CHAPITRE II LES REGIONS AYANT APPARTENU AU ROYAUME DE LOTHARINGIE puis de FRANCIE ORIENTALE/ GERMANIE
H. Les Trois Evêchés / Dreibistum de Toul/Tull, Metz, Verdun /Villes Libres Impériales / Freien Reichstätte von Tull, Metz, Verdun terres d’empire de 962 à 1648
3. Evêché-comté de Verdun / Bistum-grafschaft von Verdun /Ville Libre Impériale de Verdun / Frei Reich Stadt von Verdun terre d’empire de 962 à 1648
L'évêché de Verdun est créé au IV° siècle à l'époque de la Gaule romaine. Après le Traité de Verdun en 843, Verdun fait partie successivement de la France médiane, de la Lotharingie, puis, au sein du Saint Empire dès 925, de la Basse-Lorraine.
.Wigfrid, évêque de Verdun de 959 à 983
Evêque sous le règne d’Othon le Grand.
.Hugues II, évêque de Verdun de 983 à 984
.Adalbéron I (958-1005), évêque de Verdun de 984 à 988
Fils de Frédéric Ier d'Ardennes, comte de Bar et duc de Haute-Lotharingie et de Béatrice de France, sœur d'Hugues Capet ; contemporain de l’empereur Othon III.
.Haymon (ou Heimon), comte évêque de Verdun de 988 à 1024.
Nommé par les impératrices Théophano et Adélaïde. Ce Bavarois, ami du futur empereur Henri II ; en 990, l'empereur Otton III fait de l'évêque de Verdun un prince souverain, lui accordant le pouvoir temporel sur la ville et le droit de nommer les comtes. Sous son règne, sont nommé comme comtes Godefroy II, duc de Basse-Lotharingie de 1002 à 1012, puis son frère Frédéric de 1012 à 1022 puis son frère Hermann de 1022 à 1024 lequel renonce et se fait moine.
.Raimbert, évêque de Verdun de 1024 à 1037
Il nomme en 1024 comme comte de Verdun, Louis, comte de Chiny qui est tué en 1025 par Gothelon, frère d'Hermann, qui convoite la ville. Gothelon donne le comté de Verdun en apanage à son fils Godefroy III le Barbu, duc de Basse-Lotharingie.
.Louis Ier ( ?- 1025), comte de Chiny et seigneur de Warcq de 992 à 1025, et comte de Verdun de 1024 à 1025
Fils d'Otton Ier, seigneur de Warcq ; père de Louis II comte de Chiny et grand-père d’Arnoult, comte de Chiny.
.Richard Ier, comte évêque de Verdun de 1040 à 1046
.Thierry, comte évêque de Verdun de 1047 à 1089
Sous son épiscopat, c’est Godefroy IV le Bossu, duc de Basse-Lotharingie, fils de Godefroy le Barbu qui succède à la mort de son père en 1069 comme comte de Verdun puis à sa mort en 1076, sa veuve Mathilde de Toscane, jusqu’à sa mort en 1086. En 1086, c’est Godefroy V de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie, neveu de Godefroy IV, qui lui succède.
.Richer, comte évêque de Verdun de 1089 à 1107
En 1100, Richer donne le comté de Verdun à titre viager à Thierry II de Montbéliard qui devient comte de Verdun de 1100 à 1105 puis au fils de celui-ci Renaud Ier le Borgne, comte de Montbéliard, mais les rapports entre les pouvoirs temporel et spirituel sont mouvementés. Le XIIe siècle voit éclore le mouvement communal. Les bourgeois de Verdun veulent se soustraire à l’autorité de l’évêque.
.Richard II de Grandpré, comte évêque de Verdun de 1107 à 1114
.Mazon, administrateur de 1114 à 1117
.Henri Ier de Blois, comte évêque de Verdun de 1117 à 1129 déposé au concile de Chalon
Sous son règne, vers 1119, Renaud le Borgne, comte de Bar, élève une énorme tour entre la porte Châtel et l’abbaye de Saint-Vanne de Verdun. De cette tour, ses gens terrorisent la ville et ses abords. Évêque et bourgeois s’unissent contre Renaud.
.Ursion, comte évêque de Verdun de 1129 à 1131
C’est lui qui donne vers 1130, le comté de Briey au comte de Bar Renaud le Borgne.
