CH. II LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de FRANCIE ORIENTALE/ GERMANIE
J.Les Trois Evêchés / Dreibistum de Toul/Tull, Metz, Verdun Villes Libres Impériales / Freien Reichstätte von Tull, Metz, Verdun terres d’empire de 962 à 1648
2. Evêché -comté de Metz / Bistum-grafschaft von Metz Ville Libre Impériale de Metz / Frei Reich Stadt von Metz terres d’empire de 962 à 1648
Comtes de Metz :
.Gérard II (944-963), comte de Metz de ? à 963
Petit-fils de Gérard Ier, fils de Godefroid de Jülichgau, et d’Ermentrude.
.Richard, comte de Metz de 963 à 982 [
.Gérard III ( ?-1021/1033), comte de Metz de 982 à 1022
Fils du précédent, marié à Éva, fille de Sigefroid, comte de Luxembourg.
.Adalbert II ( ?- 1037 ou après), comte de Metz de 1022 à 1033.
.Gérard IV ( ?- 1045), comte de Metz de 1033 à 1045
Fils du précédent.
.Adalbert d'Alsace ( ?-1048), comte de Metz de 1045 à 1048
Fils du précédent. Il devient duc de Lorraine en 1047. Il est assassiné, en 1048, par Godefroid II de Basse-Lotharingie, dit le Barbu.
.Gérard d'Alsace ( ?-1070), comte de Metz de 1048 à 1070
Frère du précédent. Il devient également Gérard, duc de Lorraine à la mort de son frère, en 1048, nommé par l'empereur Henri III.
Au fil du temps, le pouvoir temporel du comté de Metz passe de plus en plus à l’évêque de Metz.
Comtes palatins :
.Folmar Ier de Bliesgau ( ?-995), comte de Lunéville et de Metz de 982 à 995
.Folmar II († 1026 ou après), comte de Metz de 995 à 1026
Fils du précédent, marié à Gerberge, fille probable de Godefroid Ier, comte de Verdun et de Mathilde de Saxe, fille d'Hermann Ier, duc de Saxe.
.Godefroy ( ?- 1056), comte de Metz de 1029 à 1056
Fils du précédent, marié à Judith.
.Folmar III ( ?-1075), comte de Metz de 1056 à 1075
Fils du précédent.
Comtes épiscopaux :
.Folmar IV ( ?-1111), comte de Metz de 1075 à 1111
Fils du précédent.
.Folmar V ( ?-1145), comte de Metz et de Hombourg de 1111 à 1145,
Fils du précédent, marié à Mathilde, fille d’Albert Ier de Dabo, comte d’Eguisheim, de Dabo, de Moha et du Nordgau.
.Hugues Ier ( ?-1159), comte de Metz de 1145 à 1159
Fils du précédent, comte de Hombourg en 1147 et comte de Metz en 1157.
.Folmar VI ( ?-1171), comte de Metz de 1145 à 1171
Frère du précédent. À sa mort sans héritier direct, l’évêque donne le comté de Metz à la famille des comtes de Dabo-Moha. Le nouveau comte est cousin germain du précédent comte, car il est petit-fils d’Albert Ier de Moha.
.Hugues II ( ?-1178), comte de Metz de 1171 à 1178, comte d’Eguisheim, de Dabo (Hugues X)
Fils d’Hugues IX, comte d'Eguisheim, de Dabo et de Moha. Marié à Luitgarde de Sulzbach (Bavière), veuve de Godefroid II de Louvain, comte de Louvain, landgrave de Brabant, marquis d'Anvers et duc de Basse-Lotharingie.
.Albert II de Dabo-Moha ( ?-1214), comte de Metz, de Dagsbourg et de Moha de 1178 à 1214
Fils du précédent. Marié à Gertrude de Bade. Il meurt en 1214, laissant sa fille Gertrude, unique héritière.
.Gertrude de Dabo ( ?-1225), comtesse de Metz, de Dagsbourg et de Moha de 1214 à 1225
Fille du précédent. Mariée en premières noces en 1206 à Thiébaud Ier, duc de Lorraine. Mariée en secondes noces en 1220 à Thibaut IV, comte de Champagne (annulation du mariage en 1222). Mariée en troisièmes noces à Simon de Sarrebruck. À la mort de Gertrude, l’évêque de Metz, Jean Ier d’Apremont, rattache le comté au domaine épiscopal.
