.FREDERIC Ier Barberousse / FRIEDRICH I Barbarossa (1122-1190), empereur / kaiser de 1152 à 1190, roi de Germanie, d’Italie, duc / Herzog de Souabe et d`Alsace, comte palatin / Graf de Bourgogne
Après la mort subite de Conrad III le 5 février 1152, son neveu le duc de Souabe Frédéric est élu à la dignité de roi des Romains dès le 4 mars 1152 à Francfort-sur le-Main par les princes électeurs voyant en lui un candidat en parenté avec les deux clans ennemis, les Hohenstaufen et les Welf, le plus à même de les réconcilier ( Frédéric est du côté maternel parent avec les Welf car sa mère Judith est la fille du duc de Bavière Henri le Noir et la sœur de Welf VI et également un Hohenstaufen par son père, cousin de Conrad III et neveu d’Henri Jasomirgott et de l’évêque Otto von Freising). En ce début de XIII°, l’autorité impériale atteint son apogée.
Frédéric, dès le 22mars1152, signe le traité de Constance par lequel il promet de soumettre la commune romaine insurgée puis de restituer la ville à l’autorité du pape, de ne signer aucune paix avec les Romains et les Normands sans l’accord du pape, de rétablir et renforcer le pouvoir spirituel de ce dernier sur l’Eglise romaine et de s’opposer à toutes interventions de l’empire romain d’Orient en Italie du Sud. Le pape en échange lui promet de le couronner empereur, de le soutenir dans l’exercice de son pouvoir impérial, d’excommunier les opposants de l’empire, de s’allier pour obtenir l’expulsion des byzantins d’Italie du Sud. Le traité réserve la situation des archevêques ou évêques, vassaux immédiats de l’Empire, qui doivent garder le privilège de dépendre, sans intermédiaire, de la couronne impériale.
Frédéric est couronné le 9 mars 1152 par l’archevêque de Cologne Arnold von Wied dans la chapelle palatine d’Aix la Chapelle.
Dès le début de son règne, il cherche à imposer son autorité ; alors que deux concurrents, Suenon et Canut, se disputent depuis longtemps la couronne du Danemark, Frédéric se fait arbitre et force Canut à céder ses droits ; Suenon, soumet le Danemark dont il est investi en prêtant serment de fidélité. De même Frédéric obtient la soumission à l’empire des rois de Pologne et de Hongrie.
Lors de la Diète de Wursbourg d’octobre 1152, Frédéric fixe la date de son voyage à Rome à l’automne 1154 puis engage des négociations avec la curie romaine afin de déterminer les conditions de son couronnement/
Montrant qu’il s’intéresse également à son royaume de Bourgogne-Provence, cette année 1152, il concède le vicariat sur ce royaume au duc Berthold de Zaerhingen. En échange Berthold promet à l’empereur de lui amener un fort contingent lors des expéditions qu’il projette de diriger contre ses ennemis d’Italie. Frédéric a raison de penser que, pour restaurer l’autorité impériale sur ses vassaux, il faut montrer sa force. Aussi recueille-t-il l’hommage de ceux-ci ; ainsi en 1153, à Worms, il reçoit celui de Silvion de Clérieu, auquel il confirme sa qualité de vassal immédiat de l’Empire. A la cour de l’Empereur se trouve alors un autre seigneur du Dauphiné, Guigues de Domène, cité parmi les témoins du diplôme accordé à Silvion de Clérieu.
Le 8 juillet 1553, le pape Eugène III meurt ; il est remplacé par Anastase IV.
Malgré les engagements contractés à Constance, Frédéric rouvre dès septembre 1153 des négociations en vue d’une alliance avec Constantinople mais celles-ci n’aboutissent pas avant son départ en Italie du nord en octobre 1154 pour mater les cités lombardes.
Le pape Anastase IV meurt le 4 décembre 1154, deux jours après sa mort, Nicolas Breakspear, un anglais, est élu pape et couronné le lendemain à la basilique Saint-Pierre, où s'est déroulée l'élection. Il prend le nom d’Adrien IV.A Rome, le pape Adrien IV reprend en main la ville, secouée par les prédications subversives d'Arnaud de Brescia. Rompant avec les demi-mesures de son prédécesseur, il lance l'interdit sur la ville et finit par mettre la ville au pas ; le prédicateur Arnaud de Brescia est expulsé. Il se réfugie auprès de l’empereur. Le nouveau pape Adrien affronte par ailleurs les Normands de Sicile ; en effet quand le roi de Sicile Roger II meurt en 1154, son fils Guillaume le Mauvais s'empare de la couronne, sans l'aval du pape, et envahit le Bénévent et la Campanie. Contre lui, Adrien IV espère l'appui de Frédéric Barberousse. Malheureusement pour lui, Frédéric Barberousse, malgré le récent renouvellement du traité de Constance, lance une campagne en Italie du Nord, mate les cités lombardes qui se rebellaient, se fait couronner en avril à Pavie de la couronne d’Italie (couronne des Lombards)occupant au passage une partie des États pontificaux.
