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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 10:33

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CH.IV         LES REGIONS AYANT APPARTENU AU

ROYAUME DE LOTHARINGIE puis d’ITALIE

 

A. LA CORSE, terre d’empire de 962 à 1177

 

La Corse est intégrée en 725 au Royaume des Lombards sous le roi Liutprand. 

La capitale du Royaume est Pavie.

En 772, sous le dernier roi des Lombards Didier, Charlemagne répond à l'appel à l'aide du pape Étienne II, menacé par Didier, et intervient en Italie au printemps 773 et prend Pavie en mars 774. Le Royaume de Lombardie est intégré au Royaume des Francs. Charlemagne confirme au pape Etienne II la donation des Etats pontificaux dite patrimoine de Saint Pierre faite par son pére Pépin le Bref en 754 dont la Corse ferait  partie.

A cette époque elle se trouve sous occupation  partielle des arabes, sarrazins ou maures.

Ugo Colonna, prince originaire d’une grande famille de Rome  méne en 816 la "reconquista" de l'île sur les Maures.Son fils ainè Bianco Colonna, lui succède  et  attaque le roi maure, lui ôte la vie dans un combat, et oblige Abdel son fils à repasser en Afrique avec les débris de son armée.

En 825, le comte Bonifacio issu de la famille Obertenga (ou Obertenghi), originellement possessionnée en Lunigiana, est chargé de la défense de la Corse.

 

Après la mort du fils de Charlemagne Louis le Pieux en 840, le traité de Verdun en 843 divise l'empire. Le fils aîné survivant de Louis, Lothaire Ier devient empereur et souverain des Francs. Ses trois fils, à leur tour, se partagent le royaume au Traité de Prüm en 855 : l'Italie du Nord devient le Royaume d'Italie et le souverain en est Louis II le Jeune. Le traité de Meersen de 870 attribue la Corse à ce Royaume d'Italie; Royaume d’Italie dont Otton Ier le Grand est fait roi en 951 à Pavie. Les descendants de Bonifacio et de son fils Adalbert, marquis en Italie, conservent la fonction de défenseurs de la Corse.

 

Cette même année 951, Oberto-Opizzo, marquis de la marche de Ligurie Orientale, comte de Luni de Gênes, de Milan et des Iles  devient  vicaire d’Othon Ier le Grand pour toute l'Italie (Les historiens ont groupé ses descendants sous le nom conventionnel d'« Obertenghi »).

 

Othon est couronné empereur à Rome en 962 ; le Royaume  d’Italie (Nord) fait alors partie du Saint Empire dont font partis  les Etats donnés au pape quelques années plus tard l’empereur élève Oberto au rang de « comte du sacré palais », c'est-à-dire de représentant impérial dans tout le royaume d'Italie. ; sa fonction de « comte du sacré palais » lui permet de se constituer un patrimoine foncier énorme, depuis Arezzo jusqu'à Milan. La cité de Pavie devient sa résidence officielle. Il épouse Guilla ou Willa, fille du marquis Boniface de Spoleto, qui donne naissance à au moins trois garçons dont Oberto II (975 ca - 1014 ca), qui est à l'origine du lignage des Malaspina et d'Este, ainsi qu'Adalberto I (925 ca - 1002 ca), ancêtre des Pallavicini et des Massa-Palodi.

 

Pour assurer la tranquillité de leur commerce, Pise et Gênes combattent les bases sarrasines qui restent en Corse en 1015 une fois la reconquête de la Corse achevée. Au début du XIe siècle, probablement après la bataille de Luni de 1016, les seigneurs toscans ou génois aidés par les populations chrétiennes, chassent définitivement les musulmans de Corse.

Dans cette premiére moitié du Moyen Age, c’est l’évêque de Rome qui est archevêque pour les diocèses de Corse  (Accia, Mariana, Nebbio, Aleria, Ajaccio, Sagone. Par un traité conclu, au mois d'Avril 1020, entre l'empereur Henri II et le pape Benoît VIII, la Corse est reconnue fief du Saint Siège. En 1037, l'empereur  Conrad II Le Salique  consacre par une charte l'hérédité des fiefs sur toutes les terres de son empire. Les marquis Obertenghi de Corse  profitent également de cette décision impériale.

