On peut à force de lire ou d’écouter bon nombre d’éminents spécialistes des questions économiques et monétaires se poser la question de savoir si les Etats Unis auraient réussi à résoudre la quadrature du cercle à savoir être le premier pays capitaliste du monde tout en ayant un des plus faibles taux d’épargne et corrélativement un endettement colossal de l’Etat qui atteint 16 000 milliards de dollars et des particuliers qui consacrent en moyenne 20% de leurs revenus au remboursement de leurs dettes.
En fait de résolution de la quadrature du cercle un tel système d’économie capitaliste sans capital ne fonctionne que parce que le privilège exorbitant du dollar notamment depuis le 15 aout 1971 a permis à l’Etat américain, à son économie de se financer grâce au capital constitué par l’épargne des non américains qui a afflué malgré des taux d’intérêts de plus en plus bas.
Mais cette épargne étrangère quel que soit le statut de monnaie de refuge du dollar, s’avérant insuffisante pour relancer l’économie américaine dopée artificiellement depuis des décennies par le recours au crédit, les autorités monétaires américaines se sont lancés dans une politique monétaire de fuite en avant keynésienne de création de monnaie sans contrepartie c'est-à-dire de « planche à billet » pour tenter de relancer une fois encore la croissance par la distribution de crédit à des taux de plus en plus bas.
Après 5 années d’une telle politique peu probante, ces autorités persistent et signent en la prolongeant encore de deux ans de sorte qu’historiquement elle va durer 7 ans.
Or la Banque d’Angleterre et même la Banque Nationale Suisse pour lutter contre le statut également de monnaie refuge du franc poussé à la hausse par tous ceux qui s’inquiètent légitimement de l’aberration économique et monétaire dans laquelle nous enferment les Américains n’ont rien pu faire de mieux que de s’aligner même si c’est pour des raisons différentes sur cette politique de « planche à billets ».
Et sous la pression des admirateurs inconditionnels des Anglo-Saxons, la Banque Centrale Européenne s’oriente progressivement vers une même politique au grand dam des Allemands, Néerlandais ou Finlandais.
Pourtant le mauvais exemple du Japon dont l’économie stagne depuis plus d’une décennie malgré de multiples politiques d’assouplissements monétaires et qui bat les records d’endettement à plus de 235% de son PIB et doit couvrir par de nouveaux emprunts la moitié de son déficit budgétaire aurait dû dissuader les Banques Centrales Occidentales de s’engager dans une telle politique qui mène ce pays à la faillite.
Car, contrairement donc aux apparences les Etats Unis n’ont pas réussi à résoudre la quadrature du cercle c'est-à-dire à trouver le moyen miraculeux permettant de s’affranchir de l’égalité mathématique entre Capital et Epargne.
Or la politique monétaire de rémunération de l’épargne à moyen ou à long terme à des taux négatifs ou ne couvrant pas l'inflation ne pourra pas continuer encore longtemps sauf à penser que tous les non américains se mettraient à consommer leur épargne ce qui relancerait enfin la consommation mondiale et la croissance. Sauf qu’une bonne partie de cette épargne est une épargne longue, obligatoire constituée notamment pour les besoins de la retraite et que le nombre de retraités dans le monde augmentant considérablement, ceux-ci vont voir leur pouvoir d’achat se restreindre d’une part et la formation de capital par épargne moyenne et longue diminuer posant de plus en plus de difficultés aux entreprises, aux particuliers, aux Etats et collectivités publiques pour se financer à moyen et à long terme d'autre part.
Pour éviter la faillite de l’assurance vie et des fonds de retraite par capitalisation, confrontés à des taux extrêmement bas voire négatifs, les Banques Centrales alignées sur la Reserve Fédérale Américaine seront condamnées, quelle que soit la croissance en 2015, à faire remonter les taux d’intérêt.
Comme dans le même temps elles seront parfaitement dans l’incapacité de résorber la masse monétaire crée ex nihilo et qui se traduit par une croissante historique énorme de leurs actifs, l’inflation jusqu’ alors contenue par la récession dans le monde occidental mais qui aura grimpé dans les pays émergents par l’arrivée massive des capitaux issus de la monnaie crée artificiellement en recherche d’intérêts plus rémunérateurs se transférera par contagion dans l’ensemble du monde.
Car si dans un premier temps, malgré les quantités colossales de monnaie mises circulation, la faible croissance exerce une forte pression déflationniste comme au Japon ou en Suisse, l’inflation, seule capable de « régler » le problème de l’endettement massif des acteurs reviendra au galop n’en déplaise aux éminents professeurs qui pensent que l’on peut s’affranchir de certaines contraintes.
L’hyperinflation telle que l’Allemagne a connu après la première guerre mondiale est pour bientôt avec les conséquences que l’on sait !
Ce jour-là, seuls les détenteurs d’or et d’argent s’en tireront du moins financièrement ; pour le reste ????