Evêques :
L’évêché est fondé au IIIe siècle. Intégré au royaume d’Austrasie mérovingien puis à la Lotharingie carolingienne, il fait ensuite partie du Saint Empire romain germanique : l’évêque est alors comte souverain de Metz et prince du Saint Empire avant de devoir céder le pouvoir politique à la bourgeoisie de la ville au XIIIe siècle. Il se retire alors sur ses terres évêchoises de Vic-sur-Seille.
L’évêché fait alors partie de l’archevêché de Trèves. Depuis le Xe siècle, l’évêque de Metz dispose du droit de battre monnaie.
.Thierry Ier (vers 929 - 984), évêque de Metz de 964/965 à 984,
Fils du comte Eberhard de Bonn et d’Amalrade, sœur de Mathilde de Ringelheim, épouse de l’empereur Henri l’Oiseleur.
Après la mort de l'évêque Adalbéron Ier de Metz, Thierry, cousin de l’empereur Otton Ir (chacune de leur mère, Mathilde de Ringelheim et Amalrade étaient sœur), devient administrateur de l’évêché et plus tard le successeur d’Adalbéron à l’instigation de Brunon, l’archevêque de Cologne.
Après la mort de Brunon, Thierry est un des conseillers les plus influents d’Otton Ier. C’est pourquoi il est très souvent présent à la cour impériale En 962, il accompagne Otton Ier en Italie. Après la mort d’Otton Ier, Thierry conserve son influence à la cour d’Otton II. A la fin heureuse de la guerre avec le roi de France Lothaire, Otton II vient à Metz et y est couronné roi de Lotharingie. En 981, Thierry accompagne l’empereur Otton II en Italie.
.Adalbéron II de Metz (vers 958- 1005), évêque de Metz de 984 à 1005.
Fils de Frédéric Ier d'Ardennes, comte de Bar et duc de Haute-Lotharingie et de Béatrice de France, sœur d'Hugues Capet.
Evêque de Verdun, il laisse cet évêché à son cousin Adalbéron II pour devenir évêque de Metz le 16 octobre 984
Il a pour comte palatin d’abord Folmar Ier de Bliesgau, également comte de Lunéville puis à son décès en 995, son fils Folmar II lui succède, marié à Gerberge, fille probable de Godefroid Ier dit le Captif, comte de Verdun et de Mathilde de Saxe, fille d'Hermann Ier, duc de Saxe.
Adalbéron II soutient l'empereur Henri II contre le mariage de certains de ses parents.
.Thierry II de Luxembourg ( ?- 1081) évêque de Metz, de 1006 à 1047.
Fils de Sigefroy Ier, comte de Luxembourg et d’Hedwige de Norgau et d’Egisheim, neveu du duc Frédéric Ier de Lorraine, il est parfois appelé Thierry II de Lorraine.
Il a d’abord pour comte palatin Folmar II puis au décès de celui-ci en 1029, son fils Godefroy.
.Adalbéron III évêque de Metz de 1047 à 1072.
Fils du comte Frédéric de Luxembourg.
Il est d’abord l'un des précepteurs de son cousin Bruno d'Eguisheim-Dagsbourg qui deviendra le pape Léon IX. En 1047 il succède à son oncle Thierry de Luxembourg comme évêque de Metz.
Son comte palatin est Godefroy de Bliesgau jusqu’au décès de celui-ci en 1056, puis son fils Folmar III.
.Hermann, évêque.de Metz de 1072 à 1090
Apparenté aux comtes de Toul, l'oncle ou le cousin d’Henri Ier de Verdun[]. Il pourrait être le fils de Gislebert de Looz.
Le comte palatin est alors Folmar III de Bliesgau qui décède en 1075 puis son fils Folmar IV qui lui succède.
La Querelle des investitures porte un coup fatal au pouvoir épiscopal messin en déclenchant le processus qui aboutira à l’indépendance communale.
En 1076, Hermann participe au concile de Worms ou l’empereur Henri IV dépose le pape Grégoire ; opposé dans le cadre de la querelle des Investitures à l’empereur Henri IV, qui ouvre cette querelle en s’emparant de Metz avec l’aide du duc de Lorraine Thierry II et du comte de Metz Folmar IV. Hermann doit alors quitter la ville, puis y revient mais est déposé en 1085 lors du concile de Mayence. Il est remplacé par un partisan de l’empereur: Valon, abbé de Saint-Arnould. Chassé par la foule celui-ci démissionne et se retire à l’abbaye de Gorze. Hermann est remis sur son trône par les messins
En 1087, Henri IV fait à nouveau chasser Hermann et place à son poste Brunon de Calw. Les Messins attaquent la cathédrale et massacrent la suite du prélat qui parvient à prendre la fuite. Hermann doit donc s’exiler auprès de la comtesse Mathilde en Italie, avant de pouvoir, enfin, en 1089, regagner la cité épiscopale
Il décède le 6 mai 1090. Henri IV fait nommer Burchard, grand prévôt de Trêves, comme évêque mais celui-ci ne parvient pas à prendre possession de son siège.
