CH. II LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de FRANCIE ORIENTALE/ GERMANIE
R. Alsace / Elsass/ Duché de Souabe/ Herzogtum Schwaben /Landgraviats de Nordgau et Sundgau / Evêché de Strasbourg/ Bistum Strasburg / Decapole
terres d’empire de 962 jusqu’à 1697
17. Principauté abbatiale de Munster / Reich-Abtei von Munster (Hohrod, Stosswihr, Soultzeren, Luttenbach, Breitenbach, Muhlbach-sur-Munster, Metzeral et Sondernach) terre d’empire de 962 à 1791
En 660 des moines fondent une abbaye au confluent des deux Fecht. En 826, l'empereur Louis le Pieux accorde au couvent l'immunité, c'est à dire le droit d'élir librement l'abbé, sans immixtion du pouvoir temporel. Trente années plus tard, en 856, l'empereur Lothaire II confère à l'abbé le pouvoir de justice sur les territoires et villages appartenant à l'abbaye . En 1235, l'abbaye reçoit de l’empereur Frédéric II l'immédiateté impériale, lui permettant ainsi d'entrer dans le cercle très fermé des abbayes d'Empire (Reichsabteien), accordant également à l'abbé le droit de siéger à la Diète d'Empire. En 1287, la ville est entourée d'un mur d'enceinte dont il ne reste plus rien. Munster est le siège de la communauté d'habitants de la ville et du val de Munster regroupant, outre Munster, les communes de : Hohrod, Stosswihr, Soultzeren (dans la petite vallée) et Luttenbach, Breitenbach, Muhlbach-sur-Munster, Metzeral et Sondernach (dans la grande vallée). En 1354 elle adhère à la Décapole.
Au XIVe siècle, l'observance monastique cède la place à un style de vie d'un chapitre noble et séculier. En 1553, la paroisse passe à la réforme protestante mais l'abbaye reste catholique.
Elle subit de graves dommages durant la guerre de Trente Ans (entre 1635-1648). Après la guerre de trente ans la ville est sous tutelle de la couronne française. De graves conflits d'intérêts, entre les munstériens et l'autorité royale, s'en suivent.
Lors de la Révolution française, les munstériens y adhèrent fortement.
En 1791 l'abbaye Saint-Grégoire ferme ses portes. Ses bâtiments sont confisqués en tant que Bien National.
18. Abbaye impériale de Murbach / Reich-Abtei von Murbach terre d’empire de 962 à 1678
Fondée en 727 par Eberhard, neveu d'Odile de Hohenbourg, fondatrice de l'abbaye dite du Mont Sainte Odile, à l'aide du moine Pirmin. Le roi Thierry IV et l'évêque Widegern de Strasbourg acceptent l'implantation et le droit aux moines d'élire leur abbé. Indépendante dès sa création, l'abbaye va connaître une expansion fulgurante, grâce aux dons des seigneurs, d'abord locaux, puis européens. Charlemagne est lui-même, un temps, abbé laïc de Murbach.
La première grande crise de l'abbaye se déroule en 926, lorsque les Hongrois pillent le lieu; sept moines alors en place sont tués, et prendront le statut de martyrs reconnus dans toute l'Alsace.
L’abbaye de Murbach atteint son apogée aux XII ème et XIII ème siècles. A cette époque, la principauté abbatiale de Murbach est l’un des trois grands fiefs relevant de l’évêque de Bâle.
Les terres de l'abbaye de Murbach sont divisées en 3 bailliages dans les vallées de la Thur et de la Laueh : baillage de Guebwiller, de Saint-Amarin et Wattviller avec Uffholtz auxquels il faut ajouter l'enclave de Hsingen, dans le Sundgau, près de Huningue.
.Hugo de Rothenbourg, prince-abbé / Fürst-Abt de Murbach de 1218 à 1239
En 1228 l'abbé Hugo de Rothenbourg prend part à la croisade de Frédéric II. L'empereur lui décerne alors le titre de prince du Saint-Empire romain germanique accompagné de privilèges fiscaux. En 1230, Hugo de Rothenbourg fait édifier le château du Hugstein qui doit être un verrou défendant l'accès à l'abbaye.
