.FERDINAND III DE HABSBOURG / FERDINAND III VON HABSBURG (1608-1657), roi de Hongrie le 8 décembre 1625, roi de Bohême le 21 novembre 1627, roi des Romains le 30 décembre 1636, empereur /kaiser de 1637 à 1657
Second fils de l'empereur Ferdinand II et de Marie-Anne de Bavière.
Les hostilités en 1637 et 1638 sont marquées par la confusion, et un relatif statu quo. Début mars 1638, le duc Bernard de Saxe Weimar, prince allemand disposant d'une armée personnelle subventionnée par la France, met le siège devant Breisach.
Au même moment, l'armée française regroupe ses forces à Saint-Quentin. L'objectif de cette campagne est alors de parvenir à placer la Picardie occidentale à couvert après la protection réussie de son flanc oriental en 1637. Le maréchal de Châtillon prévoit de s'introduire en territoire ennemi avec pour objectif de s'emparer de la place de Saint-Omer tandis que le maréchal de La Force et sa troupe font diversion en feignant de marcher sur Cambrai..
De Châtillon arrive le 26 mai 1638 devant Saint-Omer qui, renforcée, lui oppose une résistance farouche. Louis XIII ordonne alors à de La Force de lever le camp de devant le Catel et et d'aller appuyer sur le champ le maréchal de Châtillon afin d'assurer la logistique de son armée au cas où les Espagnols décident de marcher sur Saint-Omer.
Le duc de Lorraine Charles IV continue lui de guerroyer pour l’Espagne et l’Empire ; vainqueur à Poligny le 19 juin 1638, il chasse de Franche-Comté les troupes françaises puis il part attaquer Turenne en Lorraine et l’oblige à lever le siège de Remiremont ; le prince Thomas de Savoie-Carignan qui commande les troupes espagnoles, après avoir renforcée la garnison du château de Ruminghem dans le Pas de Calais, contre- attaque et prend l'armée du marquis de La Meilleraye de vitesse. Il s'empare d'une redoute stratégique positionnée à proximité d’Ardres. Le 8 juillet, l'armée impériale du comte Piccolomini et la cavalerie du comte de Nassau arrivent pour soutenir le prince Thomas. Le maréchal de La Force qui commande les troupes françaises engage la bataille à Zouafques pour profiter de l'effet de surprise et du terrain. Son armée repousse les forces espagnoles dans des marécages. Mais, la contre-attaque du prince Thomas sur des positions françaises assiégeant Saint-Omer prive de La Force de victoire. Ce dernier doit se retirer pour assister le maréchal de Châtillon devant la ville et l'aider à lever, le 15 juillet 1638, un siège désormais mal engagé. Les garnisons françaises prennent quartier à Nielles à partir du 17 juillet afin de protéger, comme prévu, le flanc occidental de la Picardie. En Lorraine, les troupes du duc Charles IV s’emparent de Rambervillers puis de Lunéville le 20 septembre 1638 mais un mois plus tard cette dernière ville est assiégée par les Français et doit capituler. Malheureusement les campagnes du duc de Lorraine qui ne peut guère compter sur le soutien de l’Empire et de son allié l’Espagne (propriétaire il faut le rappeler de la terre impériale de Franche-Comté) ne lui permettent pas de récupérer son propre duché occupé en bonne partie depuis 1634.
Le 19 décembre 1638 c’est la prise de Breisach, clef de l’Alsace et de la Souabe par Bernard de Saxe-Weimar le 19 décembre. À cette même époque, Mazarin devient l’homme de confiance de Richelieu.
Après un début d'année 1639 sans importance au plan des opérations militaires, si ce n’est la mort de Bernard de Saxe-Weimar dont l’armée passe sous les ordres du comte de Guébriant, l'armée française, plus puissamment armée, après son échec devant Saint-Omer, repasse à l'offensive sur le front nord et prend successivement Hesdin le 29 juin 1639 et Arras, le 9 août 1640. Le 18 septembre 1640, dans la foulée de cette importante victoire, Mazarin, commandité par Richelieu, retourne le prince Thomas de Savoie en lui proposant par traité de se placer sous la protection de la France.
Sur le front oriental les hostilités sont moins intenses. Banér et de Guébriant lance en 1640 une nouvelle attaque contre les Impériaux rapidement mise en échec par Piccolomini. Banér meurt l’année suivante.
