Contrairement à ce qu’aimeraient vouloir faire croire certains médias occidentaux et les rebelles syriens, il n’est pas du tout évident de présenter la bataille en cours à Alep comme décisive simplement parce que cette ville est la deuxième de Syrie, sa capitale économique et située près de la frontière de Turquie.
Le fait que le contrôle d’un territoire entre Alep et la frontière de la Turquie pourrait être présenté comme stratégique ne retire rien au fait que les rebelles syriens semblent bien avoir perdu la bataille de Damas qui constitue un revers très important qu’ils cherchent à faire oublier en présentant tout compte fait le sort d’Alep comme plus décisif.
Pourquoi alors ont-ils symboliquement commencé à essayer de prendre le contrôle de la capitale avant celui d’Alep ?
Tout simplement parce que stratégiquement Damas se trouve très proche du Liban ou ils disposent de nombreux coreligionnaires sunnites alliés et d’une frontière perméable alors qu’au nord le contrôle de la frontière par l’armée turque ne leur laisserait pas du tout la même liberté.
Alors que le contrôle de la zone entre Damas et le Liban leur aurait permis de recevoir très facilement toutes les armes qu’ils réclament de leurs soutiens du Golf, il est bien évident que la Turquie ne leur permettra pas de se servir de son territoire comme d’une base logistique incontrôlée. Et ce d’autant moins que la Turquie prend rapidement conscience du danger à laisser se créer à sa frontière sud des zones contrôlées progressivement par des arabes islamistes radicaux à l’Ouest ou des Kurdes indépendantistes à l’Est.
Bien que membre de l’Otan, on peut imaginer que rapidement le gouvernement turc décide dans l’intérêt de son pays d’adopter, au-delà de ses menaces qu’ils formulent actuellement, un comportement différent, davantage en retrait, que celui actuel du triumvirat occidental de l’ONU.
En effet dès lors que pas davantage qu’à Damas, les rebelles syriens n’ont réussi à Alep à susciter à l’occasion de leur occupation de certains quartiers un large soulèvement populaire y compris des populations sunnites, il n’est pas stupide de penser, que la bataille d’Alep risque de tourner en ce que les médias occidentaux, en cours de reconsidération progressive de leur analyse superficielle, en baroud d’honneur en dépit de certains succés purement médiatiques.
Bien évidemment la rébellion se radicalisera et les islamistes continueront sporadiquement en Syrie le combat comme ils le développent dans les territoires libérés de l’influence occidentale grâce aux actions intempestives depuis de nombreux mois des Occidentaux en Irak, en Afghanistan, en Libye…Mais il est de moins en moins avéré que le Président Assad soit contraint de partir et en tous cas, pour une fois plus prudent de la part du Ministre des Affaires Etrangères français qu’il partira « tôt ou TARD ».
L’Union Européenne pourrait donc elle aussi être bien inspirée, pour préserver l’avenir, de ne pas s’aligner sur une diplomatie du triumvirat occidental de l’ONU qui manifestement a mal apprécié la situation.