L'abbaye de Murbach est une des abbayes les plus illustres de l'Empire. Son prince-abbé ne relève au spirituel que du pape et de l'empereur au temporel, et avec ceux de Fulda, de Kempten et de Wissembourg a préséance et voix dans les diètes, avant tous les autres princes-abbés. Pour être admis à Murbach, il faut faire preuve de seize quartiers de noblesse.
.Thibaud de Faucogney, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1240 à 1261
.Berchthold de Steinbrunn, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1261 à 1285
De la famille des seigneurs de Steinbrunn du nom du château éponyme du Sundgau. Avec l'avènement de l’empereur Rodolphe de Habsbourg des troubles éclatent edans la région. L'abbé Berthold de Steinbrunn fait mettre des murs d'enceinte à Guebwiller et fortifie Wattwiller et fait bâtir le château de Frieberg, et celui de Hirtzenstein, au-dessus de Wattwiller, et celui de Hohenrupf qui domine toute la vallée de Murbach.
Le comte de Montbéliard, Raynaud tente à plusieurs reprises de pénétrer sur les terres de l'abbaye. Il en est empêché par Berthold qui le fait faire prisonnier au château du Hugstein.
.Berchthold III de Falkenstein, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1285 à 1298, comte de Falkenstein
Le successeur de Berthold, le comte Berthold de Falkenstein échange Lucerne contre la seigneurie d'Issenheim pour une somme de 2 000 marcs d'argent. À partir du XV°siècle, Murbach connaît une nouvelle ère de prospérité, grâce notamment à la découverte de mines de fer dans la région de Saint-Amarin qui appartenait à l'abbaye. C’est l'occasion pour le pape Pie IV de réunir définitivement l'abbaye de Lure à celle de l'abbaye de Murbach, gouvernée à cette époque par Rodolphe de Stoerenboug.
L’empereur Charles Quint accorde le droit à l'abbé de Murbach de battre monnaie.
.Albert II de Liebstein, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1298 à 1304
De la famille des seigneurs de Liebstein, seigneurie du comté de Ferrette.
.Conrad II Schenk de Stauffenberg, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1304 à 1335
.Conrad III Wernher de Murnhard, Fürst-Abt von Murbach de 1335 à 1345
.Henri de Schawenburg, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1345 à 1354
.Jean Ier Schulteiss de Guebwiller, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1354 à 1377
.Guillaume Ier Stoër de Storenburg, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1377 à 1387
.Rodolphe de Watteville, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1387 à 1394
.Guillaume II de Wasselnheim, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1394 à 1428
L'abbé de Murbach est représenté par un schultheiss/ prévôt et au XV°siècle par un bailli (Vogt puis Obervogt) qui gouverne également les autres villages des alentours. Murbach contrôle alors trois bailliages qui englobent Guebwiller, Wattwiller et Saint-Amarin. Le bailliage de Guebwiller se compose de la vallée de la Lauch, avec Buhl, Lautenbach-Zell et Sengern et le versant oriental de la montagne comprenant les villages de Bergholtz et Bergholtz-Zell. Le bailliage de Wattwiller ne comprend que le village d'Uffholtz. La vallée de la Thur comprend un territoire beaucoup plus riche formé de Saint-Amarin et d'une vingtaine de villages. Murbach possède également de nombreux biens dans de nombreuses localités alsaciennes : Biltzheim, Fessenheim, Issenheim, Merxheim, Oberhergheim, Oltingue, Raedersheim, Rouffach, Sainte-Croix-en-Plaine et Wittenheim.
.Pierre d’Ostein, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1428 à 1433
.Thierry de Domont, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1433 à 1447
.Bartholomée d’Andlau-Hombourg, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1447 à 1476
.Achaz de Griessen, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1476 à 1489
.Gautier de Wilsperg, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1489 à 1513
A partir du XVI° siècle, la gloire de l’abbaye décline peu à peu. Le régime de la commende (abbé sans droit sur la discipline des moines) y est mal vécu et les tensions se forment avec le pape et l’empereur.
.Georges de Massmünster / Marmoutier, prince-abbé de / Fürst-Abt von Murbach de 1513 à 1542
.Jean II Rodolphe Stoër de Storenburg, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1542 à 1570
En 1544, l'empereur Charles Quint accorde à l'abbaye le privilège de battre monnaie.