Alors que le pape se trouve à Viterbe, il lui envoie des ambassadeurs pour lui demander de lui livrer Arnaud de Brescia ce que fait l’empereur.
Après que l’empereur ait fait serment devant les ambassadeurs du pape de ne pas ôter mais de sauvegarder la vie du pape et de ses collaborateurs, le pape accepte de le couronner ; il se rend à son camp qui se trouve environ à cinquante kilomètres de Rome mais arrivé devant la tente impériale malgré le rite d’usage, l’empereur néglige de l’accueillir et de lui tenir la bride et l’étrier : le pape, sans perdre son sang-froid descend seul de sa monture et va s’asseoir sur le trône qui lui a été préparé ; alors enfin Frédéric va s’agenouiller devant le pape pour lui baiser les pieds ; puis s’étant redressé, il s’apprête à donner l’accolade solennelle mais alors le pape l’arrête et lui dit : « puisque vous avez négligé de me rendre l’honneur qui m’était dévolu, selon l’usage antique, honneur que vos prédécesseurs à la foi orthodoxe, par égard pour les apôtres Pierre et Paul, ont constamment rendu à nos prédécesseurs les pontifes romains, je vous admets pas au baiser de paix tant que vous ne m’aurez pas donné satisfaction ».
Finalement après avoir réuni un Conseil des Sages, la cérémonie de la rencontre entre le pape et l’empereur est rejouée ; cette fois le pape arrive sur un cheval couvert d’étoffes précieuses, l’empereur l’attend debout devant sa tente et prend la bride et l’étrier du cheval du pape ; Adrien met pied à terre et ouvre les bras pour donner à Frédéric le baiser de paix.
Alors que Frédéric Barberousse se trouve en route pour Rome, une délégation du Sénat romain tente de négocier avec lui la reconnaissance d’une nouvelle charte ; Frédéric rejette ses propositions. Les Romains ferment alors les portes de Rome. Frédéric envoie alors mille cavaliers qui s’emparent de la cité vaticane et le 18 juillet 1155, entouré de ses grands vassaux, il est couronné par le pape.
Cependant, pendant la messe, Adrien décide de lui-même de modifier le rituel pour bien marquer sa supériorité sur l'empereur. Furieuses, les troupes impériales manquent d'emprisonner le pape. Puis la population romaine se soulève juste après le couronnement pour capturer le pape. Les troupes impériales et papales combattent tard dans la nuit contre les Romains. Après que le calme est rétabli, Barberousse ne cherche pas à mater la rébellion.
Il quitte Rome et Il s’abstient également d’engager le conflit avec les Normands de Sicile malgré les demandes formées par les délégués de Constantinople dans le cadre des négociations engagées en vue de son projet de mariage avec une princesse byzantine lors de leur réception à Ancône, peu après son couronnement.
C'est précisément le moment où des barons adversaires de Guillaume le Mauvais se soulèvent contre lui. Soutenus par l'Empire byzantin, ils font également appel au pape. À leur demande, Adrien IV se rend à Bénévent. Las, au printemps 1156, Guillaume parvient à repousser les Byzantins et à défaire les rebelles. Il assiège Bénévent, où se trouvent encore Adrien et quelques-uns de ses cardinaux. Faute du soutien de Frédéric, contraint de négocier, Adrien IV doit signer en 1156 le traité de Bénévent par lequel il reconnaît à Guillaume la couronne de Sicile et accepte la création d'un État unifié comprenant la Sicile, l'Apulie ou encore la Campanie. En compensation, Adrien IV obtient le droit de libre nomination des évêques dans ces régions.
