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Le Grand Interrègne ( suite)
Richard de Cornouailles (1209 à 1272), roi des Romains de 1257 à 1272
Fils du roi d’Angleterre Jean sans Terre opposé à
.Alphonse X de Castille (1221-1284), roi des Romains de 1256 à 1273
roi de Castille et de Léon
La double élection de 1257 livre l’Empire aux compétitions de deux prétendants, Richard de Cornouailles et Alphonse X de Castille. A Richard se rallient naturellement les clients habituels de la politique anglaise : au contraire, Alphonse de Castille, petit-fils par sa mère du glorieux Frédéric Barberousse, est en bonne situation pour se concilier les sympathies des Gibelins, auxquels il apparaît entouré du prestige de la maison de Souabe.
Des liens intimes unissent alors la maison de Savoie à la dynastie anglaise. Dès que les Savoyards savent qu’ils peuvent exploiter l’Angleterre comme un pays conquis, ils ne s’en font pas faute : Boniface de Savoie reçoit, pour sa part, l’archevêché de Cantorbéry, et devient le chef de l’Église d’Angleterre ; son frère Pierre acquiert des domaines qui lui permettent de devenir un des membres importants de l’aristocratie anglaise.
Enfin un troisième frère, Guillaume, évêque de Valence, est nommé évêque de Winchester. Le mariage de Richard de Cornouailles, frère de Henri III, avec Sancie de Provence, troisième fille de Raimond Bérenger, rend plus étroites les relations des Plantagenets avec la maison de Savoie.
Avant même l’élection à l’Empire, quand Pierre de Savoie prépare une expédition pour délivrer son frère Thomas, captif à Turin, Richard de Cornouailles n’hésite pas à concourir aux frais de l’entreprise et se charge de protéger pendant ce temps les biens de Pierre tans le royaume anglais.
Maintenant qu’il se prétend appelé par le vote des électeurs au rang suprême parmi les souverains, Richard marque par une série de privilèges la faveur où il a toujours tenu les membres de la famille de Savoie. Le 14 avril 1258, alors que le comte Thomas, régent de la Savoie pendant la minorité du jeune Boniface, se dispose à renouveler la lutte contre Turin, Richard l’assure de son appui, et, pour mieux le lui prouver, il le déclare affranchi des engagements par loi contractés, au temps de sa captivité, vis-à-vis d’adversaires que le Roi des Romains affecte de ne considérer que comme des rebelles. Sur ces entrefaites, en 1263, le jeune comte de Savoie Boniface trouve la mort dans une nouvelle expédition entreprise par lui pour maintenir ses prétentions à l’encontre de Turin et d’Asti. Pour longtemps à l’influence des comtes de Savoie dans ces contrées succède celle de Charles d’Anjou, comte de Provence. Charles d’Anjou, qui a épousé la dernière fille de Raymond Bérenger et de Béatrice de Savoie, est aussi bien que Henri III, Richard de Cornouailles et saint Louis, le neveu par alliance des comtes de Savoie ; mais il y a longtemps que la politique divisait profondément la Savoie et la Provence.
C’est à l’automne de 1263 que Pierre a, pour la première fois depuis qu’il est devenu comte de Savoie, l’occasion de recourir à son neveu. Au commencement de septembre, on apprend la mort d’Hartmann le jeune, chef d’une branche de la famille de Kybourg, si puissante dans les pays helvétiques. Hartmann ne laisse pour héritier direct qu’une fille en bas âge.
