CH. II LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de FRANCIE ORIENTALE/ GERMANIE
I.Duché de Lorraine / Herzogtum von Lothringen, terre d’empire de 962 à 1766
2. Seigneurie - comté de Blamont / Grafschaft Blankenberg, terre d’empire de 962 à 1766
Le château de Blâmont a été construit vers 1200. Il appartient aux comtes de Salm, lignée issus des comtes de Luxembourg, qui possèdent depuis le début du XIIe siècle un territoire dépendant du château de Pierre-Percée (château de Langenstein), avec Badonviller pour capitale.
.Henri Ier de Salm-Blamont (vers 1111 à vers 1165), comte de Blamont de ? à vers 1165
Il épouse Clémence de Dagsbourg avec laquelle il a :
-Henri (futur Henri II)
-Justine
Sous son règne a lieu la séparation des domaines de Blamont et de Salm.
.Henri II de Salm (vers 1155 à vers 1225)
Fils du précédent ; il épouse Judith de Lorraine avec laquelle il a :
-Henri (futur Henri III de Salm).
-Ferri /Frédéric (futur Frédéric Ier de Blamont).
Comme ses prédécesseurs. Henry II a de longs démêlés avec les religieux de Senones ; il fait même construire du temps de l'abbé Henry, décédé en 1224, non loin du couvent et sur un terrain appartenant à celui-ci, le célèbre château de Salm « lequel nom vient d'un certain chasteau qui est au territoire d'Ardenne, d'où ledit comte et ses prédécesseurs sont issus». Cependant, il continue à résider principalement à Blâmont, jusqu'à ce qu'il en soit chassé par son fils Ferry.
Maison de Blamont
.Frédéric Ier / Ferry Ier de Salm-Blamont (vers 1188 à vers 1258), sire puis comte de Blamont de vers 1225 à vers 1258
Fils du précédent ; il épouse Jeanne de Bar (épouse en seconde noce de Louis de Chiny), fille d’Henri II comte de Bar et sœur de Thiébaut II comte de Bar avec laquelle il a Henri.
Vers 1240, Ferry, frère d'Henri (Henri III de Salm) dispute l'héritage à Henri IV, fils du défunt Comte de Salm et vers 1247 a lieu le partage du Comté de Salm : Blâmont est attribué à Ferry, Salm à Henri.
Ferry meurt en 1258 ; II laisse de Jeanne son épouse trois fils:
- Henri qui lui succède.
-Thomas, évêque de Verdun, depuis 1303 jusqu'en 1305.
-Geoffroi.
.Henri Ier de Blamont (vers 1242-1331), comte de Blamont de vers 1258 à 1331, sénéchal de Lorraine de ? jusqu’à 1309
Fils du précédent ; elle épouse Cunégonde de Leiningen avec laquelle il a deux fils :
-Henri -Eyme
Henri est le véritable fondateur de la Maison de Blâmont; il abandonne complètement, en effet, le nom de Salm, que Ferry avait continué à porter- et modifie les anciennes armoiries de sa famille, pour adopter celles que ses descendants conservèrent depuis. C'est à lui que les sires de Blâmont devront la puissance et le renom dont ils jouiront jusqu'à la mort du dernier d'entre eux.
En 1269, sur les conseils de Ferry, duc de Lorraine, voulant réparer les dommages qu'il avait causés à l'abbaye de Senones se trouvant sur son domaine où les religieux possédaient des biens, -Domptail, Buriville, Hablainville, Pettonville, Mignéville, Ancerviller, Remoncourt et Leintrey, - il lui donne son moulin de Vaxainville et sa corvée de Chenevières, plus 140 livres de provenisiens, promettant de lui en faire expédier un acte en bonne forme, quand il serait chevalier et aurait un sceau. Louis, comte de Chiny, ratifie le don de ce moulin, sur lequel il avait des droits du chef de sa femme, mère d'Henry.
L'année suivante, pendant la guerre entre l'évêque de Metz et le duc de Lorraine, Henry accourt à l'aide de ce dernier, avec le comte de Deux-Ponts, et s'empare de plusieurs places, qu'il doit restituer en vertu de la trêve conclue au mois de février suivant. Les hostilités ayant recommencé presqu'aussitôt, Ferry III fait encore alliance avec lui et l'évêque est vaincu et fait prisonnier.