Le projet de remariage avec une princesse byzantine étant resté sans suite, Frédéric épouse en secondes noces le 17 juin 1156 à Jougne près de Dole, Béatrice de Bourgogne (1145-1184), fille du comte de Bourgogne Rainald (Renaud) III et d’Agathe de Lorraine (fille du duc de Lorraine Simon Ier) qui vient d’hériter du Comté de Bourgogne. Ce mariage lui permet de renforcer son autorité comme roi du royaume de Bourgogne-Provence dont le comté constitue le cœur. Il convoque d’ailleurs une Diète à Besançon pour octobre 1157 pour assoir cette autorité. Quand vient l’automne, il se dirige vers cette ville, accompagné de sa femme Béatrice. Arrivant à Besançon, il y trouve réunis un grand nombre de seigneurs du royaume de Bourgogne. A leur tête figurent Etienne, l’archevêque de Vienne, puis Héraclius, archevêque de Lyon, Humbert, archevêque de Besançon, l’archevêque de Tarentaise, suivis des évêques de Valence et d’Avignon, des délégués de l’archevêque d’Arles et de tous les autres archevêques et évêques.
Frédéric peut maintenant s’appuyer sur le haut clergé, dont les membres les plus éminents se pressent autour de lui ; les diplômes d’immunité et les confirmations de privilèges qu’il accorde à cette occasion manifestent hautement la reconnaissance impériale.
Avec le pape les relations de l’empereur restent tendues ; cette même année 1157, Adrien doit dépêcher deux cardinaux en Allemagne, pour justifier auprès de Barberousse le traité de Bénévent conclu avec les Normands.
Une « erreur » de traduction du chancelier allemand provoque la colère des princes allemands : Adrien IV y considère l'Empire comme un « fief » de la papauté. Les légats sont aussitôt expulsés. Adrien IV doit expliquer l'année suivante qu'il avait voulu parler d'un « bienfait », et non d'un fief. Les relations s'apaisent, du moins en apparence.
Frédéric retourne en Italie ou il attaque Milan en septembre 1158 ou la aussi il convoque en novembre une Diète à Roncaglia pour régler l’administration de son royaume d’Italie (du Nord) ; il fait élaborer par un certain nombre d’éminents juristes de Bologne se référant au droit romain, les lois dites de Roncaglia qui consacrent la primauté du droit impérial et notamment imposent aux cités italiennes de faire accréditer leurs conseils de ville par l’empereur ce qui ne manque pas de mécontenter celles qui lui sont hostiles (les cités guelfes).
Lors de la Diète, les conceptions de l'empereur et du pape s’opposent; après que Frédéric ait étendu ses réformes administratives aux territoires italiens revendiqués par le pape, en particulier les territoires de la comtesse Mathilde et différents évêchés, et entamé des négociations avec la ville de Rome, une délégation papale est envoyée à la cour au printemps 1159 pour exiger le retrait des nouvelles règles. Barberousse refuse au motif que les évêques ne professent pas leur magistère sur leur propre territoire mais que leur résidence est au contraire située en terres de l'empire, sur lesquelles lui, l'empereur, a pleine et entière souveraineté. Dans le même temps, le pape entre en discussion avec Milan qui prépare derechef une campagne contre l'empereur. Barberousse reçoit, en parallèle à la légation papale, une députation romaine.
Frédéric envoye à Adrien le comte palatin Othon de Wittelsbach. Mais Adrien IV meurt le 1er septembre 1159 avant que le comte ne puisse entrer activement en contact.
Après la mort du pape Adrien IV, l’ancien légat de Besançon, c’est le cardinal Roland qui devient pape sous le nom d’Alexandre III mais Frédéric désigne son protégé Octavien comme pape sous le nom de Victor IV, et convoque à Pavie un concile qui, sous prétexte de pacifier l’Eglise, doit ratifier la volonté impériale.
Le schisme a des conséquences en dehors de l'empire, surtout en Angleterre et en Allemagne. Frédéric invite le roi d’Angleterre Henri II et le roi de France Louis VII en 1159, dans l'optique d'imposer Victor. Cette tentative échoue et les deux rois reconnaissent officiellement Alexandre. Concomitamment, Alexandre envoie un courrier dans tout le monde chrétien pour faire connaître sa revendication du pontificat. Le concile se réunit en février 1160 en la cathédrale de Pavie.
Une majeure partie des clergés italien et français, et une partie du clergé allemand, ne reconnaissent pas l'autorité du concile et donc celle de Victor. En revanche plusieurs évêques du royaume de Bourgogne-Provence se rangent au parti de l’empereur et reconnaissent le pape Victor IV. En 1161, l’archevêque de Vienne, Etienne, figure à un nouveau synode schismatique qui se tient à Lodi.
