L’économie libérale capitaliste s’est développée en Europe Occidentale entre 1850 et 1914 à un rythme moyen de 2% alors qu’elle ne connaissait pratiquement aucune entrave.
L’Europe occidentale a connu pendant les années 1960-72 une croissance exceptionnelle due à différents facteurs : la reconstruction après les destructions de la guerre, l’arrivée à l’age adulte de nombreux jeunes nés justes après la guerre, le désir général de bénéficier dès leur mariage du confort moderne, des moyens individuels de communication et des produits de grandes consommations aux prix rendus plus accessibles par la production de masse et le développement du crédit.
En un laps de temps très court, l’essentiel des besoins vitaux du plus grand nombre a été satisfait; or, compte tenu de la qualité croissante des produits et de leur durée de vie ainsi que des faibles améliorations technologiques susceptibles d’inciter les consommateurs à en changer, les marchés sont devenus saturés. L’économie n’est plus qu’une économie de renouvellement dès lors que les nouveaux produits apparus par la suite sur le marché ( téléphone portable, ordinateurs personnels…) et qui ne satisfont pas désormais des besoins vitaux, ne peuvent à eux seuls, assurer un niveau de consommation élevée et une croissance forte de l’économie assurant le plein emploi. Il n’est pas inintéressant de se rappeler que beaucoup de « soixantehuitars » revendiquaient le retour à une croissance zéro et maintenant qu’ils ont vieilli, prêchent la nécessité d’une croissance supérieure à 3% comme remède à tous les maux.
C’était une utopie de croire en une « nouvelle économie » qui aurait pu s’affranchir des règles fondamentales et c’est une grande responsabilité des Etats Unis d’Amérique de s’être fourvoyés et aux dirigeants européens d’avoir inciter à suivre leur exemple.
C’est une utopie d’espérer que le taux de croissance de l’économie européenne puisse redevenir
supérieur sur une longue période au taux moyen de 2% voire 3%.
Il faut donc se satisfaire d’un tel taux et organiser la société en conséquence.
Il est évident par ailleurs que l’age de la retraite de plus en plus anticipé perturbe les individus de sorte que retraités, ceux-ci se préoccupent de manière exagérée de leur santé ce qui génère des charges qui seront de plus en plus insupportables pour les assurances maladie.Ce n’est certainement pas par l’abaissement de l’age de la retraite, alors que la durée de la vie s’allonge et que l’on va rapidement se retrouver confronté à un problème de pouvoir d’achat des retraites, ni par une réduction du temps de travail et un partage du travail que le problème sera résolu; pour pouvoir maintenir une population active suffisante pour assurer le maintien du niveau de vie de l’ensemble de la population il faut que les jeunes, de moins en moins nombreux, puissent entrer plus tôt dans la vie active quelles que soient les études qu’ils voudront poursuivre et il faut que leurs parents la quittent le plus tard possible ; formation et travail doivent être menées de paire de l’adolescence jusque le plus tard possible ; il faut fixer à 15 ans la scolarité obligatoire, établir la formation continue dès 15 ans jusqu ‘en fin d’activité et supprimer le principe de la retraite en le remplaçant par un système de diminution progressive du temps de travail pour tous à partir de 45 ans environ sans compensation ; il faut en effet sensiblement améliorer le pouvoir d’achat de la tranche d’age de 16 ans à 35 ans, celle qui a la plus forte propension à consommer ;sauf mise en invalidité, la durée du travail serait de 42 heures par semaine de 16 ans à 35 ans, de 36 heures de 46 ans à 55 ans, 30 heures de 56 ans à 65 ans, 24 heures de 66 ans à 75ans et 18 heures ensuite; passé 45 ans en revanche, on doit avoir été capable d’avoir remboursé les crédits contractés pour satisfaire ses besoins essentiels (logements et équipements du foyer, voiture) et se contenter d’un revenu moins élevé pour satisfaire le remplacement des biens de consommation usagés ou acquérir les quelques nouveaux produits généralement non essentiels à la vie y compris sur le plan culturel ou spirituel ; passé 75 ans , les besoins financiers sont évidemment encore bien moindre.
Il serait en effet parfaitement inacceptable pour les adultes actuels de laisser leurs rares enfants assurer le service de la dette publique qu’ils leurs auront léguée ainsi que celui de leurs retraites.
En outre, il devrait paraître évident que nos sociétés occidentales surconsomment par rapport aux ressources potentielles de la planète qui seraient parfaitement incapables d’assurer ce niveau de consommation à l’ensemble de ses habitants ; or, il est vital que le niveau de consommations des habitants d’Amérique Centrale et du Sud, de l’Afrique et de l’Asie puisse sensiblement augmenter ce qui implique que celui des pays plus développés se ralentisse sinon stagne si on veut éviter d’ici quelques décennies un conflit entre l’Occident nanti et les autres continents, c’est à dire pratiquement entre les blancs et les au tres .
Enfin les niveaux de consommation actuelle ne permettent pas d’espérer améliorer la situation écologique alors et pourtant que les habitants sont soucieux paradoxalement d’améliorer sans cesse leur condition de vie, de préserver leur santé, et de diminuer leurs risques.
Après le dialogue Nord-Sud des années 70 qui n’a pas permis de combler le fossé entre pays riches et pays pauvres, il existe des doutes que la mondialisation ne profitera ni aux pauvres des pays pauvres ni à ceux des pays riches.
L’Empire européen devra retrouver la maîtrise de son économie qui doit être au service de l’individu et non l’inverse et garantir à l’ensemble de ses citoyens de véritables services publics.
Or il apparaît quelque peu aberrant que l’Europe dispose d’une monnaie commune sans disposer au niveau fédéral d’un gouvernement économique et d'un budget important lui permettant de réguler l’économie.
(article écrit en 2000)