La paix signée, le comte de Bar s'accorde avec lui au sujet des pertes de chevaux et des dépenses que les seigneurs allemands ont faites à son service et lui remet une somme de 1500 livres de tournois, sous la promesse de les désintéresser et lui donne divers biens à charge de foi et hommage de sorte qu’en juin 1288 en conséquence, Henri se déclare homme lige du comte après l'évêque de Metz, le duc de Lorraine et l'évêque de Toul, et que celui de ses héritiers qui tiendrait ce fief, reconnaîtrait le comte de Bar pour son premier suzerain. Lorsque Henry, comte de Bar, mécontent du roi de France, se prépare à l'attaquer, il s'assure l'appui du sire de Blâmont et, dans ce but, signe avec lui, au mois de décembre 1295, plusieurs traités. Par le premier, Henry et Cunégonde, sa femme, reconnaissent que le feu comte de Bar, Thiébaut, leur ayant donné une rente de 200 livres à tenir de lui en fief, ils l'avaient cédée au comte Henry, leur cousin, ainsi que les intérêts en retard, contre paiement d'une somme de 3000 livres; le second est un acte de reprises donné au comte par le seigneur de Blâmont, du consentement de Cunégonde, qui les possédait en franc-alleu, pour les village et ban de Gogney et ce qu'ils avaient acquis à Amenoncourt ; par le troisième enfin Henry promet de servir le comte contre le roi de France, de sa propre personne avec ses gens d'armes à cheval, moyennant 2000 livres de tournois à lui remises et qu'il s'engage à rendre si la guerre n'avait pas lieu, en donnant comme caution Jean de Bourgogne, frère du comte de Bourgogne. Au printemps suivant, le comte de Bar envahit la Champagne et, après quelques succès, est fait prisonnier, ce qui met fin à son entreprise. Mais la défaite de son suzerain ne porte pas atteinte à la considération dont jouit le sire de Blâmont, car l'année suivante, Jean, duc de Brabant et de Limbourg, lui accorde une rente de 200 livres de petits tournois noirs, payable à Bruxelles, afin de pouvoir le compter au nombre de ses vassaux.
De 1297 à 1304, Henri, comte de Blamont participe aux guerres que le comte de Flandre et ses alliés mènent contre le roi de France.
Par la suite Henry a de graves motifs d'animosité contre la maison de Bar, qui cherche à le frustrer d'une partie de l'héritage de ses oncles Henry et Renaud de Bar ; aussi il accepte de se battre au côté du duc Thiébaut contre l'évêque de Metz et le comte de Bar qui se sont ligués contre le duc de Lorraine, et contribue largement à gagner la bataille de Frouard de 1308, dans laquelle le comte de Bar est fait prisonnier.
A la suite de quoi, le duc Ferry IV fait avec lui et Henry, son fils aîné, le 11 novembre 1313, un traité d'alliance par lequel ils promettent de s'aider mutuellement contre Renaud de Bar, évêque de Metz, pendant toute la vie de ce prélat. Finalement le duc de Lorraine et le comte de Bar se réconcilient par un acte solennel et se promettent de s'aider mutuellement toute leur vie dans leurs guerres ; le sire de Blâmont est compris dans ce traité, et les deux princes s'obligent aussi à le secourir contre ses ennemis.
Compte tenu de sa valeur militaire, le roi de France voulant se l'attacher et pouvoir compter sur ses services militaires et ceux de ses successeurs, lui donne par lettres datées du mois d'août 1318, une rente perpétuelle de 300 livres tournois, assignée sur la ville de Chalaure-la-grande et sur les revenus de la prévôté de Provins avec une maison dans la première de ces villes, pour tenir le tout de lui en fief et le service en guerre ou autrement, envers et contre tous, excepté le roi d'Allemagne, l'évêque de Metz, les ducs de Brabant et de Lorraine, les comtes de Hainaut, de Namur et de Bar, ses suzerains.
Cela n'empêche pas Henri de Blamont de certifier, le mois suivant, ainsi qu' Henry, comte de Vaudémont, et Vauthier, sire de Bauffremont, que le roi de France Philippe n'a ni droits de souveraineté ni revenus à Neufchâteau et que les bourgeois de ce lieu ne doivent être tenus à rien envers lui, n'étant pas placés sous sa juridiction.