Du côté de ses vassaux laïques, Frédéric entend rappeler sa suzeraineté ; pour ce faire, d’abord il se réconcilie avec le jeune comte de Provence, Raymond Bérenger, et son tuteur le comte de Barcelone, contre lesquels il avait jusqu’alors appuyé sans succès les prétentions de la famille des Baux mais en contrepartie Raymond doit reconnaître qu’il tient le comté de Provence en fief de l’Empire et se soumettre à l’obédience de Victor IV : à ce prix il obtient la main de Richilde, nièce de l’Empereur, et reçoit l’investiture des comtés de Provence et l’hommage du comté de Forcalquier.
Les confrontations militaires se poursuivent en Italie. Milan capitule une nouvelle fois en mars 1162 et Frédéric apparaît au sommet de sa puissance militaire en Italie.
Frédéric développe alors ses efforts diplomatiques en direction de la France. Il vise un traité d'amitié et au-delà la reconnaissance de Victor IV par la France, où a fui Alexandre. On s'accorde sur une rencontre en août 1162 entre l'empereur, le roi et les deux papes au pont de Saint-Jean-de-Losne sur la Saône. Si un pape ne se présente pas, l'autre sera reconnu comme seule autorité officielle. Frédéric convoque alors un concile au lieu de la rencontre.
Pénétrant en Bourgogne par Dôle, l’empereur arrive vers la fin du mois d’août à Saint-Jean-de-Losne. Parmi les prélats qui obéissent à l’appel de Frédéric, on peut citer les archevêques de Lyon, de Vienne, de Besançon et d’Embrun, les évêques de Grenoble, de Gap, de Viviers et d’Avignon. Mais le pape ne défère pas à la convocation pas plus que le roi de France Louis VII.
A l’occasion de cette diète, l’empereur rend quelques actes en faveur de diverses églises de Bourgogne. Néanmoins cette diète de Saint-Jean-de-Losne, permet de constater l’autorité considérable de Frédéric dans le royaume de Bourgogne. Les évêques de son Royaume de Bourgogne-Provence se rallient à son parti ; le Dauphin et le comte de Savoie lui rendent hommage.
Mais lors du concile, Frédéric et ses partenaires ne peuvent imposer Victor IV.
Le schisme semble résolu à la mort de Victor, en avril 1164 mais Rainald de Dassel, chancelier de Frédéric, fait cependant élire pape le cardinal Guido de Crémone deux jours plus tard, sous le nom de Pascal III.
Cette démarche provoque une opposition massive, surtout en Italie du nord, ce qui suscite la fondation de l'Alliance de Vérone mais également en Allemagne. De très nombreux clercs et évêques, en particulier en Bourgogne, reconnaissent Alexandre III. Des seigneurs laïcs se tournent également vers le parti d'Alexandre. Le plus important d'entre eux est Raoul de Zähringen, qui avait conclu une alliance avec Louis VII en 1162 parce que son frère Berthold IV avait perdu de nombreux droits en Bourgogne et qu'on lui avait refusé l'investiture à l'archevêché de Mayence.
Lorsque, le 19 mai 1163, Alexandre III ouvre les conciles de Tours, Frédéric peut voir à ses côtés les archevêques de Lyon et de Vienne (celui-ci nouvellement élu par les voix du chapitre), et la plupart des évêques des provinces de Lyon, de Vienne et de Tarentaise.
Ainsi, le Haut Clergé se met à abandonner l’empereur, et le signal de la défection est donné par l’archichancelier du royaume d’Arles.
Peut-être cette conduite nouvelle a-t-elle été encouragée par l’attitude du roi de France, décidément favorable au pape légitime ; en tout cas, elle impose à Frédéric la nécessité de faire la guerre, non plus seulement au Pape, mais encore au clergé fidèle.