Cette même année, le sort des armées en Italie du nord fait rentrer les États de Savoie dans la dépendance de la France. De plus, deux couronnes dépendant de la Maison d'Autriche cherche à s’émanciper : le Portugal appelle au trône Jean de Bragance, de la maison d’Aviz et la Catalogne reconnaît Louis XIII comme comte de Barcelone et de Roussillon le 23 janvier 1641. La France envoie une armée, commandée par Lamothe pour prendre possession de la nouvelle province. Les Espagnols la battent et les Français doivent lever le siège. Durant le printemps 1641 et jusqu'en septembre 1641, d'autres places fortes espagnoles, telles qu’Aire-sur-la-Lys, Lens, Bapaume et La Bassée, tombent. Le royaume de France contrôle désormais de nouveau l'Artois. Des tractations commencent dès 1641 pour ouvrir des négociations de paix. Le duc de Lorraine Charles IV se résigne le premier à signer le 2 avril 1641 le traité de Saint Germain en Laye par lequel en contrepartie de la récupération de ses duchés de Bar et de Lorraine, il accepte de ne plus soutenir les Habsbourg , que le roi de France conserve le comté de Clermont en Argonne ainsi que les places de Jametz, Stenay , Dan sur Meuse et que les fortifications de Marsal puis celle de Nancy soient détruites . Mais aussitôt, il signe devant notaire et témoin un acte par lequel il déclare qu’il a signé sous la contrainte ; dès avril il rentre dans ses états alors que la guerre de trente ans continue ; averti de l’intention de Richelieu d’en finir avec lui, il prend une nouvelle fois la route de l’exil et par Sedan va rejoindre les troupes espagnoles aux Pays-Bas tandis que les troupes françaises réoccupent la plupart des places fortes.
Au même moment en Italie, la France renoue avec le succès (victoire d’Ivrée, prise de Coni) et en Allemagne où le comte de Guébriant bat Piccolomini à Wolfenbüttel le 25 juin 1641 et Lamboy et Mercy à Kempen le 17 janvier 1642.
Richelieu veut forcer l’Espagne en la menaçant directement. Au printemps, lui-même et Louis XIII partent avec une armée pour conquérir le Roussillon. Richelieu doit s’arrêter mais le roi engage le siège de Perpignan, qui est prise le 9 septembre. Au mois de juin une armée française bat les deux beaux-frères de Christine de Savoie.
Le général suédois Lennart Torstenson remporte sur les Impériaux la bataille de Leipzig le 23 octobre 1642.
Le 4 décembre 1642 meurt Richelieu ; Louis XIII le suit dans la tombe le 14 mai 1643, laissant la régence à son épouse, Anne d’Autriche (de Habsbourg) qui est flanquée d’un conseil de régence composé entre autres de Mazarin.
Profitant de ces circonstances, les Espagnols s’avancent en Champagne. Ils y sont sévèrement défaits à la célèbre bataille de Rocroi le 18 mai 1643, par Louis de Bourbon, duc d'Enghien, surnommé plus tard « le grand Condé ». Celui-ci s’empare le 10 aout 1643 de Thionville puis de Sierck le 3 septembre.
D’autres succès français se font en Italie, en Espagne, y compris sur mer. Ces succès sont contrebalancés par des revers en Allemagne (Rantzau battu à la bataille de Tuttlingen), à la faveur desquels le commandement du comte de Guébriant passe au maréchal de Turenne. Opposé aux impériaux de Mercy, qui a pris Fribourg le 29 juillet 1644, Turenne est rejoint par le duc d’Enghien. Entre le 3 et le 5 août 1644, une bataille meurtrière entre les Français et les troupes impériales fait rage sur les collines des alentours de Fribourg en Brisgau. A la fin Fribourg reste impériale mais les Français se rendent maîtres de la vallée du Rhin.
Les principaux événements de 1645 se déroulent en Allemagne. Torstenson continue ses campagnes victorieuses (Bohême, Silésie, Moravie), s’approchant de Vienne. Turenne veut le rejoindre, dans des conditions difficiles, liées à l'indiscipline de ses soldats. Rejoint par le duc d’Enghien, il rencontre les Impériaux à la seconde bataille de Nördlingen, le 3 août, où Mercy est tué. Mais Torstenson ne peut forcer Vienne, doit se retirer en Bohême pendant que les Français évacuent leurs éphémères conquêtes, en les dévastant systématiquement.
Les campagnes de 1646 et 1647 voient à nouveau des opérations tour à tour favorables à chacun des camps, en Italie du nord et dans les Pays-Bas.
Les Français commandés par le duc d’Enghien s’emparent de plusieurs villes de Flandres, mais après la prise de Dunkerque, les Hollandais font une trêve avec les Espagnols (laquelle trêve se termine par une paix définitive) et ces derniers peuvent reprendre pied.
En Catalogne, les Français doivent abandonner le siège de Lérida en 1646. Mazarin nomme le duc d’Enghien, devenu prince de Condé depuis la mort de son père, vice-roi de Catalogne avec la charge de reprendre le siège. Il échoue dans cette tâche et la Catalogne est perdue définitivement pour la France.