Malgré les traités conclus précédemment, de nouvelles difficultés ne tardent pas à s'élever entre Henry et l'évêque de Metz à cause des bourgeois d'Epinal et de Baccarat et d' Henry de Fénétrange, qui ont fait des dégâts sur les terres du sire de Blâmont. Celui-ci, après avoir usé de représailles aidé par le comte de Sarrebruck, fait avec l'évêque Henry Dauphin, successeur de Renaud de Bar, une transaction par laquelle ils se tiennent réciproquement quittes de toute réclamation, réservant seulement les dommages provenant du sire de Fénétrange, qui sont remis à la décision d'un arbitre. Le jugement, rendu quatre ans plus tard par Jean de Hohenstein, condamne Henry de Fénétrange à donner les satisfactions qu'on lui demandait. Henry reste en bons termes avec Henry Dauphin pendant les quelques années qu'il occupe encore le siège de Metz ; il lui cède même l’avouerie de Vic et ses dépendances, pour tout le temps de son épiscopat, moyennant une somme annuelle de 300 livres de petits tournois noirs et, en même temps, reprends de lui en fief une forteresse appelée Châtillon, qu'il venait de faire construire sur la Vezouse entre Blâmont et Turquestein.
La bonne entente qui règne entre eux, et surtout l'attitude d'Eyme de Blâmont, qui refuse de faire ses reprises du duc de Lorraine pour Magnières, sont les causes d'une rupture entre ce prince et le sire de Blâmont. Après bien des réclamations suivies d'hostilités, ils scellent, en septembre 1324, un traité de paix par lequel Henry reconnait tenir ligement de Ferry IV les fiefs que son père ou lui avaient précédemment repris des ducs de Lorraine les bans de La Frimbolle, de Domjevin, de Saint-Clément, de Marainviller et d'Azerailles, le château et la ville de Magnières, la ville de Mazelure et la vigne d'Amance, et promet de lui venir en aide dans sa guerre contre la cité de Metz, se réservant de limiter son secours à vingt hommes d'armes seulement, si l'évêque se joignait aux bourgeois.
Le duc cependant n'obtient cette satisfaction qu'au prix de grands sacrifices et en donnant au seigneur de Blâmont 3000 livres tournois, en paiement desquelles il lui engage d'abord pour 1000 livres ce qu'il possédait encore au ban d'Azerailles, à Flin, Gélacourt, Glonville et Badménil lui assigna 100 livres de rente sur les salines de Rosières et donne les 1000 livres restant à Eyme de Blâmont du consentement de son père qui lui commande de faire ses devoirs envers le duc chaque fois qu'il sera requis. La puissance d'Henry Ier est alors à son apogée. On voit, en 1326, la communauté de Vic lui demandait son appui contre les bourgeois de la même ville, avec lesquels elle était en procès; l'année suivante, ce sont les sujets de l'évêché de Metz demeurant à Vacqueville, Montois ,Veney, Brouville, Brouvillette, Reherrey, Hadomey, Hablainville et Azerailles, qui reconnaissent s'être mis « en la salve garde, protection et deffense de noble home et saige, Hanri, signour de Blanmont, toute sa vie durant », sous condition de lui payer deux sols tournois par feu chaque année, moyennant quoi il « les doit aidier, consillier et deffendre en bone foy com ses homes, centre totes gens, fors que contre l'evesque de Mes». En 1329 aussi, les habitants de Neuviller, Bréménil, Angomont et Allencombe, sujets de l'abbaye de Saint-Symphorien de Metz, se mettent sous la protection de « monsignour de Blanmont et Henri lou josne son fil », pour la sûreté de leurs personnes et de leurs biens, sous l'offre de payer en une fois 100 livres tournois et 40 quartes d'avoine, plus une rente de douze messins par feu, promettant de ne commettre aucun délit sur les terres dudit seigneur.
La guerre vient d'éclater entre le nouvel évêque de Metz, Adémare de Montil, et le sire de Blâmont à cause du refus par celui-ci de faire hommage au prélat pour les fiefs qui relevaient de lui. Les belligérants s'engagent, à cette occasion, à respecter réciproquement les villages d'Amenoncourt et d'Igney, dépendant de Blâmont, et ceux de Languenberg et d'Allemanges appartenant à l'évêché.