En 1164, à son retour d’Italie, le chancelier de Frédéric, Rainaud de Dassel, vient dans le royaume de Bourgogne-Provence et convoque, à Vienne, les archevêques du pays, afin de les déterminer à reconnaître l’antipape et à fournir des soldats à l’empereur ; mais il ne recueille que la manifestation de sentiments hostiles. Rainald von Dassel se rend à la Pâques 1165 à la cour anglaise, à Rouen, et négocie le mariage de deux filles d’Henri II avec un fils de Barberousse et Henri le Lion. La négociation se poursuit de façon inattendue lorsque Rainald gagne les îles Britanniques et y convainc Henri II d'abjurer Alexandre et de reconnaître Pascal III. Les raisons de ce basculement sont à rechercher dans la querelle entre Henri et Thomas Becket. Rainald se rend dès son retour d'Angleterre pour la prestation de serment de Wurzbourg, du nom de la ville où se tenait l'assemblée d'empire : Frédéric et de nombreux princes et évêques, mais pas tous, ont juré de ne jamais reconnaître Alexandre III ou ses successeurs comme pape.
La cérémonie se tient avec pour arrière-plan l'espoir d'action concertée avec l'Angleterre contre le pape. Au cours de l'assemblée, Barberousse démet de ses fonctions l'archevêque de Mayence, Conrad Ier de Wittelsbach. Il essaye ultérieurement de développer son influence dans la région de Salzbourg, où Alexandre trouvait du soutien.
La plupart des Eglises du royaume de Bourgogne entrent en lutte ouverte avec les seigneurs qui soutiennent le parti impérial. Gérard de Mâcon, Guillaume de Chalon, Humbert de Beaujeu. De toutes parts, les opprimés se tournent vers le roi de France Louis VII. Le roi reprend les armes pour la défense de l’Eglise en 1166, il parait avec une armée à Chalon pour y faire rentrer dans le devoir les usurpateurs féodaux, et dépouille de son fief le comte de Chalon. Ainsi, le roi Louis VII ne craint pas de faire sentir sa puissance en Bourgogne, en dépit du mécontentement de l’empereur. En outre, la querelle religieuse donne au roi de France le moyen d’intervenir à Lyon, que les contemporains considèrent pourtant comme une ville d’Empire. L’archevêque Héraclius étant mort en 1163, son élection est l’occasion d’une lutte acharnée entre les deux partis qui se disputent l’Eglise. Une première élection désigne l’archidiacre Druon mais elle ne tarde pas à être cassée par Alexandre III dont les partisans choisissent l’abbé Cistercien de Pontigny, Guichard. Le siège de Lyon est donc livré aux compétitions de deux titulaires : le schismatique, soutenu par les Impériaux et Gérard de Mâcon, et le pasteur légitime, appuyé par la France, le comte de Forez, et peut-être par le sire de Beaujeu.
En dépit des anathèmes d’Alexandre III, l’archevêque schismatique se maintient pendant plusieurs années en possession du siège de Lyon. En 1166, il est auprès de l’Empereur avec Herbert, archevêque de Besançon, et Arducius, évêque de Genève. En vain Alexandre III a-t-il de ses propres mains sacré Guichard lors de son séjour à Montpellier, au mois d’août 1165. En vain le roi de France l’a recommandé aux seigneurs voisins, notamment à Humbert de Beaujeu. Ce n’est que le 11 novembre 1167, que la ville de Lyon recouvre son évêque légitime.
A Grenoble, l’évêque Geoffroy défie l’autorité d’Alexandre III, appuyé par le gouvernement delphinal, que dirige le comte de Toulouse, favorable à l’empereur.
Dans une lettre du 29 avril 1167, adressée à l’archevêque de Reims, Henri, frère de Louis VII, Alexandre III signale les violences du comte de Toulouse, qui oblige ses sujets ou bien à s’exiler ou bien à adorer l’idole, c’est-à-dire l’antipape ; il engage l’archevêque à solliciter la protection du roi de France pour l’évêque légitime de Grenoble, exilé de son siège par les Impériaux/
Le retentissant échec subi par Frédéric Barberousse en Italie, lors de son expédition de 1167 contribue à ébranler son crédit dans le royaume d’Arles. Le comte de Savoie, Humbert III, auquel l’empereur demande passage à son retour, lui refuse passage et le contraint à se réfugier sur les terres du fidèle marquis de Montferrat. Le marquis ouvre aussitôt des négociations avec Humbert. En même temps, Frédéric, invite à se rendre auprès de lui trois défenseurs du pape Alexandre, le prieur de Chartreuse, l’abbé de Cîteaux et l’évêque de Pavie et promet de se conduire d’après leurs conseils.
Mais en définitive, Frédéric refuse de recevoir les religieux et l’évêque qu’il avait appelés, et parvient à s’enfuir en traversant Suze sous un déguisement. Le comte de Savoie le laisse passer, et l’empereur peut enfin se rendre à Besançon. Mais, lorsqu’il revient en Italie, en 1171, il fait expier, à Suze l’outrage reçu.