Or, conformément au droit commun, les fiefs impériaux, dont une femme ne peut hériter, font retour à l’Empire ; visiblement, ceux de ces fiefs situés dans le pays de Vaud et dans les régions voisines tentent l’ambition du comte Pierre de Savoie. Il a d’ailleurs une bonne raison pour s’affirmer dans ces contrées ; chacun prévoit alors la guerre que provoquerait bientôt entre les Kybourg et la Savoie la mort prochaine d’Hartmann l’ancien, comte de Kybourg, dont l’héritier le plus proche se trouvait être Rodolphe de Habsbourg. Il s’agit de savoir qui va rester maître des pays s’étendant de Berne à Lausanne et formant aujourd’hui la partie occidentale de la Suisse. La querelle est d’autant plus inévitable que Hartmann l’ancien a comblé de libéralités, tant en nue-propriété qu’en usufruit, sa femme Marguerite de Savoie, sœur du comte Pierre. Or, Rodolphe ne parait pas être homme à respecter ces libéralités, Pierre est bien obligé de prendre en main les droits de sa sœur et, dès qu’il apprend la mort de Hartmann le jeune, il se rend sans tarder auprès de Richard de Cornouailles, qui est en ce moment occupé à guerroyer contre les barons anglais pour le compte de son frère Henri III, et, le 17 octobre 1263, à Berkamstead, il obtient du roi des Romains l’investiture des fiefs impériaux qui avaient appartenu au défunt Hartmann.
Ainsi, à la veille d’une guerre qui devait désoler tout le pays qui sépare le Rhin du lac Léman, Richard n’hésite pas à se prononcer pour la maison de Savoie ; Rodolphe de Habsbourg, obligé de chercher ailleurs un appui, se tourne bientôt du côté de Conradin, le dernier rejeton des Hohenstaufen. Richard ne se borne pas à cette faveur ; par un acte de la même date, il confère à son oncle Pierre la qualité de vicaire de l’Empire, le comté de Savoie et les pays de Chablais et d’Aoste.
A la mort d’Hartmann l’ancien, la guerre éclate, comme prévu, entre la Savoie et les Habsbourg. Richard de Cornouailles appuie les princes de Savoie.
De son côté, le futur roi des Romains Alphonse de Castille s’intéresse principalement, comme les empereurs Hohenstaufen à l’Italie. Avant même d’être choisi par quelques-uns des électeurs, il noue des relations diplomatiques avec Pise, la cité gibeline, alors serrée de près par ses ennemis, les Guelfes de Toscane. Pour poursuivre ces pourparlers le syndic de Pise, Bandino Lancea, se rend en Castille auprès d’Alphonse il en rapporte un traité d’alliance offensive et défensive entre la ville et le roi.
En échange des privilèges qu’il leur confère et des secours qu’il leur promet, Alphonse est reconnu par les Pisans comme le futur empereur ; Une clause de ce traité oblige Alphonse à procurer à la ligue l’adhésion de Marseille, avec laquelle il a évidemment ouvert des négociations. Si Pise est menacée parles Guelfes, Marseille doit lutter pour sauvegarder son indépendance contre la puissance croissante de Charles d’Anjou ; non moins que les Pisans, les Marseillais ont alors besoin d’alliés et de protecteurs. Aussi se décident-ils à entrer dans la ligue formée par Pise et le roi de Castille ; ils y souscrivent à des conditions analogues à celles acceptées par les Pisans. Trois ambassadeurs de Marseille se rendent en septembre 1256 à Ségovie, où se trouve Alphonse et déclarent solennellement nommer, demander, postuler et élire comme empereur le seigneur roi de Castille. Avec ce traité, Marseille, au moins pour ses affaires continentales, ne gagne aucun appui sérieux ; elle demeure isolée dans sa querelle avec Charles d’Anjou, dont cette négociation ne fait qu’exciter la rancune qui plus tard, au jour de la vengeance, n’oublie pas les noms de plusieurs des ambassadeurs, qu’on peut retrouver dans les listes de proscription de 1263.