.Albéron de Chiny, comte évêque de Verdun de 1131 à 1156
Fils d'Arnoul Ier de Chiny, comte de Chiny.
En 1134, la tour érigée par Renaud le Borgne est prise puis détruite. Albéron de Chiny dépose le comte Renaud et rattache le comté de Verdun au domaine épiscopal.
.Albert de Mercy, comte évêque de Verdun de 1156 à 1162
De la maison de Mercy dont la puissance connait son apogée au cours du Moyen Âge dans la région couvrant désormais le sud de la Belgique, la Lorraine et le Luxembourg qui tire son nom du château de Mercy, construit au X° siècle sur le ban de la commune de Joppécourt en Lorraine.
.Richard III de Crisse, comte évêque de Verdun de 1163 à 1171
.Arnoul de Chiny, comte évêque de Verdun de 1172 à 1181
Arrière-petit-fils d’Arnoud de Chiny, comte de Chiny ; petit-fils d’Othon II, comte de Chiny ; fils d'Albert Ier, comte de Chiny et d'Agnès de Bar.
.Henri II de Castel, comte évêque de Verdun de 1181 à 1186
.Albert II de Hierges (Hirgis), comte évêque de Verdun de 1186 à 1208
Fils de Manassès de Hierges et d'Alix de Chiny, fille d'Albert Ier, comte de Chiny.
En 1195, les bourgeois de Verdun obtiennent de l’empereur Henri IV une charte d’après laquelle la cité, devenue libre, relève directement de l’empire. C’est alors la lutte entre l’évêque et les bourgeois.
.Robert Ier de Grandpré, comte évêque de Verdun de 1208 à 1216.
Fils d'Henri III comte de Grandpré et de Liutgarde de Luxembourg.
.Jean Ier d’Apremont, comte évêque de Verdun de 1217 à 1224 puis de Metz en 1224
Fils de Geoffroy Ier, seigneur d’Apremont et d’Élisabeth de Dampierre
.Raoul de Torote, comte évêque de Verdun de 1224 à 1245
.Guy de Traignel (Trainel), comte évêque de Verdun de 1245 à 1245
.Guy II de Mellote (Mello), comte évêque de Verdun de 1245 à 1247
.Jean II d'Aix, comte évêque de Verdun de 1247 à 1252
.Jacques Pantaléon, comte évêque de Verdun de 1253 à 1255, pape sous le nom d’Urbain IV
.Robert II de Milan, comte évêque de Verdun de 1255 à 1271
.Ulrich de Sarvay (Sarnay), comte évêque de Verdun de 1271 à 1273
.Gérard de Grandson, comte évêque de Verdun de 1275 à 1278
Petit-fils d’Ebald IV de Grandson, auquel un édit du 26 août 1186 de l'empereur Frédéric Barberousse reconnait le droit de "construire dans le territoire des Noires-Joux, maisons, villages, bourgs et châteaux, sans autre réserve que celle de suzeraineté immédiate de l'empire". Fils de Pierre Ier de Grandson, seigneur de Grandson (dans l’actuel canton de Vaud) vassal du comte de Savoie.
.Henri III de Grandson, comte évêque de Verdun de 1278 à 1286
Frère du précédent.
.Jean III de Richericourt, comte évêque de Verdun de 1297 à 1302
.Jacques II de Ruvigny, comte évêque de Verdun de 1289 à 1296
.Thomas de Blankenberg /de Blamont, comte évêque de Verdun de 1303 à 1305
Fils de Frédéric Ier, comte de Blâmont et de Jeanne de Bar.
Pourvu de la dignité de princier dans la cathédrale de Verdun, il met beaucoup de zèle à défendre les droits de l'Eglise, lorsqu'il forme le dessein de surprendre la ville de Toul, avec une troupe de quatre-vingts hommes seulement, pour soumettre les bourgeois révoltés contre leur évêque.
C’est cette fermeté de Thomas de Blâmont, et la puissance des alliés de sa famille, qui portent le Chapitre de Verdun à le choisir pour évêque, quelque temps après la mort de Jean de Richericourt, le jugeant capable de réprimer les entreprises des bourgeois de cette ville, qui avaient abusé de la douceur de l'évêque précédent pour empiéter sur les droits de l'Eglise, et sur les immunités du clergé.
