Force est de reconnaitre que profitant de la méconnaissance par les peuples de l’histoire européenne, les diplomates qui ont négocié au Congrès de Vienne après la chute de Napoléon Ier et avec lui de son Empire Français ou qui ont négocié le Traité de Versailles après la chute des Empires Allemand/ II° Reich et Austro-Hongrois, ont pu purement et simplement violé les droits élémentaires de la majorité de leurs concitoyens et sont en grande partie responsables des guerres ou des conflits graves qui ont endeuillé l’Europe.
Si l’on prend par exemple le simple cas de la création de la République de Tchécoslovaquie née des cendres de la Première Guerre Mondiale sur les dépouilles de l’Empire Austro-hongrois, ces diplomates ont systématiquement ignoré que, si la Bohême ne faisait pas partie du deuxième Reich c'est-à-dire de l’Empire Allemand proclamé à Versailles en 1871, elle avait fait partie du Premier Reich c’est à dire du Saint Empire Romain Germanique restauré en 962 par Othon le Grand avant même qu’elle soit érigée en Royaume en 1085 resté partie intégrante du Saint Empire jusqu’à son abolition sous la pression de Napoléon en 1806 et dont les rois étaient Princes Electeurs des empereurs et certains d’entre eux empereurs dudit Saint Empire tels Charles IV de Luxembourg, Sigismond et Venceslas, et faisait depuis partie intégrante de cet Empire Austro-Hongrois stupidement démembré.Pour cette raison naturellement toute une partie de ce Royaume de Bohême était peuplée depuis des siècles de populations germaniques qui vivaient au côté des populations slaves comme c’était le cas dans bien d’autres marches frontières du Saint Empire, de l’empire Austro-Hongrois ou de l’Empire allemand.Dès lors c’est bien en violation totale des droits des Allemands des Sudètes /Sudetendeutsche et des Magyars que ces diplomates peu préoccupés à l’époque par les questions, aujourdhui à la mode des droits de l’homme, ont accepté la création d’une République qui ne pouvait que brimer ensuite ses 3 millions de citoyens germaniques les amenant fatalement à rechercher la protection du III° Reich qui devait les conduire à leur perte à savoir l’expulsion dans des conditions lamentables.Non seulement cette République n’a jamais réussi à devenir une nation mixte germano-slave mais n’a pas davantage réussi à édifier une nation slave homogène avec deux peuples parlant des langues différentes et de niveau de développement différent ; preuve en est de la scission intervenue en 1992 entre la Tchéquie et la Slovaquie.
Si la République ne réussit pas durablement à fondre les peuples dans la notion abstraite de Nation, on ne peut pas dire que les monarchies y parviennent davantage.
Preuve en est du Royaume de Yougoslavie puis République Yougoslave en dépit de l’origine slave de la très grande majorité des ex-yougoslaves.
Preuve en est également des Royaumes plus anciens que constituent le Royaume Uni ou le Royaume d’Espagne tous deux créés par la fusion pourtant déjà anciennes de divers royaumes. A fortiori du Royaume de Belgique dont la création est encore plus récente.
S’ils parlent pratiquement tous aujourdhui l’anglais, les Ecossais pas plus que les Gallois ou les Irlandais du Nord unis sous une même couronne depuis plusieurs siècles ne considèrent toujours pas constituer une Nation mais se considèrent seulement sujets britanniques de la Reine invoquant de plus en plus leur différence ethnique, l’économie et l’histoire séparée qu’ils ont eues jusqu’à la création du Royaume Uni pour recouvrer leur indépendance au sein de l’Europe. Et dans cette perspective, un référendum sera organisé en 2014.
A fortiori, les Catalans et les Basques qui continuent de pratiquer largement une langue différente de l’Espagnol, dont les territoires ont appartenu, à la différence du reste de l’Espagne à l’empire Carolingien, puis s’agissant des premiers au comté de Barcelone dont les comtes sont devenues en même temps comtes de Provence à l’époque ou celle-ci faisait partie du Saint Empire Romain Germanique puis au Royaume d’Aragon et s’agissant des seconds au comté de Pampelune puis au Royaume de Navarre, deux régions dont l’économie est largement plus développée depuis un siècle que celle du reste de l’Espagne ne considèrent pas constituer la Nation Espagnole mais se considèrent seulement sujets d’un même roi. Comme les Ecossais, les Catalans devraient prochainement organiser un référendum sur l’indépendance.
A fortiori encore les Flamands de langue flamande ne considèrent pas constituer une Nation Belge avec les Flamands de langue française nonobstant là l’histoire pourtant commune qu’ils ont eue au Moyen Age à une époque où le comté de Flandre comprenait également une bonne partie de la Belgique et du Nord de la France et était ethniquement homogène mais fondent aujourdhui leur volonté de scission sur des critères linguistiques et économiques.
Quelles qu’en soient les raisons multiples, l’éclatement des « Nations » européennes, constructions abstraites, de guère plus de deux siècles est en marche. Et l’Union Européenne qui a admis l’Indépendance du Kosovo devra accepter en son sein les Etats sécessionnistes du Pays Basque, de Flandre, d’Ecosse, de Catalogne etc….
Et ce mouvement général n’épargnera la « Grande Nation » c'est-à-dire le pays qui a connu pourtant sous ses rois le plus grand centralisme puis une unification à marche forcée sous la Révolution, les Premier Empire et Second Empire ainsi que sous la III° République car viendra également le jour ou en raison de la crise généralisée qui va se poursuivre encore longtemps, une majorité d’Alsaciens, de Basques, de Bourguignons de Franche-Comté, de Bretons, de Catalans, de Corses, de Lorrains, etc…. suivront l’exemple des premiers sécessionnistes.
Or comme jusqu’à présent les traités européens exigent l’unanimité des Etats Nations membres pour admettre un nouvel Etat National, et que l’on voit mal la Belgique, l’Espagne ou le Royaume Uni consentir à l’admission d’un Etat National Basque, Catalan, Ecossais ou Flamand, l’Union Européenne serait bien avisée, pour éviter une nouvelle crise de réfléchir d’urgence au statut de ces futurs Etats au sein de l’Union au côté des Etats Nationaux dont ils ont fait sécession.
En fait, comme il est évident que l’Etat « Nation » est appelé à disparaitre dans la mesure ou il sera dépouillé au sein d’une future Fédération Européenne de la plupart de ses attributs avec la monnaie unique, une armée Fédérale et un Ministre d’Etats aux Affaires Etrangères, c'est-à-dire dépouillé de sa souveraineté externe comme un Etat-canton suisse ou un Etat des Etats Unis d’Amérique, l’Union Européenne doit d’urgence réfléchir à une architecture constitutionnelle capable d’évoluer d’une Fédération d’Etats Nation provisoire à une Fédération d’Etats-Régions.
L’exemple de l’Etat- Canton du Jura admis dans la Confédération Helvétique (Fédération depuis 1848) à égalité avec les autres Etats-cantons crée par sécession de l’Etat- Canton de Berne devrait faire réfléchir quant aux difficultés à venir alors pourtant que les autres cantons à la différence des Etats Nationaux de l’Union ont accepté le nouveau venu qui venait pourtant sensiblement perturber les équilibres institutionnels instaurés depuis plus de 100 ans après l’ultime intégration des Républiques et Cantons de Genève, Neuchâtel et Valais en 1815.