.Poppon, évêque de Metz de 1090 à 1103
Frère du comte palatin Folmar IV; sa nomination est agréée, cette fois, par le pape.
.Adalbéron IV, évêque de Metz entre 1104 et 1115.
En 1103, la mort de l'évêque Poppon, partisan de Rome, est le prétexte à un retournement d'alliance dans le contexte de la querelle des investitures. La cité messine s'allie ainsi au duc Thierry II de Lorraine qui prend le titre de comte de Metz. Thierry de Lorraine, au nom de l’empereur Henri IV impose Adalbéron sur le siège épiscopal.
A la mort de Folmar IV en 1111, son fils Folmar V lui succède comme comte de Metz et de Hombourg ; marié à Mathilde, fille d’Albert Ier de Dabo (Dagsburg en allemand), comte d’Eguisheim, de Dabo, de Moha et en Nordgau.
Thierry de Montbéliard, comte de Bar, de Montbéliard, d'Altkirch et de Ferrette, comte de Verdun qui, à la mort de son père Louis de Montbéliard a revendiqué la succession du duché de Lorraine, que son père avait déjà revendiquée mais il est lui aussi été débouté par l'empereur Henri IV ; il décide, en représailles, de ravager l'évêché de Metz, mais est vaincu par Adalbéron et le duc de Lorraine Thierry II.
Mais schismatique, Adalbéron est démis en 1115 par le concile de Reims. S’ensuit une vacance épiscopale de quelques années. .
.Théoger, évêque de Metz de 1117 à 1120
Nommé en remplacement de l'évêque schismatique Adalbéron IV, démis lors du synode de Reims de 1115. Les bourgeois messins lui refusant l'entrée dans la ville, il ne peut pas prendre possession de son évêché.
.Étienne de Bar, prince évêque de Metz de 1120 à 1163
Fils de Thierry Ier de Montbéliard, comte de Bar et d'Ermentrude de Bourgogne. Elevé par son oncle maternel Guy de Bourgogne, alors archevêque de Vienne ; élu princier de Toul en 1107.
En 1119, Guy de Bourgogne est élu pape sous le nom de Calixte II. Il le fait évêque de Metz en 1120 et le nomme cardinal-diacre de S. Maria in Cosmedin. Il commence son règne alors que le comte de Metz est encore Folmar V.
La Querelle des Investitures l'empêche temporairement de prendre possession de son diocèse, et il n’est sacré qu'en 1122, après le concordat de Worms. Il occupe son épiscopat à reconstituer le temporel de son diocèse. Dès le début de son règne, désireux de consolider son autorité, avec l'aide de son frère Renaud Ier, comte de Bar, il s'attaque aux forteresses qui s'étaient indument multipliées. Ainsi sont détruits les châteaux de Marsal, de Terli, de Vic-sur-Seille et Moyenvie, construits par les comtes de Metz et les ducs de Lorraine, ainsi que ceux de Thicourt, Vatimont et Bacour..
Le comte Folmar V décède en 1145 ; lui succède son fils Hugues Ier déjà comte de Hombourg depuis 1147 et comte de Metz en 1157. Le comte Hugues décède en 1159 ; lui succède son frère le comte Folmar VI.
À la mort d’Étienne de Bar en 1163, une nouvelle crise éclate entre l’empire et la papauté, provoquant un nouvel affaiblissement du pouvoir des évêques de Metz qui évitent, à compter de cette date, de se faire consacrer par peur d’être pris pour des « orthodoxes » par l’empereur, pour des « anti-papes » par Rome (et donc d’être excommuniés par Alexandre, le pape en exercice à cette époque). La bourgeoisie de Metz en profite pour conforter ses pouvoirs et consolider son autorité, quitte à entrer en conflit avec l’évêque.
.Thierry III de Bar, prince évêque de Metz de 1163 à 1171
Fils de Renaud Ier, comte de Bar et de Gisèle de Vaudémont, neveu du précédent.
Il reçoit en 1136 la principauté de Metz, devenue vacante par l’élection de son titulaire Albéron de Chiny au siège épiscopal de Verdun.
