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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 08:52

 

La France a été, à juste titre humiliée, comme alliée des Etats Unis et du Royaume Uni, par le fait de ne pas avoir été informée du projet d’accord AUKUS entre ces derniers et l’Australie alors qu’elle se considère comme une puissance indo-pacifique.

Mais espérons que les Etats Unis par la voie de leur secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Antony Blinken ne proposeront pas à la France, pour tenter de rattraper cette faute et permettre au président Macron de sauver la face, d’être associée d’une manière ou d’une autre à cet accord AUKUS essentiellement dirigé contre la Chine.

En effet la France n’aurait aucun intérêt à se laisser « embarquer » dans un futur conflit avec la Chine comme les Etats Unis tentent de le faire avec les membres de l’Union Européenne et de l’0TAN. Et ce d’autant moins que la France et ses autres membres de l’Union Européenne seraient parfaitement incapables de faire face  à  un conflit conventionnel de haute intensité sur le théâtre européen dans lequel ils pourraient l’être du fait de l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord qu’ils ont signé.

Si on peut s’étonner que le Royaume Uni ait été associé à un tel accord alors que ses possessions territoriales et ses moyens militaires sont encore plus limités que ceux de la France dans cette immense zone indo-pacifique, force est d’admettre  que les moyens militaires de la France sont ridicules et que les augmenter se ferait au détriment des forces armées à concentrer prioritairement sur l’Europe, la Méditerranée et l’Atlantique.

 

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29 septembre 2021 3 29 /09 /septembre /2021 08:41

 

En 843 au traité de Verdun, Lothaire, ainé des fils de l’empereur Louis le Pieux,  reçoit à l’issue de la guerre l’opposant à ses frères Charles le Chauve et Louis le Germanique, outre le titre d’empereur, la Francia media, vaste territoire allant de la mer du Nord à l’Italie séparé du royaume de Francia occidentalis attribué à Charles par l’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhin et du royaume de Francie Orientale attribué à Louis par le Rhin, l’Aar et les Alpes.  Avant de se retirer à l’abbaye de Prüm, l’empereur Lothaire Ier partage son royaume avec ses fils : l’ainé, Louis II reçoit le titre d’empereur et l’Italie, Lothaire II reçoit au nord un ensemble de territoire comprenant la Frise, les Pays Bas (correspondant à la Belgique et aux Pays Bas actuels), le futur comté puis duché de Bar, le duché de Lorraine stricto sensu et l’Alsace composant son royaume de Lotharingie. Enfin Charles reçoit entre les deux le Lyonnais et la Provence composant le Royaume de Bourgogne Cisjurane et Provence. A la mort sans héritier de Lothaire II en 869, les droits de son frère Louis II sont contestés par son oncle le roi de Francie occidentale Charles le Chauve qui vient à Metz se faire couronner empereur ce qui suscite l’intervention de l’autre oncle le roi de Francie orientale Louis le Germanique qui impose un nouveau partage par le traité de Meerssen de 870. Louis le Germanique s’attribue les pagi de Trêves, de la Nied, de la Sarre et la Blies avec Aix la Chapelle, Metz et la Frise tandis que Charles le Chauve s’attribue ceux de Toul, Verdun, Saint Mihiel, le Saintois et le Chaumontois. En 882, l’unité du Royaume des Francs est rétablie momentanément par l’empereur Charles III le Gros, troisième fils du roi Louis le Germanique. Mais dès 887 celui-ci est déposé par la diète de Tribur et remplacé par un bâtard de son frère Arnulf de Carinthie, fils bâtard de Carloman de Bavière qui récupère l’Alsace et la Lorraine qu’avait occupée Charles le Gros en 882 en violation du Traité de Meerssen. En 888, Arnulf de Carinthie est proclamé roi en Francie Orientale (Germanie), Lotharingie et Italie et devient empereur. En mai 895, Arnulf intronise son fils bâtard Zwentibold comme roi de Lotharingie. Les frontières de ce royaume coïncidaient sans doute en grande partie avec celles du royaume de Lothaire II. Les historiens ne sont pas d'accords sur le point de savoir dans quelle mesure le fils d'Arnulf demeurait subordonné à l'autorité impériale ; tout indique qu'il jouissait dans son gouvernement d'une large indépendance. L'expérience n’est d'ailleurs pas de longue durée. Zwentibold se heurte aux résistances des Grands nobles qui voyaient avec déplaisir un étranger restreindre leur indépendance. Il se brouille avec Régnier et l'oblige à s'expatrier en 898.

Zwentibold est tué le 13 ou le 30 août 900 au cours d'une bataille, au voisinage de la Meuse, contre les comtes Gérard Ier de Metz, Matfried Ier et Étienne de Pouilly, ses vassaux révoltés. Louis IV l’Enfant, fils légitime d’Arnulf de Carinthie qui lui succède comme roi de Francie Orientale et empereur est reconnu comme leur souverain par les seigneurs lorrains réunis à Thionville. En 959, Brunon, évêque de Cologne et duc de Lotharingie, frère du roi de Francie Orientale Othon Ier, scinde le duché de Lotharingie en deux parties: le duché de Basse-Lotharingie qui s'étend de la mer du Nord au Luxembourg, et le duché de Haute Lotharingie qui correspond à peu près au territoire de la future Lorraine, y compris le pays de Trêves. Les villes des Trois-Evêchés - Metz, Toul et Verdun - sont exclues du partage. Le Comté de Bar est constitué et il est donné au duc de Haute Lotharingie. Il fait partie en 962 de l’empire restauré par le roi de Francie Orientale Othon après disparition du dernier empereur carolingien en 928.

.Otto I / Othon Ier, duc de Saxe en 936, roi de Francie Orientale de 936 à 961, roi d’Italie en 951.

 

Maison d’Ardenne

.Friedrich (v.912-978), Herzog von Oberlothringen und Graf von Bar / Frédéric Ier ou Ferry duc de Haute-Lotharingie et comte de Bar de 959 à 978

Fils de Wigéric, comte de Bigdau, puis comte palatin de Lotharingie, et de Cunégonde et frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il épouse en 954, Béatrice, fille d’Hugues le Grand, duc de France et d’Hedwige de Saxe, fille de l’empereur Henri Ier avec laquelle il a 4 enfants :

-Henri mort entre 972 et 978.

-Adalbéron II (958-1005) évêque de Verdun et de Metz

-Ida mariée à Radbot d’Altenbourg qui construit le château de Habsbourg (Argovie en Suisse).

-Thierry 

.Otto I / Othon Ier dit le Grand restaure l’empire en 962 

.Otto II / Othon II est empereur à la mort de son père Othon Ier en 973 jusqu’à sa mort en 983

.Dietrich I (v, 965 -1027), Herzog von Oberlothringen und Graf von Bar / Thierry Ier, duc de Haute Lotharingie de 978 à 1027, comte de Bar de 978 à 1027                              Fils de Frédéric Ier.

Il fait construire une forteresse à Fains sur la frontière entre le royaume de Francie Occidentale et le royaume de Francie Orientale et échange des fiefs avec l’évêque de Toul constituant progressivement ce qui devient le comté de Bar.

.Otto III / Othon III, roi de Francie Orientale de 983 à 1002, roi d’Italie en 996, empereur de 996 à 1002

.Heinrich II / Henri II dit le Saint, roi de Francie Orientale de 1002 à 1024, roi d’Italie en 1004, empereur de 1002 à 1024

.Friedrich II (v.995-1026), Herzog von Oberlothringen und Graf von Bar / Frédéric II,  duc de Haute Lotharingie de 978 à 1026, comte de Bar de 1024 à 1026                            Fils de Thierry Ier ; marié vers 1012 à Mathilde, fille du duc de Souabe Hermann II ; associé à son père ; il meurt une année avant lui. Il a deux filles Sophie et Béatrix, mariée à Boniface, Marquis de Montferrat, mère de Mathilde, Comtesse de Toscane, « la grande comtesse Mathilde ».

.Konrad II / Conrad II dit le Salique, roi de Francie Orientale de 1024 à 1039, roi d’Italie en 1026, empereur de 1027 à 1039, roi de Bourgogne-Provence  de 1032 à 1039 

.Heinrich III / Henri III dit le Noir, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1028 à 1056, roi de Bourgogne de 1039 à 1056, roi d’Italie en 1039, empereur de 1046 à 1056

 

.Friedrich III (vers 1020-1033), Graf von Bar et Herzog von Oberlothringen / Frédèric III, duc de Haute-Lotharingie et comte de Bar  de 1026 à 1033                                         Fils de Frédèric II.

.Sophia (v 1020-1095), Graferin von Bar  /  Sophie, comtesse de Bar de 1033 à 1095 et de Mousson épouse de Louis Ier, comte de Montbéliard, d’Altkirch et de Ferrette                           Sœur du précédent.

A la mort de son frère Frédéric II, sa tante Gisèle de Souabe, mariée à l'empereur Conrad II, la recueille ainsi que sa sœur Béatrice. Sophie hérite des comtés de Bar et de Mousson ; en 1033, elle hérite de la seigneurie de Saint Mihiel ; elle épouse en 1038 Louis de Montbéliard-Mousson, investi des comtés de Montbéliard, d’Altkirch et de Ferrette par l’empereur Henri III. En 1090, Sophie fait édifier un château fort à Saint Mihiel.

 

.Heinrich IV / Henri IV, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1056 à 1099, roi de Bourgogne-Provence de 1056 à 1106, roi d'Italie de 1080 à 1106, empereur de 1084 à 1105 

 

Haus von Mömpelgard  / Maison de Montbéliard

.Dietrich I von Mömpelgard (vers 1045-1105), Graf von Bar  /  Thierry Ier de Montbéliard,  comte de Bar de 1095 à 1105, comte de Montbéliard sous le nom de Thierry II, d'Altkirch et de Ferrette (Thierry Ier) de 1073 à 1105, seigneur de Mousson (Thierry II) de 1093 à 1105, comte de Verdun de 1100 à 1105.                                            Fils de Sophie.

A la mort de son père, il revendique la succession du duché de Lorraine, que son père avait déjà revendiqué. Il est débouté par l'empereur Henri IV. En représailles, il ravage l'évêché de Metz, mais est vaincu par Adalbéron III, évêque de Metz, et le duc de Lorraine Thierry II. En 1100, l'évêque de Verdun lui donne le comté à titre viager, mais les rapports entre les pouvoirs temporel et spirituel sont mouvementés.

.Heinrich V  /  Henri V, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1099  à 1125, roi d'Italie de 1098 à 1125, roi de Bourgogne-Provence de 1106 à 1125, empereur  de 1111 à 1125

.Lothar III  / Lothaire III de Supplinbourg, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1125 à 1137, roi de Bourgogne-Provence de 1125 à 1137, empereur de 1133 à 1137         

.Rainald I der Einäugige (vers 1080-1149), Graf von Bar /    Renaut Ier dit le Borgne,  comte de Bar de 1105 à 1149 et seigneur de Mousson de 1105 à 1149, comte de Verdun de 1105 à 1134, comte de Briey et de Stenay de vers 1130 à 1149                                                  Fils de Thierry, comte de Montbéliard, d’Altkirch, de Ferrette et de Bar, et d’Ermentrude de Bourgogne.

À la mort de son père, Renaut obtient le comté de Bar et Mousson en partage. L’évêque de Verdun lui confie également la même année le comté de Verdun. Pendant la querelle des Investitures, il est partisan du pape et combat l’évêque de Verdun, partisan de l’empereur. En 1113, l’empereur Henri V intervient dans la lutte, prend d’assaut le château de Bar et fait prisonnier Renaud. Il n’est libéré qu’après avoir juré fidélité et prêté hommage. Il combat pour agrandir son domaine meusien en cherchant à récupérer l’héritage meusien de Godefroy le Bossu. Il obtient Stenay et Mouzay de l’évêque de Verdun en 1100, puis Briey vers 1130. 

En 1134, en abandonnant ses droits sur le comté de Verdun, il reçoit Clermont-en-Argonne. Godefroy de Bouillon avait cédé Bouillon à l’évêque de Liège en précisant que s’il revenait de Terre Sainte, il pourrait racheter la seigneurie, et autorisant cette faculté à ses héritiers. Renaud, se posant en héritier, réclame la ville et, devant le refus de l’évêque, la prend d’assaut en 1134.Trop souvent en conflit avec l’évêque, étant trop puissant pour être le vassal de ce dernier, il est plusieurs fois déposé du comté de Verdun et y renonce définitivement en 1134.

D’une première épouse inconnue, il a un fils né en 1113 et mort avant 1120. Il se remarie en 1120 avec Gisèle de Vaudémont, veuve de Renard III, comte de Toul, fille de Gérard Ier, comte de Vaudémont, et d’Hedwige de Dagsbourg, et a:

-Hugues (v.1120- 1141).

-Agnès, mariée vers 1140 à Albert Ier, comte de Chiny

-Clémence

-Renaud II (1115-1170), comte de Bar

-Thierry (- 1171), 54e évêque de Metz

-Mathilde, mariée à Conrad Ier, comte de Kybourg

-Stéphanie, dame de Commercy, mariée à Hugues III, sire de Broyes

.Rainald II (1125-1170), Graf von Bar /  Renaud II, comte de Bar de 1150 à 1170, comte de Mousson                                                                                                                              Fils du précédent ; il épouse en 1155 Agnès la fille du comte Thibaud II de Champagne ; or en 1160, il devient le beau-frère par alliance du roi de France Louis VII lorsque celui-ci épouse Alix, la sœur d’Agnès.

A partir de cette époque, alors que les ducs de Lorraine épousent des princesses de l’empire, les comtes de Bar épousent eux des princesses du royaume de France.

