Beaucoup de citoyens de l’Union Européenne et notamment de Français ont besoin de se rappeler que pendant 400 ans environ, la Libye a été une province de l’empire Ottoman qui occupait également une bonne partie de l’Europe ; que les « colons » ottomans ont été remplacés par les colons italiens en 1912 après que le 28 novembre 1911, prétextant des provocations de la part des Turcs, l'Italie - qui voulait s'établir en Tripolitaine – ait envoyé un ultimatum à la Turquie et, sans attendre la réponse, commencé les hostilités le 29 novembre ; que plus généralement c’est sur les dépouilles de cet empire européen, asiatique et africain appelé alors « l’homme malade de l’Europe » que les Anglais, qui, avant et pendant la première guerre mondiale, avaient obtenu l’alliance des arabes musulmans contre leurs coreligionnaires turcs majoritairement musulmans comme eux, ont crée de toute pièce, selon des frontières arbitraires, les royaumes d’ Arabie, d’Egypte, d’Irak et de Jordanie .
Egalement qu’au, début de 1942, le général allemand Rommel, commandant de l’Afrika Corps profitait du recul des Britanniques en Méditerranée pour reprendre position en Égypte occidentale .Hitler lui ordonnait de lancer l'offensive décisive contre l'Égypte. L’armée britannique devait battre en retraite, laissant les Français du général Kœnig tenir le plus longtemps possible. Tobrouk tombait le 20 juin 1942 . Cependant, les Britanniques avaient repris pied en Méditerranée et les livraisons de l'Axe devenaient très difficiles. L'offensive de Rommel sur Alexandrie échouait début septembre 1942 ; Rommel prenait quelques semaines de congés. À son retour, il se trouvait face au Général anglais Montgomery qui lançait le 24 octobre 1942 une contre-offensive qui finissait par forcer l'Afrikakorps à reculer définitivement: le 23 janvier 1943, Tripoli était reprise et les Britanniques faisaient leur jonction avec l'armée française du général Leclerc. Rommel se repliait en Tunisie ; mais le travail de sape de Montgomery se révélait payant ; les attaques allemandes de février 1943 s’avéraient vaines, Rommel était rappelé en Allemagne et le 13 mai 1943, 250 000 Allemands et Italiens, se rendaient.
La guerre terminée, en 1946, le Royaume Uni reconnaissait Idriss comme émir de Cyrénaïque mais ce n’est qu’en 1951 que la Lybie proclamait son indépendance sous la forme d’une monarchie dirigée par Idris Ier, né en 1889 à Jaghboub (Cyrénaïque ), petit-fils de Muhammad ibn Ali al-Sanussi auquel il avait succédé comme chef de la confrérie religieuse des Sanussi (ou Senoussie) en 1916. Celui-était renversé par un coup d'État militaire en 1969. La Libye est depuis dirigée par Mouammar Kadhafi
La Cyrénaïque est donc la région d'ancrage de la monarchie renversée par Mouammar Kadhafi. et sa capitale Benghazi est par tradition toujours été hostiles au pouvoir du Guide Libyen. Berceau de la confrérie musulmane Senoussie, dont était issu le roi, elle a toujours été plus religieuse. La lutte du Colonel-Guide contre cette confrérie n'a fait qu'aggraver les relations entre le pouvoir de Tripoli et la Cyrénaïque. Ceci explique bien pourquoi les Opposants font flotter le drapeau adopté par le seul et unique roi de Libye , Idriss Ier dont le descendant habite à Londres.
Aujourd’hui l’action militaire conduite par la France avec le Royaume Uni, légèrement en retrait, a, au moins, évité le scénario d’encerclement de Benghazi par les troupes fidèles au Colonel-Guide et donc un afflux massif à craindre de réfugiés de Benghazi en direction de la Grèce et de l’Italie qui n’auraient pas manqué de créer de sérieuses tensions entre ces pays d’une part et la France et le Royaume Uni d’autre part, sommés de les accueillir.
En revanche, s’il est vrai que les Occidentaux ne veulent pas supprimer physiquement le Colonel-Guide et ne veulent pas faire intervenir des troupes au sol, ils connaissent parfaitement l’hostilité traditionnelle qui existe entre les populations de la Cyrénaïque et celles de la Tripolitaine et du Fezzan de sorte qu’on les voit mal, en invoquant leur devoir de protection des civils Libyens en général, armer en sous-main l’Opposition et lui permettre de reconquérir par la force les positions perdues et donc avoir sur la conscience la mort de nombreux civils restés favorables au Colonel.
En effet, ils doivent nécessairement se rendre compte que faute d’effondrement espéré du Régime du Colonel, nonobstant la crainte des populations de Tripolitaine à l’égard de ce régime, celui-ci bénéficie d’un certain soutien que par leur action ils ont renforcé.
Dans ces conditions, on voit mal comment ils pourront sortir de ce « guêpier » sans un cessez le feu effectif, qui ne saurait tarder, sous contrôle par exemple des 5 pays s’étant abstenus de voter la résolution, l’instauration d’une ligne de cessez le feu contrôlée par l’ONU et une nouvelle partition d’un pays qui risque de durer aussi longtemps que celle de Chypre.
En ce qui concerne l’Union Européenne, la Turquie et les Royaumes arabes, l’action des Français et des Anglais est l’occasion regrettable d’un rappel indirect d’une histoire passée somme toute récente.
Compte tenu de ses difficultés actuelles notamment financières, et du cout d’une intervention militaire qui risque de durer pour les Français et les Anglais, l’Union Européenne n’avait certainement pas besoin d’une telle nouvelle épreuve.
A moins que les Occidentaux, notamment les Anglo-Saxons pensent trouver dans la guerre une solution à leurs difficultés économiques ?