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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 09:47

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MAISON DE HABSBOURG   /  HAUS VON HABSBURG

La maison de Habsbourg/Habsburg est une des principales familles à avoir régné en Europe et non seulement dans ce qui deviendra la partie est de la France mais également, on l’oublie trop souvent, dans le royaume de France à partir de Louis XIV dont on oublie trop souvent également qu’il était à moitié Habsbourg par sa mère Anne d’Autriche et époux d’une Habsbourg, Marie-Thérèse d’Autriche.

Les premiers à porter le nom de Habsbourg du nom du château qu’ils font bâtir en 1021 dans ce qui deviendra le canton suisse d’Argovie sont Werner, évêque de Strasbourg (1001- 1029) et Radbot ( ?-1045), seigneur de Muri dans ce même canton, tous deux fils de Lancelin, comte d’Altenburg qui, aux environs de l’an 1000,  a acquis par mariage la seigneurie de Habsburg située aux confins septentrionaux du Royaume de Bourgogne-Provence donc dans l’empire.  Leur grand-père est le comte d’Alsace Gontran le Riche qui a dû se retirer en Argovie après avoir subi la disgrâce de l’empereur Othon pour avoir pris le parti d’Henri le Querelleur. Les comtes Lanzelin et Radbod combattent avec Ernest de Souabe contre l’empereur Henri Il.  En 1027, le comte Radbot de Habsbourg et sa femme Ita de Lorraine fonde à Muri une abbaye bénédictine qui finit par contrôler un nombre croissant de territoires du plateau suisse. Quoique Radbod eût des frères, ses descendants recueillent l'héritage entier de la famille qui prend le nom de son nouveau château de Habsbourg abandonnant le nom primitif d'Altenburg. Le premier acte officiel où parait le nom des Habsbourg est daté du 11 octobre 1064. C'est un diplôme par lequel le comte Werner II de Habsbourg (neveu de l'évêque de Strasbourg et  fils de Radbod), à l'occasion de la consécration du monastère de Muri par l'évêque de Constance, Rumolt, confirme les donations et fondations faites par ses prédécesseurs. Ce comte Werner embrasse le parti de l'anticésar Rodolphe de Souabe contre Henri IV, mais ne paraît pas avoir eu à en pâtir. Werner joue un grand rôle  au temps des empereurs Henri Il et Conrad II. Mais le fondateur de la puissance de la famille, est Albert III le Riche, fils du comte Werner II. Albert le Riche est en effet comblé de faveurs par Frédéric Barberousse. Il reçoit le landgraviat d'Alsace à l'extinction de la famille des comtes d'Egisheim, le comté de Zurich, l'avouerie des couvents de Seckingen et de Murbach.

Son fils, Rodolphe l'Ancien (1199-1232) est pourtant un partisan d'Otton IV; mais c'est déjà un des plus grands seigneurs de la Souabe. A sa mort, ses deux fils qu'il a eus d'Agnès de Hohenstaufen, Albert et Rodolphe, se partagent ses possessions après une querelle terminée en 1238 par un jugement arbitral.

L'aîné, Albert le Sage, garde le château de Habsbourg, les terres d'Argovie, de Zurich, du Sundgau et Brisgau, l'avouerie de Muri, Seckingen, Bremgarten, Maienberg, Brugg, etc.

Albert le Sage a de son mariage avec Heilwig, fille du comte Ulrich de Kybourg/Kyburg, trois fils :

-Rodolphe   futur empereur

-Albert V

-Hartmann.

Les deux cadets, Albert et Hartmann, meurent jeune.

                                                                                                                          .RODOLPHE  Ier  / RODOLF  I (1218-1291),    empereur/ kaiser de 1273 à 1291, comte de Habsbourg/ graf von Habsburg, landgraf de Haute-Alsace /Ober Elsass (1237-1273)

Fils d’Albert le Sage et d’Heilwig de Kybourg.Rodolphe voit le jour en 1218 dans ce château de Habsburg /Habsbourg.

C’est l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen qui lui sert de parrain. En 1245, il épouse la fille du comte de Hohenberg qui lui donne quatorze enfants et acquiert par voie dotale le château d’Oettingen et divers domaines dans la vallée de la Weile et en Alsace renforçant ainsi sa position tant en Alsace qu’en Argovie. 