.Friedrich I  / Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse (1122-1190), roi de Germanie (Francie Orientale) de 1155 à 1190, empereur de 1155 à 1190

.Heinrich I (vers 1158-1190), Graf von Bar  /  Henri Ier,  comte de Bar de 1170 à 1190, comte de Mousson                                                                                                                   Fils de Renaud II.

.Heinrich VI /  Henri VI de Hohenstaufen dit le Cruel (1165-1197), roi de Germanie (Francie Orientale) dès 1169 jusqu’à 1197, empereur de 1191 à 1198,

 

.Theobald I (1158-1214), Graf von Bar /  Thibaut Ier, comte de Bar de 1190 à 1214, comte de Luxembourg, comte de Vaudémont, comte de Mousson, seigneur de Marville                Frère d’Henri Ier ; marié en troisièmes noces en 1197 à Ermesinde Ire, comtesse de Luxembourg, fille d’Henri IV, comte de Luxembourg et de Namur.

En 1202, pour obtenir son soutien, le duc de Lorraine lui cède la suzeraineté sur le comté de Vaudémont. Il épouse la comtesse Ermesinde de Luxembourg, fille de Henri l’Aveugle, comte de Luxembourg.  En 1214, à sa mort, la comtesse Ermesinde hérite  de Marville.

.Philipp I  / Philippe Ier de Hohenstaufen (1177-1208), roi des Romains en 1198, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1198 à 1208

En 1198, deux rois des Romains sont élus : Philippe Ier de Hohenstaufen et Othon de Brunswick. Les deux sont donc candidats pour la couronne impériale. Le pape prend le parti du welf Othon mais celui-ci ne sera couronné qu'après l'assassinat de Philippe Ier en 1208.

.Otto IV / Otton IV de Brunswick (1175-1176-1218), roi des Romains en 1198, empereur de 1209 à 1214

.Heinrich II (1190-1239), Graf von Bar /    Henri II, comte de Bar de 1214 à 1239, comte de Mousson                                                                                                                              Fils de Thibaud Ier.

Le comté de Bar, dans la première partie du XIIIème siècle est constitué de quatre baillages : les baillages de Bar le Duc, de Bassigny, de Clermond en Argonne à l'ouest de la Meuse et de Saint-Mihiel à l'est qui entourent l'évêché-comté de Verdun. Les villes principales sont Bar le Duc, Clermont en Argonne à l'ouest de la Meuse et de Longwy, Pont à Mousson et Stenay à l'est de la Meuse.

Le comté de Bar relevant du Saint Empire romain germanique, l'empereur est le suzerain du comte. Mais le comté de Bar se trouve, par sa frontière occidentale, limitrophe du comté de Champagne avec lequel il est souvent en lutte.

.Friedrich II  / Frédéric II de Hohenstaufen, roi de  Germanie (Francie Orientale) de 1212 à 1250,  empereur de 1220 à 1250

.Conrad IV roi de Germanie (Francie Orientale) de 1237 à 1254,

 

.Grand Interrègne de 1256 à 1273

.Guillaume Ier de Hollande, antiroi de Germanie (Francie Orientale)  de 1254 à 1256 (contre Frédéric II et Conrad IV)

.Richard Ier de Cornouailles, roi de Germanie (Francie Orientale) de 1257 à 1272

.Alphonse de Castille antiroi de Germanie (Francie Orientale) de 1257 à 1272 (contre Richard Ier)

 

.Rudolf I  / Rodolphe Ier de Habsbourg, roi de Germanie, roi des Romains (empereur) en 1273

.Theobald II (vers 1221-1291), Graf von Bar /  Thibaut II, comte de Bar de 1239 à 1291, comte de Mousson, coseigneur de Marville de 1270 à 1291,                                               Fils d'Henri II.

Par une charte d'affranchissement datée du 20 avril 1261, il crée la ville de Pont à Mousson qui relève du Saint-Empire romain germanique. À sa tête se trouvent un maître-échevin, sept jurés et dix-huit conseillers de justice. La cité comprend quatre paroisses : Sainte-Croix, Saint-Laurent et Saint-Jean sur la rive gauche, (diocèse de Toul) et Saint-Martin sur la rive droite (diocèse de Metz). Puis en 1270, il achète en indivision avec le comte Henri V de Luxembourg à Waleran III de Montjoie-Faulquemont, le petit-fils d’Ermesinde, la seigneurie de Marville. Pour contrer les empiétements du roi Philippe IV le Bel dans le Barrois, l’empereur Rodolphe de Habsbourg, élu en 1273, fait enquêter dans les Pays de la Meuse ; mais ses commissaires ont beau constater en 1288 que « li evesque de Verdun ont toujours repris toute leur temporalitei dou rot d’Allemengne ou de l’empereur », le grignotage français continue.

.Adolphe de Nassau, roi de Germanie de 1292 à 1298,  empereur de 1292 à 1298

.Heinrich III (1259-1302), Graf von Bar / Henri III, comte de Bar de 1291 à 1302, comte de Mousson                                                                                                                                 Fils de Thibaud II ; marié en 1293 à Aliénor d’Angleterre (1269-1297), fille d’Édouard Ier, roi d’Angleterre, et d’Aliénor de Castille.

Le voisinage du comté de Bar avec celui de Champagne devient redoutable pour lui, lorsque le comté de Champagne, par suite du mariage de Jeanne, héritière de ce fief, avec le roi Philippe IV le Bel, est réunie en 1284 au royaume de France. Dès lors, le comté de Bar ne cesse plus d’être l’objet des convoitises françaises, et c’est précisément Philippe le Bel qui fait sur lui le premier acte sérieux de mainmise.

Alors qu’Edouard Ier, roi d’Angleterre, est en guerre avec Philippe le Bel, Henri prend le parti de son beau-père, envahit la Champagne. Philippe le Bel envoie contre lui une armée et le fait prisonnier et le détient à Bruges. A la même époque, Albert de Habsbourg, duc d’Autriche, dispute la couronne impériale à Adolphe de Nassau, le tue dans une bataille et se fait élire empereur à sa place. Mais, comme la couronne lui est contestée, et qu’en particulier le pape ne veut pas le reconnaître, Albert de Habsbourg sollicite l’alliance de Philippe le Bel, avec lequel il a des entrevues, dont la plus connue est celle de Vaucouleurs. Par le traité de Bruges, à l'été 1299, Albert aurait abandonné, selon l’interprétation française toutes prétentions du Saint-Empire romain germanique sur la partie du Barrois que l’on appellera « mouvant » c'est-à-dire toujours théoriquement dans l’empire mais dans la mouvance du royaume de France située à l’ouest de la Meuse. Or Philippe le Bel s’exprime ainsi dans le traité de Bruges :

« ledit Comte nous a fait hommage lige, pour nous et pour notre hoir (héritier), roi de France, de Bar et de la Châtellenie de Bar et de toutes les choses qu’il tenait en franc-alleu par deçà la Meuse vers le royaume de France, si comme elles sont nommées, expressées, et devisées en ses lettres baillées à nous sur ce, et de tout ce entièrement qu’il tenait en franco-alleu, en quelque lieu que ce soit, et quelconque chose que ce soit, par deçà de la Meuse vers le royaume de France ».

Peu de temps après, en 1301, Philippe le Bel impose au comte Henri III, prisonnier à Bruges, comme condition de sa mise en liberté, la reconnaissance de la suzeraineté du roi de France pour cette même partie, qui devient à tout jamais ce qu’on appelle le Barrois mouvant, c’est-à-dire la partie du Barrois pour laquelle le comte de Bar, auparavant vassal de l’empereur, serait devenu celui du roi, tandis que l’autre partie du comté, celle qui était située sur la rive droite de la Meuse, restait sous la suzeraineté de l’Empire, et s’appelait le Barrois non-mouvant. Ce traité du Bruges et cette mouvance du Barrois qu’il entraîne, deviennent la cause d’interminables débats entre le Barrois et la France, les souverains de l’un et de l’autre s’efforçant d’en restreindre ou d’en étendre l’effet suivant leur intérêt propre. Comme en réalité, il ne stipule à la charge du souverain barrois que l’hommage-lige à l’égard du souverain français, on doit, pour bien l’entendre, déterminer en quoi consistait l’hommage-lige. L’hommage-lige, ou ligence, oblige le vassal envers le suzerain dont il est l’homme à trois services :

-d’abord, et principalement, le service militaire, de sa personne et de la force armée dont il disposait, quand il en était ;

-ensuite l’obligation d’assister le suzerain dans sa cour de justice et de prendre part au jugement des contestations portées devant lui; 

-enfin l’obligation de reconnaître la cour de justice du suzerain en cas de procès entre vassaux de la même mouvance. Mais elle ne transforme nullement l’homme-lige en sujet de sorte qu’en droit féodal, la mouvance ne consiste nullement en une annexion au royaume à telle enseigne que quarante-neuf ans après le traité de Bruges, le roi Jean le Bon, dans une ordonnance, qualifie le comté de Bar de « lieu voisin de son royaume», par conséquent de pays étranger. En 1301, le Barrois mouvant ne devient donc pas à proprement parler juridiquement une terre française. Néanmoins le tiers du duché de Bar environ, groupés essentiellement autour de Bar-le-Duc, constituent dès lors le Barrois mouvant (relevant du roi de France) divisé en deux bailliages : celui de Bar-le-Duc et celui de Bassigny : le bailliage de Bar-le-Duc subdivisé en deux prévôtés : celle de Bar et celle de Souilly et le bailliage de Bassigny.

.Albrecht I  / Albert Ier de Habsbourg, roi de Germanie de 1298 à 1308, empereur de 1298 à 1308 

.Eduard I  (v.1295-1336), Graf von Bar /   Édouard Ier,  comte de Bar de 1302 à 1336, comte de Mousson                                                                                                                   Fils d`Henri III; marié en 1310 à Marie de Bourgogne, fille de Robert II, duc de Bourgogne, et d’Agnès de France.

.Heinrich VII  / Henri VII de Luxembourg, roi de Germanie de 1308 à 1313,  empereur de 1311 à 1313

.Ludwig IV / Louis IV de Bavière, roi de Germanie de 1314 à 1347, roi des Romains en 1314, empereur de 1328 à 1347,

.Heinrich IV (v.1323-1344), Graf von Bar /  Henri IV, comte de Bar de 1336 à 1344, comte de Mousson                                                                                                                              Fils d'Henri III.

.Eduard II (1339-1352), Graf von Bar /  Édouard II,  comte de Bar de 1344 à 1352, comte de Mousson                                                                                                                              Fils du précédent.

.Karl IV  / Charles IV de Luxembourg, roi de Germanie de 1346 à 1378, empereur de 1355 à 1378

.Wenzel II  / Venceslas II, roi de Germanie de 1378 à 1400, empereur (Venceslas Ier) de 1378 à 1400

.Ruprecht I  / Robert Ier de Bavière, roi de Germanie de 1401 à 1410, empereur de 1401 à 1410

 

.Ruprecht I (1344-1411), Graf von Bar, Herzog von Bar /  Robert, comte de Bar de 1352 à 1354, marquis de Pont à Mousson de 1353 à 1411 puis duc de Bar de 1354 à 1411                 Frère d 'Edouard II.

En 1353, son oncle l’empereur Charles IV de Luxembourg érige la ville de Pont à Mousson en marquisat à son profit et le fait accéder ainsi au rang de prince d'Empire siégeant à la Diète. Puis l’année suivante en 1354, son oncle l’empereur érige le comté de Bar en duché. Le duché comprend outre le territoire du comté de Clermond en Argonne, les comtés de Briey et de Stenay, les seigneuries de Marville et Amancy, le comté de Longwy et le marquisat de Pont à Mousson.

Mais dès la fin de son règne, le lien de vassalité pour la partie du Barrois dit Mouvant permet à l’autorité française de s’immiscer dans les affaires de cette partie: des agents royaux s’arrogent le droit d’intervenir dans ce Barrois mouvant ; parallèlement ses habitants font de plus en plus appel devant les juridictions françaises dont les décisions leurs sont plus favorables que celles des officiers ducaux. Sous son règne une bande de terre sise au milieu de la partie dite du Barrois mouvant comprenant la seigneurie de Vaucouleurs est achetée en 1355 à Jean de Joinville par Philippe de Valois, seigneurie que par ordonnance de 1365, le roi Charles V rattache directement au comté de Champagne partie intégrante du Royaume.

.Eduard III (v.1377-1415), Herzog von Bar  /  Édouard III de Bar, marquis de Pont à Mousson, duc de Bar de 1411 à 1415                                                                                         Second fils du précédent.

Après la bataille d’Azincourt au cours de laquelle  Edouard III est tué, le duché est gouverné son frère par le cardinal Louis de Bar.

.Ludwig I (1370/1375-1430), Herzog von Bar   /  Louis Ier, cardinal en 1397, évêque administrateur de Verdun de 1419 à 1423 et de 1424 à 1430, duc de Bar de 1415 à 1430 Frère du précédent.

Il désigne pour lui succéder son petit-neveu René d’Anjou.

.Sigismund /  Sigismond de Luxembourg,  roi de Germanie de 1411 à 1437, empereur de 1433 à 1437

.Albrecht II  /  Albert II de Habsbourg, roi de Germanie de 1438 à 1439, roi des Romains (empereur) de 1438 à 1439 

 

Maison d’Anjou

.René Ier d’Anjou (1409-1480), duc de Bar de 1430 à 1480, duc de Lorraine de 1431 à 1453, duc d'Anjou (1434-1480), comte de Provence et de Forcalquier (1434-1480), roi de Naples (1435-1442)

Au décès du cardinal-duc, Louis de Bar le 23 juin 1430, c’est son fils adoptif  René Ier d’Anjou, époux d’Isabelle de Lorraine, qui devient duc de Bar ; sept mois plus tard, Isabelle succède elle-même comme duchesse de Lorraine à la mort de son père Charles II le 25 janvier 1431 ; la Lorraine et le Barrois ont désormais une histoire liée.