En 1156, il reçoit la princerie de Verdun. En 1163, à la mort de son oncle Étienne, il est élu évêque de Metz avec l’appui de l’empereur Frédéric Ier Barberousse. Simple diacre et ayant refusé d’être ordonné prêtre, il n’est pas consacré évêque.
En 1171, le comte Folmar VI meurt sans héritier direct. L’évêque donne alors le comté de Metz à Hugues II, également comte d’Eguisheim, de Dabo, fils d’Hugues IX, comte d'Eguisheim, de Dabo et de Moha et époux de Luitgarde de Sulzbach (Bavière), veuve de Godefroid II de Louvain, comte de Louvain, landgrave de Brabant, marquis d'Anvers et duc de Basse-Lotharingie.
.Frédéric de Pluvoise, prince évêque de Metz de 1171 à 1173
Jamais consacré.
.Thierry IV de Lorraine, prince évêque de Metz de 1174 à 1179.
Fils de Mathieu Ier, duc de Lorraine, et de Berthe de Hohenstaufen.
Entre 1174 et 1179 Thierry IV et Frédéric de Pluvoise se disputent le trône.
En 1174, avec le soutien de son oncle maternel l’empereur Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse, il est élu évêque de Metz, mais le pape Alexandre III refuse de reconnaitre l’élection et il n’est pas sacré. Cinq ans plus tard, en mars 1179, ce pape fait réunir le concile de Latran qui, parmi des décisions prises, le fait déposer. Il meurt deux ans plus tard.
.Bertram, prince évêque de Metz de 1180 à 1212
Elu en 1180 avec le soutien de l'empereur Frédéric Barberousse. Le comte de Metz depuis deux ans est Albert II de Dabo-Moha, fils d’Hugues et époux de Gertrude de Bade.
Les conflits avec la Bourgeoisie de Metz se multipliant, Bertram inaugure le début de son épiscopat en instituant de nouvelles règles, dans une charte du 21 mars 1180 instituant la Communauté urbaine messine et les conditions de l’élection annuelle de ses échevins. Bien que restaurateur du pouvoir épiscopal, il est pourtant chassé de son siège par l’empereur et obligé de se réfugier à Cologne avant de rentrer à Metz à la mort de Frédéric Barberousse. Il fait construire une forteresse à Vic-sur-Seille, laissant « la haute justice » criminelle dans les mains de son « Grand Avoué », le comte de Dabo, lequel le délègue à une « assemblée de treize jurés » qui va devenir la plus haute autorité de l’État et constituer, avec le Maître Échevin, le « Conseil Suprême », dit aussi « Grand Conseil » de la cité messine. À peine institués, ces « treize » entrent en conflit avec l’évêque et le clergé, leur refusant des exemptions de charges financières destinées à la réfection des remparts ; ils soulèvent une première fois les bourgeois contre eux au cours des années 1209–1210.
.Conrad de Scharfenberg, prince évêque de Metz de 1212 à 1224
D’abord évêque de Spire et chanoine impérial en 1200. Il sert les empereurs Philippe de Souabe, Othon IV avant de se rallier à Frédéric II de Hohenstaufen.
En 1212, il est élu évêque de Metz en compétition avec l'évêque de Langres Guillaume de Joinville, le candidat de Philippe Auguste, qui finit par se désister. C’est alors Gertrude de Dabo, qui succède comme comtesse de Metz à son père Albert II ; Mariée en premières noces en 1206 à Thiébaud Ier, duc de Lorraine, en secondes noces en 1220 à Thibaut IV, comte de Champagne (annulation du mariage en 1222) puis en troisièmes noces à Simon de Sarrebruck.
Durant son épiscopat, il doit faire face aux Bourgeois de Metz qui supportent de moins en moins le pouvoir temporel de l’évêque. L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen est obligé d’intervenir pour apaiser un conflit qui reprend onze années plus tard au motif toujours le même de la contribution cléricale à l’entretien des murs. Les intérêts divergents conduisent de fait à une rupture ; progressivement, l’évêque se consacre à ses terres, les citadins à la ville.
.Jean Ier d’Apremont, prince évêque de Metz de 1224 à 1238.
L'origine de la maison d’Apremont est en Lorraine (Apremont-la-Forêt), et remonte au-delà du XIIe siècle. La plus ancienne mention d'un d'Aspremont concerne un certain Gobert d'Aspremont, cité comme témoin séculier dans une charte de 1131 par laquelle Albéron de Chiny, évêque de Verdun, donne les terres et revenus permettant de fonder l'abbaye de Chatillon.