Cependant à Francfort, le dimanche des Rameaux le 1er avril 1257, l’archevêque de Trêves, en son nom personnel et pour le compte des électeurs de Saxe, de Brandebourg et de Bohême, proclame Alphonse de Castille roi des Romains : désormais sa candidature doit rallier tous ceux qui repoussent en Richard de Cornouailles l’influence de la politique anglaise. Aussi un certain nombre de seigneurs et de villes d’Allemagne ne tardent pas à le reconnaître ; il reçoit aussi les hommages de quelques seigneurs dont les domaines séparent la France de l’Allemagne : celles des ducs de Brabant, de Lorraine et de Bourgogne, du comte de Flandre, enfin de la ville de Besançon qui d’ailleurs va bientôt passer au parti de Richard. En même temps Alphonse mène activement ses négociations dans le nord de l’Italie où il peut compter sur l’adhésion de nombreux gibelins. Dans le royaume de Bourgogne-Provence, Alphonse ne peut se flatter d’obtenir l’aide du comte de Savoie ni du comte de Provence. Les seigneurs de moindre importance et les prélats demeurent indifférents : seul Albert de la Tour du Pin, le même qui jadis avait recherché les bonnes grâces de Frédéric II, se tourne du côté du roi de Castille. Albert est le chef d’une famille destinée à faire quelque bruit au siècle suivant : en effet, son fils Humbert devait être la tige de la dernière race des souverains indépendants du Dauphiné ; Alphonse le récompense de son hommage en le nommant sénéchal du royaume de Bourgogne-Provence.
Deux ans plus tard, au moment où il médite une expédition en Allemagne, c’est encore à Albert de la Tour qu’il s’adresse pour lui annoncer son prochain voyage et lui demander de l’accompagner et de lui gagner des partisans.
Une fois affermie son autorité en Provence, Charles d’Anjou peut passer à la réalisation de ses grands desseins sur Naples et la Sicile. Pour les accomplir il lui faut d’immenses ressources d’argent : aussi, comme il s’agit de l’affaire de l’Église, le clergé dans toute la France accorde au pape un décime pour trois ans. De même, dans tout le royaume de Bourgogne-Provence, le clergé contribue aux frais de l’entreprise de Charles d’Anjou. C’est un pas en avant, et non des moins importants, dans la voie qui va conduire à l’union du royaume de Bourgogne-Provence à celui de France. Désormais la cour romaine n’oubliera pas ce précédent ; et en dépit de l’opposition de l’Empire, elle fera souvent appel au clergé du royaume de Bourgogne-Provence, en même temps qu’au clergé français, pour des affaires qui concerneront autant la politique française que les intérêts généraux de l’Église.
Même dans sa famille, Charles d’Anjou avait rencontré de graves difficultés ; longtemps il avait eu à lutter contre sa belle-mère, Béatrice de Savoie, veuve de Raymond Bérenger, qui l’accusait d’avoir lésé ses droits lors du règlement de la succession de Provence. Le roi Louis IX, gendre de Béatrice et frère de Charles, est tout naturellement désigné pour concilier ce différend : de concert avec les légats du pape Alexandre IV, il y travaille activement et réussit à y mettre fin par une sentence arbitrale que lui-même et les légats rendent à la fin de l’année 1256. La sentence, qui est ratifiée par Henri III, autre gendre de Béatrice, détermine l’étendue des droits qui doivent être attribués à titre de douaire à la veuve de Raymond Bérenger. Ce document contient une allusion à une autre querelle qui, sans la sage intervention du pape et du roi de France, n’eût pas manqué, vers cette époque, de mettre en feu la Provence et le Dauphiné. Presque depuis le commencement du siècle les dauphins de Viennois prétendent avoir acquis le Gapençais des comtes de Forcalquier. On sait que depuis lors, le comté de Forcalquier ayant été uni à celui de Provence, Charles d’Anjou se trouvait être le représentant des anciens seigneurs du Gapençais ; à ce titre il contestait la prétention du dauphin Guigues VII. A la fin de l’année 1256, le conflit en est arrivé à une période aiguë ; Charles d’Anjou menace, pour se faire justice, d’attaquer les domaines du Dauphin. Il faut tout le poids de l’autorité du pape et du roi pour l’arrêter : Alexandre IV va même jusqu’à ordonner aux archevêques d’Embrun, de Vienne et d’Aix, et aux évêques de Grenoble et de Gap, de prêter assistance à Guigues contre toute agression.
Enfin les deux parties consentent à accepter un compromis : l’affaire est remise à la décision de Barral de Baux, arbitre choisi par le comte de Provence, et de Jean de Bernin, archevêque de Vienne, personnage universellement respecté, sur lequel porte le choix du Dauphin.
En juillet 1257, les arbitres rendent leur jugement qui maintient le Gapençais au Dauphin à charge d’en faire hommage au comte de Provence.