1. Comté de Bassigny jusqu’en 1190 puis seigneurie, baillage du comté de Bar, terre d’empire de 962 à 1659 

Lors du traité de Verdun, en 843, Lothaire Ier reçoit dans sa part, le Bolenois, le Bassigny et le Barrois de l’Aube. Suite à la création du duché de Bourgogne, après 880, avec à sa tête le duc Richard le Justicier, le comté y est annexé.

.Roger II de Laon (?- 942), comte de Laon de 926 à 931, comte de Douai de 931 à 941 puis comte de Bassigny-Bolenois de 941 à 942

.Hugues IV de Bassigny (?-961), comte de Bassigny-Bolenois de 942 à 961                             Fils du précédent.

.Richard (?-?), comte de Bassigny de 961 à ?                                                                       Probablement  frère de Lambert de Bassigny ou de Clermont, évêque de Langres.

.Roger (?-1005), comte de Bassigny de ? à 1005.

Au XIème siècle, le comté de Bassigny éclate, la plus grande part se met à relever du comté de Champagne à l'exception d'une partie du Bassigny barrois situé à l'est de la Meuse devenu bailliage de Bassigny partie du comté de Bar comprenant  six châtellenies ou prévôtés: Gondrecourt, La Mothe, Bourmont, La Marche, Conflans et Châtillon, qui, à partir de 1301, relève du Barrois dit mouvant.

2. Baillage de Bar le Duc, 

Au XIème siècle, Frédéric II, comte de Bar, n’a pour héritiers que deux filles: Sophie et Béatrix. Béatrix, mariée à Boniface, marquis de Montferrat, est la mère de Mathilde, comtesse de Toscane, «la grande comtesse Mathilde». Quant à Sophie, elle épouse Louis de Montbéliard, comte de Mousson. C'est à l'époque de Sophie (1033-1093) que Bar le Duc se développe; deux nouveaux quartiers sont mis en place lui permettant de devenir la capitale du comté de Bar. 

3. Baronnie, baillage de Saint Mihiel, terre d’empire de 962 à 1766

Saint-Mihiel tombe dans l’héritage de la comtesse Sophie de Bar en 1033. Celle-ci est mariée à Louis de Montbéliard, comte de Mousson. La Baronnie de Saint Mihiel est le siège du Barrois non mouvant pour lequel le roi de France ne réclame pas l’hommage du duc de Bar.

Après le traité de Nimègue de 1678, en période de paix, Louis XIV tente d'agrandir son royaume en profitant des dispositions peu précises des traités de Westphalie  de 1648 et du traité de Nimègue qui cèdent à la France des «territoires et leurs dépendances». Grâce à la création de Chambres de réunion à Metz, Besançon et Brisach, il pense pouvoir mettre la main «légalement» sur la  Franche-Comté, l’Alsace et une partie de la Lorraine. La chambre de Metz par arrêt du 2 juin 1683, les seigneuries, prévôtés et châtellenies de Pont-à-Mousson, Saint-Mihiel sont annexées au royaume de France. Devant ces coups de force, La Suède, les Provinces-Unies, vite rejointes par l'Empereur romain germanique et son cousin le roi d'Espagne, forment une alliance pour obliger Louis XIV à restituer ces «Réunions». Cela devient la Ligue d’Augsbourg du 18 juin 1682. La  guerre éclate en 1689. Au règlement de cette guerre par le traité de Ryswick en 1697, tous les territoires «réunis» font alors retour à leurs anciens possesseurs ou suzerains, sauf la Basse-Alsace et Sarrelouis fondée par Louis XIV (aujourd'hui en Sarre allemande). Saint Mihiel reste possession du duché de Bar et de Lorraine jusqu’en 1766.

4. Comté, baillage de Clermont en Argonne, terre d’empire de 962 à 1659

À la mort de son père en 1105, Renaud Ier devient comte de Bar et de Mousson en partage. L’évêque de Verdun lui confie également la même année le comté de Verdun dont dépend alors le baillage de Clermont en Argonne.

Pendant la Querelle des Investitures, il est partisan du pape et combat l’évêque de Verdun, partisan de l’empereur. En 1113, l’empereur Henri V intervient dans la lutte, prend d’assaut le château de Bar et fait prisonnier Renaud. Il n’est  libéré qu’après avoir juré fidélité et prêté hommage.

Il combat pour agrandir son domaine meusien en cherchant à récupérer l’héritage meusien de Godefroy le Bossu. Il obtient Stenay et Mouzay de l’évêque de Verdun en 1100, puis Briey vers 1130. En 1134, l’évêque de Verdun Adalbéron de Chiny lui retire le comté de Verdun mais en abandonnant ses droits sur le comté de Verdun, il reçoit Clermont-en-Argonnes. .

Un conflit survient en 1286 entre l’Abbé de Beaulieu en Argonne et Thiébaut II comte de Bar. L’Abbé fait appel au roi Philippe IV le Bel qui envoie des troupes alors que Thiébaut invoque l’incompétence royale, l’abbaye se trouvant en terres d’empire. Thiébaut assemble à Saint Mihiel le 19 février 1288 les principaux seigneurs et chevaliers du Barrois qui reconnaissent que Beaulieu en Argonne est du comte de Bar et du « royaume d’Allemaigne ». L’empereur Rodolphe Ier de Habsbourg envoie trois commissaires qui le confirment et dont le rapport est sanctionné par Rodolphe le 12 octobre 1289 à Strasbourg. Ses successeurs, les empereurs Adolphe de Nassau le 21 mars 1295 et Albert de Habsbourg le 6 décembre 1299 en font de même ainsi que pour Montfaucon en Argonne.

En 1419, a lieu la réunion des comtés de Bar et du duché de Lorraine qui fait passer le comté de Clermont sous la suzeraineté des comtes puis ducs de Bar et ducs de Lorraine. Mais les rois de France considèrent que le comté de Clermont en Argonne relevait non pas des évêques de Verdun mais du comté de Champagne lequel a été réuni au royaume de France de sorte que selon leurs juristes le comté de Clermont fait partie du Barrois dit mouvant pour lequel le roi de France revendiquent l’hommage ce que contestent les ducs de Bar et de Lorraine. Mais par le traité de Romilly de 1539, François Ier, tout en maintenant la position des rois de France, accepte de suspendre  l’exercice de son droit à l’hommage pour cette terre.

Le comté est occupé par la France en 1632. Par le traité de Saint Germain en Laye du 2 avril 1641, le duc de Lorraine et de Bar s’engage à soutenir partout et en tous temps les intérêts de la France et à renoncer à toute « intelligence » avec la maison de Habsbourg, à abandonner à la France le comté de Clermont en Argonne situé dans le Barrois non mouvant ainsi que les places fortes de Jametz, Stenay et Dun sur Meuse. La citadelle de Clermont en Argonne est assiégée en 1654 par l’armée de Louis XIV commandée par Clerville puis par Vauban. Le comté doit être cédé à Louis XIV par le duc de Bar et de Lorraine Charles IV au traité des Pyrénées de 1659.

5. Prévôtés-comtés de Briey et de Stenay (Briey, Stenay, Mouzay, Dun sur Meuse),  terre d’empire de 962 à 1659

Briey est un carrefour routier conduisant vers Metz, Jarny, Longwy et Longuyon, Verdun, Thionville, le Luxembourg et les Ardennes (Sedan, Charleville-Mézières.) Stenay est une petite ville située sur la Meuse frontière de la Francie Occidentale et de la Francie Médiane. Briey et Stenay sont des fiefs des évêques de Verdun.

.Mathilde de Toscane (vers 1046-1115), comtesse de Briey, marquise de Toscane

Fille de Boniface III, marquis de Toscane et de Béatrice de Bar, fille de Frédéric II, duc de Haute-Lotharingie et de Mathilde de Souabe, marquise de Toscane.

.Albert Ier de Briey (vers 1030-vers 1114), seigneur d’Apremont se voit confier l'avouerie du comté de Briey.

Richer, son frère voit son élection d'évêque de Verdun confirmé par l'empereur Henri IV en 1089.   

.Renaud Ier le Borgne (1080 -1149), comte de Stenay de 1100 à 1149, comte de Bar et seigneur de Mousson, comte de Verdun de 1105 à 1134, comte de Briey de vers 1130 à 1149, comte de Clermont en Argonne de 1134 à 1149

En 1100, l’évêque de Verdun Richer l’investit du comté de Stenay. Puis à la mort de son père Thierry de Montbéliard auquel l’évêque de Verdun Richer avait déjà donné le comté de Verdun, Renaud en hérite avec le comté de Montbéliard. Enfin vers 1130, il obtient encore le comté de Briey de l’évêque de Verdun Urcion. Mais devenu trop puissant, il est en conflit permanent avec l’évêque ; aussi l’évêque de Verdun Adalbéron de Chiny le contraint en 1134 à abandonner ses droits sur le comté de Verdun,  mais il reçoit Clermont-en-Argonne.

.Renaud II (vers 1122-1170), comte de Bar et seigneur de Mousson, comte de Stenay et Moussey, comte de Briey, comte de Clermont en Argonne de 1149 à 1170

Fils du précédent. Il épouse Agnès, fille du comte Thibaud II de Champagne  et devient en 1160 le beau-frère du roi de France Louis VII lorsque celui-ci épouse Alix la sœur d’Agnès.

.Theobald I (1158-1214) / Thiébault Ier, comte de Briey et de Stenay, comte de Bar de 1190 à 1214

Fils cadet du comte Renault II de Bar. Veuf en première noce de Lorette, fille de Gérard, comte de Loos, dont il a une fille, Agnès, qui devient l’épouse du duc de Lorraine, Ferry II en secondes noces d’Elisabeth de Bar sur Seine, dont il a un fils, qui devient le comte de Bar Henry II.

Au cours du XV   siècle, la prévôté de Briey, est confiée par les ducs de Lorraine à la Maison de Ficquelmont, l'une des principales familles de la vieille noblesse lorraine (Chevaux de Lorraine.) Les comtés de Briey et de Stenay vont connaitre avec le comté puis duché de Bar d’abord le sort que les rois de France réservent ensuite au duché de Lorraine.

En 1631, Louis XIII s’empare de Vic et Moyenvic en Lorraine. Le 6 janvier 1632, le duc de Lorraine Charles IV doit signer le traité de Vic par lequel il abandonne la place forte de Marsal à la France. La Lorraine est envahie par la France et Stenay fait l’objet d’une première occupation par les troupes françaises.  Le 26 juin  1632, Charles IV doit signer le traité de Liverdun par lequel il doit céder cette fois les places de Stenay, Dun sur Meuse, Jametz et Clermont en Argonne. Mais pendant la Fronde, Stenay devient la capitale des Frondeurs, ce qui aboutit au grand siège de 1654 par Louis XIV. La ville passe alors  définitivement dans le giron de la France.

Mazarin obtient lors de la négociation de la paix des Pyrénées la libération le 15 octobre 1659 du duc Charles IV de Lorraine; mais le traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 n’est pas favorable à la Lorraine ; en effet la France conserve le duché de Bar, avec le comté de Clermont en Argonne, les places de Dun sur Meuse, Stenay, Jametz, Moyenvic et Marsal ainsi que tous les villages situés le long d’une route stratégique reliant Verdun à l’Alsace.  Après le traité de Nimègue de 1678, en période de paix, Louis XIV tente d'agrandir son royaume en profitant des dispositions peu précises des traités de Westphalie de 1648 et du traité de Nimègue qui cèdent à la France des «territoires et leurs dépendances». Grâce à la création de Chambres de réunion à Metz, Besançon et Brisach, il pense pouvoir mettre la main «légalement» sur la Franche-Comté, l’Alsace et une partie de la Lorraine. La chambre de Metz par un arrêt du 27 juin 1680, annexe la seigneurie de Briey au Royaume de France. La guerre dite de la Ligue d’Augsbourg éclate en 1689. Au règlement de cette guerre par le traité de Ryswick en 1697, tous les territoires «réunis» font alors retour à leurs anciens possesseurs ou suzerains, sauf la Basse-Alsace et Sarrelouis fondée par Louis XIV (aujourd'hui en Sarre allemande).

6. Seigneurie de Marville et Arrancy,  terre d’empire de 962 à 1659

En 1039, Marville était un comté. Thiébaut 1er de Bar (1160/1214) est aussi seigneur de Marville qui fait alors partie du comté de Chiny. En 1214, à sa mort, son épouse la comtesse Ermesinde hérite du château et du territoire de Marville qui appartient alors au comté de Longwy. Elle se remarie avec Waleran 1er de Limbourg, marquis d’Arlon. Après sa mort en 1247, les héritiers d’Ermesinde se partagent successivement les biens des comtes de Luxembourg et de Bar. En 1270, Waleran III de Montjoie-Faulquemont, le petit-fils d’Ermesinde, endetté, est obligé de vendre Marville au comte Thiébaut II de Bar et au comte Henry V de Luxembourg, ce qui provoque une indivision pour quatre siècles Ainsi, Marville est administrée conjointement entre le duc de Bar et le duc de Luxembourg jusqu’en 1659. Le Traité des Pyrénées rattache Marville au royaume de France ainsi que les autres territoires du comté de Chiny.

7. Grafschaft Langich / Comté de Longwy, terre d’empire de 962 à 1678

Avec la division de la Lotharingie en 953, le baillage de Longwy  fait partie du comté de Bar qui relève du duché de Haute-Lotharingie. Puis Longwy est  le siège d’un comté indépendant, que la comtesse Mathilde porte dans la maison de Luxembourg vers 1060 et qu’un autre mariage fait entrer dans la maison de Lorraine sous Ferry. En 1174, le comté de Longwy comporte les prévôtés de Marville et d’Arrancy. Ferry III le revend en 1296 au comte de Bar et fait alors partie du Barrois mouvant jusqu’en 1368 où il est cédé en paiement d’une dette au duc de Luxembourg avant d’être restitué au duc de Bar en 1378.

