Pour essayer de comprendre la crise actuelle et en tirer les conséquences, il convient de rappeler une nouvelle fois que pendant un siècle de 1814 jusqu’à la première guerre civile européenne de 1914-1918, l’Europe a connu un système monétaire stable celui de l’étalon or qui ne permettait aux Banques centrales de n’émettre de la monnaie qu’en contrepartie seulement de l’or qu’elles détenaient dès lors que toute la monnaie émise était convertible en or.
Ce système a permis pendant ce siècle de grand développement notamment de l’Europe Occidentale une croissance moyenne de l’ordre de 2% sans inflation c'est-à-dire avec un maintien du pouvoir d’achat de la monnaie tout en assurant un quasi plein emploi.
Ce système n’a disparu qu’à cause du cout énorme pour les Etats Européens de la guerre civile 1914-1918 qui les a véritablement saignés et a fait perdre aux banques centrales européennes la quasi-totalité de leurs réserves en or .
Après quelques années d’hésitation tous les Etats ont du se résigner à renoncer à ce système trop contraignant en raison de la grande dépression économique de l’entre-deux guerre.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, nouvelle guerre civile européenne, seuls les USA étaient en mesure de maintenir la convertibilité de leur monnaie le dollar en or; les accords de Brettons Wood décidèrent alors qu’ils le feraient sur la base d’un cours fixe de l’or de 34 dollars l’once, les autres états n’émettant leur monnaie qu’en contrepartie en partie de l’or détenu par elles et surtout des autres monnaies convertibles dont pour l’essentiel le dollar.
Ce système déjà beaucoup moins rigoureux économiquement que celui de l’étalon or, avait encore le mérite d’interdire aux USA d’émettre autant de dollars qu’ils le voulaient et indirectement d’empêcher les banques centrales des autres états d’émettre elles-aussi autant de monnaie qu’elles l’auraient voulu dès lors que, comme indiqué, il fallait qu’en contrepartie elles détiennent pour l’essentiel du dollar qui était « comme de l’or » .
Faute pour les USA, en raison du cout énorme de la guerre du Vietnam, de détenir encore assez d’or pour émettre des dollars convertibles sur la base de 34 dollars l’once, le 15 aout 1971, le Président Nixon décidait unilatéralement de mettre fin à la convertibilité du dollar.
Depuis la valeur du dollar ne vaut pratiquement plus que celle qu’on veut bien lui accorder sur la base de la confiance c'est-à-dire du « crédit » qu’on accorde aux USA étant rappelé que le mot crédit vient de « credo » en latin qui signifie en français « Je crois » et pour les Chrétiens qu’ils ont la Foi. Et indirectement il en est de même pour tous les autres Etats dont les Banques Centrales ont commencé à considérer l’Or comme un instrument de mesure dépassé et se sont mises à vendre l’essentiel de leurs réserves en or n’émettant plus leur monnaie qu’en contrepartie des autres monnaies détenues et pour l’essentiel le dollar qui depuis cette date ne constitue plus un étalon de mesure puisque lui-même n’a pas de valeur fixe calculée par rapport à cet autre étalon qu’était l’or
Or depuis ce dramatique 15 aout 1971, le monde vit sans véritable système monétaire international ; en effet si jusque vers les années 1981, les Etats estimaient nécessaires de fonder un nouveau système, peu à peu ceux-ci se sont habitués à l’absence de système qui leur donnait le pouvoir de manière parfaitement irresponsable de permettre non seulement aux particuliers, aux entreprises mais également aux Etats, Régions, Villes d’emprunter autant qu’elle le souhaitaient c'est-à-dire de permettre à leurs banques centrales d’émettre pratiquement autant de monnaies qu’elles le voulaient (« faire marcher la planche à billets ») étant rappelé le principe de base selon lequel les « Crédits font les Dépôts » ; en effet cette absence de système leur a permis démagogiquement de financer à crédit l’élévation du niveau de vie général de leurs administrés.Quarante ans aprés pratiquement jour pour jour, les USA sont quasiment en faillite de meme que le Royaume Uni, la France, l'Espagne ou l'Italie sans compter d'autres pays plus petits. Les USA ont atteint le plafond de la dette qui leur paraissait raisonnable, au montant pourtant énorme de 14 000 milliards de dollars.