Ainsi de toutes parts les mécontents du Royaume de Bourgogne-Provence s’adressent au roi de France. Vers 1171, on voit le seigneur de Bresse, Renaud de Bagé, invoquer le secours de Louis VII contre les attaques des Impériaux. « Le comte Gérard de Mâcon, écrit-il, accompagné de son frère Etienne et de Humbert de Beaujeu, a envahi ma terre à la tête d’une grande armée, l’a mise à feu et à sang, et a emmené en captivité mon fils Ulric.
Tous réunis, avec l’archevêque de Lyon, ils se vantent de mettre bientôt à exécution leurs menaces et de m’enlever mon héritage. »
Mais l’empereur Frédéric II réagit ; ainsi pour sanctionner l’attitude de son vassal le comte de Savoie Humbert III, il reconnait solennellement en 1175 l’évêque de Belley comme vassal immédiat de l’Empire puis également ensuite l’archevêque de Tarentaise comme vassal immédiat de l’Empire. Enfin, l’évêque de Viviers est lui aussi fait prince d’empire par un diplôme du 16 mars 1177.
Frédéric 1er a la même ambition d’empire romain universel que l’empereur romain d’orient Manuel Ier, à tel point qu’ après la défaite de Manuel contre les turcs en 1176, il lui réclame l’obéissance qu’il considère lui être due désormais comme seul empereur romain.
En 1178, Frédéric Ier se rend à Arles pour y recevoir dans la cathédrale Saint Trophime sa couronne de roi de Bourgogne-Provence en présence de nombreux prélats et seigneurs de ce royaume rappelant ainsi son autorité sur les seigneurs et prélats de ce royaume.
Revenu en Germanie, en janvier 1179, lors de la Diète qu’il a convoquée à Worms, il accuse Henri le Lion de divers abus. Henri contre-attaque immédiatement en accusant l’archevêque de Cologne d’avoir saccagé la région de Hameln. Mais il ne se présente pas devant la justice impériale qui rend une première sentence en juin 1179 puis une deuxième à Wurtzbourg en janvier 1180 prononçant son bannissement à vie de l’empire.
Ses fiefs impériaux lui sont confisqués et redistribués dès avril 1180 pour une partie du nord (Westphalie) à l’évêque de Cologne Philippe von Heinsberg et pour l’autre partie au duc de Saxe Bernhard von Anhalt tandis que Frédéric investit du sud c'est-à-dire du duché de Bavière, Otto von Wittelsbach. Henri le Lion s’oppose militairement à cette condamnation ce qui oblige l’empereur à lever une armée contre lui. Dès novembre 1181, Il doit se soumettre après que la noblesse saxonne, ses alliés slaves et danois se soient désolidarisés. Il est rejugé fin 1181 à la Diète d’Erfurt mais s’en tire finalement avec un jugement plus modéré limitant son bannissement à trois ans.
En 1184, Frédéric Barberousse conclut une alliance avec le comte de Flandre Philippe Ier contre le roi de France ; en vertu de cette alliance son fils Henri VI doit s’engager militairement contre le roi et pour ce faire doit traverser avec ses troupes le comté de Hainaut ; mais Baudoin V, comte de Hainaut refuse le transit de ses troupes.
Cette même année 1184, à la Pentecôte, Frédéric tient une nouvelle Diète à Mayence au cours de laquelle sont adoubés ses fils Henri et Frédéric. Sont présents les ducs de Bohême, d’Autriche, de Saxe, le comte palatin et le landgrave de Thuringe, les archevêques de Trèves, Brème, Besançon ainsi que les évêques de Ratisbonne, Cambrai, Liège, Metz, Toul, Verdun, Utrecht, Worms, Spire, Strasbourg, Bale, Constance, Coire, Wurzbourg, Bamberg, Munster, Hildesheim et Lubeck.
Une nouvelle Diète est convoquée à Mayence quatre ans plus tard au cours de laquelle la décision d’entreprendre une nouvelle croisade est prise ; Frédéric part donc en 1189 au côté du roi de France Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion. Pendant son absence, le pouvoir est assuré par son fils Henri.
Frédéric Ier Barberousse n’en revient pas, s’étant noyé le 10 juin 1190 en Anatolie.
Suite :
.HENRI VI / HEINRICH VI (1165-1197),
empereur / kaiser de 1190 à 1197