 

En 1076,  Mathilde, comtesse de Briey, comtesse de Toscane, la  plus jeune enfant de Béatrice de Bar et de Boniface III, marquis de Toscane , par sa mère, petite fille de Frédéric II, duc de Lorraine, fait don de ses Etats, dont la Corse, au pape Grégoire VII.

 

Cette année 1076 est celle pendant laquelle éclate la querelle des Investitures entre le pape et l’empereur Henri IV.  Mathilde soutient le pape qui oblige l’empereur à venir s’incliner devant lui dans le château de Canossa propriété de Mathilde.

C’est de cette époque que date l'implantation dans l'île des marquis de Massa une des branches  des « Obertenghi » qui possèdent alors des biens dans toute l'île, depuis le Cap  Corse jusqu'à Ajaccio, de la Plaine orientale à la côte Ouest. Très vite leur part s'étend sur tout le « Deçà-des-Monts », soit les pievi de Cauro, Tuani, Balagne, Cap Corse, Rostino, Ampugnani, Orezza, Casinca, Plaine de la Marana, Tavagna, Giussani et Caccia.

Ce n’est  donc qu’en 1077 que  le pape Grégoire VII revendique ses droits de suzeraineté sur la Corse. Dans une lettre adressée le 30 novembre 1078 à l'évêque de Pise Landolfe, le pape Grégoire VII lui délégue ses pouvoirs spirituels et temporels relatifs à la Corse, avec mission de soustraire la Corse à l'autorité des marquis Obertenghi. Il est possible qu'Alberto IV Rufo (1040 ca - av.1095), marquis de Massa  capitaine des galères du pape  soit leur premier représentant sur l'île envoyé par Grégoire VII.

Le successeur de Grégoire VII le pape Urbain II précise les pouvoirs de l’évêque de Pise par une bulle en 1091. Sur les instances de la comtesse de Toscane Mathilde, en 1092, il  nomme archevêque Daibertus évêque de Pise qui devient archevêque-suzerain des 6 diocèses corses moyennant un cens annuel et sous la condition qu'il resterait fidèle à l'Église Romaine.

En 1100, l’archevêque de Pise donne la Corse en fief à Ugo, fils d’Alberto IV Rufo né de son  mariage avec la comtesse Giulieta, qui  est le premier à porter le titre de marquis de Corse. Mais en 1133, le pape Innocent II  confie à l’archevêque de Gênes les diocèses  de Nebbio, Mariana, Accia, l’archevêque de Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria. Pise est l'un des piliers du parti gibelin (impérial), pour la plus grande joie de l’empereur Frédéric Ier de Hohenstaufen, qui lui accorde ainsi deux actes importants, l'un en 1162 et l'autre en 1166 qui garantissent qu'en dehors du contrôle du contado pisan, la cité a le privilège de commercer librement avec l'empire entier et qu'elle acquiert la côte de Civitavecchia à Portovenere, la moitié de Palerme, Messine, Salerne et Naples, Gaète, Mazzarri et Trapani. Certains de ces privilèges sont plus tard confirmés par les empereurs Henri VI, Otton IV et Frédéric II. Ceci marque l'apogée de Pise mais entraine aussi des ressentiments de la part des cités voisines, qui se voient interdire toute velléité à une expansion maritime (notamment Lucques, Massa, Volterra et Florence) mais aussi de la part de Gênes.

Gênes a alors acquis une position dominante sur les marchés du sud de la France. La guerre entre Pise et Gênes commence en 1165 sur le Rhône quand l'attaque d'un convoi pisan (peut-être destiné à la Provence, alliée de Pise) par les Génois et le comte de Toulouse leur allié, échoue. La guerre se prolonge jusqu'en 1175 sans victoire décisive. Le conflit porte aussi sur la Sicile où les deux cités avaient des privilèges garantis par l’empereur Henri VI.

En réponse aux luttes fratricides entre Guelfes (partisans du pape) et Gibelins (partisans de l’empereur), la paix de Venise de 1177 entre l’empereur Frédéric Barberousse et le pape Alexandre III consacre l'indépendance des États du pape vis-à-vis du Saint Empire (mais la Corse n’aurait jamais fait partie des Etats du pape) donnés par Pépin le Bref).