Auréolé de ses actions avec l’armée d’Ottokar de Bohême dans l’ordre des chevaliers teutoniques  contre celle de Béla IV roi de Hongrie, il se voit confier le commandement des milices de Zurich et de Strasbourg. Il entre en conflit avec l’évêque de cette ville auquel son oncle Hartmann de Kybourg avait cédé des terres. Vainqueur il récupère les terres et reçoit des Strasbourgeois révoltés contre leur évêque le titre d’avoué ce qui renforce encore ses positions en Basse-Alsace.  

A la mort en 1254 de l’empereur Conrad IV dernier des Hohenstaufen, l’empire se trouve plongé dans une situation chaotique. Le trône impérial fait l’objet de vives compétitions arbitrées par le pape. Le roi  d’Angleterre Henri III et beau-frère de Frédéric II sont tous deux élus mais ne parviennent ni l’un ni l’autre à s’imposer. C’est la période dite du Grand Interrègne.

En Italie, le pape Urbain IV, qui considère que le royaume de Sicile est un fief de la papauté, demande l’aide de Charles d’Anjou pour combattre la domination Hohenstaufen. Charles d’Anjou bat le fils de Frédéric II, Manfred à la bataille de Bénévent et devient roi de Sicile à Rome en 1266. Mais la fille de Manfred est mariée au roi d’Aragon Pierre III et entend bien se battre pour les droits de sa femme. Sous Charles d'Anjou, et de son fils Charles II, le nord est privilégié au sud. La capitale passe de Palerme à Naples.

Le nouveau pape élu en 1272  Grégoire X  se prononce en faveur d’une nouvelle élection. Le pape, dès l’été de 1273, adresse, aux électeurs du Saint Empire l’invitation de désigner un roi des Romains.

Le 29 septembre 1273, les 7 électeurs (les 3 archevêques de Mayence, de Cologne, de Trèves et les 4 électeurs laïcs  le duc de Saxe, le Margrave  de Brandebourg, le comte palatin du Rhin et le roi de Bohême) se réunissent à Francfort avec l’idée d’élire un prince pas trop puissant pour rendre héréditaire la dignité impériale ce qui les conduit à écarter la candidature du roi Ottokar de Bohême. L’évêque Werner, électeur de Mayence qui avait été escorté au travers toute la Suisse pour se rendre en Italie soutient Rodolphe qui est élu après trois jours de délibérations.   Le 24 octobre 1273 à Aix la Chapelle il est couronné roi des Romains conformément à la tradition qui veut depuis Charlemagne que le futur empereur soit roi des Romains et se voit remettre par l’archevêque de Cologne les emblèmes impériaux. Cette cérémonie présente un double caractère l’un lié à la tradition chrétienne avec le serment sur les évangiles ainsi que sur un coffret contenant la terre imprégnée du sang du premier martyr Saint Etienne l’autre à la tradition romaine avec l’acclamation par le peuple. A la question posée par l’archevêque de Cologne  «  voulez-vous avoir Rodolphe comme empereur et roi des romains et voulez-vous lui être soumis conformément aux paroles de l’écriture sainte ?

La foule répond : « fiat, fiat ! Qu’il en soit ainsi ! »

Rodolphe devient à la fois roi de Francie orientale (Germanie), roi des romains et empereur (de facto car il ne se rend pas à Rome pour y être couronné empereur par le pape).Deux mois plus tard, Rodolphe réunit la Diète impériale à Spire et l’informe de son intention de restaurer l’autorité impériale mise à mal pendant le trop long interrègne.

Après son séjour à Florence, le pape n’hésite pas à se diriger par la Lombardie, le Piémont et la Savoie, vers la ville de Lyon où il doit, l’année suivante, tenir un concile général : cependant, quoiqu’ officiellement Lyon soit encore une ville d’Empire, le pape ne peut songer à y établir sa cour, si sa conduite récente l’a brouillé avec le roi de France.