Thomas de Blâmont arrête ces projets par son autorité ce qui remet le calme dans Verdun sous son épiscopat.
.Nicolas Ier de Neuville, comte évêque de Verdun de 1305 à 1312
Issu de la famille des seigneurs de Neuville-sur-Orne.
Sous son épiscopat, les magistrats de Verdun renouvellent leur ligue avec les bourgeois de Metz et de Toul contre leurs évêques, mais les troupes de Regnaud, évêque de Metz, sont défaites à Frouard et l'évêque de Toul quitte son évêché.
.Henri IV d’Apremont, comte évêque de Verdun de 1312 à 1349
Pour se défendre contre la rapacité de leurs voisins, les évêques qui, jusqu’alors, s’appuient surtout sur l’empire, sont amenés à solliciter la protection des rois de France plus rapprochés. Ceux-ci, se rendant compte de la situation importante de Verdun, répondent à cet appel. À partir de 1315, date à laquelle Louis X le Hutin y met la première « Garde Française », l’influence de la France fait des progrès incessants. Charles VII, Charles VIII, Louis XII prennent successivement Verdun sous leur protection.
Mais, au cours des siècles suivants, les comtes de Bar restent pour Verdun des voisins dangereux, ainsi d’ailleurs que les comtes de Luxembourg. Les seigneurs de ces deux Maisons, tantôt ennemis, tantôt alliés, s’unissent parfois pour opprimer de concert l’évêché de Verdun.
.Otton de Poitiers, comte évêque de Verdun de 1349 à 1351
Fils d'Aimar IV, comte du Valentinois et de Diois, et de Sybille de Baux.
.Hugues III de Bar, comte évêque de Verdun de 1352 à 1361
Fils de Pierre, seigneur de Pierrefort, et de Jeanne de Vienne. Par son père, il est le petit-fils de Thiébaut II, comte de Bar.
.Jean IV de Bourbon-Montperoux, comte évêque de Verdun de 1362 à 1371
.Jean V de Dampierre Saint-Dizier, comte évêque de Verdun de 1371 à 1375
.Guy III de Roye, comte évêque de Verdun de 1375 à 1379
Issu de la maison picarde de Roye.
.Liébaurd, comte évêque de Verdun de 1380 à 1404
.Jean IV de Sarrebruck, comte évêque de Verdun de 1404 à 1419
Fils de Jean III de Sarrebruck-Commercy, seigneur de Commercy-Château-Haut.
.Louis Ier de Bar, administrateur du diocèse de Verdun de 1419 à 1423
Fils de Robert Ier, comte puis duc de Bar, et de Marie de France.
La mort le 25 octobre 1415 à Azincourt au côté des Français d'Édouard III, duc de Bar, et de Jean de Bar, son frère, seigneur de Puisaye, le rend héritier du duché de Bar mais il doit défendre son héritage contre son beau-frère Adolphe Ier, duc de Juliers et de Berg. Louis réussit néanmoins à vaincre Adolphe. Il recherche l'amitié du duc de Lorraine. Les deux princes signèrent, le 4 décembre 1415, un traité qui met fin aux événements désastreux dont les deux duchés avaient été le théâtre sur la fin du règne de Robert et sous celui d'Édouard III. Mais trop âgé pour renoncer à l'état ecclésiastique qu'il a embrassé dans sa jeunesse, il accepte la couronne ducale du Barrois, tout en conservant le titre de cardinal, et la crosse épiscopale de Châlons, qu'il échange pour celle de Verdun, ville située au milieu de son duché. En 1419, pour mettre fin au différend entre les ducs de Bar et de Lorraine, il négocie le mariage de son petit-neveu René d'Anjou avec la fille et héritière de Charles II de Lorraine, et lui confie le gouvernement du duché de Bar dès 1420.
.Raymond, comte évêque de Verdun de 1423 à 1424
.Guillaume de Montjoie, comte évêque de Verdun de 1423 à 1424
.Louis Ier de Bar, à nouveau administrateur du diocèse de Verdun de 1424 à 1430
.Louis de Haraucourt, comte évêque de Verdun de 1430 à 1437, de Toul de 1437 à 1449
Fils de Jean de Haraucourt, régent du duché de Lorraine pendant la minorité de Charles II de Lorraine, et d'Isabelle de Lenoncourt.