En 1192, Pise conquiert Messine, mais Gênes s'empare de Syracuse en 1204. Les comptoirs de Pise en Sicile seront d'ailleurs retirés à Pise par Innocent III (bien que ce soit lui qui retire l'excommunication de la ville prononcée par son prédécesseur Célestin III). En effet, le pape était entré dans la ligue guelfe de Toscane, dirigée par Florence. Il signe aussi un pacte avec Gênes, qui va mettre à mal la présence de Pise en Italie du Sud. L'hostilité de Gênes envers Pise est ravivée en 1220 quand l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen confirme la suprématie de Pise sur la côte tyrrhénienne. Cette initiative impériale renforce aussi la méfiance des Toscans envers Pise.

En 1238. le pape  Grégoire IX organise une alliance entre Gênes et Venise contre l'empire, et donc contre Pise. Une étape importante du combat a lieu en 1241, lorsqu'une flotte pisane et sicilienne, dirigée par Enzo le fils de l'empereur attaque un convoi génois transportant des prélats de France et du nord de l'Italie en direction de Rome où le pape doit tenir un concile anti-Empire. Ceci empêche la réunion du concile mais entraine l'excommunication de Pise (mesure qui sera levée en 1257). Pise en profite pour tenter de prendre Aléria en Corse et pour mettre le siège devant Gênes elle-même en 1243, sans succès.

 

.Sinucello Della Rocca (1221-1306 ou 1312) comte de Corse de 1245  à 1306

Issu de la famille des Hobereaux de Cinarca (descendant de Cinarco, fils d'Ugo Colonna) qui contrôle  la presque totalité du sud de la Corse.

Il s'engage dans l'armée de la République de Pise, puis est chargé de soumettre  l’ensemble de la Corse ce qu’il fait très vite et devient comte de Corse.

Mais les Génois, unis aux seigneurs du Cap-Corse et à ceux de Sant-Antonino, forcent Sinucello à lever le siège du château de la Catena, où Arrigo et Guido, fils d'Arriguccio, tenaient encore; mais Sinucello, après les avoir harcelés pendant quelque temps, saisissant une occasion favorable, les taille en pièces.

En 1268, Sinucello Della Rocca, dit Giudice Della Rocca ou de Cinarca, est maître de la Corse (sauf Cap Corse et Bonifacio)

Le déclin de Pise est brusque et retentissant puisque l'apogée de la ville se clôt le 6 août 1284 lors de la bataille de la Meloria. La flotte pisane, sous le commandement d'Albertino Morosini, pourtant en supériorité numérique, est battue grâce aux manœuvres ingénieuses de Benedetto Zaccaria, à la tête de la flotte génoise commandée par Oberto Doria. Cette défaite met fin à la puissance maritime pisane : la flotte est détruite, plus de dix mille marins pisans sont prisonniers et la Sardaigne est perdue.

Désireux de s'opposer à l'influence gênoise en Corse, le pape Boniface VIII investit le roi d'Aragon du royaume de Sardaigne et de Corse en 1297 (depuis   1068, Sanche Ier Ramirez a  reconnu son royaume l'Aragon comme étant vassal du pape et en 1204, Pierre II d'Aragon s’est fait couronner à Rome et  a rendu  l'hommage lige au pape Innocent III).

Jusque là, Sinucello Della Rocca  n'a de cessé de jurer  fidélité tantôt à Gênes, tantôt à Pise, et en 1299, irritées, les deux Républiques finissent par signer un accord stipulant son bannissement.

Sinucello meurt en 1306 laissant quatre fils qui se partagent ses domaines:

-Arriguccio Della Rocca grand-père d’Arrigo Della Rocca.

-Salnese d'Istria.

-Arrigo Strambo d'Attala. 

-Ugolino de la Punta

 

L'Aragon fait la conquête de la Sardaigne dès 1326 mais  n'intervient pas dans les affaires de la Corse avant 1346. En 1347, ayant obtenu le consentement des seigneurs et des populations, les Génois décident l'occupation entière de la Corse. En 1359, le territoire compris entre Brandu et Aleria, Corti et la mer, qui s'est libéré du joug féodal, s'allie à la commune de Gênes.