.Jean III Ulrich de Raitenau, prince abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1570 à 1587
La maison de Raitenau appartient à la petite noblesse autrichienne.
.Wolf Dietrich de Raitenau, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach en 1587
En 1587, à la mort de son oncle, Wolf Dietrich de Raitenau lui succède sur le siège abbatial de Murbach. Mais quelques semaines plus tard, il renonce à l'abbatiat, venant d'être élu archevêque de Salzbourg. Le couvent élit pour lui succéder Gabriel Giel de Gielsberg, mais cette élection ne trouve pas l'agrément du Pape. Les moines sont contraints d'élire comme abbé, le cardinal André d’Autriche. C'est le début de la commende qui durera jusqu'au milieu du XVIIIe siècle et sera une grande source de conflit entre le couvent, le Pape et le souverain (l'empereur puis le roi de France).
.Gabriel Giel de Gielsberg, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach en 1587
(Élu, non confirmé).
.André d’Autriche (Habsbourg), prince-abbé de Murbach / Fürst-Abt von Murbach de 1587 à 1600, cardinal, gouverneur de la Flandre de 1599 à 1600
Fils du mariage morganatique de l'archiduc Ferdinand de Tyrol et de Philippine Welser. André d'Autriche est donc le petit-fils de l'empereur Ferdinand Ier et le neveu de l'empereur Maximilien II.
Le roi d’Espagne Philippe II de Habsbourg le nomme en 1599 comme gouverneur de la Flandre à la place d'Albert d'Autriche. Il meurt en pèlerinage à Rome à l'occasion du jubilé de l'année 1600.
.Jean IV Georges de Kalkenriedt, prince-abbé de Murbach/ Fürst-Abt von Murbach de 1600 à 1614
.Léopold Ier d’Autriche-Tyrol (Habsbourg), prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1614 à 1626
Fils de l'archiduc Charles II d'Autriche-Styrie et de son épouse Marie-Anne de Bavière, fille du duc Albert V de Bavière ; frère puîné de l'empereur Ferdinand II.
.Léopold II Guillaume, évêque de Strasbourg, prince-abbé/ Fürst-Abt von Murbach de 1626 à 1663
La guerre de trente ans et tous ces malheurs ruinent complètement l'abbaye et ses habitants. Mais les moines ne tardèrent pas à se remettre au travail et en peu de temps l'abbaye se releva de ses ruines. Le rattachement de Murbach au royaume de la France à partir de 1680 n'entrave en rien la puissance matérielle de l'abbaye. Bien que rattachée à la France la principauté de Murbach conserve une grande autonomie.
Après le décès de l'archiduc Léopold-Guillaume d'Autriche, la France soutient la candidature de l'évêque de Strasbourg, François-Egon de Fürstenberg.
.Colomban d'Andlau, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1663 à 1664
.François-Egon de Fürstenberg (1626 -1682) prince-abbé de Murbach / Fürst-Abt von Murbach de 1664 à 1682, évêque de Metz de 1658 à 1663 puis évêque de Strasbourg de 1663 à 1682
Fils du comte Egon von Fürstenberg-Heilingenberg , général de l'armée impérial de la Maison von und zu Fürstenberg ancienne famille princière de noblesse allemande, originaire de la Souabe, descendante de la Maison von Urach.
.Félix-Egon de Fürstenberg, prince-abbé de Murbach / Fürst-Abt von Murbach de 1682 à 1686
.Eberhard de Loewenstein, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1686 à 1720
.Célestin-Sébastien de Beroldingen-Gundelhart, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de 1720 à 1737
.Armand François II de Rohan-Soubise, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de cardinal de 1737 à 1756
.Léger de Rathsamhausen, prince-abbé /Fürts-Abt von Murbach de 1756 à 1786
Sous ce dernier prince-abbé, l'abbaye de Murbach est sécularisée par le pape Clément XIII en 1764.
Le chapitre de Murbach transfère en 1759, peu de temps avant les débuts de la Révolution, son siège à Guebwiller. En 1789, des troubles éclatent sur les terres appartenant à l'abbaye de Murbach.
.Benoît d'Andlau, prince-abbé / Fürst-Abt von Murbach de Murbach de 1786 à 1790
Dernier prince de Murbach, Benoît d'Andlau siège comme député aux États généraux puis se réfugie en Allemagne.