Ce ne sont pas les seules occasions où le roi Louis IX agit comme médiateur dans les querelles qui divisent les seigneurs du royaume de Bourgogne-Provence pourtant dépendant de l’empire. En 1268, le dauphin Guigues VII et le comte Philippe de Savoie se font une guerre motivée, entre autres causes, par des discussions sur le Faucigny, que Béatrice de Thoire, alliée du comte de Savoie, réclame à la Dauphine, petite-fille par sa mère d’Aymon de Faucigny. Ici encore l’intervention de Louis IX est acceptée, sinon demandée ; au commencement de 1260, des négociations se poursuivent à Sciez par les soins de deux arbitres, l’un Pierre de Bagé, clerc du roi et de la reine de France et délégué de Louis IX, l’autre, Aymon, évêque de Genève.
Vers la même époque, un conflit s’étant élevé entre les bourgeois de Lyon et le chapitre, c’est encore le pape et le roi de France que les deux parties chargent de terminer le différend. Si Louis IX est partout considéré l’incarnation de la justice, si partout on vante son amour de la paix, c’est qu’il ne se borne pas à montrer ces vertus lorsqu’il s’occupe des affaires d’autrui ; lui-même les met en pratique pour le gouvernement de ses propres affaires. Viviers, sise sur les bords du Rhône, au pied des montagnes du Vivarais, relève officiellement de l’Empire ; mais, sans respect pour les anciens diplômes, les fonctionnaires de l’administration royale la traitent volontiers comme si elle eût été française. « Quoique, suivant leurs prétentions, ils ne soient soumis qu’à l’Empire, écrit Clément IV à Louis IX le 9 novembre 1265, les habitants de Viviers et du diocèse sont cités par vos officiers... S’ils se refusent à comparaître devant eux, ils sont frappés d’amendes et leurs biens sont saisis ; on prononce des sentences contre eux en matière civile et criminelle. » Or Clément IV, en sa qualité d’ancien enquêteur de Louis IX, connaît bien l’état du royaume ; il est allé jadis à Viviers, et il a examiné les privilèges contenus dans les archives de l’évêque et du chapitre : tous émanent des empereurs ; on n’en trouve pas un qui vienne du roi de France. Bien plus, il y a vu les étendards impériaux dont les évêques de Viviers se sont servis jadis.
Les représentations du pape sont entendues, et, au moins pendant les dernières années du règne de Louis IX, ses officiers royaux s’abstiennent de leurs entreprises.
Cet incident permet de juger du discrédit dans lequel est tombé le pouvoir impérial. Aucun des prétendants à l’Empire n’a souci de protester contre les agissements de l’administration française : il faut qu’un pape, lui-même ancien membre de cette administration, prenne la défense de l’Église de Viviers contre ses collègues d’autrefois.
Si l’Empire oublie le royaume de Bourgogne-Provence, il faut avouer que ce royaume le lui rend bien ; de plus en plus on sent que ces régions sont passées sous l’influence dominante des Capétiens. Les agents du roi poursuivent, par la force des choses, leur œuvre d’annexion, dans laquelle ils sont dirigés moins par les instructions de Louis IX que par les traditions déjà invétérées dans l’administration. C’est d’ailleurs un trait caractéristique de la politique du roi de France Louis IX qu’en général il a plutôt à contenir qu’à exciter le zèle de ses baillis et de ses sénéchaux.
Après la mort de Louis IX, c’est son fils Philippe le Hardi qui devient roi.
Quand au printemps de 1271, Philippe le Hardi passe à Lyon, ramenant avec lui les précieux restes de son père mort à la croisade, les bourgeois, toujours en lutte avec le chapitre primatial, se déclarent ouvertement soumis à la juridiction du roi de France et le sollicitent de les prendre sous sa garde spéciale. Philippe accueille cette demande par un acte du 1er mai 1271 ; en échange de sa protection et de sa suzeraineté, les Lyonnais s’obligent à lui payer annuellement un impôt qui, levé par eux, devait être versé entre les mains du bailli de Macon.
