L’Histoire est l’hérédité des peuples. L’Union Européenne ne saurait oublier que les territoires des 6 membres fondateurs (Allemagne Fédérale, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays Bas) avaient tous appartenu à l’Empire de Charlemagne qui, en tant qu’Empire d’Occident, se voulait la restauration de l’Empire Romain d’Occident face à l’Empire Romain d’Orient depuis la création de Constantinople par l’empereur Constantin et son érection comme deuxième capitale de l’Empire à égale de Rome avec le partage de l’Empire Romain en 385 par l’empereur Théodose..
L’Union Européenne ne saurait oublier non plus que son extension s’est faite essentiellement ensuite à des territoires de l’ancien Empire Romain Germanique ou liés à lui par une dynastie commune tels l’Espagne ou le Portugal sous l’empereur Charles Quint de Habsbourg.
Ainsi l’Union Européenne s’est progressivement formée depuis 50 ans à partir des territoires, exception faite de la Grèce et de Chypre, qui ont toujours composée l’Europe Occidentale et Centrale lesquels sont les héritiers de l’Empire Romain d’Occident disparu en 476 avec le dernier empereur romain d’Occident Romulus Augustule, restauré en l’an 800 par Charlemagne, puis à nouveau en 962 par Othon le Grand, aboli en 1806 du fait du couronnement de l’empereur Napoléon Ier deux ans auparavant, véritable nouvel empereur d’Occident.
En revanche, la séparation de la chrétienté en 1054 entre catholiques et orthodoxes a constaté le fossé croissant séparant l’Empire Romain d’Occident incarné d’un côté par l’Empire Romain Germanique et Rome et de l’autre côté par l’Empire Romain d’Orient dit Byzantin et Constantinople.
Or la prise de cette dernière par les Turcs ottomans en 1453 a amené les empereurs russes à se considérer comme les héritiers des empereurs romains d’Orient et à reprendre le titre de César/Tsar à l’instar de ce qu’avaient fait avant eux les empereurs romains germaniques en se faisant appeler Kaiser/César. Puis à ce titre les empereurs russes se sont sentis investis de la protection des chrétiens orientaux majoritairement orthodoxes et soumis à la domination ottomane stoppée à Vienne par les armées du Saint Empire Romain Germanique.
Ainsi à bon droit, ont-ils considéré que Moscou était devenue la troisième Rome, en raison du maintien de l’occupation de Constantinople par les Ottomans, et comme elle capitale de l’Empire Romain d’Orient.
A ce titre, Moscou peut légitimement estimer que l’Europe Orientale orthodoxe grec ou slave ressort de sa zone séculaire d’influence.
Ainsi si la deuxième guerre mondiale a permis à l’Union Soviétique vainqueur d’étendre son influence à certains territoires d’Europe Occidentale telle la Pologne, certes slave mais catholique dans l’orbite de Rome ou à la Tchécoslovaquie slave mais protestante, ou à la Hongrie magyare, voire aux Etats baltes, une telle influence ne pouvait se maintenir après la chute de l’Union Soviétique et du Pacte de Varsovie, pendant oriental du pacte d’alliance militaire occidentale de l’Alliance Atlantique lui faisant militairement face.
En revanche, si la Grèce, Chypre, la Yougoslavie avaient pu échapper à sa zone d’influence, cela s’explique en contrepartie en raison des prétentions mal fondées de l’Union Soviétique à vouloir imposer sa zone d’influence sur les territoires ci-dessus historiquement liés à l’Europe Occidentale.
En revanche, il n’est pas contestable que l’Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, voire même la Bulgarie et voire même encore la Serbie, et également la Grèce et Chypre appartiennent tous au monde helléno-slave orthodoxe qui partagent entre eux beaucoup plus de valeurs qu’avec les autres territoires de l’Europe Occidentale.
Si du fait de l’influence historique de l’empire Austro-Hongrois et de la Pologne, l’Ukraine se trouve tiraillée entre l’Europe Occidentale et la Russie, il n’en reste pas moins qu’il parait difficilement contestable qu’elle constitue avec Kiev le berceau historique de la Russie et que les liens séculaires qu’elle entretient avec elle la rende à tout point de vue plus proche de cette dernière que de l’Union Européenne ce dont cette dernière doit tenir raisonnablement compte.
Et si l’Union Européenne a pu jusqu’à présent considérer que l’Alliance Atlantique pouvait s’étendre à des Etats qui avaient fait partie du Pacte de Varsovie jusqu’à seulement 20 ans en arrière, tels la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, non seulement il ne présente guère d’intérêt militaire à vouloir l’étendre à l’Ukraine ou à la Géorgie mais en revanche a l’inconvénient majeur de créer un motif de tension inutile avec la Russie et de compromettre la politique de partenariat avec elle.
De même la proposition de l’Union Européenne de partenariat avec l’Ukraine apparait tout aussi peu pertinente au moment ou la Russie cherche à affermir avec elle la Communauté des Etats Indépendants qui ne peut absolument pas apparaitre comme un projet d’avenir complémentaire mais concurrent obligeant les Ukrainiens à faire un choix cornélien entre l’Union Européenne et la Russie.
Or les Ukrainiens doivent savoir que la signature d’un partenariat avec l’Union Européenne ne fera pas avant très longtemps de l’Ukraine un candidat à l’adhésion et que malheureusement les difficultés financières de la plupart des Etats membres ne permettront pas avant longtemps à l’Union de lui fournir l’aide financière massive dont elle a urgemment besoin et que seule la Russie est actuellement capable de lui offrir sans autant de conditions que l’Union Européenne serait obligée de lui imposer si elle était en mesure de se substituer à l’offre de sa « cousine ».
En conclusion, l’Union Européenne ne peut s’offrir le luxe d’une tension permanente avec la Russie comme elle le fait avec la Turquie les amenant à se poser la question de leur « européanitée » et à rechercher un avenir alternatif hors d’Europe, mais laisser la CDI s’affirmer puis engager globalement avec cette CDI et non bilatéralement avec chacun de ses membres actuels ou potentiels un accord de partenariat préparant l’adhésion à terme de celle-ci à l’Union et l’Unification du continent non seulement de l’Atlantique à l’Oural selon l’expression du général de Gaulle mais de l’Atlantique au Pacifique.