Henry ne voit pas finir cette guerre, car il meurt avant. Sa mort est désastreuse pour le comté de Blâmont, non seulement en arrêtant son essor, mais encore, en le soumettant à un partage. Avant d'effectuer ce partage, il convient de terminer les hostilités malheureuses engagées, depuis deux ans, contre l'évêque Adhémar de Monteil. Comme c'est une affaire d'amour-propre plutôt que d'intérêt, la conciliation est facile. L'évêque se montre bon prince. De bons conseillers s'interposent. La famille de Blâmont, représentée surtout par les deux tutrices des principaux héritiers, accepte l'accord proposé. On signe la paix, en janvier 1332, sous la garantie de Simon, comte de Salm, et de Gaucher de Monteil, frère de l'évêque. On se tient quitte, de part et d'autre, des dommages causés par la guerre. Les cohéritiers de Blâmont font hommage à l'évêque pour les châteaux, bourgs et terres de Blâmont, Deneuvre et Châtillon, dans les termes prévus par les ancêtres, et pour l’avouerie de Vic, dans les conditions du début.
De son côté, l'évêque abandonne ses prétentions de suzeraineté sur Herbéviller, principal objet du litige, et devient propriétaire de la Tour des Voués, près de Deneuvre, avec droit de la compléter par un château, autour duquel pourrait être formé un bourg.
Selon les volontés d’Henri Ier, le principal du comté revient aux deux branches masculines, représentées par Henri II et Eymequin.
.Henri II de Blamont ( ?-1322),
Fils ainé du précédent ; il épouse Marguerite de Montfaucon, sœur de Jean de Montbéliard avec laquelle il a deux enfants :
-Henri (futur Henri III) .
-Thiébaut (futur Thiébaut Ier)
Après avoir contribué à la victoire que le duc Ferry remporte sur le comte de Bar, il est fait chevalier vers le milieu de l'année 1313, n'ayant jusqu'alors porté que le titre de damoiseau ; cependant il était déjà marié deux ans auparavant, lors du partage fait par son père entre lui et Eyme, son frère.
Il meurt avant son père.
.Henri III de Blamont ( ?-1342) comte de Blamont de 1331 à 1342
Fils d’Henri II.
.Thiébaut Ier de Blamont (1342-1376) comte de Blamont de 1342 à 1376
Petit-fils d’Henri Ier ; fils d’Henri II, frère du précédent.
Thiébaut quitte le foyer paternel et se met au service de son cousin, Jean l'Aveugle, comte de Luxembourg, devenu roi de Bohême par son mariage avec Isabelle, fille de Venceslas de Bohême.
Sitôt informé de la mort de son frère, il prend congé du roi de Bohême et rapporte, pour prix de ses services, mille florins de Florence, en s'engageant à rester l'homme-lige de son bienfaiteur. De fait, protecteur et protégé restèrent toute leur vie liés d'amitié.
Installé à Blâmont, le jeune comte rend hommage à son suzerain de Metz et au comte de Lorraine en janvier 1344. Comme les trois antagonistes habituels, Lorraine, Bar et Metz, sont encore aux prises, il est appelé comme arbitre avec le roi de Bohême. Il prépare plusieurs accords, qui se font en 1345 et 1346. Sa médiation lui attire grande considération. Un de ces accords, concernant Turquestein, lui vaudra plus tard quelque avantage. L'évêque Adhémar ayant, en effet, emprunté au duc Raoul deux mille livres de tournois, lui laisse, comme cautionnement, mais avec faculté de réachat, sa forteresse de Turquestein avec les bans de la seigneurie qui l'environne. Or, Raoul cède cette gagère à Thiébaut comme récompense de ses services. Le 9 août 1346, Il lui accorde aussi les revenus du ban d'Azerailles ; les deux fiefs rapportent de beaux deniers, au moins jusqu'en 1350.
Enfin, le 26 août de cette même année 1346, l'héritage de son cousin, mort à Crécy, achève sa fortune. Il se trouve alors à la tête d'un comté pareil à celui d’Henri Ier, sauf Magnières et Châtillon.
Bien différent de ses aînés, Thiébaut ne craint pas, au lendemain de Crécy, de s'attaquer, pour un prétexte futile, à la veuve du duc Raoul, Marie de Blois, qui est devenue régente du duché. Il envahit ses terres de Lunéville et de Deuxville et les met au pillage afin de forcer la régente à promettre de tout pardonner.
Etrangement, cette félonie, capable de le déconsidérer, sert plutôt à augmenter sa puissance. De nombreux petits seigneurs religieux ou laïques se placent sous sa protection moyennant finance. Mais en 1349 Thiébaut s'engage dans une campagne malheureuse, où il essaye de soutenir les sires de Fénétrange contre une coalition redoutable, où sont entrés les Messins, leur évêque, la duchesse de Lorraine et le comte d'Apremont. Il ne récolte que des désagréments.