Jean d’Apremont organise le diocèse en principauté épiscopale en limitant les ambitions des bourgeois et à la mort sans héritier de Gertrude de Dagsbour, il récupère tous les biens des comtes de Dasbourg, comme anciens fiefs de l'Eglise de Metz.
Il appelle à son secours le comte de Bar, et, par son moyen, il se met en possession des terres de Herrenstein (Herrenstein, près Neuwiller, Bas-Rhin) et de Turquestein, des villes de Saralbe et de Sarbourg, et des autres terres que les comtes de Dasbourg avoient autrefois possédées à titre de fiefs de son évêché.
Simon de Linange, veuf de Gertrude puis son frère Frédéric III de Linange lui font la guerre pour tenter de récupérer le comté puis en 1236, il traite avec l’évêque, épouse sa nièce Elizabeth d’Apremont, et devient le vassal du prélat.
Une partie de la bourgeoisie messine lui fait aussi la guerre, à lui et à ceux qui ont pris son parti : le duc Mathieu II de Lorraine et le comte Henri de Bar. Mais c’est l’argent messin qui fait son effet et le comte de Bar, acheté par les bourgeois, change de camp, bientôt imité par le duc de Lorraine. Les bourgeois triomphants peuvent alors jeter hors des murs ceux qui les soutenaient. Ils les bannissent à vie de la cité après avoir brûlé leurs bannières et les avoir délestés de tous leurs biens et assiègent l’évêque réfugié dans sa forteresse de Saint-Germain. Jean d’Apremont, obligé de reconnaître sa défaite, fait la paix et doit reconnaître l’indépendance de la cité.
.Jacques de Lorraine, prince évêque de Metz de 1239 à 1260
Fils de Ferry II, duc de Lorraine, et d'Agnès de Bar.
En 1223, il est archidiacre de Trèves, puis princier de Metz. En 1230, il reçoit la princerie de Verdun, qu'il résilie en 1238, et la prévôté de l'abbaye Saint Lambert de Liège. Il est élu évêque de Metz en avril 1239. Il fait construire plusieurs châteaux et enceintes fortifiées autour d'Épinal et de Rambervillers.
.Philippe de Florange, prince évêque de Metz de 1260 à 1263
Fils de Philippe de Lorraine, seigneur de Florange. Son père était lui-même fils de Robert de Lorraine, seigneur de Florange, et petit-fils de Simon Ier de Lorraine et d'Adélaïde de Supplimbourg.
Le 24 octobre 1260, à la mort de son cousin Jacques de Lorraine, évêque de Metz, il est élu par une partie des chanoines pour lui succéder, en compétition avec Thibaut de Porcellets (de la famille puissante de Provence) soutenu par les autres chanoines.
Il est sacré avec l'appui de l’archevêque de Trèves, mais l'autre candidat, soutenu par Thiébaut II, comte de Bar, en appelle au pape et l'accuse de simonie. Philippe négocie avec le comte de Bar et, fin 1263, place son diocèse sous la protection de ce dernier. C'est au tour de Ferry III, duc de Lorraine, d'en être irrité et d'en appeler à son tour au pape Urbain IV. Celui-ci notifie à Philippe l'irrégularité de son élection. Guillaume de Traînel est nommé à sa place, mais il reste trésorier de Metz et se retire dans ses possessions.
.Guillaume de Traînel, prince évêque.de Metz de 1264 à 1269
Probablement neveu du comte Thiébaut II de Bar.
Durant son épiscopat, il est en guerre d'abord avec Henri V de Luxembourg et Ferry III de Lorraine puis avec son oncle Thiébaut II de Bar.
.Laurent de Lichtenberg, prince évêque de Metz de 1269 à 1279
Il appartient à l'une des familles les plus puissantes d'Alsace du Nord, qui compte trois évêques de Strasbourg, dont le célèbre Conrad de Lichtenberg. Il intervient dans le conflit opposant le duc Ferry III de Lorraine et le comte Thiébaut II de Bar et participe au Concile de Lyon de 1274.
.Jean II de Dampierre, prince évêque de Metz de 1280 à 1282, puis prince-évêque de Liège (1282-1291).
Fils cadet du comte de Flandre Gui de Dampierre et de Mathilde de Béthune.
Le 2 janvier 1280 Jean est nommé évêque de Metz par Nicolas III. Il marque peu d'intérêt pour cette fonction mais les rentes lui permettent d'acquérir des terres en Flandre.
Le 31 octobre 1282 il devient prince-évêque de Liège.
