Au cours de la conférence de presse donnée à Versailles, l’affirmation du Président français Macron devant le Président russe Poutine que l’utilisation d’armes chimiques par l’armée syrienne constituerait une ligne rouge pour la France apparait plus comme un message destiné aux citoyens français pour essayer d’assoir son personnage de chefs des armées que d’une véritable menace pour le président syrien et son allié russe.
En effet, à moins que le Président Trump confirme qu’il en serait à nouveau de même pour les USA, il est acquis que le Président français ne pourra strictement rien faire comme le Président Hollande a dû s’y résigner quand le Président Obama a fait le choix de ne pas faire respecter sa menace..
Faute de capacités militaires suffisantes, sans l’appui des USA, la diplomatie française a peu de chance d’influer sur la situation de la Syrie ou de l’Ukraine (Donbass ou Crimée)
S’agissant de la Syrie, outre le fait que le Président syrien Assad n’a strictement aucun intérêt à recourir à de telles armes chimiques en supposant qu’il en ait encore ce qui n’est pas prouvé, le président Poutine a eu l’occasion de lui faire savoir sans le dire urbi et orbi comme le président Macron que cela constituerait un motif de le lâcher personnellement. Et en supposant que le Président Assad passe outre, le président russe sait fort bien que la France n’a pas les moyens avec ses seuls avions stationnés en Jordanie ou à Abu Dhabi en l’absence du porte-avion Charles de Gaule rentré de Méditerranée Orientale à Toulon pour grand carénage, de bombarder de manière ciblée une unité de l’armée Syrienne voire un objectif officiel sans prendre le risque de se faire abattre par la défense aérienne russe. Mieux même, en l’échange d’une meilleure compréhension des positions de la Russie, permettra-t-il au président français, si cela devait néanmoins se produire, de faire une intervention militaire limitée ciblée autorisée secrètement pour lui permettre de sauver la face.
Concrètement depuis que le Président Poutine a compris que les Européens (sauf l’Espagne) avaient privilégié dans le conflit entre la Serbie et sa province du Kosovo le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sur celui du respect de l’intégrité des frontières, il entend pouvoir utiliser l’un ou l’autre de ces principes pour assoir sa politique de restauration de la zone d’influence russe.
Comme l’a déclaré pendant sa campagne le candidat Fillon, sans d’ailleurs que cela ne suscite beaucoup de réactions, il faudra bien aborder un jour le problème de la rectification des frontières que ce soit en Syrie, en Irak ou en Ukraine.
Il est bien évident que la Russie n’acceptera jamais de perdre la Crimée et que ni les USA, ni la France ni l’Union Européenne ne feront la guerre pour que l’Ukraine puisse la récupérer. Et la situation du Donbass ne pourra être réglée, provisoirement au moins, que par une fédéralisation très poussée de l’Ukraine qui laissera à sa partie russophone une quasi indépendance.
Il est également évident que l’intégrité de la Syrie et de l’Irak née des accords Syke-Piccot ne pourra pas être préservée et qu’il faudra bien un jour accepter à nouveau la création d’un Etat kurde indépendant et une fédéralisation des territoires restant de ces deux Etats voire la partition pure et simple des Etats Syriens (et Irakiens.) . Et il ne peut en être autrement désormais pour l’Ukraine !
Ce n’est que par pur diplomatie que le Président Poutine a déclaré sans illusion.
« Je voudrais éviter que ces zones ( les 4 zones actuelles de désescalade en Syrie) ne soient pas les prémices d’une division territoriale de l’Etat Syrien »
Ce qu’attend sans doute le Président Poutine d’un Président français, c’est qu’il fasse admettre aux autres Etats de l’Union Européenne qu’un nouveau Congrès de Vienne soit réuni pour rediscuter de certaines frontières.
Après tout, l’Allemagne a bien dû accepter de voir sa frontière fixée sur l’Oder et abandonner tout une partie de son territoire national depuis des siècles et plus particulièrement du berceau de la Prusse (Prusse Orientale).
Il ne s’agirait aujourdhui non pas d’une capitulation sous la menace ou à l’issue d’une guerre mais d’une grande négociation fondée sur le désir des peuples européens qu’une disparition physique de tout contrôle aux frontières intérieures nationales de l’Europe y compris la Russie devraient pouvoir plus facilement faire admettre.
Il est urgent d’étendre les accords de Schengen-Dublin et non pas de réinstaurer physiquement des frontières nationales à l’intérieur de l’Europe.
Ce n’est pas par un repli à l’intérieur des frontières nationales que la solution à de multiples problèmes auquel est confronté le Continent Européen peut être trouvée mais par une libre circulation progressive des citoyens de l’ensemble de l’Europe, Russie comprise, en même temps qu’une coopération franche et étroite de l’ensemble des Etats Européens et de la Russie en matière de renseignement, de police et de justice et la création d’un Corps Fédéral européen de Gardes Côtes et de Gardes-Frontières travaillant en étroite collaboration avec les Corps russes correspondant pour assurer un défense efficace des frontières extérieures de l’ensemble du continent.