.Guillaume Fillâtre, comte évêque de Verdun de 1437 à 1449
Originaire de Gand. Neveu du cardinal Guillaume Fillastre, archevêque d'Aix.
En 1468, Guillaume donne à Charles le Téméraire, les premières pages de son grand traité sur l'Ordre de la Toison d'or, fondé par son père Philippe le Bon.
.Louis de Haraucourt, comte évêque de Verdun de 1430 à 1437, puis de Toul de 1437 à 1449 et à nouveau de Verdun de 1449 à 1456
De la famille des seigneurs de Haraucourt, village situé sur le plateau rive droite de la Meurthe, à égale distance de Nancy et de Lunéville. Fils de Jean de Haraucourt, régent du duché de Lorraine pendant la minorité de Charles II de Lorraine, et d'Isabelle de Lenoncourt.
.Guillaume de Haraucourt, comte évêque de Verdun de 1456 à 1500
Petit-neveu du précèdent.
.Warry de Dommartin, comte évêque de Verdun de 1500 à 1508
De la famille des barons de Dommartin situé dans le diocèse de Toul.
.Louis de Lorraine (1500-1528), comte évêque de Verdun de 1508 à 1522
Fils de René II, duc de Lorraine et de Bar, et de Philippe de Gueldre.
.Jean VII de Lorraine (1498-1550), comte évêque de Verdun de 1523 à 1544
Frère du précédent.
.Nicolas de Lorraine (1524 -1577), comte évêque de Verdun de 1544 à 1547, duc de Mercoeur
Neveu du précédent, il devient ensuite duc de Mercœur.
.Nicolas Psaume, évêque de Verdun de 1548 à 1575
En 1551 les princes protestants allemands en lutte contre Charles Quint recherchent le soutien du roi de France. À Lochau est signé un accord qui prévoit la participation financière et militaire de la France à leur action. À Chambord, le 15 janvier 1552, est signé un traité qui prévoit que le roi Henri II occupera, pour des raisons stratégiques, en qualité de vicaire de l’Empire, les villes de Metz, Toul et Verdun, «et autres villes de l’Empire ne parlant pas allemand ».
Puis le roi lui-même entre à Toul et passe à Nancy où il destitue arbitrairement la duchesse-régente et emmène le petit duc Charles III encore mineur pour le faire élever à la cour de France, avant de faire « sa joyeuse entrée » à Metz le lundi de Pâques et de continuer vers le Rhin. Cependant, il ne peut s'emparer de Strasbourg.
Fortifiée et défendue par le duc de Guise, Metz résiste à Charles Quint qui, désespéré, lève le siège le 2 janvier 1553.
L’empereur meurt cinq ans plus tard, ayant renoncé à ses charges et disant : « Si l’on ouvrait mon cœur, on y trouverait le nom de Metz ».
Entre 1552 et 1648, les trois évêchés sont placés sous tutelle française jusqu’à leur annexion définitive par la France en 1648 en vertu des Traités de Westphalie. Dans Metz, Toul et Verdun réunies ainsi par un artifice diplomatique, s'installe un régime original, celui de la protection, où les anciens pouvoirs des villes issues du Saint Empire sont peu à peu absorbés par les organismes mis en place par l’administration royale. Les villes reçoivent une garnison permanente, l’empereur continuant officiellement à faire figure de souverain. Sous la vigoureuse impulsion de Richelieu, le parlement, créé à Metz en janvier 1633, est l’artisan le plus actif des progrès de l’autorité royale, dépossédant de ses pouvoirs le maître échevin. L’édit de décembre 1633 supprime le sceau de la cité, l’aigle aux ailes déployées, que Metz, Toul et Verdun, avaient comme armoiries en qualité de villes impériale. Transféré à Toul en 1631, le parlement est remplacé à Metz par un intendant, représentant vivant et omnipotent du roi. En 1648, les traités de Westphalie confirment la cession à la France des Trois-Évêchés par l’Empire. Mais ce n’est qu’en 1667 seulement que Verdun reconnait la souveraineté du roi de France.