.Bouchard d’Avesnes, prince évêque de Metz de 1282 à 1296
Fils de Jean d'Avesnes (fils de Bouchard d'Avesnes et de Marguerite de Constantinople) et d'Alix, sœur de Guillaume II de Hollande, frère de Jean Ier, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande.
En compétition avec Guillaume d'Auvergne, à la succession de Jean d'Enghien comme prince-évêque de Liège, il se rend à Rome plaider sa cause. Le pape Martin IV, nomme finalement Jean II de Dampierre à Liège et choisit Bouchard d'Avesnes pour le remplacer à Metz. En 1288 il est en guerre contre Ferry III de Lorraine et Henri III de Bar à propos du comté de Castres (Blieskastel), un fief qui avait été engagé. Allié à l'évêque de Strasbourg Conrad de Lichtenberg, Bouchard d'Avesnes remporte une victoire importante près du futur Sarrelouis puis signe un traité de paix en 1290. En 1291, il aide son frère Jean Ier à mater la révolte des bourgeois de Valenciennes.
.Gérard de Rhéninghe, prince évêque de Metz de 1297 à 1302
À la mort de Bouchard d'Avesnes, il y a deux candidats pour lui succéder : Frédéric de Lorraine et Thiébaut de Bar. Le choix de l'évêque sous-entend un choix entre les deux grands féodaux locaux, le duc de Lorraine et le comte de Bar. Les chanoines préfèrent ne pas faire ce choix et en appellent à Rome, qui nomme Gérard de Rhéninghe le 24 avril 1297.
.Renaud de Bar, prince évêque de Metz de 1302 à 1316
Fils de Thiébaut II, comte de Bar.
Il est nommé chanoine à Reims, Laon, Verdun et Cambrai, puis, avant 1298, archidiacre à Bruxelles, puis archidiacre à Besançon en 1299. En 1301, il est nommé chanoine et princier de Metz puis en 1302 prévôt de la Madeleine à Verdun. Enfin au milieu de l'Année 1302, il est élu évêque de Metz, mais l'élection est considérée comme irrégulière car le pape s'était réservé la possibilité de nommer lui-même le titulaire de ce siège.
Pour résoudre le problème et ménager le clergé de Metz, tout en sauvant la face, Boniface VIII casse l'élection, mais nomme immédiatement Renaud au siège épiscopal. Il est le seul prélat de l'archidiocèse de Trèves à assister en 1312 au concile de Vienne, convoqué par le pape Clément V. Il doit lutter contre le duc de Lorraine Thiébaud II, puis contre les magistrats de Metz. Il doit se retirer dans la campagne messine et meurt le 4 mai 1316.
.Henri Dauphin, prince évêque de Metz de 1319 à 1325
Fils d'Humbert Ier, seigneur de la Tour-du-Pin, et d'Anne de Bourgogne, dauphine de Viennois et comtesse d'Albon. Imposé par le pape Jean XXII, jamais ordonné.
.Louis de Poitiers, évêque de Viviers de 1306 à 1318, évêque de Langres de 1318 à 1325 et prince évêque de Metz de 1325 à 1327
Fils de Aymar IV de Poitiers, comte de Valentinois et de Diois, et d’Hippolyte de Bourgogne.
.Adhémar de Monteil, prince-évêque de Metz de 1327 à 1361
Issu d’une famille noble du Dauphiné, nommé évêque souverain de Metz en 1327, succédant à son oncle Louis de Poitiers. Il entre en conflit avec le duc Raoul de Lorraine, lorsque le roi Philippe VI de France intervient, et amène la conclusion d'un traité de paix. Ce prélat a ensuite des démêlés avec la régente de Lorraine Marie de Châtillon et avec le duc Robert Ier de Bar.
.Jean III de Vienne, prince évêque de Metz de 1361 à 1365
Fils de Vauthier de Vienne, seigneur de Mirebel.
En 1355, il succède à son oncle Hugues VI de Vienne comme archevêque de Besançon[] et l’année suivante, il devient gouverneur du duché de Bourgogne, Philippe Ier de Bourgogne étant âgé de dix ans.
Puis Il devient évêque de Metz en 1361. Souhaitant affirmer l'autorité épiscopale sur les magistrats, il entre alors en conflit avec les bourgeois de la cité. Chassé dans son château de Vic-sur-Seille, il perd le soutien de son clergé. Il parvient, grâce à l'un de ses oncles cardinal, à se faire muter à Bâle. C'est en 1365, qu'il devient évêque de Bâle.
