La question des rémunérations excessives des dirigeants des grandes entreprises doit être réglée, à défaut de pouvoir le faire au niveau mondial, voire au niveau des Etats Occidentaux, à celui de l’Union Européenne.
Celle-ci ne peut se contenter de recommandations sur les seules rémunérations abusives des personnels des banques ou plus largement du secteur financier.
Comment peut-on, indépendamment de son appartenance à tel ou tel autre courant politique, considérer comme décentes ,morales, ou simplement justifiées des rémunérations annuelles de plusieurs millions d’euros dépassant le total des salaires de plusieurs centaines d’ouvriers des entreprises concernées, ou plus de 100 à 700 fois le salaire moyen d’un ouvrier ou d’un employé, sinon par une prétendue concurrence mondiale dans le recrutement de ce que bien à tort les medias appellent bien à tort des « capitaines » voire des « chevaliers » ?
Quelle image, quelle opinion d’eux-mêmes de tels dirigeants ont-ils pour pouvoir demander et accepter de tels niveau x de rémunération quand dans le même temps ils décident de licencier des personnels dont les salaires annuels qu’ils prétendent économiser pour les entreprises qu’ils dirigent ne représentent quelques fois que 5 fois leur seul salaire annuel ?
Trouvent-ils aussi normal que des ministres des Etats dans lesquels ont leur siège les entreprises qu’ils dirigent reçoivent des rémunérations de 10 à 20 fois moins inférieures à la leur en une année ?
Il est tout à fait lamentable de constater que sur un tel sujet, l’Union Européenne apporte une fois encore la preuve du déficit démocratique qui lui est reproché si on la compare au fonctionnement de la démocratie directe de la Confédération Helvétique.
En effet, alors que la Suisse est tout sauf un pays socialiste, une initiative populaire lancée par Mr Minder, un membre de l’Union Démocratique du Centre, parti jugé à l’extrême droite, a abouti à la tenue d’un référendum populaire le 3 mars 2013 qui a obligé le Conseil Fédéral à élaborer dans une certaine urgence un contre-projet qui sera soumis donc au vote le même jour.
Alors donc que la Suisse prospère s’interroge sur le caractère devenu indécent en quelques années des rémunérations de certains dirigeants de grandes entreprises, d’autant plus indécents désormais que la crise touche très durement des milliers de salariés, on est en droit de s’étonner qu’un tel débat ne soit pas engagé au niveau au moins européen dans tout cette Europe Occidentale qui se veut pourtant la terre des Droits de l’Homme et du Social.
Et pourtant il n’y a rien de révolutionnaire à demander par exemple comme le propose le référendum suisse que ce soit l’Assemblée Générale des Actionnaires qui puissent décider annuellement du montant maximum des rémunérations des principaux dirigeants et non pas un Comité de rémunération émanation du seul Conseil d’Administration ou de Surveillance de ces entreprises qui regroupent des dirigeants d’autres grandes entreprises ou ils sont eux-mêmes grassement rémunérés et donc appartiennent à la même caste qui protège ses intérêts.
Et l’on est donc choqué que des dirigeants dits socialistes voire d’extrême droite se refusent à soulever dans de nombreux Etats européens cette question de la décence de telles rémunérations voire puissent critiquer certaines initiatives certes modestes de dirigeants tel le dirigeant de Renault annonçant qu’il allait baisser son salaire de 300 000 euros par an.
Or si c’est la soi-disante crainte de voir partir dans d’autres Etats ces dirigeants dont on baisserait la rémunération, ces hommes politiques européens pourraient au moins proposer qu’une directive européenne force les Etats membres de l’Union Européenne à introduire dans leur droit des sociétés les modifications proposées par l’initiative Minder Suisse de sorte que ces dirigeants ne pourraient plus guère qu’aller se faire embaucher aux Etats Unis d’Amérique ou ils pourraient espérer alors conserver de telles rémunérations indécentes.
Et si tel était le cas, les opposants suisses à l’initiative Minder verraient disparaitre, au moins au niveau européen le seul argument de poids qu’ils croient pouvoir invoquer à savoir celui de la crainte prétendue de voir quitter leur pays les dirigeants de plus en plus étrangers qui dirigent les principales entreprises de leur pays avec la crainte que la perte de leur « compétence » (qui s’est révélée assez souvent de l’incompétence grave) ne fasse décliner leur entreprise et entraine des pertes d’emploi.
Crainte que l’on peut raisonnablement considérer comme feinte quand on sait que le Directeur partant à la retraite de la société chimique Novartis Mr Vasella s’était vu octroyer comme prime de départ et indemnité de non concurrence une somme de 72 millions de francs suisses à laquelle il a du renoncer à la suite du tollé général causé par une telle annonce plus qu’inopportune en pleine campagne de votation ; somme à comparer au 65 000 francs suisses de revenus médian des salariés suisses.
Sans être un spécialiste des Ressources Humaines, un Chercheur de « Têtes » quelle que soit la concurrence dans le recrutement international des dirigeants des grandes entreprises, on peut affirmer qu’il y a des milliers de personnes tout aussi intelligentes sinon plus qui accepteraient de travailler à la tête des grandes entreprises européennes pour des rémunérations beaucoup plus décentes simplement par ce que leur motivation ne serait plus de ne mesurer leur importance personnelle, leur ego qu’en fonction de leur seule rémunération en singeant un système de valeur très américain assez primitif dans lequel vous ne valez que ce que vous gagnez.
C’est en effet bien à tort que les médias économiques ont pu parler à l’occasion de fusions de grandes entreprise de « chevaliers blancs ou noirs » ; en revanche il pourraient bien avoir à parler désormais de chevaliers de l’Apocalypse si l’augmentation massive du chômage en Europe amène les peuples à se révolter et à couper les têtes de cette nouvelle aristocratie qui certes travaille à la différence de celle de l’Ancien Régime français mais qui se révèlent être tout autant coupée du peuple qu’il méprise parfois même sans être consciente..
Les élus, les responsables politiques devraient se féliciter comme le Financial Times l’a fait de l’initiative de petit entrepreneur suisse Mr Minder et que le peuple suisse pourtant très raisonnable est en bonne voie d’accepter par référendum le 3 mars 2013.
D’une manière plus générale L’Europe a bien besoin de retrouver certaines valeurs de la chevalerie qui ont régi le comportement de la noblesse primitive et seul un empire européen pourra restaurer une telle noblesse que croient avoir pu remplacer les Monarchies ou Républiques actuelles par la cohorte des décorés de toute sorte.