En 1480, à la mort de René Ier d'Anjou duc de Bar et veuf d’Isabelle de Lorraine, Longwy comme l’ensemble du duché de Bar partage son souverain avec le duché de Lorraine sous le sceptre du petit-fils du défunt, René II de Lorraine.

Attaquée en 1648 par les Français, Longwy est occupée jusqu’en 1660 avant d’être rendue au duc de Lorraine Charles IV.  Attaquée une nouvelle fois en 1670, la ville de Longwy est occupée par la France. Par le traité de Nimègue conclu le 19 aout 1678, elle est placée sous prévôté française. Elle devient définitivement française en 1718, en même temps que les autres places fortes: Sarrelouis, Sarrebourg et Phalsbourg.

8. Herrschaft-Margrafschaft von Pont à Mousson / Seigneurie-Marquisat de Pont à Mousson, terre d’empire de 962 à 1766

Au XIIème, les comtes de Bar, qui ne possèdent que peu de territoires autour de Mousson, se mettent rapidement, au cours du XIIIème siècle, en possession du pont sur la Moselle, rare point de passage  entre l’évêché de Toul, Nancy (capitale des ducs de Lorraine) et l’évêché de Metz.

Un début d'agglomération relativement modeste  se développe sur la rive droite. Le comte Thiébaut II de Bar fonde le 20 avril 1261, la ville neuve de Pont-à-Mousson. Pont-à-Mousson prend alors une place majeure dans les possessions des comtes, puis ducs de Bar. Effectivement, la ville, qui s'entoure de remparts, devient l'une des principales places commerciales du Barrois. En mars 1354, l’empereur Charles IV érige la seigneurie de Pont-à-Mousson en marquisat au profit de Robert Ier de Bar puis en 1372, la ville au rang de cité.

Après le traité de Nimègue de 1678, en période de paix, Louis XIV tente d'agrandir son royaume en profitant des dispositions peu précises des traités de Westphalie de 1648 et du traité de Nimègue qui cèdent à la France des «territoires et leurs dépendances». Grâce à la création de Chambres de réunion à Metz, Besançon et Breisach. La chambre de Metz par arrêt du 2 juin 1683 annexe la seigneurie de Pont-à-Mousson au royaume de France. Devant ces coups de force, la Suède, les Provinces-Unies, vite rejointes par l'empereur romain germanique et son cousin le roi d'Espagne, forment une alliance pour obliger Louis XIV à restituer ces «Réunions». Cela devient la Ligue d’Augsbourg du 18 juin 1682. La guerre éclate en 1689. Au règlement de cette guerre par le traité de Ryswick en 1697, tous les territoires «réunis» font alors retour à leurs anciens possesseurs ou suzerains, sauf la Basse-Alsace et Sarrelouis fondée par Louis XIV (aujourd'hui en Sarre allemande).

9. Seigneurie-Comté de Ligny en Barrois, terre d'empire de 962 à 1301

Au début du XIIe siècle, la seigneurie de Ligny est dans la mouvance des comtes de Champagne mais en 1155, par le mariage de Renaud II, comte de Bar avec Agnès de Champagne, elle passe au comté de Bar. En 1240, la seigneurie de Ligny est donnée en dot par Henri II, comte de Bar à sa fille Marguerite, mariée à Henri V le Blond, comte de Luxembourg.

 

 

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23 septembre 2021 4 23 /09 /septembre /2021 11:07

 

Il n’est pas inutile de rappeler que la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne n’est pas la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme  et des libertés européennes de 1950 même si elle s’en inspire largement. Mais le traité sur l'Union européenne dans sa version consolidée après le traité de Lisbonne, dispose à son article 6 que :

« L'Union adhère à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. […] Les droits fondamentaux, tels qu'ils sont garantis par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et tels qu'ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux États membres, font partie du droit de l'Union en tant que principes généraux. ».

Par ailleurs, la Cour européenne des droits de l'homme s'est déclarée en 2005 compétente pour vérifier la conformité d'actes d'application de normes issues du droit de l'Union européenne lorsqu'une marge nationale d'appréciation était laissée à la discrétion de l'État membre de l'Union (arrêt Bosphorus).

Ceci étant, il est important de souligner que les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme ne permettent ni d’annuler ni de modifier automatiquement les décisions prises par les juridictions nationales. Mais il s’avère que les décisions de la Cour influencent cependant de manière considérable la jurisprudence ainsi que les évolutions de la justice de certains des Etats membres. A un époque où il est probable qu’on débaptisera bientôt la  CEDH, Cour Européenne des Droits de l’Homme en Cour Européenne des Droits du Genre Humain, il n’est pas inintéressant de s’interroger sur les dérives jurisprudentielles de cette Cour depuis un quart de siècle qui l’amène de plus en plus sous couvert d’interprétation de la Convention Européenne des Droits de l’Homme  à créer un droit propre en dehors du pouvoir législatif  national qui  tend à s’imposer aux juridictions nationales sans aucun contrôle démocratique.

En effet la jurisprudence de la Cour  est influencée par une multitudes de « lobbies » et  par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, dans le cadre de ses missions de suivi de la démocratie locale, lequel a vocation à sensibiliser les élus aux droits de l'homme et à leur application au niveau local et régional en Europe. Par exemple ce Congrès, convaincu que l’application des droits de l’homme dans les politiques territoriales contribuera à l’objectif de renforcer la démocratie locale et régionale partout en Europe, a publié en novembre 2018 un Manuel des droits de l'homme en anglais intitulé "Handbook on Human Rights at local and regional levels - vol.1 consacré au droit à la non-discrimination à l’égard de trois groupes : réfugiés, demandeurs d'asile et migrants ; Roms et Gens du voyage ; et personnes LGBTI.

Or les Etats membres d’Europe orientale qualifiés d’ illibéraux par ceux d’Europe Occidentale considèrent, et c’est leur droit, que ce sont les pays fondateurs de l’Union Européenne qui se sont écartés des valeurs chrétiennes qui avaient inspiré les rédacteurs de la Convention de 1950 et que les Etats membres d’Europe Occidentale sont dominés par une minorité agissante de marxistes soixante-huitards ou d’adeptes du « wokisme »  tandis que les majorités de leurs concitoyens n’acceptent pas de rester silencieuses et entendent, au nom de leur souveraineté, défendre les valeurs morales constitutives de leur identité nationale.

Il est dès lors parfaitement scandaleux que le Premier Ministre néerlandais Rutte ait pu déclarer, au motif que la Hongrie voulait appliquer une loi interdisant la promotion de l’homosexualité chez les mineurs, que la Hongrie n’avait pas sa place dans l’Union Européenne.

De même, alors que dans bon nombre d’Etats Membres, comme la CEDH, les Juges s’arrogent de plus en plus le droit de dire la loi  et se veulent totalement irresponsables vis-à-vis du peuple souverain, il ne parait pas incongru qu’un Etat membre comme la Pologne veuille instaurer une instance de jugement des juges.

Rappelons que les instances de l’Union Européenne ne sont  nullement démocratiques et largement influencées par une multitude de « lobbies »  hostiles à la pratique de la démocratie directe telle qu’elle existe en Suisse car de plus en plus conscients que la majorité silencieuse -qui risquerait de voter lors de référendum sur des sujets sociétaux- remettraient en cause  bon nombre de décisions prises au nom du respect des droits de l’homme.

Si une position comme celle du premier ministre néerlandais- qui méprise totalement  la souveraineté nationale des Etats concernés- devait être conservée non seulement par les Instances de l’Union Européenne mais par certains Etats membres d’Europe occidentale, on ne peut exclure que comme le Royaume Uni, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Croatie … finissent par demander à quitter l’Union ce qui constituerait le commencement de la fin et procurerait beaucoup de satisfaction aux Etats Unis d’Amérique et plus particulièrement à la Russie qui se veut à la pointe de la défense des valeurs chrétiennes en Europe.

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16 septembre 2021 4 16 /09 /septembre /2021 09:34

France-Australie-Royaume Uni-Etats Unis-Partenariat stratégique-Contrat sous-marins annulé -Coup de poignard dans le dos- Otan- Sortie immédiate

 

Après avoir constaté que l’OTAN était en état de mort cérébrale, le président Macron devrait  faire preuve de cohérence et dire que l’annulation du contrat de sous-marins entre l’Australie et la France et l’annonce simultanée d’un partenariat stratégique entre les Etats Unis, le Royaume Uni et l’Australie qui constitue un coup de poignard dans le dos des Etats Unis et du Royaume Uni justifie le retrait immédiat de la France de l’OTAN dans lequel la France n’a jamais eu intérêt à entrer.

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9 septembre 2021 4 09 /09 /septembre /2021 10:54

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A l’heure où l’Union Européenne a décidé de mettre fin à la production de moteurs thermiques après 2030, il conviendrait sérieusement pour la France au moins de se préoccuper du maintien sur sol  national d’une filière complète industrielle de production de moteurs thermiques, essence ou diesel.

En effet on voit mal d’ici 2030 comment l’industrie serait capable de concevoir en moins de 10 ans des véhicules électriques pour l’armée si tant est que cela soit réaliste. Si les Anglais réfléchissent à un char lourd électrique, cela n'est pas le cas du futur char franco-allemand dont les premières livraisons sont prévues à partir de 2030. Et il n'est pas prévu d'électrifier les Griffon de l'armée française qui ne sont pas encore livrés.  Surtout on voit mal comment de tels véhicules pourraient recharger leurs batteries en rase campagne. Tout a plus  l'armée pourra disposer dans un futur lointain de véhicules de transport electriques.

Si donc l’Union Européenne ne met pas sur pied un plan de maintien d’une chaine complète de production de moteurs thermiques pour les véhicules militaires, la France se doit d’agir rapidement, avant que de nombreuses entreprises nationales du secteur ne fassent faillite ou se transforment complétement, en classant comme stratégique sa propre filière de production.

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 16:56

 

Jugeant que la retraite des forces américaines d’Afghanistan aura des conséquences graves pour les États-Unis, 87 anciens généraux ont demandé au secrétaire à la Défense Lloyd Austin et au chef d’État-Major interarmées Mark Milley de donner leur démission.

Lundi 30 août, le jour où le Pentagone a annoncé que ses troupes avaient définitivement quitté l’Afghanistan, l’association Flag Officers 4 America (Officiers du drapeau pour l’Amérique), qui réunit des généraux à la retraite, a publié une lettre ouverte en accusant des chefs de l’Armée d’une «catastrophe» dont les conséquences «sont énormes et se répercuteront pendant des décennies» sur les États-Unis.

Dans ce document, 87 anciens officiers de haut rang exigent que le général Lloyd Austin, secrétaire à la Défense et le général Mark Milley, chef d’État-Major interarmées, quittent leur poste.

«En tant que principaux conseillers militaires du commandant en chef et du Président, le secrétaire à la Défense et le chef d’État-Major des armées devraient avoir mis en garde contre ce retrait dangereux dans les termes les plus forts. S’ils n’ont pas fait tout ce qui était en leur pouvoir pour arrêter ce retrait précipité, ils devraient démissionner. Inversement, s’ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour persuader le commandant en chef et le Président de ne pas quitter le pays à la hâte sans assurer la sécurité de nos citoyens et des Afghans fidèles à l’Amérique, alors ils auraient dû démissionner en signe de protestation pour des raisons de conscience et de déclaration publique», estiment-ils.

Une catastrophe

Les signataires blâment le Pentagone d’avoir exposé au danger des Américains et des Afghans qui étaient incapables de se déplacer en toute sécurité vers les points d’évacuation et étaient «de facto les otages des talibans*».

Ils accusent également les talibans* de «la mort et la torture d’Afghans», et d’«une tragédie humaine aux proportions majeures». Outre «la perte de milliards de dollars d'équipements et de fournitures militaires de pointe» qui sont tombés entre les mains des fondamentalistes, le retrait a causé des dommages «indescriptibles» à la réputation des États-Unis qui sont désormais perçus comme «un partenaire peu fiable dans tout accord et opération multinationale».

Finalement, selon les généraux, «la faiblesse affichée en Afghanistan» poussera la Chine, la Russie, le Pakistan, l’Iran et la Corée du Nord à agir.

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26 août 2021 4 26 /08 /août /2021 12:21

Ainsi, au début de 1918 fut proclamée la République soviétique de Donetsk-Krivoï-Rog qui s’adressa à Moscou pour lui demander d’entrer dans la composition de la Russie soviétique. Mais se heurta à un refus. Lénine rencontra les dirigeants de cette République pour les convaincre d'agir au sein de l'Ukraine soviétique. Le 15 mars 1918, le Comité central du Parti communiste russe (bolchevik) décida de dépêcher au congrès ukrainien des Soviets des délégués, y compris du bassin de Donetsk, et de mettre en place à ce congrès «un gouvernement unique pour toute l'Ukraine». Ce sont les territoires de la République soviétique de Donetsk-Krivoï-Rog qui constituèrent à l'avenir la plus grande partie des régions du sud-est de l'Ukraine.

Selon le traité de Riga de 1921 entre la Russie soviétique, l’Ukraine soviétique et la Pologne, les régions occidentales de l'ancien Empire russe revinrent à la Pologne. Dans l'entre–deux–guerres, le gouvernement polonais lança une politique de migration active, cherchant à changer la composition ethnique des kresy orientaux, appellation donnée en Pologne aux territoires de l’actuelle Ukraine occidentale, Biélorussie occidentale et d'une partie de la Lituanie. Une sévère politique d’imposition des mœurs polonaises fut pratiquée, la culture et les traditions locales furent réprimées. Par la suite, durant la Seconde Guerre mondiale, des groupes radicaux de nationalistes ukrainiens s’en servirent en qualité de prétexte pour pratiquer la terreur non seulement contre la population polonaise, mais aussi juive et russe.