En 1367, Jean III fait incendier Bienne dont les habitants remettent en cause son autorité. Une garnison de Berne vient l'assiéger dans son château du Schlossberg. Il meurt le 7 octobre 1382 à Porrentruy.
.Thierry V Bayer de Boppard, prince évêque de Metz de 1365 à 1384
Fils de Simon Bayer von Boppard, cité sur la rive gauche du Rhin et d’Elisabeth Walpod von Waldmannshausen.
Reçu en 1342 au chapitre de la cathédrale de Worms sur décision du pape Clément VI, après l’intercession du roi de Bohême Jean l'Aveugle, Il est fait diacre. En 1353, il est fait chanoine à Worms, puis à Mayence. Peu après, il devient chanoine de Trèves puis chancelier de l’empereur Charles IV de Luxembourg auprès du pape à Avignon Puis en 1358, il est officiellement nommé aumônier pontifical et le 15 mars 1359, nommé évêque de Worms mais il s’oppose aux bourgeois de cette ville. Le 13 août 1365, il est nommé évêque de Metz, par Urbain V en remplacement de Jean III de Vienne et s’installe à Metz le 2 novembre 1365. Il s'allie d’abord avec les ducs Jean Ier de Lorraine et Robert Ier de Bar. Puis, en 1368, il accompagne l’empereur Charles IV en Italie. Là, il combat contre le seigneur de Milan Barnabé Visconti, aux côtés de l’empereur. Bayer von Boppard représente alors Charles IV auprès des papes Urbain V et Grégoire XI.
En 1370, Bayer von Boppard est de retour à Metz. Il s'engage dans un conflit qui dure depuis 1368 entre les Messins et le duc de Bar Robert Ier. Celui-ci, fait prisonnier par les Messins en 1368, doit payer, pour sa liberté, 120 000 florins. Malgré un premier traité de paix signé après sa libération, le duc de Bar s'allie au duc de Lorraine Jean Ier pour faire le siège de Metz. Ils sont repoussés et un traité de paix définitif est finalement signé en 1373. Le 20 juin 1373, Bayer frappe d’interdit la ville de Metz pendant deux ans. Il lève son excommunication en 1375, contre le payement d'une somme d'argent, destinée à éponger ses dettes. Cette somme ne suffit cependant pas, car il doit vendre en outre son droit de battre monnaie à la municipalité de Metz.
En 1378, dans le Grand Schisme d'Occident, Bayer de Boppard prend le parti des papes de Rome, avant de se rallier à la cause de Clément VII. Il est excommunié en 1381, suite à un problème financier avec le chapitre de la cathédrale de Metz et passe alors la fin de sa vie à fortifier son château épiscopal de Vic-sur-Seille.
.Pierre de Luxembourg, prince évêque de Metz de 1384 à 1387
Fils de Guy de Luxembourg, comte de Ligny-en-Barrois.
Nommé évêque de Metz, par l’antipape Clément VII soutenu par le clergé Messin, pendant le Grand Schisme d'Occident. L’empereur Venceslas Ier de Luxembourg, partisan du pape Urbain VI, fait nommer Thielleman de Bousse. Ces conflits pour la direction du siège épiscopal entraînent des combats à Metz, Boulay et Thionville, sans que Thielleman de Bousse parvienne à faire reconnaître ses prétentions à Metz. En 1386, il est nommé cardinal d’Avignon et meurt dix mois plus tard, le 2 juillet 1387.
.Raoul de Coucy, prince évêque de Metz de 1387 à 1415
Fils de Raoul de Coucy, seigneur de Montmirail
En 1387 succède à Pierre de Luxembourg à l’évêché de Metz alors qu’il est encore très jeune. Il participe au concile de Constance.
.Conrad II Bayer de Boppard, prince évêque de Metz de 1415 à 1459,
.George Ier de Bade, prince évêque de Metz de 1459 à 1484, margrave de Bade
Jamais consacré
Quatrième fils du margrave Jacques Ier de Bade et de Catherine de Lorraine. En 1451, il reçoit le comté de son père. Le 5 octobre 1456, il devient coadjuteur de l’évêque de Metz Conrad II Bayer de Boppard. Le 20 avril 1459, à la mort de ce dernier, il prend possession de l’évêché.
Il n’entre à Metz qu’en 1461, accompagné de 700 cavaliers dont l’archevêque de Trèves Jean II de Bade, le comte de Nassau et le grand maréchal de Lorraine, Jean de Fenétrange.