 

.Arrigo Della Rocca (1376-1401) comte de Corse de 1376 à 1401

Fils de Guglielmo, petit-fils d'Arriguccio, fils aîné de de Sinucello Della Rocca.

Arrigo Della Rocca s'oppose à la domination génoise en Corse. Il se réfugie en Aragon, puis revient dans l'île avec une petite armée aragonaise. Il se fait proclamer comte de Corse en 1376, après s'être rallié les seigneurs de Cinarca.   Il est nommé par le Roi d'Aragon, Lieutenant-Général des armées de Corse et de Sardaigne, puis finit par pactiser avec Gênes. Il reprend la lutte et finit par gouverner la quasi-totalité de l'île.

 

Sous le règne de l’empereur Charles Quint, la République de Gênes dépend toujours en droit du Royaume d’Italie, partie de l’empire même si les rois de France Louis XII, Charles VIII et François Ier tentent de faire valoir leur prétentions  patrimoniales sur cette république.

François Ier avait été contraint de signer l'humiliant traité de Madrid stipulant notamment qu'il devait restituer le duché de Bourgogne à l'empereur Charles Quint ; une fois libéré, le roi de France reprend la lutte contre l'empereur. Sa mère, Louise de Savoie, est parvenue à constituer une ligue contre l'empereur, la Ligue de Cognac, qui se concrétise le 22 mai 1526. La septième guerre d'Italie (1526-1530), également appelée guerre de la ligue de Cognac, voit s'affronter les territoires  habsbourgeois,  le royaume  d’'Espagne et l’Empire dont la République de Gênes contre les États coalisés de la ligue de Cognac, alliance comprenant la France, le pape Clément VII, la République de Venise, l'Angleterre, le duché de Milan et Florence. Les armées impériales sont commandées successivement par le connétable de Charles III de Bourbon, Georg de Frundsberg, et Philibert de Chalon. L’armée française  finit par capituler le 15 aout 1528.

Bien que sous la domination génoise, la Corse est toujours censée être un fief du pape théoriquement partie du Saint Empire comme propriété de la République de Gênes. En 1553, Sampiero Corso, un Corse exilé en France s'empare de l'île pour le compte du roi de France mais ce dernier doit la restituer à Gênes en exécution du traité de Cateau Cambrésis de 1559 signé à la suite de la défaite subi par les troupes du roi Henri II à la bataille de Saint Quentin gagnée par le duc de Savoie Emmanuel-Philibert commandant les troupes espagnoles  du roi d'Espagne Philippe II fils de l'empereur Charles le Quint et impériales.

En Corse,la lutte contre les Génois qui dure depuis le XIII reprend périodiquement.

A nouveau en révolte contre Gênes depuis 1729, les Corses font appel à l'empereur Charles VI de Habsbourg. Le 6 août 1731 les troupes impériales commandées par le baron de Wachtendonck, embarquent à Gênes. Elles débarquent à Bastia le 10 août et entrent aussitôt en action. Plusieurs pievi se soumettent à la République.

Le 24 septembre de nouvelles troupes impériales commandées par le colonel de Vins, arrivent en Corse. Malgré ce renfort, Wachtendonck qui veut réduire les rebelles, juge insuffisantes les forces mises à sa disposition. Il tente alors d'obtenir la soumission des Corses par des voies pacifiques.

En début de l'année 1732, le colonel De Vins, avec 600 soldats d'élite, débarque à Calvi venant de Bastia. Le 14 janvier de la même année, De Vins tente d'occuper Calinzana avec ses 600 hommes, plus une centaine de la place forte génoise de Calvi et cent autres de celle d'Algajola. Il subit une lourde défaite.

 

Egalement au service de l’empereur Charles VI, Frédéric-Louis de Wurtemberg débarquent  avec ses troupes le 7 avril 1732. Il tente d'abord de parvenir à une solution négociée et propose aux révoltés une amnistie totale à condition de déposer les armes. La proposition est repoussée. Frédéric-Louis ordonne alors une large offensive. Sur ces entrefaites, les insurgés se replient dans les montagnes et se lancent dans une guérilla contre l'occupant. Entre-temps arrive la réponse de l'empereur aux doléances des Corses, qui reconnaît que les Génois ont atteint la population insulaire dans son honneur et propose un armistice et des pourparlers de capitulation. Simultanément, ordre est donné à Frédéric-Louis de rechercher un accord amiable. Les négociations se déroulent du 8 au 11 mai à Corte et permettent aux Corses d'obtenir des concessions avantageuses.