En 1922, lors de la mise en place de l'URSS, dont l'un des fondateurs fut la République socialiste soviétique d’Ukraine, c’est à l’issue d’âpres débats entre les dirigeants bolcheviks que fut appliqué le plan de Lénine de la formation d'un État fédéré en tant qu’une fédération de républiques égales. Le droit des républiques à sortir librement de l’Union fut inscrit dans le texte de la Déclaration sur la création de l'URSS, puis dans la Constitution de l'URSS de 1924. Ainsi fut posée dans les fondations de notre souveraineté la plus dangereuse des «bombes à retardement». Celle-ci a explosé dès la disparition du cran de sûreté, sous forme du rôle dirigeant du Parti communiste, ce dernier s’étant finalement disloqué de l'intérieur. Ce fut la «parade des souverainetés». Le 8 décembre 1991 fut signé l’accord de Belovej sur la création de la Communauté des États indépendants qui proclama que «l'Union des républiques socialistes soviétiques, cessait d’exister en tant que sujet du droit international et réalité géopolitique». Soit dit en passant, la Charte de la CEI, adoptée en 1993, n'a pas été signée ni ratifiée par l’Ukraine.

Dans les années 1920 et 1930, les bolcheviks développaient activement la politique de «l'indigénisation» qui, dans la RSS d'Ukraine était menée comme l’ukrainisation. Fait symbolique: dans le cadre de cette politique et avec l’aval des autorités soviétiques, Mikhaïl Grouchevski, ancien président de la Rada centrale et l’un des promoteurs du nationalisme ukrainien qui avait profité du soutien de l’Autriche-Hongrie, rentra en URSS et fut élu membre de l'Académie des sciences.

«L'indigénisation» a sans aucun doute joué un grand rôle dans le développement et le renforcement de la culture, de la langue et de l'identité ukrainiennes. Cependant, sous couvert de lutte contre le soi-disant chauvinisme grand-russe, l'ukrainisation était souvent imposée à ceux qui ne se considéraient pas comme Ukrainiens. C'est la politique nationale soviétique qui a pérennisé au niveau de l'État trois peuples slaves distincts (russe, ukrainien et biélorusse) au lieu d'une grande nation russe, un peuple trinitaire composé de Grands Russes, de Petits Russes et de Biélorusses.

En 1939, les territoires précédemment saisis par la Pologne ont été restitués à l'URSS. Une partie importante de ceux-ci a été rattachée à l'Ukraine soviétique. En 1940, une partie de la Bessarabie, occupée par la Roumanie en 1918, et la Bucovine du Nord, sont entrées dans la République socialiste soviétique d'Ukraine. En 1948, Snake Island sur la mer Noire. En 1954, la région de Crimée de la RSFSR a été transférée à la RSS d'Ukraine, en violation flagrante des normes juridiques en vigueur à l'époque.

Je tiens à mentionner le sort de la Russie subcarpatique, qui, après la fin de l'Autriche-Hongrie, s'est retrouvée en Tchécoslovaquie. Les Ruthènes constituaient une partie importante des habitants locaux. On se souvient peu de cela maintenant, mais après la libération de la Transcarpatie par les troupes soviétiques, le congrès de la population orthodoxe de la région a appelé à l'inclusion de la Russie subcarpatique dans la RSFSR ou directement dans l'URSS, en tant que République des Carpates distincte. Mais cette opinion du peuple a été ignorée. Et à l'été 1945, comme l'a écrit le journal «Pravda», la réunification historique de l'Ukraine transcarpatique «avec sa patrie de longue date, l'Ukraine», a été annoncée.

Ainsi, l'Ukraine moderne est entièrement le fruit de l'ère soviétique. Nous savons et nous nous rappelons qu'elle a été créée dans une large mesure aux dépens de la Russie historique. Il suffit de comparer les terres qui ont été rattachées à l'État russe au XVIIe siècle aux territoires avec lesquels la RSS d'Ukraine a quitté l'Union soviétique.

Les bolcheviks considéraient le peuple russe comme un matériau inépuisable pour des expérimentations sociales. Ils rêvaient d'une révolution mondiale qui, à leur avis, abolirait complètement les États-nations. Par conséquent, ils ont arbitrairement formé les frontières et ont distribués de généreux «cadeaux» territoriaux. En fin de compte, ce qui a guidé précisément les dirigeants bolcheviks lorsqu’ils découpaient le pays n'a plus d'importance. Vous pouvez discuter des détails, du contexte et de la logique de certaines décisions. Une chose est claire: la Russie a en fait été volée.

En travaillant sur cet article, je me suis basé non sur des archives secrètes, mais sur des documents ouverts qui contiennent des faits bien connus. Les dirigeants de l'Ukraine moderne et leurs mécènes extérieurs préfèrent ne pas se souvenir de ces faits. Mais pour diverses raisons, au bon moment comme au mauvais, y compris à l'étranger, il est aujourd'hui d'usage de condamner les «crimes du régime soviétique», en leur attribuant même les événements avec lesquels ni le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), ni l'URSS, ni même la Russie plus moderne n'ont quelque chose à voir. Cependant, les actions des bolcheviks visant à séparer la Russie de ses territoires historiques ne sont pas considérées comme un acte criminel. La raison en est claire. Comme cela a conduit à l'affaiblissement de la Russie, cela convient à nos adversaires.

En URSS, les frontières entre les républiques, bien sûr, n'étaient pas perçues comme des frontières d'État, étaient conditionnelles dans le cadre d'un seul pays, qui, avec tous les attributs d'une fédération, était essentiellement très centralisé, en raison, je le répète, du rôle de premier plan du PCUS. Mais en 1991, tous ces territoires, et surtout les gens qui y vivaient, se sont soudain retrouvés à l'étranger. Et ils étaient déjà vraiment coupés de leur patrie historique.

Que dire? Tout change. Y compris les pays, les sociétés. Et bien sûr, une partie d'un peuple au cours de son développement, pour un certain nombre de raisons, de circonstances historiques, peut à un certain moment se ressentir, se reconnaître comme une nation séparée. Comment se comporter avec? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse: avec respect!

Voulez-vous créer votre propre État? Je vous en prie! Mais à quelles conditions? Permettez-moi de vous rappeler ici un commentaire donné par l'une des personnalités politiques les plus remarquables de la nouvelle Russie, le premier maire de Saint-Pétersbourg, Anatoly Sobchak. En tant que juriste très professionnel, il estimait que toute décision devait être légitime, et c'est pourquoi, en 1992, il a exprimé l'opinion suivante: les républiques fondatrices de l'Union devraient obtenir les frontières avec lesquelles elles ont formé l'Union après l’annulation du traité de 1922. Tout le reste des acquisitions territoriales fait l'objet de discussions, de négociations, car la base a été annulée.

En d'autres termes, repartez avec ce que vous aviez au départ. Il est difficile d'argumenter avec cette logique. Je tiens à ajouter seulement que les bolcheviks, comme je l'ai déjà noté, ont commencé à redessiner arbitrairement les frontières avant même la création de l'Union, et toutes les manipulations avec les territoires ont été effectuées de façon volontariste, ignorant l'opinion du peuple.

La Russie a reconnu les nouvelles réalités géopolitiques. Et elle ne s'est pas contentée de reconnaître, mais a fait beaucoup pour faire de l'Ukraine un pays indépendant. Dans les difficiles années 90 et au début du nouveau millénaire, nous avons apporté un soutien important à l'Ukraine. Kiev utilise sa propre «arithmétique politique», mais en 1991-2013, uniquement en raison des faibles prix du gaz, l'Ukraine a économisé plus de 82 milliards de dollars sur son budget, et aujourd'hui, elle «s'accroche» littéralement à 1,5 milliard de paiements russes pour le transit de notre gaz vers l'Europe. Alors qu'avec la préservation des liens économiques entre nos pays, l'effet positif s'élèverait à des dizaines de milliards de dollars.

L'Ukraine et la Russie ont évolué comme un seul système économique depuis des décennies, des siècles. La profondeur de la coopération que nous avions il y a 30 ans pourrait faire l'envie des pays de l'UE aujourd'hui. Nous sommes des partenaires économiques naturels et complémentaires. Une relation aussi étroite est capable de renforcer les avantages concurrentiels et d'accroître le potentiel des deux pays.

Et cela était important en Ukraine, avec une infrastructure puissante, un système de transport du gaz, des industries avancées de la construction navale, de la construction d'avions, de la construction de fusées, de la construction d'appareils variés, des écoles scientifiques, de conception et d'ingénierie de niveau mondial. Ayant reçu un tel héritage, les dirigeants de l'Ukraine, proclamant leur indépendance, ont promis que l'économie ukrainienne deviendrait l'une des principales et le niveau de vie de la population serait l'un des plus élevés d'Europe.

Aujourd'hui, les géants industriels de la haute technologie, dont l'Ukraine était autrefois fiers, sont mis sur la touche. Au cours des 10 dernières années, la production de produits d'ingénierie a chuté de 42%. L'ampleur de la désindustrialisation et, en général, la dégradation de l'économie peuvent être constatées d’après un indicateur tel que la production d'électricité, qui a diminué de presque de moitié en 30 ans en Ukraine. Et enfin, selon le FMI, en 2019, avant même la pandémie de coronavirus, le niveau du PIB par habitant en Ukraine était inférieur à 4.000 dollars. C'est en-dessous de la République d'Albanie, de la République de Moldavie et du Kosovo, non reconnu. L'Ukraine est aujourd'hui le pays le plus pauvre d'Europe.

À qui la faute? Celle du peuple ukrainien? Bien sûr que non. Ce sont les autorités ukrainiennes qui ont dilapidé les acquis de plusieurs générations. Nous savons à quel point le peuple ukrainien est laborieux et talentueux. Il sait comment obtenir des succès et des résultats exceptionnels avec persévérance et obstination. Et ces qualités, comme l'ouverture, l'optimisme inné, l'hospitalité, n'ont pas disparu. Les sentiments de millions de personnes qui traitent la Russie non seulement de bonne manière, mais aussi avec beaucoup d'amour, tout comme nous le faisons avec l'Ukraine, restent les mêmes.

Jusqu'en 2014, des centaines d'accords et de projets communs avaient permis de développer nos économies, nos liens commerciaux et culturels, de renforcer la sécurité et de relever des défis sociaux et environnementaux communs. Ils avaient apporté des avantages tangibles aux peuples, à la fois en Russie et en Ukraine. C'est ce que nous considérions comme l'essentiel. Et c'est pourquoi nous avons eu des échanges fructueux avec tout le monde, je le souligne, avec tous les dirigeants ukrainiens.

Même après les événements bien connus de Kiev en 2014, j’ai chargé le gouvernement russe de réfléchir aux options de contact à travers les ministères et départements concernés en termes de préservation et de soutien de nos liens économiques. Il n'y avait pas de désir inverse, et il n'y en a toujours pas. La Russie fait partie des trois principaux partenaires commerciaux de l'Ukraine, et des centaines de milliers d'Ukrainiens viennent travailler chez nous et sont accueillis ici avec cordialité et soutien. C'est ainsi que se révèle le «pays agresseur».

Après la chute de l'URSS, nombreux étaient ceux en Russie et en Ukraine qui croyaient encore sincèrement que nos liens culturels, spirituels et économiques étroits demeureraient certainement, de même que la communauté du peuple, qui s'est toujours sentie unie dans sa fondation. Cependant, les événements, d'abord progressivement, puis de plus en plus vite, ont commencé à se diriger vers une direction différente.

Les élites ukrainiennes ont décidé de justifier l'indépendance de leur pays en niant son passé, à l'exception toutefois de la question des frontières. Ils ont commencé à mythifier et à réécrire l'Histoire, à effacer tout ce qui nous unit, à parler de la période que l'Ukraine a passé dans l'Empire russe et l'URSS comme une occupation. La tragédie commune de la collectivisation, la famine du début des années 1930, est présentée comme un génocide du peuple ukrainien.

Les radicaux et les néo-nazis ont fait part ouvertement et de plus en plus insolemment de leurs ambitions. Ils ont été amadoués à la fois par les autorités officielles et les oligarques locaux. Après avoir volé le peuple ukrainien, ces derniers gardent les biens volés dans des banques occidentales et sont prêts à vendre leur mère afin de préserver leur capital. S’y ajoute la faiblesse chronique des institutions étatiques, la position d'otage volontaire sous la géopolitique d'autrui.

Je tiens à vous rappeler qu'il y a assez longtemps, bien avant 2014, les États-Unis et les pays de l'UE ont poussé systématiquement et avec persévérance l'Ukraine à réduire et à limiter sa coopération économique avec la Russie. En tant que plus important partenaire commercial et économique de l'Ukraine, nous avons proposé de discuter des problèmes émergents en format Ukraine-Russie-UE. Mais chaque fois on nous a dit que la Russie n'avait rien à voir là-dedans, que la question ne concernait que l'UE et l'Ukraine. De facto, les pays occidentaux ont rejeté les propositions russes répétées de dialogue.

Pas à pas, l'Ukraine a été entraînée dans un jeu géopolitique dangereux, dont le but était d’en faire une barrière entre l'Europe et la Russie, une tête de pont contre la Russie. Inévitablement, le moment est venu où le concept de «l'Ukraine n'est pas la Russie» n’était pas suffisant. Il a fallu «l’anti-Russie», ce que nous n'accepterons jamais.

