CH.II LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de FRANCIE ORIENTALE/ GERMANIE
I.Duché de Lorraine / Herzogtum von Lothringen, terre d’empire de 962 à 1766
6. Seigneurie-Baronnie de Fenetrange/Fistingen, seigneuries de Falkenstein
a.Baronnie de Fenetrange / Fistingen
Fénétrange sur la Sarre à peu près à égale distance de Sarrebourg au Sud et de Sarre Union est le siège d'une seigneurie puis baronnie relevant du Saint-Empire romain germanique. Selon une charte de 1070 promulguée à Mantoue par l’empereur Henri IV, elle relève à l’époque de l’abbaye de Remiremont. Au XII°, l’abbesse de Remiremont en confie l’avouerie à deux frères Conon et Brunicon de Malberg, originaires de l’Eifel.
En 1222, la terre de Fénétrange est inféodée à l’avoué Marbold de Malberg qui la scinde en 1259 en trois parties pour ses deux fils :
1. la seigneurie indivise, avec le château,
2. le Col-de-Cygne /Schwanhals à son fils également appelé Brunicon
3. la Tête-de-Braque/ Brackenkopf à son fils appelé également Conon
Par la suite la seigneurie se développe au détriment de l’abbaye en absorbant ses possessions sur la Sarre supérieure. Elle bénéficie de l’immédiateté impériale.
.Henri le Vieux, seigneur de Fénétrange, Landvogt d’Alsace
Il est un fidèle de Louis de Wittelsbach, duc de Bavière, candidat à l’empire. Il contribue à la victoire de Muhldorf sur l’Inn en 1322 ou le compétiteur de Louis, Frédéric de Habsbourg est vaincu et son vassal le duc de Lorraine Frédéric IV est fait prisonnier ; il obtient d’être nommé Landvogt (Grand Bailli impérial) d’Alsace.
.Bouchard, seigneur de Fénétrange
Le duc de Lorraine, Raoul meurt à Crécy en 1346 en laissant un fils mineur ; sa veuve Marie de Blois est nommée régente mais les nobles lorrains lui imposent un corégent en la personne du comte de Wurtemberg qui délègue ses pouvoirs à Bouchard. Entré au service du roi de France, celui-ci guerroye contre les Anglais et participe à la bataille de Poitiers de 1356.
.Jean, seigneur de Fénétrange, seigneur de Falkenstein, maréchal de Lorraine
En 1419, il se dit seigneur de Falkenstein puisqu'étant l'usufruitier de la part des Sarrewerden.
Des bandes d’Armagnac, privés d’emplois par le traité d’Arras en 1435 se jettent à son instigation sur l’Alsace et le Westrich dévastant les villages de ses voisins les comtes de Lichtenberg et de la Petite Pierre.
La seigneurie de Fénétrange absorbe au XIV°- XV° siécle la seigneurie de Geroldseck et atteint sa taille définitive de baronnie avec quatre parties : Schwanhals, Brackenkopf, Geroldseck, Rathsamhausen, que possédent en indivision /Ganerbschaft des branches des plus nobles familles de l'époque : Boppart, Lorraine, Salm, Croy, ou Vaudémont, Rhingrave.
Ces derniers y introduisent la Réforme.
Dès avant le duché de Lorraine, la guerre de Trente Ans touche le Westrich et Fénétrange est saccagé par les troupes impériales de Gallas en 1635, puis par les Suédois de Bernard de Saxe-Weimar en 1636.
.Charles Henri de Lorraine (1649- 1723), comte puis prince de Vaudémont, prince de Commercy, seigneur de Fénétrange de 1680 à 1723
Fils légitimé de Charles IV duc de Lorraine et de Bar et de sa maîtresse Béatrix de Cusance.
En 1664, les ducs de Havré et de Croy-Arschott cèdent leurs droits d’indivision au duc Charles IV de Lorraine désireux de constituer sur la Sarre un duché de Sarreland pour son fils adultérin, le prince de Vaudémont Charles Henri de Lorraine lequel rachète en 1680 la part du dernier Rhingrave. Il est alors propriétaire des 7/8 ième et le prince de Salm conserve le dernier 1/8 ième. Il se trouve ainsi à la tête d’un petit État souverain, sorte de duché de Sarreland composé de territoires pris dans le nord du duché de Lorraine : la baronnie de Fénétrange, les comtés de Sarrewerden, de Bitche et de Falkenstein. Titré par son père comte puis prince de Vaudémont. Il sert dans les armées de l'Empire romain germanique, est Gouverneur du Milanais, Grand d'Espagne de première classe.
En 1669, il épouse une de ses cousines françaises de la maison de Lorraine-Elbeuf, Anne-Élisabeth (fille du duc d'Elbeuf et d'Anne-Elisabeth de Lannoy).
Il est fait chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or en 1675.
.Charles Thomas de Lorraine-Vaudémont (1670-1704), prince de Vaudémont
Fils des précédents.
Homme de guerre au service du Saint Empire, il meurt avant son père qui renonce alors, au profit du duché de Lorraine à son État souverain. En compensation, en 1708, le duc Léopold attribue à son cousin Charles Henri le prince de Vaudémont la principauté de Commercy.
b.Seigneurie de Falkenstein
Le château de Falkenstein, édifié par le comte Pierre de Lutzelbourg, est mentionné pour la première fois en 1127. Il est destiné à protéger les possessions du comte situées dans la Forêt de Haguenau.
En 1150, Renaud, fils de Pierre, meurt sans laisser de descendant. Le château est alors partagé entre Folmar de Sarrewerden et la famille de Hohenstaufen.
En 1419, Jean de Finstingen (Fénétrange) se dit seigneur de Falkenstein puisque usufruitier de la part des Sarrewerden; en 1474 a lieu une convention de pariage entre les Falkenstein : aucune part ne doit être cédée, même à un autre membre de la famille, sans l'accord des autres pariers. Le château revient aux comtes de Deux-Ponts-Bitche en 1479 et en 1482-1483 éclate un conflit pour le non-respect de la convention entre les membres de la famille.
Les Falkenstein sont seuls maîtres du château en 1515.
En 1564, Philippe IV (1538-1590), comte de Hanau-Lichtenberg, achète le château aux enfants et petits-enfants de Balthasar et, quelques mois plus tard, il sera complètement détruit par un incendie et ne sera jamais reconstruit.
Entre 1570 et 1605 éclate un conflit entre les Hanau-Lichtenberg et le duché de Lorraine, au terme duquel le Falkenstein revient aux Hanau-Lichtenberg en 1606. En 1609 pourtant, l'empereur investit le duc de Lorraine Henri II du fief de Falkenstein, qui reste désormais dans cette Maison.
En 1623, le château est ruiné par les troupes de Mansfeld durant la guerre de Trente Ans et en 1676-1677 a lieu sa destruction définitive par les troupes françaises de Montclar.
L'arrière-petit-neveu d’Henri II, le prince de Vaudémont, est pourtant investi du titre purement honorifique de comte de Falkenstein. François III de Lorraine, lorsqu'il renonce au duché de Lorraine et avant de devenir empereur, s'intitule toujours comte de Falkenstein pour siéger aux diètes d'Empire ; le titre n'est plus alors assorti d'aucune possession territoriale réelle.