Le 30 juin 1462, il participe à la bataille de Seckenheim, où il est capturé par Frédéric Ier du Palatinat, avec le Margrave de Bade Charles Ier, et Ulrich V de Wurtemberg. Il est libéré contre une lourde rançon. Alors que plusieurs patriciens messins avaient refusé de participer à la croisade de Pie II contre Dieter von Isenburg, et avaient été excommuniés, Georges de Bade plaide leur cause auprès du Pape. En signe de reconnaissance, les magistrats messins prêtent leurs troupes à l'évêque pour reconquérir les places fortes prises par le roi de France Charles VII et le duc de Lorraine lors de la guerre de 1444.
Mais Épinal reste aux mains des Lorrains en 1466, moyennant une compensation financière.
En 1473, la ville de Metz et le duché de Lorraine se réconcilie après la Diète d'Augsbourg. Mais dès le 29 septembre 1473, l’évêque de Metz s’allie avec Charles le téméraire. Un traité de paix est signé le 28 avril 1474 entre le duché de Lorraine et la ville de Metz. Deux ans plus tard, Georges de bade arrange le mariage de l’empereur Maximilien d’Autriche et de Marie de Bourgogne.
.Henri II de Lorraine, prince évêque de Metz de 1484 à 1505,
Fils d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudémont et sire de Joinville
Probablement né au début des années 1430, il devient chanoine de Toul et de Metz en 1433, et fait ses études théologiques à Paris. En 1456, il est nommé évêque de Thérouanne.
En 1466, son frère Ferry II, comte de Vaudémont, accompagne Jean II, duc de Lorraine, à la conquête de la Catalogne et Henri administre alors le comté de Vaudémont.
En 1484, il est nommé à Metz, mais se brouille avec les bourgeois de la ville, qui en appellent à l'empereur Frédéric III de Habsbourg. Il a alors pour compétiteur Olry de Blâmont, qui sera évêque de Toul de 1495 à 1506.
.Jean IV de Lorraine, prince évêque de Metz de 1505 à 1543
Fils de René II, duc de Lorraine et de Bar et de Philippe de Gueldre.
Metz fait alors partie du cercle impérial du Haut-Rhin.
.Nicolas de Lorraine , prince évêque de Metz de 1543 à 1548, de Verdun de 1544 à 1547, puis comte de Vaudémont 1548 à 1577, seigneur de Mercœur de 1563 à 1569, puis duc de Mercœur de 1569 à 1577
De 1552 à 1559, il est régent des duchés de Lorraine et de Bar pendant la minorité de son neveu Charles III conjointement avec sa belle-sœur, la duchesse douairière née Christine de Danemark, mais les États de Lorraine décident en novembre 1545 de laisser Christine seule régente.
Christine qui est la nièce de l’Empereur Charles Quint, est favorable à l’Empire à la différence de Nicolas.
En 1548, Nicolas commence à renoncer à ses évêchés, à se faire relever de ses vœux et prend le titre de comte de Vaudémont.
.Jean IV de Lorraine, à nouveau prince évêque de Metz de 1548 à 1550
Fils de René II, duc de Lorraine et de Bar et de Philippe de Gueldre.
A la fin de son règne, la guerre reprend entre l’Empire de Charles Quint et la France de Henri II alliée aux princes protestants de l’Empire (Ligue de Smalkalde) en 1550.
.Charles Ier de Lorraine, prince évêque de Metz de 1550 à 1551
Second fils de Claude de Lorraine, premier duc de Guise et seigneur de Joinville (qui se distingua sous François Ier et d'Antoinette de Bourbon-Vendôme).
.Robert de Lenoncourt, prince évêque de Metz de 1551 à 1555
Fils de Thierry de Lénoncourt (Lorraine).
Au printemps 1552, le roi de France en profite pour imposer sa « protection » aux principautés épiscopales enclavées dans les territoires ducaux sous le prétexte, incongru pour l’époque, que leurs habitants étaient de langue romane (les futurs Trois-Évêchés). Le 15 avril 1552, de passage à Nancy, le roi destitue arbitrairement la régente Christine, nomme le francophile Nicolas à sa place et, d’autorité, emmène le jeune duc Charles III, âgé de 9 ans, terminer son éducation à Paris afin de le soustraire à l’influence de la duchesse-douairière. Avec la complicité de Robert de Lenoncourt, l'évêché de Metz passe sous "protection" française comme ceux de Verdun et de Toul. La ville, défendue par le duc de Guise est assiégée en vain par Charles Quint.
Par le traité de Cateau-Cambrésis de 1559, Metz reste aux mains de la France mais ce ne sera que par le traité de Westphalie de 1648 qu’en droit, elle cesse de faire partie de l’empire.