Ce n’est donc que grâce à un endettement déraisonnable notamment des Etats, Régions, Communes et des Particuliers que leurs Etats ont pu artificiellement connaitre au cours de ces 30 années écoulées des taux de croissance annuels supérieurs aux 2 % qui auraient du étre seulement atteints dans un système d’étalon or.La faillite en 2008 de la banque Lehmann Brothers n'a été qu'un événement déclencheur de la crise de surendettement qui a commencé le 15 aout 1971 en révélant le niveau dangereux de distribution notamment des crédits hypothécaires aux USA .
Certes le développement massif du crédit et donc de monnaie n’a pas entrainé l’inflation qu’il aurait du normalement générer en raison essentiellement de la mondialisation qui a exercé une pression considérable sur les prix ; en revanche ces taux de croissance artificiellement soutenus par un surendettement des Etats, Régions, Communes et des Particuliers n’ont jamais véritablement permis de limiter un chômage croissant dans la majeure partie des états développés.
Aujourd’hui, tout le monde semble avoir compris, très récemment, que les pays développés ne pouvaient plus continuer dans cette voie suicidaire ; tout le monde est décidé à se désendetter.Pourtant en coyant pouvoir s'en sortir, les USA , la Grande Bretagne notamment pratiquent la "fuite en avant" en faisant marcher la "planche à billets" en espérant que l'injection de monnaie supplémentaire dans l'économie leur permettra de retrouver des taux de croissance élevés permettant ensuite de commencer à se désendetter. Sans résultat probant jusqu'à présent ! Beaucoup de nos dirigeants semblent ignorer ou le systéme trop ingénieux de John Law a mené la France, ce qui s'est passé sous sa Révolution avec le systéme des assignats ou enfin le sort qu'a connu le Reich Mark aprés 1914-1918 !
Au-delà de la crise du surendettement, nos dirigeants prennent le risque d'une grave crise monétaire résultant d'une défiance généralisée des citoyens contre la monnaie-papier aver un risque de panique les amenant à effectuer des retraits massifs de leur banque mettant celles-ci en situation de faillite.
Avant que ces citoyens ne se mettent à acheter massivement de l'or et de l'argent et que leur cout flambe, la Banque Centrale Européenne serait bien inspirée de progressivement et discrétement augmenter ses réserves d'or de façon à pouvoir les rassurer si besoin est le moment venu et à terme rétablir le systéme de l'étalon or.
Peu semblent avoir en effet encore compris, bien que cela soit évident, que pour se désendetter, il ne faut pas augmenter son encourt de crédits. Or sans maintien d'une politique de distribution massive de crédits comme dans le passé, il ne sera pas possible de retrouver des taux de croissance naturels supérieurs à 2 % qui ne vont permettre qu’un désendettement lent sur une trentaine d’années et dans les conditions actuelles de fonctionnement de nos économies vont entrainer le maintien du chômage et notamment des jeunes à des niveaux élevés parfaitement insupportable.
En fait les générations qui ont profité de la situation vont devoir faire rembourser leurs dettes à leurs enfants qui verront leur niveau de vie stagner !
Les Etats développés sont entrés, par l’irresponsabilité généralisée de leurs dirigeants depuis 40 ans dans un véritable cercle vicieux dans la mesure ou, en supposant que l’on ait un moyen autre que la relance massif de l’endettement pour retrouver des taux de croissance supérieurs à 2%, cela n’est pas souhaitable en raison des risques d’épuisement des ressources de la planète quand dans le même temps plusieurs milliards d’habitants de notre planète aspirent à seulement un peu mieux vivre c'est-à-dire à atteindre pour la majorité le niveau acceptable que la majorité avait atteint dans les pays développés avant ce fameux 15 aout 1971. Abstraction faite des problémes de maitrise de la pollution qui risquent de couter de plus en plus cher.
Se pose donc pour les économies occidentales, la question d’un changement de modèle de développement !