L'année suivante 1350, Il est, cette fois, l'allié des Messins et de leur évêque, contre la duchesse de Lorraine. Parti de Blâmont, il sème la terreur à Einville, incendie Rosières, bouleverse les faubourgs de Nancy, et se trouve en face des troupes lorraines. Mais loin d'être arrêté par elles, il les oblige à reculer jusqu'à Pont-à-Mousson, où il engage la bataille et la gagne.
Ce succès plait à l'évêque Adhémar, qui accorde sans retard, à son vassal, toutes les concessions qu'il sollicitait depuis longtemps : moulin, fourche patibulaire à Baccarat, remise de dettes antérieures, et, de plus, se reconnait débiteur envers lui de deux mille florins d'or et d'autant de petits tournois. Suivant le procédé habituel, cette somme n’est pas versée, mais le comte reçoit en gage les villes de Sarrebourg, Turquestein et Saint-Quirin.
D'autre part, la duchesse de Lorraine doit céder à son vainqueur divers fiefs qu'elle possède à Gogney, Verdenal, Chazelles, Igney, Halloville, les avoueries de Domèvre et de Bonmoutier, les bois de Voile (Blâmont), d'Ibigny, de Xermenberch et de Thiesselin, près de Cirey, et le Moulin-Neuf, entre Blâmont et Barbézieux.
Les huit années 1350-1358 sont des années de paix. Thiébaut fait alors plusieurs transactions opportunes; en 1351, pour délimiter les droits qu'il avait dans la seigneurie de Deneuvre concurremment avec Henri de Faucogney, second mari de Jeanne, sa cousine; en 1352, pour fixer le sort de Châtillon, possédé également par Jean de Salm, mari de Marguerite, son autre cousine; en 1352 encore, pour acquérir, près de Ferryon de Marsal, de vastes terrains sur Remoncourt.
Tous ces actes remédiaient quelque peu à l'inconvénient des partages. Il se concilie de plus en plus l'affection d'Adhémar de Monteil, au point d'avoir toute sa confiance jusqu'au moment de sa mort, en 1361. Chaque année, les deux personnages font en même temps séjour à Baccarat. En août 1353, le comte est créé gouverneur du temporel épiscopal et lieutenant général de ses troupes.
Puis en 1358, à l'appel de son cousin, Robert de Bar, il guerroie contre l'évêque de Verdun. En 1359, il est en pourparlers avec les bourgeois de Pont-à-Mousson, qui se sont révoltés. En juin, Il ménage une trêve entre le duc et le sire de Faucogney et en août revient à Pont-à-Mousson, en octobre à Iamarche et en décembre à Metz. Début 1360, Il va négocier avec le roi d'Angleterre puis avec le duc de Brabant. En avril 1360, Il est nommé gouverneur de Saint-Mihiel, pour le compte de Robert de Bar et trouve le moyen de se mesurer avec les Anglais, avec l'aventurier Geoffroy de Lutanges.
Mais le pays se lasse de toutes ces luttes et en mars 1361, les seigneurs imaginent de former une Ligue de la Paix. Leurs différents seront portés devant un tribunal de cinq membres composés de Thiébaut de Blâmont, pour l'évêque de Metz, Burckart de Fénétrange, pour le duc de Lorraine, le comte de Salm-Ardennes, pour le comte de Luxembourg, Jean de Salm, pour le comte de Bar, Olry de Fénétrange, pour les autres seigneurs. Thiébaut de Blâmont est choisi pour président. Ce n’est que si ce tribunal ne parvient pas à une solution qu’on reprendra les armes.
En 1361 meurt l'évêque, Adhémar de Monteil. Le Chapitre confirme Thiébaut dans sa charge de gouverneur pour tout le temps de la vacance, en lui faisant promettre de rendre compte de sa gestion au nouvel évêque.
En 1362, Robert de Bar retarde quelque peu le payement d'une dette à son cousin de Blâmont. Le 27 juin bien que président de la Ligue, celui-ci fond, sans autre avertissement, sur la forteresse de La Mothe, s'en empare, la pille et massacre la garnison. Robert riposte en envahissant Etain, qui est à Thiébaut, puis revient devant La Mothe, pour essayer de reconquérir la place. Plusieurs assauts sont infructueux, et il faut trois mois de conférences, tenues à Pompey sous la direction du duc, pour que l'affaire s'arrange.