En juillet 1647, le frère de l'empereur, l'archiduc Léopold gouverneur général des Pays-Bas espagnols, reprend la place forte de Landrecies conquise 11 années auparavant.
Bien que les champs de bataille d’Allemagne soient considérés par la France comme théâtre d’opérations d’importance secondaire, c’est là que Turenne lui offre les plus grandes victoires des derniers temps de la guerre.
Il reprend son projet de rejoindre les Suédois pour se diriger vers Vienne, impose un traité à Maximilien de Bavière mais reçoit l’ordre de revenir sur le Rhin.
Le duc de Bavière rompt le traité. L’année suivante, Turenne revient en Souabe puis en Bavière, rejoint le Suédois Wrangel, inflige le 17 mai 1648 aux impériaux la défaite de Zusmarshausen et chasse Maximilien de Bavière de Munich avant de devoir se retirer...
La dernière grande bataille de la guerre dite de trente ans a lieu le 19 aout 1648 à Lens. Condé y défait si sévèrement les Espagnols que cette bataille oblige l’empereur Ferdinand III à accepter les formalités de paix dont les négociations durent depuis cinq ans. Il se voit contraint de signer en 1648, les traités de Westphalie, de Münster avec la France, et d'Osnabrück. avec la Suède lequel stipule clairement que chaque confession doit récupérer les biens et droits possédés le 1er janvier 1624, traités qui mettent fin à la toute-puissance du Saint Empire. Mais ces traités sont d’une interprétation très difficile notamment sur la question difficile de savoir comment s’exercent les différentes souverainetés présentes en Alsace. Cette difficulté provient des divergences d’interprétation de l’obscur article 87 du traité de Münster qui reconnaît au roi de France une suprématie sur la province, tout en préservant aux princes d’Empire leur immédiateté. Sont placés désormais sur un pied d’égalité à l’intérieur de l’empire, les princes, les villes libres et l’empereur. Les princes reçoivent une souveraineté externe avec le droit, sans en référer à l’empereur, de conclure des alliances entre eux ou avec des princes extérieurs à l’empire qui en fait n’est maintenu qu’en droit c'est-à-dire, bien que n’étant pas juridiquement indépendant, ils bénéficient désormais de la souveraineté interne et externe c'est-à-dire pratiquement d’une pleine souveraineté.
Le roi Louis XIV reçoit les possessions des Habsbourg d’Autriche (catholiques) en Alsace, alors que les princes (protestants) ayant des possessions alsaciennes sont rétablis dans toutes leurs seigneuries (article 4 du traité d’Osnabrück). L’Alsace, terre d’origine des Habsbourg est donc en 1648 abandonnée par l’Empire et annexée de fait par le roi de France. L’intendant Colbert de Croisy en 1657-1658 créé un Conseil souverain d’Alsace avec l’objectif d’en faire une province unifiée et française dans les faits. Les trois évêchés de Toul, Metz et Verdun occupés depuis 1552 sont également définitivement annexés.
Ces traités de Westphalie amènent en outre l’empire à la création de l’Electeur de Hanovre comme Huitième Electeur et accordent l’indépendance aux Pays Bas (future Belgique, Luxembourg et Pays Bas) et à la Confédération Helvétique. Mais ces traités tiennent à l’écart l’Espagne propriétaire de la Franche Comté et le duc de Lorraine Charles IV qui poursuit la lutte au côté de ses alliés espagnols notamment en Flandre, au siège de Cambrai et dont ses lieutenants Fauge et Ligneville parviennent à reconquérir une partie des duchés de Bar et de Lorraine puis jusqu’aux abords de Nancy ou l’armée du roi parvient à les repousser.
Ferdinand III meurt en 1657. Sa première épouse est Marie-Anne d'Autriche, infante d'Espagne fille de Philippe III roi d'Espagne et du Portugal lui a donné six enfants dont :
-Ferdinand-François (1633-1654), élu par la Diète, roi des Romains, en 1653 mais qui meurt un an plus tard, avant son père, et ne règne donc pas ;
-Léopold (1640-1705), qui succède à la tête du Saint Empire sous le nom de Léopold Ier.
Mais, malgré les traités de Westphalie, le Saint Empire garde une importance encore assez grande pour que Mazarin envisage en 1657 la candidature de Louis XIV à la dignité impériale et fait écrire aux Princes Electeurs dans cette perspective un « Manifeste des Français aux Princes Electeurs » dans lequel ils les flattent en vantant « leur esprit de liberté contrepoids naturel aux velléités de l’empereur » présentant « l’élection du puissant roi de France au trône impérial comme l’unique gage du rétablissement de leur prérogatives et la sauvegarde de leurs libertés ».
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LEOPOLD Ier DE HABSBOURG / LEOPOLD I VON HABSBURG