Le Premier Ministre du Royaume Uni Monsieur Cameron a fait récemment sinon la déclaration la plus stupide du moins la plus europhobe que l’on pouvait entendre de la bouche d’un des principaux dirigeants politiques européens.
En effet il n’a rien trouvé de mieux que de déclarer que les étudiants anglais avaient beaucoup plus intérêt à apprendre le Chinois que le Français ou l’Allemand.
Celui-ci n’ignore pourtant pas que sur 500 millions de citoyens, l’Allemand est la langue maternelle d’environ 100 millions et le Français d’environ 70 millions soit plus d’un tiers alors que l’Anglais n’est celle que de 65 millions.
Certes le Premier Ministre anglais considère que si les étudiants du Royaume Uni n’apprennent plus que le Chinois, les Allemands, les Français mais aussi les Italiens, les Espagnols, les Polonais, les Néerlandais n’ont qu’à ne plus apprendre que l’Anglais (ce qui est bientôt le cas) comme seule langue étrangère et ainsi le problème peut paraitre résolu.
Sauf que demain par exemple, Madame Merkel serait encore plus fondée ( l’Allemagne étant le pays d’Europe qui a le plus gros commerce extérieur avec la Chine) à suivre le raisonnement de Monsieur Cameron, et donc à conseiller elle-aussi aux étudiants de langue maternelle allemande à apprendre le chinois plutôt que l’Anglais voire demain Monsieur Hollande ou tout autre Premier Ministre d’un Etat européen au motif que le chinois est la langue parlée par le plus grand nombre et qu’il convient d’augmenter le commerce de leur pays respectif avec la Chine.
Ainsi demain, dans une génération, ce n’est plus l’Anglais qui sera la principale langue de travail de l’Europe mais le Chinois !
Mais alors que l’expression française « c’est du chinois !» ou du charabia est utilisée en France péjorativement par une personne qui ne comprend pas une autre personne qui maitrise mal la langue dans laquelle elle s’exprime ( ce qui devient de plus en plus le cas non seulement dans certaine organisation internationale mais également dans certaines administrations de l’Union Européenne elle-même) demain tous les européens diront sans plus aucune idée péjorative que leurs dirigeants politiques européens s’expriment en chinois mais sans être encore moins surs qu’ils maitriseront cette langue chinoise mieux que l’Anglais.
Mais soyons un peu sérieux.
Outre le fait que les jeunes anglais estiment de moins en moins devoir se soucier d’apprendre non seulement une autre langue de l’Union Européenne, il est peu probable qu’ils se mettent tous à suivre la recommandation de leur Premier Ministre considérant qu’après tout, les Chinois n’ont qu’à apprendre une seule langue étrangère l’Anglais et le problème est résolu.
Sauf que de plus en plus de Chinois, considérant que l’Allemagne est la principale puissance économique de l’Europe, se mettent à apprendre l’Allemand comme d’ailleurs bon nombre des étudiants d’Europe de l’Est aujourd’hui.
Notons en passant que les pays de l’Union Européenne seraient particulièrement bien fondés à réclamer cette fois au Royaume Uni comme il a toujours su bien le faire à l’Union Européenne depuis Madame Tchatcher une indemnisation au titre des sommes gigantesques ( et souvent pour des résultats plus que médiocres) pour ce que leur coute l’apprentissage de l’Anglais par leurs étudiants alors que les étudiants anglais apprennent de moins en moins les langues européennes et n’y sont pas incités par leur Premier Ministre. Il y a bien là en effet d’un certain point de vue un avantage induit, une distorsion de concurrence à laquelle devrait s’intéresser le Commissaire compétent de la Commission européenne et le Conseil Européen.
Plus raisonnablement, il est évident que dans un avenir encore proche, peu d’étudiants européens seront amenés à utiliser le Chinois plutôt que l’Allemand, le Français, l’Anglais l’Italien, l’Espagnol, le Polonais, le Portugais …….
Tout simplement parce que, même aujourd’hui, un pourcentage tout compte fait assez restreint d’Européens non anglophones par exemple utilisent couramment l’Anglais (encore moins de 5% et pour la plus grande part d’entre eux ayant fait des études supérieures).
Alors que pour le plus grand nombre des jeunes qui ne poursuivent pas des Etudes supérieures il serait beaucoup plus rationnel, sur le plan de l’amélioration de la Libre Circulation européenne, d’une meilleure osmose dans les zones frontalières, du traitement du chômage, de leur enseigner en première langue étrangère la langue du pays voisin.
On n’arriverait par exemple pas à l’aberration actuelle de l’Alsace Lorraine autrefois germanophone dont les jeunes sans projet d’Etudes Supérieures apprennent l’Anglais alors qu’ils pourraient trouver des emplois en Allemagne voisine, emplois que viennent chercher des ouvriers ou des employés espagnols contraints pour ce faire de suivre des cours d’Allemand.
Car il faudrait quand même que nos élites européennes comprennent que ce n’est sans doute pas encore demain qu’un simple ouvrier ou un simple employé d’un pays européen venu travailler dans un autre pays européen pourra s’adresser en anglais à un autre simple ouvrier ou employé voire contremaitre ou petit cadre de ce pays !