Jean de Vienne est intronisé nouvel évêque de Metz le 30 août 1362. Thiébaut lui présente son mémoire, où figurent 2.363 florins de recettes, et 12.363 de dépenses. La différence à régler parait énorme au prélat, qui paye mais abolit la charge de gouverneur. Dès lors, l'existence de Thiébaut n'est plus qu’une suite de brigandages. A partir de 1363, il est en Alsace ou il y attaque, les trois frères Louis Roder, dit Vidembach, Obrecht et Goetz d'Engenheim, mais ceux-ci le font prisonnier et en exigent une rançon de 4.000 florins.
C'est pour la payer que Thiébaut doit engager à François d'Herbéviller ce qu'il possède à Montigny et, au Chapitre de Saint-Dié, ce qu'il possède à Destord. L'année suivante, il est aux prises avec l'évêque de Strasbourg, dont il s'était fait l'homme-lige, sept ans plus tôt, avec le sire de Havestein dont il veut se venger, avec Jean de Salm, son cousin, Il effectue, avec des bandes de Bretons qu’il a recrutées, une randonnée sinistre de Strasbourg jusqu'à Bar. Durant trois semaines, il ravage les villes et les campagnes qu'il traverse : Fénétrange, toutes les terres de Jean de Salm, Viviers, Horville, Dainville, la Tour-en-Woëvre. Mais cette triste équipée n'amoindrit pas son crédit au contraire. Ainsi en 1366, les bourgeois de Remiremont, d'accord avec le Chapitre de ses Dames, donnent pleins pouvoirs « à redoutey et puissant prince, Monseigneur Thiébaut de Blancmont » pour s'occuper de la fortification de leur ville et ordonner ce qui conviendra dans ce but.
Le duc de Lorraine le nomme « lieutenant général de son duché, tant en roman pays comme en Allemaigne » et se fait représenter par lui à l'Assemblée de Vaucouleurs (1366). Il l'envoie ensuite guerroyer contre les Messins et traiter de la paix avec eux, le 2 mai 1367.
Au cours des 1367 et 1368, Thiébaut est en Bourgogne. Il y soigne d'abord les intérêts de sa femme, puis il est nommé gardien de ce comté, avec une pension de 1.125 livres. Il revient à Blâmont et reprend ses fonctions d'arbitre. Les conflits sont heureusement moins nombreux. Pourtant, en 1372, une querelle survient avec Geoffroy de Linange, qui refuse de payer une dette. Buckart de Fénétrange prend parti pour ce dernier et « court devant la ville de Blancmont et toutes les terres et prend toutes les bestes menues et grosses et y fait des dommages en hommes, murs, prins et rançonnets comme en plusieurs autre choses qui se peuvent monter en lai somme d'environ 35.000 francs ou plus ». Tous ces détails sont contenus dans une lettre écrite, plus tard, par les petits-fils du comte pour demander à Jean de Fénétrange une réparation, qui fut accordée .
Thiébaut meurt en avril ou mai 1376, mais d'une façon si étonnante que ses enfants ne la croient pas naturelle et soupçonnent Marguerite de Blâmont, femme de Jean IV de Salm, de l'avoir hâtée par le poison.
Thiébaut laisse de son épouse, quatre fils:
- Henri IV, l'aîné qui lui succède.
- Adémare,
- Thiébaut, -
-Jean
et trois filles, Jeanne, Marguerite et Catherine.
.Henri IV de Blamont ( ? - 1421), comte de Blamont de 1376 à 1421
Fils de Thiébaut Ier ; neveu du comte de Salm Jean III ; il épouse en 1370 Valburge de Fenetrange, fille d'Ory, sire de Fénétrange et de Faulquemont avec laquelle il a trois fils :
-Thiébaut, futur Thiébaut II.