Lequel ? Certainement pas celui de la décroissance qui ne permettrait pas d’assurer le remboursement des dettes et un niveau d’emploi supportable, pas plus que celui de la croissance zéro à laquelle révait pourtant en 1968 la génération responsable du fiasco actuel.
En revanche, il va falloir se contenter pour les 30 ans à venir, faute de pouvoir rouvrir les « robinets » du crédit, d’une croissance raisonnable moyenne de 2% par an c'est-à-dire celle que l’on aurait eue si on avait rétabli l’étalon or comme le préconisait Jacques Rueff sous le gouvernement du général de Gaulle.
Plutôt que de vouloir des règles imposant aux banques une augmentation considérable de leurs fonds propres pour limiter leur capacité à développer des crédits ce qui va nécessairement diminuer leur rentabilité dans une période ou elles font face à des risques accrus, plutôt que de vouloir des règles à l’application difficile imposant aux Etats des limitations à leurs déficits budgétaires et à leur endettement ,pourquoi ne pas revenir plus simplement à l’étalon or comme l’a préconisé un moment le directeur de la Banque mondiale ?
Tout simplement parce que nos dirigeants ne veulent pas d’une telle contrainte car il croit encore possible de maintenir le modèle économique actuel par un retour à une croissante forte qui implique inévitablement un retour à l’endettement dès que les choses sembleront s’améliorer par un retour à une inflation plus forte qui permettra de rembourser les dettes actuelles en "monnaie de singe" en ruinant les épargnants i,dispensables pourtant au fonctionnement du systéme économique quel qu'il soit.
Sans pouvoir détailler dans cet article des pistes pour un nouveau modèle économique basé sur le taux de croissance permis par un système monétaire basé sur l’étalon or, il est évident que contrairement au système développé par la mondialisation, il devra tendre à une réduction très importante des importations superflues ; on peut déjà penser qu’une limitation drastique des transports inutiles des biens et des personnes est inévitable ; pour cela la tendance normale à la hausse du cout du pétrole est une bonne chose et ne doit surtout pas étre contrariée dans la mesure ou elle augmentera la part trop faible actuelle du cout des transports dans la production des biens et incitera à la relocalisation de leur production de même qu’elle amènera progressivement le cout des déplacements individuels des particuliers à un niveau insupportable qui les incitera à utiliser de plus en plus les transports publics et à limiter autrement leurs déplacements . Bien évidemment des incitations fiscales devront pouvoir étre fournies par les régions périphériques pour ne pas pénaliser leurs productions et les transports publics devront étre rendus gratuits. Outre la diminution organisée des importations de pétrole, la diminution organisée des importations de matières premières par l’instauration de contingentements devra résulter de la mise en place d’un système contraignant de recyclage tendant rapidement à l’obtention de taux de 100%.
Bien évidemment le modèle de société de consommation actuel ne pourra survivre et les jeunes devront accepter que leur niveau de vie progresse beaucoup moins vite que dans le passé récent ou les performances économiques ont été forcées. Mais en contrepartie des transferts importants de pouvoir d'achat devront étre opérés entre les personnes agées et les jeunes pour pouvoir maintenir un certain niveau de consommation . Dans le meme temps les politiques du logement devront favoriser le rapprochement de l'habitat des jeunes et et de leurs parents ; corrélativement une politique trés volontariste de reconcentration de l'habitat par densification importante des zones déjà contruites et limitation de l'habitat individuel devra étre menée en meme temps qu'une incitation fiscale favorisant le rapprochement habitat-lieu de travail ; L’organisation de l’enseignement devra étre revue avec une entrée dans le monde du travail plus précoce dès l’âge de 15 ans et une formation continue jusqu’à la sortie du monde du travail . Le temps global de travail- formation de 42 heures par semaine de 15 à 25 ans étant réduit progressivement par exemple à 40 heures de 25 à 45 ans puis à 35 heures de 45 à 60 ans, et à 15 heures de 60 ans jusqu’à 75 ans . etc…..
Une véritable révolution économique et monétaire s’impose si le monde ne veut pas courir à la catastrophe, c'est-à-dire à terme une nouvelle guerre mondiale.