Les instigateurs de ce projet se sont inspirés des anciens développements des idéologues polono-autrichiens sur la création de la «Russie anti-Moscou». Et il n'y a pas lieu de tromper qui que ce soit sur le fait que cela se fait dans l'intérêt du peuple ukrainien. La Rzeczpospolita n'a jamais eu besoin de la culture ukrainienne, encore moins de l'autonomie cosaque. En Autriche-Hongrie, les terres historiques russes ont été impitoyablement exploitées et sont restées les plus pauvres. Les nazis, servis par des collaborateurs originaires de l'OUN-UPA, n'avaient pas besoin d'Ukraine, mais d'espaces de vie et d'esclaves pour les maîtres aryens.

Les intérêts du peuple ukrainien n'ont pas non plus été pris en compte en février 2014. Le juste mécontentement du peuple causé par les problèmes socio-économiques les plus graves, les erreurs, les actions incohérentes des autorités de l'époque était simplement utilisé avec cynisme. Les pays occidentaux sont intervenus directement dans les affaires intérieures de l'Ukraine, ont soutenu le coup d'État qui a été réalisé par des groupes nationalistes radicaux. Leurs slogans, leur idéologie, leur russophobie ouverte et agressive à bien des égards ont commencé à déterminer la politique de l'État en Ukraine.

Tout ce qui nous unissait et nous rapproche jusqu'à présent s’est retrouvé en péril. Tout d'abord, la langue russe. Je tiens à vous rappeler que les nouvelles autorités «Maïdan» ont d'abord tenté d'abolir la loi sur la politique linguistique de l'État. Ensuite, il y a eu la loi sur le «nettoyage du pouvoir», la loi sur l'éducation, qui a pratiquement effacé la langue russe du processus éducatif.

Et enfin, en mai de cette année, l'actuel Président a soumis à la Rada un projet de loi sur les «peuples autochtones». Seuls ceux qui constituent une minorité ethnique et n'ont pas leur propre enseignement public en dehors de l'Ukraine sont reconnus. La loi a été votée. De nouvelles graines de discorde sont semées. Et cela se produit dans un pays très complexe, comme je l'ai déjà noté, en termes de composition territoriale, nationale, linguistique, concernant l'histoire de sa formation.

Un argument à faire valoir: puisque vous parlez d'une seule grande nation, d'un peuple trinitaire, alors quelle différence y a-t-il sur la manière dont les gens se considèrent, comme des Russes, Ukrainiens ou Biélorusses? Je suis complètement d'accord avec ça. De plus, la détermination de la nationalité, notamment dans les familles mixtes, est le droit de toute personne, libre de son choix.

Mais le fait est qu'aujourd'hui en Ukraine, la situation est complètement différente puisqu'il s'agit d'un changement forcé d'identité. Et le plus répugnant, c'est que les Russes en Ukraine sont contraints non seulement de renoncer à leurs racines, aux générations ancestrales, mais aussi à croire que la Russie est leur ennemi. Il ne serait pas exagéré de dire que cette course à une assimilation violente, vers la formation d'un État ukrainien ethniquement pur, agressif envers la Russie, est comparable dans ses conséquences à l'utilisation d'armes de destruction massive contre nous. En raison d'une rupture aussi brutale et artificielle entre les Russes et les Ukrainiens, le nombre total de Russes pourrait diminuer de centaines de milliers, voire de millions.

Ils ont également touché notre unité spirituelle. Comme à l'époque du Grand-Duché de Lituanie, ils ont commencé une nouvelle séparation des Églises. Ne cachant pas qu'elles poursuivaient des objectifs politiques, les autorités laïques sont intervenues brutalement dans la vie de l'Église et ont amené à la scission, à la saisie d'églises et au passage à tabac de prêtres et de moines. Même la large autonomie de l'Église orthodoxe ukrainienne, qui conserve une unité spirituelle avec le Patriarcat de Moscou, ne leur convient absolument pas. Ils doivent détruire à tout prix ce symbole visible et séculaire de notre parenté.

Je pense qu'il est également naturel que les représentants de l'Ukraine votent encore et encore contre la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies condamnant la glorification du nazisme. Sous la protection des autorités officielles, marches et retraites aux flambeaux sont organisées en l'honneur des criminels de guerre des formations SS qui n’ont pas été anéanties. Mazepa, qui a trahi tout le monde, Petlioura, qui a payé le mécénat polonais avec les terres ukrainiennes, Bandera, qui a collaboré avec les nazis, sont mis au rang de héros nationaux. Ils font tout pour effacer de la mémoire des jeunes générations les noms des vrais patriotes et vainqueurs, dont l'Ukraine a toujours été fière.

Pour les Ukrainiens qui ont combattu dans les rangs de l'Armée rouge, dans des détachements de partisans, la Grande Guerre patriotique était précisément la guerre patriotique, car ils défendaient leur foyer, leur grande patrie commune. Plus de 2.000 sont devenus des héros de l'Union soviétique. Parmi eux se trouvent Ivan Nikitovich Kozhedub, pilote légendaire, Lyudmila Mikhailovna Pavlichenko, tireur d'élite intrépide, défenseur d'Odessa et de Sébastopol, Sidor Artemyevich Kovpak, brave commandant partisan. Cette génération inflexible s'est battue, a donné sa vie pour notre avenir, pour nous. Oublier leur exploit, c'est trahir vos grands-pères, vos mères et vos pères.

Le projet «anti-Russie» a été rejeté par des millions d'Ukrainiens. Les habitants de Crimée et de Sébastopol ont fait un choix historique. Et les gens du Sud-Est essayaient pacifiquement de défendre leur position. Mais tous, y compris les enfants, étaient reconnus comme séparatistes et terroristes. Ils ont commencé à menacer de nettoyage ethnique et de recourir à la force militaire. Et les habitants de Donetsk et de Louhansk ont pris les armes pour protéger leurs maisons, leur langue et leur vie. Avaient-ils d'autre choix, après les pogroms que les villes d'Ukraine ont connu, après l'horreur et la tragédie du 2 mai 2014 à Odessa, où des néonazis ukrainiens ont brûlé vifs des gens, mis en place un nouveau Khatyn? Les adeptes de Bandera étaient prêts à commettre le même massacre en Crimée, à Sébastopol, à Donetsk et à Lougansk. Ils n'abandonnent toujours pas de tels plans. Ils attendent dans les coulisses. Mais cela n’arrivera jamais.

Le coup d'État et les actions ultérieures des autorités de Kiev ont inévitablement provoqué des affrontements et une guerre civile. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, le nombre total de victimes associées au conflit dans le Donbass a dépassé les 13.000. Parmi elles se trouvent des personnes âgées, des enfants. Des pertes terribles et irréparables.

La Russie a tout fait pour arrêter le fratricide. Les accords de Minsk ont été conclus, lesquels visent à un règlement pacifique du conflit du Donbass. Je suis convaincu qu'ils n'ont toujours pas d'alternative. En tout cas, personne n'a retiré sa signature ni des mesures de Minsk ni des déclarations correspondantes des dirigeants des pays du format Normandie. Personne n'a initié la révision de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 17 février 2015.

Au cours des négociations officielles, notamment après le coup de semonce des partenaires occidentaux, les représentants de l'Ukraine réaffirment périodiquement leur «engagement total» aux accords de Minsk, alors qu’en fait ils sont guidés par un principe d’«inacceptabilité». Ils n'ont pas l'intention de discuter sérieusement ni du statut particulier du Donbass, ni des garanties pour les personnes qui y vivent. Ils préfèrent exploiter l'image d'une «victime d'agression extérieure» et faire de la russophobie. Ils organisent des provocations sanglantes dans le Donbass. En un mot, ils attirent par tous les moyens l'attention des mécènes et des protecteurs extérieurs.

Apparemment, et j'en suis convaincu de plus en plus, Kiev n'a tout simplement pas besoin du Donbass. Pourquoi? Car, premièrement, les habitants de ces régions n'accepteront jamais les ordres qu'on a tenté et tente de leur imposer par la force, le blocus, les menaces. Et deuxièmement, les résultats de Minsk I et de Minsk II, qui donnent une réelle chance de restaurer pacifiquement l'intégrité territoriale de l'Ukraine, en négociant directement avec la RPD et la RPL par le biais de la médiation de la Russie, de l'Allemagne et de la France, vont à l’encontre de toute la logique du projet anti-russe. Et il ne peut tenir debout que par le biais de la culture constante de l'image d'un ennemi intérieur et extérieur. Et j'ajouterai, sous le protectorat, sous le contrôle des puissances occidentales.

C'est ce qui se passe en pratique. Tout d'abord, il s'agit de la création d'un climat de peur dans la société ukrainienne, de rhétorique agressive, d'indulgence envers les néonazis et la militarisation du pays. Parallèlement, non seulement une dépendance totale, mais un contrôle externe direct, y compris concernant la supervision de conseillers étrangers sur les autorités ukrainiennes, les services secrets et les forces armées, le «développement» militaire du territoire ukrainien, le déploiement des infrastructures de l'Otan. Ce n'est pas un hasard si la loi scandaleuse susmentionnée sur les «peuples autochtones» a été adoptée sous le couvert d'exercices de l'Otan à grande échelle en Ukraine.

L'absorption des vestiges de l'économie ukrainienne et l'exploitation de ses ressources naturelles se déroulent sous le même couvert. La vente de terres agricoles approche à grands pas, et il est évident qui les achètera. Oui, de temps en temps, l'Ukraine se voit allouer des ressources financières, des prêts, mais selon les conditions et l’intérêt d’autrui, selon des préférences et des avantages pour les entreprises occidentales. Au fait, qui remboursera ces dettes? Apparemment, on suppose que cela devra être fait non seulement par la génération actuelle d'Ukrainiens, mais aussi par leurs enfants, petits-enfants et, probablement, arrière-petits-enfants.

Les auteurs occidentaux du projet «anti-russe» ont mis en place le système politique ukrainien de telle sorte que les Présidents, les députés, les ministres changent, mais qu’il y ait une orientation constante vers la séparation avec la Russie, vers l'inimitié avec elle. L’établissement de la paix était le principal slogan préélectoral du Président sortant. Cela l’a conduit au pouvoir. Les promesses se sont avérées être des mensonges. Rien n'a changé. Et à certains égards, la situation en Ukraine et autour du Donbass s'est également dégradée.

Il n'y a pas de place pour une Ukraine souveraine dans le projet «anti-russe», ainsi que pour les forces politiques qui tentent de défendre sa réelle indépendance. Ceux qui parlent de réconciliation dans la société ukrainienne, de dialogue, de sortie de l'impasse sont étiquetés comme des agents «pro-russes».

Je le répète, le projet «anti-Russie» est tout simplement inacceptable pour beaucoup en Ukraine. Et il y a des millions de ces personnes. Mais elles n'ont pas le droit de relever la tête. Elles ont pratiquement été privées de la possibilité légale de défendre leur point de vue. Elles sont intimidées, contraintes à passer dans la clandestinité. Pour leurs convictions, pour leurs paroles, pour l'expression ouverte de leur position, elles sont non seulement persécutées, mais aussi tuées. Les meurtriers ont tendance à rester impunis.

Seul celui qui haït la Russie est désormais déclaré «bon» patriote de l'Ukraine. De plus, autant que nous le comprenons, il est proposé de former à l'avenir l'État ukrainien uniquement sur la base de cette idée. La haine et la colère, et l'Histoire du monde l'a prouvé plus d'une fois, sont une base très fragile pour la souveraineté, lourde de nombreux risques et conséquences graves.

Toutes les astuces associées au projet «anti-Russie» sont claires pour nous. Et nous ne permettrons jamais que nos territoires historiques et que les personnes qui nous sont proches et qui y vivent soient utilisées contre la Russie. Et à ceux qui feront une telle tentative, je tiens à dire qu'ils détruiront ainsi leur pays.

Les autorités ukrainiennes actuelles aiment se référer à l'expérience occidentale, elles y voient un modèle. Regardez donc comment l'Autriche et l'Allemagne, les États-Unis et le Canada vivent côte à côte. Proches dans la composition ethnique, la culture, avec une seule langue, ils restent des États souverains, avec leurs propres intérêts, avec leur propre politique étrangère. Mais cela n'interfère pas avec leur intégration la plus étroite ou leurs relations alliées. Ils ont des frontières très conditionnelles et transparentes. Et les citoyens, les franchissant, se sentent comme chez eux. Ils créent des familles, étudient, travaillent, font des affaires. Soit dit en passant, tout comme les millions de natifs d'Ukraine qui vivent maintenant en Russie. Pour nous, ce sont les nôtres, des proches.

La Russie est ouverte au dialogue avec l'Ukraine et est prête à discuter des questions les plus difficiles. Mais il est important pour nous de comprendre qu'un partenaire défend ses intérêts nationaux, et ne sert pas ceux des autres, n'est pas un instrument entre les mains de quelqu'un pour nous combattre.

Nous respectons la langue et les traditions ukrainiennes, le désir des Ukrainiens de voir leur État libre, sûr et prospère.

Je suis convaincu que c’est en partenariat avec la Russie que la véritable souveraineté de l'Ukraine est possible. Nos liens spirituels, humains, civilisationnels se sont tissés depuis des siècles, remontent aux mêmes sources, se sont endurcis par les épreuves, les réalisations et victoires communes. Notre parenté se transmet de génération en génération. Elle est dans les cœurs, dans la mémoire des personnes vivant dans la Russie et l'Ukraine modernes, dans les liens du sang qui unissent des millions de nos familles. Ensemble, nous avons toujours été et serons bien plus forts et performants. Après tout, nous sommes un seul peuple.

Or ces mots sont perçus avec hostilité par certains. Ils sont peut-être interprétés n'importe comment. Mais beaucoup de gens m'entendront. Et je dirai une chose: la Russie n'a jamais été et ne sera jamais «anti-Ukraine». Et que l'Ukraine devrait-t-elle être? C'est à ses citoyens de le décider.