En vain les partisans du chapitre protestent ; l’amende qu’un arrêt du Parlement inflige, le 8 novembre 1271, à ceux d’entre eux qui avaient osé maltraiter les sergents royaux, leur fait comprendre ce qu’il coute d’insulter le pouvoir nouveau. Mais Philippe le Hardi ne pousse pas jusqu’au bout ces premiers avantages : quand, en 1272, après une longue vacance, l’Église de Lyon reçoit comme nouvel évêque le dominicain Pierre de Tarentaise, cet avènement amène une certaine détente dans la situation, Mais un résultat important est acquis ; pour la première fois la royauté française a pris en main la cause des bourgeois de Lyon : Philippe le Hardi, en faisant cette démarche devant laquelle son père avait toujours reculé, jette la semence de la moisson que recueillera Philippe le Bel. En même temps, du côté du Vivarais, les officiers royaux reprennent les entreprises dont, bien malgré eux, ils avaient dû s’abstenir pendant les dernières années du règne de Louis IX : à Viviers, comme à Lyon, on sait que le saint roi n’est plus là pour retenir ses fonctionnaires et ses partisans, et que désormais les excès de zèle seront permis, sinon encouragés, quand ils auront pour résultat l’agrandissement du royaume. Poussé sans doute par le clergé de Viviers Grégoire X doit renouveler en 1272 les protestations de Clément IV. Profitant de l’abaissement de l’empire pendant le Grand Interrègne, le roi Philippe le Hardie pratique la politique d’empiétements progressifs mise en pratique par ses officiers. Mais cette politique ne suffit pas pour autant à son oncle Charles d’Anjou, ennemi juré des Hohenstaufen et des Gibelins. Pendant que le dernier descendant de Frédéric II, Enzius, lègue son vain titre de roi de Bourgogne-Provence aux représentants de la maison de Souabe, Alphonse de Castille et Frédéric III de Thuringe, le comte de Provence pense à faire élire son neveu Philippe le Hardi roi des Romains, et à confisquer ainsi l’Empire au profit de la France et du parti Guelfe. Si Alphonse de Castille réussit à rallier, autour du marquis Guillaume de Montferrat, tous les Gibelins et tous les ennemis de Charles d’Anjou dans le nord de l’Italie, et parmi eux le jeune Thomas, fils du comte Thomas II de Savoie, il ne trouve guère d’appuis en Allemagne et en Italie ou tout ce qui suit Charles d’Anjou lui est hostile.
Le nouveau pape, Grégoire X, n’est nullement enclin à se faire le soutien d’Alphonse ; il n’a d’autre rêve que d’apaiser les dissensions de la chrétienté pour la lancer toute entière sur l’Islam ; aussi veut-il un empereur qui peut se mettre à la tête de l’Europe unie pour la conduire à la croisade ce qu’il ne peut attendre d’Alphonse. En outre, favoriser Alphonse, c’est rompre avec Charles d’Anjou. Aussi, par une lettre du 16 septembre 1272, Grégoire X décline les propositions que le roi de Castille a cru devoir lui adresser. C’est alors que Charles d’Anjou juge bon d’intervenir. Nul plus que lui n’a intérêt à écarter de l’Empire, Alphonse. S’il faut dans la Péninsule une autre influence que la sienne propre, Charles ne peut guère s’accommoder que de celle de son neveu Philippe le Hardi. Aussi c’est lui qui, pour atteindre ce but, réussit à obtenir de Philippe l’envoi de deux ambassadeurs chargés de sonder les intentions du Saint-Siège et de pressentir l’accueil que la cour de Rome réserve à la candidature française.
C’est à Florence, où les affaires politiques italiennes appellent en même temps le pape et Charles d’Anjou que les envoyés français peuvent s’acquitter de leur mission. Mais le pape ne se reconnaît point le droit de conseiller à un autre prince de prétendre à la couronne impériale. Laissant le pape, les ambassadeurs reviennent auprès de Charles d’Anjou, qui, sans se décourager, leur confie le soin d’exhorter son neveu à poursuivre activement le succès de sa candidature.
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MAISON DE HABSBOURG / HAUS VON HABSBURG
Rodolphe Ier de Habsbourg / Rudolf I