du 22 novembre 1999.

Or l'emploi de l'Eurocorps en opération relève d'une décision des cinq nations-cadres. Un comité commun, composé des chefs d’état-major de la défense et des directeurs politiques du Ministère des Affaires étrangères de chacune de ces nations, se réunit annuellement pour prendre toutes les décisions majeures concernant ce corps d’armée  L’Eurocorps, embryon d’Armée Européenne n’est subordonné à aucune organisation militaire, c’est ce comité qui évalue les demandes d’aide d’organisations multinationales comme :

  • L' ONU pour les missions de maintien de la paix sous mandat des Nations Unies
  • L'Union Européenne (dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune).
  • L'OTAN, conjointement ou distinctement en raison de la non participation de plusieurs États membres neutres ;
  • L'OSCE, principalement dans des missions de maintien de la paix.

L’Eurocorps  peut également être déployé au profit des nations-cadres. Son commandement est assuré par un général de corps d'armée appartenant à l'une des nations cadres et pour un mandat de deux ans.

Alors peut-on raisonnablement parler de fantasme en proposant d’aller plus loin en disposant de plusieurs Corps d’armée , d’une Marine militaire européenne commune, d’une Aviation militaire commune, d’une cyberdéfense commune   etc  sous commandement unique, etc     rappelant qu’il existe déjà sur le plan du transport aérien militaire une mise en commun des A 400 détenus par chaque pays de l’Union.

S’agissant de la Marine, force est pourtant de constater que la France n’a guère les moyens d’avoir deux porte-avions ce qui l’handicape considérablement lors des périodes obligatoires longues d’immobilisation. Or l’idée d’un deuxiéme porte-avion en coopération avec le Royaume-Uni a été un véritable fiasco (notre amiral devrait se souvenir que la France a contribué en pure perte à hauteur de 103 millions à l’étude du futur porte-avion anglais)  alors que l’Allemagne qui en aurait les moyens n’en dispose pas et pourrait reprendre ave la France l’idée d’un modèle commun voire avec l’Italie

Alors pourquoi s’opposer à l’objectif politique symbolique d’une armée européenne et se rassurer sans convaincre que l’OTAN sera éternelle ?

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