- Olry Ier
-Jean II.
et trois filles: Valburge, Jeanne et Henriette,
Dès septembre 1376, il rend hommage à Thierry de Boppart, évêque de Metz puis il doit accomplir une besogne délicate : fixer ses droits dans l'héritage de famille et donner sa part à chacun de ses frères et sœurs. Un premier projet de partage est d'abord rédigé par Etienne de Montbéliard, Henri de Villersexel, Jean de Rayet, Jean de Vaire, ses cousins. Puis, le 2 mars 1379, une réunion de famille groupe tous les intéressés au château de Blâmont. Y assistent Henri et Jean de Montbéliard, Gérard de Cusance, Henri de Lannoy, Jean d'Ogéviller, Henri de Barbas, Jean de Brouville et Jean de la Chambre. L'assemblée est solennelle; deux notaires impériaux : Renaux de Clairvaux et Renier de Blâmont, rédigent les actes. Moins vaste, certes, qu'au temps d’Henri Ier, le comté parait bien amoindri par ce partage, mais il ne tarde pas à retrouver presque toute son intégrité, du moins pour la partie blâmontaise, quand Henri recueille les héritages de ses frères, morts sans postérité.
En 1380, Henri IV doit, par fidélité, se ranger sous les ordres de l'évêque de Metz, pour combattre le duc Jean de Lorraine. Il est moins bien inspiré, en prêtant main forte, la même année, à Pierre de Bar, sire de Bouconville et de Pierrefort, qui, depuis dix ans, se fait un jeu de piller les châteaux. Cette fois, l'aventurier mène campagne contre le duc de Lorraine et le comte de Bar son cousin, et le comte de Blâmont lui envoie une compagnie de secours.
Mais le bandit est attaqué dans son repaire de Bouconville et y périt les armes à la main, le 20 octobre. Le duc de Lorraine prononce la confiscation des terres de Bouligny et de Piennes pour punir Henri de sa félonie. Cependant, lorsqu'il signe le traité de Condé-sur-Moselle le 11 juin 1381 par lequel, il revient sur sa décision et rend les domaines saisis.
.Thiébaut II de Blamont (vers 1371-1443), comte de Blamont de 1421 à 1443
Fils et successeur d’Henri IV. Il épouse Marguerite de Lorraine, fille de Ferri Ier, comte de Vaudémont et de Marguerite de Joinville. Ils leur restent pour enfants à leur mort :
- Ferri (futur Ferri II)
- Elizabeth
- Olry, futur évêque de Toul.
En janvier 1431, meurt le duc Charles II. Le comte et la comtesse de Blâmont notifient à la Cour lorraine qu'ils n'opposent aucune revendication vis-à-vis du duché. Cette déclaration loyale les range nettement dans le parti de René d'Anjou et condamne les menées d'Antoine de Vaudémont, Antoine qui demande l'appui du duc de Bourgogne et prend les armes pour enlever de vive force la couronne ducale. De son côté, René d'Anjou fait appel à ses alliés. L'évêque de Metz, le maire de Toul les ducs de Bavière et de Bade, le sire de Baudricourt, le brave Barbazan, envoyé par le roi de France, amènent chacun leur contingent. Thiébaut de Blâmont se joint avec sa compagnie de quarante cavaliers et quatre-vingts pages. Une bataille sanglante est livrée à Bulgnéville, le 2 juillet 1431.
Cette journée, comparable à celles de Crécy et d'Azincourt pour le nombre des victimes - deux mille Lorrains, dit-on, tués ou blessés - n'a d'autre résultat que de faire prisonnier le chef des Lorrains, René d'Anjou, sans profit pour la cause de son adversaire. On relève parmi les morts Jean de Salm, seigneur d'Ogéviller, partisan résolu de René. Thiébaut de Blâmont reçoit une blessure qui ne l'empêche pas de regagner son château, mais qui le fait mourir, le 2 septembre suivant.
Les enfants de Thiébaut II étant tous mineurs à sa mort, Marguerite de Lorraine, leur mère, demeure chargée du gouvernement de leurs états.
.Ferri II de Blamont, comte de Blamont de 1437 à 1494
Fils de Thiébaud II ; il épouse Bonne de Neufchâtel, qui lui donne plusieurs enfants :
- Claude
- Olry.
- Guillaume.
- Louis.
.Claude de Blamont, comte de Blamont de 1494 à 1496/1497
Fils de Ferri II.
.Louis de Blamont ( ?-1503) comte de Blamont de 1496/14977 à 1503
Fils de Ferri II, frère cadet de Claude.
.Olry de Blamont ( ?-1506), évêque de Toul de 1495 à 1503.
II recueille la succession de ses neveux et nièces qui comprend alors le Comté de Blamont, les Prévôtés de Deneuvre, Amermont, Mandre aux quatre Tour et cède toutes ses terres au Duc de Lorraine René II le 16 Mars 1503.