Frédéric-Louis rembarque pour Gênes avec ses troupes, où il arrive le 18 juillet 1732. Il est accueilli par le Sénat de Gênes avec une salve de canons et tous les honneurs.

 

Theodore von Neuhoff, né dans une famille de nobles westphaliens qui comprend une parenté estimable, dont son oncle le baron von Drost, commandeur de l’ordre Teutonique à Cologne ; sans doute parent du général von Wachtendonck qui a servi en Corse à la tête des troupes impériales avait rencontré en Hollande  l’ambassadeur de l’Empereur  qui l’avait envoyé à Gênes pour obtenir des renseignements sur le soulèvement corse de 1729. Suite au non-respect par les Génois de l’accord de Corte, il semble que celui-ci n’agisse plus  pour le compte de l’empereur mais comme un véritable « électron libre » qui choisit son destin et tente une aventure personnelle. Le 25 mars 1736, il débarque à Aléria avec seize personnes, de l'argent, des armes et des munitions de bouche et de guerre. Les représentants locaux, informés par Xavier Matra, seigneur d'Aleria, viennent lui rendre hommage. Théodore donne ses conditions : il ne veut, pour lui, qu'être roi. Il promet d'autres approvisionnements de ce genre et promet de n'avoir de cesse que lorsque les Génois seront chassés de Corse.Le 15 avril, à Alesani, les généraux placent sur sa tête une couronne de chêne et de laurier, et le proclament roi de la Corse, en présence d'une foule immense, accourue de toutes parts.

Ayant une formation d’officier et ayant déjà livré des combats terribles, aidé de ceux qui connaissent le terrain, il va mener une guerre contre les Génois. Ainsi, il acquiert une certaine popularité auprès du peuple. Hélas, les Corses commencent à douter, non pas de ses qualités, mais de cette aide promise et qui ne vient pas. Dépitée d’être mise en échec par cet étranger, Gênes mène une propagande calomnieuse qui nuit à son image auprès des souverains d’Europe.

Face à cette indifférence hostile ou amusée des grandes nations, face au manque de confiance de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne auxquelles il était lié, Théodore tient tête à Gênes sans remporter de succès décisifs pour autant, mais sans que la République puisse faire quoi que ce soit d'autre que de contrôler les villes portuaires. Il a le soutien de membres de sa famille comme le général Mathieu de Drost qui devient son responsable militaire. Son neveu, Friedrich von Neuhoff, présent depuis 1736 à ses côtés,  luttera jusqu’au 3 octobre 1740 avec quelques Corses fidèles mais devra s’embarquer pour Livourne lui aussi.

 

Il confie la régence du royaume aux marquis Hyacinthe Paoli, Louis Giafferi et Luc d'Ornano. Il rejoint Aleria et, contraint d’aller chercher personnellement des secours, le 10 novembre 1736 il quitte l’île à bord d’un navire français, à destination de Livourne, vêtu en abbé. Il rejoint Naples et s’embarque pour Amsterdam.

Durant son absence, que Gênes veut faire interpréter comme une fuite (sans y parvenir, puisque les corégents et les notables corses renouvellent leur confiance au roi Théodore, à plusieurs reprises, lors de consultes)  la République  fait venir des régiments suisses. Un régiment génois, envoyé par le nouveau gouverneur de Mari, va mener une action contre Aleria, en décembre 1737, et n'y trouvant que femmes et enfants, feront un affreux massacre à l'étang del Sale.

Les Corses feront payer très cher cet épisode sanglant aux troupes génoises. Gênes ne parvenant pas à se sortir de ce guêpier autrement qu'en faisant appel à un de ses deux puissants alliés, se trouve contrainte de demander de l'aide au royaume de France. En février 1738, un contingent fort de 6 bataillons débarque en Corse, sous les ordres de Louis de Fretat, Comte de Boissieu.