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26 août 2021 4 26 /08 /août /2021 12:14

 

Il suffit de lire le texte intégral de l’article rédigé par Vladimir Poutine au sujet de l’Ukraine dans lequel le Président russe y analyse l’histoire des deux peuples avant d’examiner la situation actuelle dans les relations entre Moscou et Kiev, pour comprendre que les projets d’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne et à l’Otan constituent une ligne rouge pour lui.

« Évoquant récemment, au cours de la séance de questions-réponses, les relations russo-ukrainiennes, j’ai dit que les Russes et les Ukrainiens formaient un seul peuple, un tout. Ces paroles n’ont pas été prononcées dans le contexte d’une conjoncture ou de circonstances politiques actuelles. Je l'ai déclaré plus d'une fois et c'est ma conviction. Par conséquent, j’estime nécessaire d'exposer ma position et de faire part de mes évaluations de la situation actuelle.

Je veux le souligner tout de suite: le mur qui s’est dressé ces dernières années entre la Russie et l'Ukraine, entre les parties d'un espace historique et spirituel en fait commun, je le perçois comme un grand malheur commun, comme une tragédie. Ce sont avant tout les retombées de nos propres erreurs commises à différentes périodes. Mais aussi le résultat d’activités ciblées des forces qui ont toujours cherché à torpiller notre unité. La formule appliquée est connue depuis des siècles: diviser et dominer. Rien de nouveau. D'où les tentatives de manipuler la question nationale, de semer la discorde entre les populations. Avec, pour objectif supérieur, de diviser, puis faire s’entrechoquer les parties d'un seul peuple.

Pour mieux comprendre le présent et jeter un coup d’œil dans l'avenir, nous devons nous tourner vers l'histoire. Il est évident que, dans le cadre d’un seul article, il est impossible de couvrir tous les événements survenus en plus 1.000 ans. Je m’arrêterai tout de même sur des points clés dont nous devons – nous, en Russie et en Ukraine – nous souvenir.

Les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses sont les héritiers de l'ancienne Russie qui a été le plus grand pays d'Europe. Sur un immense espace – du lac Ladoga, Novgorod, Pskov jusqu’à Kiev et Tchernigov – les tribus slaves et autres étaient unies par la même langue (que nous appelons aujourd’hui le vieux russe), des liens économiques et le pouvoir des Princes des Riourikides. Et après le baptême de la Russie, unie par la foi orthodoxe. Le choix spirituel de saint Vladimir, qui était à la fois prince de Novgorod et grand prince de Kiev, détermine aujourd'hui encore dans une grande mesure notre parenté.

Le trône de Kiev bénéficiait d’une position dominante dans l'ancien État russe. C'était comme cela depuis la fin du IXe siècle. La Chronique des temps passés a conservé pour les générations futures les paroles du prince Oleg le prophète au sujet de Kiev: «Qu’elle soit mère aux villes russes».

Plus tard, comme les autres États européens de l'époque, l'ancienne Russie a été confrontée à l'affaiblissement du pouvoir central et à la fragmentation. Mais aussi bien la noblesse que les simples gens considéraient la Russie comme un espace commun, comme leur patrie.

Après l'invasion dévastatrice de Batu Khan, lorsque de nombreuses villes dont Kiev ont été réduites en ruines, le morcellement s'est intensifié. La Russie du nord-est est tombée dans la dépendance de la Horde tout en conservant une souveraineté limitée. Les terres du sud et de l’ouest de la Russie sont essentiellement entrées dans la composition du Grand-Duché de Lituanie, qui – je tiens à attirer l'attention sur ce fait – figurait dans les documents historiques comme le Grand-Duché de Lituanie et de Russie.

Les représentants des familles princières et de boyards passaient d'un prince à l'autre dans leur service, se querellaient entre eux, mais signaient également des alliances et étaient amis. Dans la plaine de Koulikovo, le grand prince Dimitri de Moscou a combattu aux côtés du voïvode Bobrok-Volynsky et des fils du grand-duc de Lituanie Olgierd, André de Polotsk et Dmitri de Briansk. Mais c’est le grand–duc de Lituanie Jagellon, fils d’une princesse de Tver, qui menait ses troupes pour les unir à celles du khan Mamaï. Ce sont là les pages de notre histoire commune, le reflet de sa complexité et de sa multidimensionnalité.

Il est important de rappeler que la population des terres russes occidentales et orientales parlait la même langue. La foi était orthodoxe et jusqu'au milieu du XVe siècle l’administration ecclésiastique était unique.

Lors d’un nouveau tour du développement historique, les points d'attraction et de consolidation des territoires de l'ancienne Russie pouvaient se situer tant dans les terres russes sous contrôle du grand-duché de Lituanie que dans la Grande-principauté de Moscou qui se renforçait. L'histoire a décidé que le centre de la réunification, qui a poursuivi la tradition de l'ancien État russe, serait Moscou. Les princes de Moscou – descendants du prince Alexandre Nevski – se sont libérés du joug extérieur et ont commencé à rassembler les terres russes historiques.

Le Grand-Duché de Lituanie vivait d'autres processus. Au XIVe siècle, l'élite dirigeante de la Lituanie s’est convertie au catholicisme. Au XVIe siècle, il a signé l'union de Lublin avec le royaume de Pologne pour former la République des Deux Nations (en fait polonaise et lituanienne). La noblesse catholique polonaise s’est vu accorder d'importants biens fonciers et privilèges en Russie. Aux termes de l'union de Brest de 1596, une partie du clergé orthodoxe russe occidental s’est soumise à l'autorité du pape. Les mœurs polonaises et romaines étaient imposées et l'orthodoxie était évincée.

En réaction, les XVIe et XVIIe siècles virent monter le mouvement de libération des orthodoxes du bassin du Dniepr. Les événements de l'époque de l'hetman Bogdan Khmelnitski ont représenté un tournant. Ses partisans ont tenté d'obtenir l'autonomie de la République des Deux Nations.

Dans sa demande au roi de la République des Deux Unions, en 1649, l’armée zaporogue évoquait le respect des droits de la population orthodoxe russe et demandait que «le voïvode de Kiev soit du peuple russe et de loi grecque afin de ne pas marcher sur les églises de Dieu». Mais la demande n’a pas été entendue.

Bogdan Khmelnitski a lancé des appels à Moscou qui ont été examinés par les Congrès de la terre russe [Zemski Sobor, ndlr]. Le 1er octobre 1653, cette structure représentative supérieure de l'État russe a décidé de soutenir les coreligionnaires et de les accepter sous leur protection. En janvier 1654, le traité de Pèreïaslav a confirmé cette décision. Par la suite, les ambassadeurs de Bogdan Khmelnitski et de Moscou se sont rendus dans des dizaines de villes, y compris Kiev, dont les habitants ont prêté serment au tsar russe. Rien de tel, d'ailleurs, ne s’était produit lors de la signature de l'union de Lublin.

Dans une lettre adressée à Moscou en 1654, Bogdan Khmelnitski a remercié le tsar Alexeï Mikhaïlovitch pour avoir «accepté toute l'armée zaporogue et le monde orthodoxe russe sous sa main royale, forte et haute». C'est-à-dire que dans leurs messages au roi polonais et au tsar russe, les Zaporogues se qualifiaient d’orthodoxes russes.

Au cours de la longue guerre de l'État russe avec la République des Deux Unions, certains hetmans, héritiers de Bogdan Khmelnitski, se sont éloignés de Moscou, cherchant le soutien de la Suède, de la Pologne et de la Turquie. Mais, je le répète, pour le peuple, cette guerre était, en fait, libératrice. Elle se termina par le traité d'Androussovo en 1667. Les résultats définitifs furent fixés dans le traité de Paix éternelle de 1686 en vertu duquel la Russie obtint la ville de Kiev et les territoires de la rive gauche du Dniepr (dont Kiev), y compris les régions zaporogue, de Poltava et de Tchernigov. Leurs habitants se sont réunis avec la partie principale du peuple orthodoxe russe et la région reçut le nom de Petite Russie.

L’appellation Ukraine était alors plus souvent utilisée dans le sens où l'ancien mot russe «okraïna» [périphérie, ndlr] se retrouve dans les sources écrites depuis le XIIe siècle, lorsqu’il était question de territoires situés à la frontière du pays. Tandis que le mot «ukrainien», à en juger d’après les documents d'archives, désignait à l'origine ceux dont le service était d’assurer la protection des frontières extérieures.

La rive droite du Dniepr, restée dans la République des Deux Nations, vit les anciens ordres restaurés et l'oppression sociale et religieuse se renforcer. La rive gauche, ces terres placées sous la protection d'un État uni, connut au contraire un développement intense. Les habitants de l’autre rive du Dniepr venaient d’ailleurs s’y installer en masse. Ils cherchaient le soutien de ceux qui parlaient la même langue et avaient la même foi.

Lors de la grande guerre du Nord contre la Suède, les habitants de la Petite Russie ne se posaient pas la question du parti à prendre. Seule une petite partie des cosaques soutint la révolte de Mazepa. Les représentants de différentes classes se considéraient comme russes et orthodoxes.

Les représentants des chefs cosaques, inclus dans la classe noble, atteignaient en Russie des sommets de carrière politique, diplomatique et militaire. Les diplômés de l’Académie Mohyla de Kiev ont joué un rôle majeur dans la vie de l'Église. C'était le cas à l'époque de l'hetmanat – qui était de fait une entité autonome avec sa propre structure interne – ce fut le cas dans l'Empire russe. Ce sont les habitants de la Petite Russie qui ont créé à bien des égards un grand pays commun, sa structure, sa culture et sa science. Ils participaient à la mise en valeur et au développement de l'Oural, de la Sibérie, du Caucase et de l'Extrême-Orient. D’ailleurs, à l’époque soviétique également, les originaires d'Ukraine occupaient les postes les plus importants, y compris supérieur, au sein de la direction d'un État uni. Il suffit de rappeler que, pendant presque 30 ans, le Parti communiste de l’Union soviétique a été dirigé par Nikita Khrouchtchev et Léonid Brejnev, dont la vie de parti était étroitement liée à l'Ukraine.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, après les guerres contre l'Empire ottoman, la Russie rattacha la Crimée et les terres le long de la mer Noire, appelées Nouvelle Russie. Elles étaient peuplées par des personnes venues de toutes les régions russes. Après le partage de la République des Deux Nations, l'Empire russe se restitua les anciens territoires russes occidentaux, à l'exception de la Galicie et la Transcarpatie qui se sont retrouvées dans l'Empire d’Autriche puis dans l'Empire d’Autriche-Hongrie.

L'intégration des terres de la Russie occidentale dans l'espace commun n'était pas seulement le résultat de décisions politiques et diplomatiques. Elle se déroula sur la base d'une religion et de traditions culturelles communes. Et – je le soulignerai encore une fois – de la proximité linguistique. Au début du XVIIe siècle, l'un des hiérarques de l’Église uniate, Josef Rutski, annonçait à Rome que les habitants de la Moscovie qualifiaient de frères les Russes de la République des Deux Nations, que leur langue écrite était absolument la même et que la langue parlée, même si elle était différente, ne l’était que légèrement. Selon son expression, comme chez les habitants de Rome et de Bergame. C'est, comme nous le savons, le centre et le nord de l'Italie moderne.

Il est évident que pendant les nombreux siècles de fragmentation et de vie dans des États différents, les langues ont connu des particularités régionales, les parlers. La langue littéraire s'enrichissait grâce à la langue populaire. Un grand rôle y revient à Ivan Kotliarevsky, Grigori Skovoroda, Taras Chevtchenko. Leurs œuvres constituent notre patrimoine littéraire et culturel commun. Les poèmes de Taras Chevtchenko sont écrits principalement en ukrainien et sa prose essentiellement en russe. Les livres de Nikolaï Gogol, patriote de Russie, originaire de Poltava, sont écrits en russe et regorgent d'expressions populaires et motifs folkloriques russes. Comment partager cet héritage entre la Russie et l'Ukraine? Et à quoi bon?

Les terres du sud-ouest de l'Empire russe, la Petite Russie et la Nouvelle Russie, la Crimée se sont développées comme des régions multiformes de par leur composition ethnique et religieuse. Il y avait les Tatars de Crimée, les Arméniens, les Grecs, les Juifs, les Karaïtes, les Krymtchaks, les Bulgares, les Polonais, les Serbes, les Allemands et d'autres peuples. Ils gardaient tous leur religion, leurs traditions et leurs us et coutumes.

Je n’ai pas l’intention d’idéaliser quoi que ce soit. Il y eut la Circulaire de Valouïev de 1863 et l'oukase d’Ems de 1872, qui limitaient l'édition et l'importation de la littérature religieuse et sociopolitique en ukrainien. Mais le contexte historique est très important. Ces décisions furent prises sur fond d’événements dramatiques en Pologne, du désir des dirigeants du mouvement national polonais d'utiliser la «question ukrainienne» dans leur intérêt. J'ajouterai que les œuvres littéraires, les recueils de poèmes ukrainiens et de chansons folkloriques ont continué à être édités. Des faits objectifs prouvent que l'Empire russe voyait se développer un processus actif d’épanouissement de l'identité culturelle de la Petite Russie dans le cadre de la grande nation russe qui réunissait la Grande Russie, la Petite Russie et la Russie blanche.

Parallèlement, des idées sur un peuple ukrainien séparé du peuple russe émergeaient et se renforçaient au sein de l'élite polonaise et d’une partie de l'intelligentsia de la Petite Russie. Et comme il n'y avait et il ne pouvait y avoir de base historique pour ce phénomène, les conclusions se basaient sur toute sorte d’inventions. Allant jusqu’à affirmer que les Ukrainiens ne sont pas du tout Slaves, ou, au contraire, que les Ukrainiens sont les vrais Slaves et les «Moscovites» non. De telles «hypothèses» ont commencé à servir de plus en plus souvent des fins politiques en qualité d’outil de rivalité entre les pays européens.