Après avoir fait le tour des capitales européennes et échappé, à Rome et à Paris, à des attentats à la bombe et avoir reçu le soutien de banquiers hollandais, Théodore Ier revient en Corse le 15 septembre 1738 avec trois vaisseaux contenant notamment 174 canons, 3 000 fusils, 50 000 kilos de poudre et 100 000 kilos de plomb. Il est bien accueilli par les paysans et reçu triomphalement à L'Île-Rousse, mais plusieurs personnages très importants ne croient plus en lui, comme le chanoine Erasmu Orticoni et  Giacinto Paoli, qui considèrent avoir été trompés par ses promesses non tenues et pensent que rien n’est possible contre Gênes sans l’appui d’une puissance étrangère et principalement l’Espagne et Naples.

Après quelques succès, de Boissieu est battu par les Corses à Borgo le 13 décembre 1738. Il meurt à Bastia dans la nuit du 2 au 3 février 1739 et  est remplacé par Maillebois qui lui réussit à mâter la rébellion Corse. Théodore 1er se sauve. En juillet 1739, Giacinto Paoli et 27 des siens  dont son fils cadet Pasquale embarquent et gagnent Naples.                                       

 

Si la reprise en main de l'ile par les Génois se fait dans la violence, les Français s'y montrent doucereux. Sous les conseils de Maillebois, Louis XV multiplie en effet les gestes de séduction, pour faire naître dans l'ile un courant pro-français. Pour s'attacher ce peuple guerrier, le roi décide de lever un régiment à recrutement Corse, ce qui lui permet de s'attacher la noblesse insulaire et sa clientèle. De plus cette création est la suite donnée à une proposition faite à l'arrivée des troupes françaises par des notables insulaires hostiles à Gênes.  Il montre aussi l'intérêt que porte Louis XV aux Corses. Le 10 août 1739, le régiment Royal-Corse est créé sur le papier. On espère que nombre d'insulaires vont s'engager mais la mise sur pied va exiger plus de 18 mois.

Théodore tente un nouveau retour, le 7 janvier 1743. Venant de Londres, il passe par Lisbonne, Villefranche et Livourne sur un navire (escorté par dix bâtiments anglais) avec des secours importants en armes mais il ne peut jamais débarquer, faute de pouvoir payer les commanditaires de l’expédition à qui il avait promis le règlement par les Corses. Au contact de Théodore de Neuhoff, de Giafferi et de son père, Pascal Paoli a dès son jeune âge eu un aperçu de la culture européenne qui suit l'absolutisme des rois tels que Louis XIV. C'est  en Italie, et plus particulièrement à Naples, que Pascal reçoit une partie de sa formation. Il est élève à l'École militaire de Naples et devient cadet dans les troupes corses du Royaume des Deux-Siciles. Lors de la consulte qui se réunit au couvent Saint-François de Caccia, le 20 avril 1755, il est appelé par les principaux chefs corses révoltés contre Gênes.

Aux termes du traité de Versailles, signé le 15 mai 1768, la France prête deux millions de livres à Gênes, qui donne en garantie la Corse. Ayant eu connaissance du traité, Paoli réunit une consulte le 22 mai à Corte, à l'occasion de laquelle il déclare : « Jamais peuple n'a essuyé un outrage plus sanglant.     On ne sait pas trop qui l'on doit détester le plus de celui qui nous vend ou de celui qui nous achète […] confondons les dans notre haine puisqu'ils nous traitent avec un égal mépris. » Bien décidés à défendre leur indépendance, les forces paolistes remportent plusieurs victoires face aux troupes françaises, la plus célèbre étant celle de Borgu, le 5 octobre 1768, où les armées de France doivent battre en retraite devant les régiments corses. Mais, fortes de quelque 20 000 soldats, les troupes de Louis XV remportent une victoire décisive le 9 mai 1769 à Ponte Novu. Les troupes corses mises en déroute, Paoli, contraint à l’exil, quitte la Corse. Il est successivement reçu par le grand-duc de Toscane, par l'Empereur, le stathouder des Pays-Bas, avant d'être reçu et accueilli par le roi de Grande-Bretagne le 13 juin 1769. La Corse perd du même coup son indépendance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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