Depuis la fin du XIXe siècle, les autorités austro-hongroises ont repris le sujet – en contrepoids tant au mouvement national polonais qu’aux sentiments russophiles en Galicie. Pendant la Première Guerre mondiale, Vienne a contribué à la formation de ce qu’on appelle la légion ukrainienne des tirailleurs de la Sitch. Les habitants de la Galicie qui étaient soupçonnés de sympathie envers la religion orthodoxe et la Russie devenaient la cible d’une répression brutale et étaient jetés dans les camps de concentration de Thalerhof et Terezin.

Le développement ultérieur connut l'effondrement des empires européens, une guerre civile acharnée sur le vaste espace de l'ancien Empire russe et l'intervention étrangère.

Après la révolution de Février, en mars 1917, Kiev assista à la mise en place de la Rada centrale revendiquant le rôle de structure du pouvoir suprême. En novembre 1917, dans son Troisième Universal, elle proclama la création de la République nationale ukrainienne (UNR) au sein de la Russie.

En décembre 1917, les représentants de cette République arrivèrent à Brest-Litovsk où se déroulaient des négociations de la Russie soviétique avec l'Allemagne et ses alliés. À la réunion du 10 janvier 1918, le chef de la délégation ukrainienne donna lecture à une note sur l'indépendance de l'Ukraine. Dans son Quatrième Universal, la Rada centrale proclama l’indépendance de l’Ukraine.

Cette souveraineté fut de courte durée. Quelques semaines plus tard, la délégation de la Rada signa un traité séparé avec les pays du bloc allemand. S’étant retrouvées dans une situation difficile, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient besoin des céréales et des matières premières ukrainiennes. Pour assurer des livraisons à grande échelle, elles obtinrent l’accord pour dépêcher leurs troupes et leur personnel technique dans l’UNR. En fait, ce ne fut qu’un prétexte pour l'occupation.

Ceux qui aujourd'hui ont livré l'Ukraine sous contrôle extérieur complet devraient se rappeler qu’en 1918 cette décision s'avéra fatale pour le régime au pouvoir à Kiev. C’est avec la participation directe des troupes d'occupation que la Rada centrale fut renversée au profit de l’hetman Pavlo Skoropadsky qui proclama à la place de l’UNR l’État ukrainien placé en fait sous protectorat allemand.

À l'automne 1918, les nationalistes ukrainiens proclamèrent la République populaire d'Ukraine occidentale et, en janvier 1919, annoncèrent leur union avec la République nationale ukrainienne. En juillet 1919, les unités ukrainiennes furent battues par les troupes polonaises et le territoire de l'ancienne République populaire d'Ukraine occidentale se retrouva sous la domination de la Pologne.

En avril 1920, Simon Petlioura (l'un des «héros» imposés à l'Ukraine moderne) signa, au nom du Directorat de l'UNR, des conventions secrètes selon lesquelles, en échange d'un soutien militaire, il céda à la Pologne les terres de Galicie et de Volhynie occidentale. En mai 1920, ses hommes entrèrent à Kiev dans le convoi des unités polonaises. Mais pas pour longtemps. Dès novembre 1920, après l'armistice entre la Pologne et la Russie soviétique, les restes des troupes de Petlioura se rendirent à ces mêmes Polonais.

L'exemple de l'UNR montre l’instabilité de toute sorte de formations quasi-étatiques apparues sur l'espace de l'ancien Empire russe pendant la guerre civile et les troubles. Les nationalistes cherchaient à créer leurs propres États, les leaders du Mouvement blanc plaidaient pour une Russie indivisible. De nombreuses républiques créées par les partisans des bolcheviks ne se voyaient pas en dehors de la Russie. Cependant, pour diverses raisons, les chefs du parti bolchevique les poussaient parfois de force en dehors de la Russie soviétique.

Suite

 

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13 août 2021 5 13 /08 /août /2021 10:27

Union Européenne-Russie- Conflit de Haute Intensité- Défense-

L’Union Européenne se trompe de priorité. Au lieu de se focaliser sur le  respect des droits de l’Homme, les affaires sociétales et la défense de la démocratie -qui  sont considérés dans le reste du monde comme la volonté d’imposer les valeurs occidentales et rebutent de plus en plus un certain nombre de ses membres- elle ferait mieux de se préoccuper  de  sa défense.  

Le président Poutine  n’est pas un va en guerre mais la Russie a ses lignes rouges dont l’une est la non remise en cause de l’annexion de la Crimée. Il ne tolérera pas davantage que l’Ukraine et la Biélorussie  se rapprochent de l’Union Européenne. Nonobstant les manœuvres navales provocatrices organisées en Mer Noire par les USA, la Grande Bretagne et l’Ukraine,  n’en déplaise à cette dernière, sa demande d’adhésion à l’Otan sera vraisemblablement majoritairement rejetée par ses membres dont aucun ne serait prêt à mourir pour qu’elle récupère la Crimée. Et si par extraordinaire, elle était acceptée, elle serait considérée comme un casus belli par la Russie.

Or  le Président Poutine a les moyens de sa politique de sorte qu’il tolérera de moins en moins les critiques, les provocations ou  les sanctions de l’Union Européenne. Alors que le Président Biden a jugé, après l’avoir traité de « tueur »,  indispensable de le rencontrer à Genève, certains membres de l’Union Européenne se sont opposés stupidement à une telle reprise de discussion et l’ont  ainsi  renforcé dans sa conviction de la vassalisation de l’Union à l’égard des USA.

Il n’est donc pas à exclure qu’un exercice militaire russe de  grande ampleur réunissant comme en 2018, près de 300 000 hommes se terminent subrepticement par un conflit de « haute intensité » qui démarrerait en Ukraine et en Pologne.  Or la Russie dispose d’une capacité en matière de cyberdéfense, de guerre spatiale et de défense anti missiles  qui parait bénéficier désormais d’une certaine supériorité sur les Forces de l’Otan en Europe.

Face à une telle offensive éclair, les armées des Etats membres de l’Union et membres de l’Otan  seraient actuellement parfaitement incapables de tenir le choc même avec l’appui des 30 000 soldats américains restés stationnés en Europe car les armée polonaise et allemande sont actuellement largement non opérationnelles et l’armée française, la plus forte de l’Union, ne dispose que de la Force Scorpion,  composée des Ier et 3ème  Division, qui ne peut réunir que 50 000 hommes et ce,  dans un délai de mise sur pied de plusieurs semaines compte tenu de  la dispersion dans le monde des unités composant ses 9 brigades dont les régiments eux-mêmes sont éclatés du fait que leur compagnies ou escadrons remplissent actuellement une multitude de mission dans des lieux très éloignés.  Sans compter que, cette Force Scorpion ne dispose d’aucune possibilité de relève ni même de recomplétement et les stocks de munitions ne lui assurent qu’une durée de combat limité. On relèvera en effet que l’Etat major a bien de la peine avec les Unités de sa Force Scorpion a pouvoir réunir 10 000 hommes dans un futur exercice Orion programmé en 2023, format qui correspond simplement à un exercice de l’ampleur les Manœuvres Alpes organisées par la 27 Division Alpine de 10 000 hommes il y a une trentaine d’année.

Actuellement cette Force Scorpion n’est  pas  encore entrainée à un type de conflit conventionnel de haute intensité sur le territoire de l’Union Européenne du fait de la quasi absence d’exercices appropriés depuis près de 25 ans des brigades qui la composent.

Une fois le Rhin atteint en deux ou trois semaines, la Défense Opérationnelle du Territoire n’existant plus, le Président français ne pourra que recourir à la dissuasion nucléaire mais outre qu’il devra bien réfléchir, avec une opinion publique qui se révoltera, avant d’en menacer la Russie, rien ne dit que s’il y recourait, que beaucoup des cibles ennemies seraient atteintes compte tenu des moyens de brouillage, de détection, et anti-missiles russes. En revanche comme l’a proclamé le Président Poutine ;                                       

« L’agresseur doit comprendre que le châtiment est inévitable (…). Et nous, en tant que victimes d’une agression, en tant que martyrs, nous irons au Paradis. Eux, ils crèveront tout simplement, ils n’auront même pas eu le temps de se repentir »,

Il n’est pas impossible qu’un tel conflit n’intervienne en Europe avant celui  inévitable avec la Chine dans lequel les USA voudront nous entrainer voire qu’il ait lieu   avec une Russie alliée de circonstance de la Chine si on continue de vouloir l’exclure du concert européen.

 « Si vis pacem para bellum »

Pour revenir à un équilibre des forces conventionnelles sur le théâtre européen sans lequel le Président Poutine ne peut considérer que les injonctions des dirigeants de l’Union ne sont que de la gesticulation,

faute de pouvoir augmenter suffisamment l’armée de métier, il serait bon de compléter la Force Scorpion d’une brigade d’artillerie nucléaire avec nos anciens missiles Hades modernisés puis de rétablir au plus vite comme la Suède le Service militaire ce qui prendrait environ 10 ans pour pouvoir incorporer une classe d’âge de 800 000 jeunes, compte tenu du fait que l’encadrement d’un tel contingent suppose de reformer environ 80 000 officiers et sous-officiers, encadrement qui, mis à part au départ par les escadrons de gendarmerie mobile,  ne pourrait être assuré par l’armée de métier ( les officiers et sous-officiers de réserve issus du dernier contingent appelé ayant plus de 50 ans ce qui est un âge avancé pour des sergents, adjudants, aspirant, sous-lieutenant.. )

S’ajoute le fait que contre l’armée russe on ne peut guère envisager,  un deuxième front si ce n’est de manière difficile par l’armée turque dans le Caucase, pour autant  que la Turquie confirme son soutien à l’Ukraine sur l’affaire de Crimée.

Et les renforts éventuels américains, pour autant qu’ils respectent l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord ce dont on peut douter autant sous la présidence de Biden que de celle de Trump, supposeraient des débarquements dont l’organisation prendrait plusieurs  mois avec un risque considérable d’échec désormais. Seul sans doute un débarquement américain rapide sur la côte pacifique de la Russie serait susceptible de créer un deuxième ou troisième front front en Sibérie dont la mise en œuvre serait  impossible en hiver.

Malheureusement, il ne semble pas que les dirigeants des Etats membres de l’Union aient encore pris conscience du risque d’un conflit de Haute Intensité auquel l’Etat Major français prévoit pourtant de se préparer.

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1 juillet 2021 4 01 /07 /juillet /2021 10:36

On se demande bien pourquoi  l'UNESCO   a  inscrit la gastronomie française au patrimoine de l'Humanité ?

Avec la déferlante actuelle sur la France des théories racialistes  de plus en plus farfelues  revenues en boomerang des Etats Unis qui ont  permis pourtant  à Madame Mathilde Cohen, chargée de recherche au CNRS et maître de conférence à l’Université du Connecticut, d’affirmer sérieusement, en anglais, dans une conférence à Sciences-Po Paris la « blanchité » de la gastronomie française, la logique voudrait que bientôt un nouveau brillant « chercheur universitaire,  américain du nord  de préférence » » juge que tous les descendants des peuples qui ont été colonisés de la planète ne devraient plus manger que de la nourriture élaborée par les seuls descendants de leurs ancêtres ou celles d’autre peuples colonisés sans aucune influence des cuisiniers descendants des peuples colonisateurs, se refusent à en utiliser les principales langues  le Chinois, l’Arabe, l’Anglais, l’Espagnol, le Portugais, le Français…et leurs alphabets…ou pictogrammes ..pour réapprendre comme l’ont fait les Israéliens avec l’Hébreu la langue de leurs ancêtres ou celles d’autres peuples colonisés et exigent que leurs soient restituées leurs terres avec le droit d’autoriser aux peuples colonisateurs le droit d’y rester ou non, et dans ce cas,  de les expulser vers les terres de leurs ancêtres.

Car si on ne veut plus souffrir du complexe du colonisé ou de l'esclave, il faut être logique jusqu'au bout.

Ainsi par exemple, les tribus indiennes du continent américain reprendraient la possession de leurs terres et décideraient si les Blancs, les Noirs, les Jaunes…. devraient retourner dans la terre d’origine de leurs ancêtres ou pourraient bénéficier d’un droit de séjour à condition d’apprendre la langue d’une  de ces tribus indiennes sur le territoire de laquelle ils seraient nés et de ne manger que ce que mangeaient les Indiens d’Amérique du Sud, d’Amérique Centrale ou des Caraïbes au XVIème siècle ou d’Amérique du Nord au XVIIIème siècle. Sinon les Blancs devraient retourner Europe, les Noirs américains en Afrique et se mettre à apprendre les langues de leurs ancêtres et manger comme eux,  les Arabes devraient tous retourner en Arabie à la grande joie des Israéliens, les Chinois d'Outremer en Chine, etcetera , etcetera  etcetera...

Et surtout tous les complexés de la planète devraient  rejeter son " Occidentalisation".

Mais depuis le début de l'histoire de l'humanité  quel  peuple  n'a pas occupé et colonisé le territoire d'un  autre peuple et ne lui a pas imposé son mode d'existence ? Même en Afrique avant la colonisation blanche ? 

Et s'il n'y a pas de race supérieure quel est le problème ! 

Quel est le Blanc qui pourrait sérieusement se plaindre de la colonisation romaine et de l'implantation de la vigne sauf à ne plus se mettre à boire du  vin.

Manifestement les Américains du Nord  qui développent des théories loufoques parties d'Europe il y a  un demi-siècle et  veulent  les réimporter de manière conquérante  dans leurs colonies intellectuelles européennes  n'ont pas appris  que le " ridicule tue"

 

 

 

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