D’autre part, vers l’automne de l’année 1273, à une époque où l’élection de Rodolphe de Habsbourg est probablement connue en France, Philippe le Hardi, désireux d’exécuter le traité qui en 1229 a terminé la croisade contre les Albigeois, remet entre les mains des représentants du Saint-Siège le comtat Venaissin, moins Avignon.  S’il faut d’ailleurs admettre que le roi de France a restitué le Venaissin avant de connaître les événements d’Allemagne, par conséquent à un moment où il nourrit encore quelque espoir d’être élu à l’Empire, il semble au moins n’avoir conservé vis-à-vis du pape aucune rancune de son échec, soit que Grégoire X ait su dissimuler son action diplomatique, soit, ce qui est plus probable, que Philippe le Hardi n’ait pas attaché grande importance aux projets suggérés par Charles d’Anjou. En effet vers le même temps, le roi de France vient à Lyon et s’y entretient amicalement avec le Pontife de leurs intérêts communs.Philippe laisse à Lyon des troupes dont la présence est en apparence justifiée par la nécessité de protéger le Concile, mais qui, en réalité, n’a probablement d’autre but que celui d’affirmer l’autorité du roi à Lyon.

Maintenant la question de l’Empire est tranchée en revanche, puisque la couronne impériale et la couronne de France n’ont pu être réunies sur la même tête, la France et l’Empire vont continuer de se disputer les régions limitrophes du Rhin et des Alpes, et en particulier le royaume de Bourgogne-Provence.

En 1273, l’empereur Rodolphe détruit sur les terres du roi de France un château que l’on disait être un fief impérial ; l’année suivante, c’est Philippe qui fait des préparatifs pour attaquer l’Empire : le pape est obligé d’intervenir pour empêcher les hostilités. Evidemment des difficultés nombreuses relatives aux frontières, par exemple à celle du Vivarais, fournissent à chaque instant des sujets de querelle entre le nouvel empereur et le roi. Rodolphe a néanmoins intérêt se réconcilier avec la France. Son élection a irrité le roi de Bohême, Ottokar ; entre le roi des Romains et le monarque slave la guerre est imminente. En Allemagne, beaucoup de seigneurs et de villes s’effrayent de l’activité du nouveau maître dont les revendications menacent quiconque a profité de l’interrègne pour s’agrandir. L’inquiétude n’est pas moindre dans la Bourgogne helvétique ; en particulier le comte Philippe de Savoie, fort peu enclin à reconnaître la souveraineté du rival détesté de sa maison, manifeste vis-à-vis des Habsbourg des dispositions hostiles. L’Angleterre n’a pas reconnu Rodolphe et témoigne publiquement sa sympathie pour Alphonse de Castille toujours prétendant à l’Empire, et de plus en plus puissant dans le nord de l’Italie. Aussi, Rodolphe juge utile de se rapprocher de la France.                                                        

Dès 1274, la veuve de Louis IX, Marguerite de Provence,  s’adresse à Rodolphe pour lui demander justice contre son beau-frère, Charles d’Anjou, accusé d’avoir attribué, à lui et à sa femme, la succession de Provence, à laquelle les deux autres filles de Raymond Bérenger, Marguerite de Provence et Éléonore d’Angleterre, prétendent avoir des droits. Rodolphe  accueille ses prétentions et lui accorde l’investiture de la Provence. Cet accord entre la reine douairière de France et Rodolphe de Habsbourg, joint à l’intervention pacifique du pape Grégoire X, facilite une réconciliation entre l’Empire et l’Angleterre.

Au mois de septembre de cette année 1274, Grégoire X reconnait la royauté de Rodolphe de Habsbourg. Or, à cette époque, les partisans du roi de Castille sont plus actifs que jamais dans le nord de l’Italie en dépit des hésitations d’Alphonse, ils sont les véritables maîtres du pays, de Gênes à Mantoue. Beaucoup de Gibelins, se livrant aux plus présomptueuses espérances, croient au triomphe prochain de leur cause. Le succès d’Alphonse et des Gibelins eut singulièrement compromis avec la paix de l’Europe la réalisation des rêves de croisade que le pape ne cesse de nourrir : Grégoire X comprend qu’il faut obtenir le désistement du roi de Castille, fût-ce au prix de sacrifices imposés à l’Église d’Espagne au profit du roi. Tel est le but qu’il se propose, pendant l’été de 1275, au cours des négociations que, pendant son séjour à Beaucaire, il poursuit avec Alphonse ; il réussit à l’atteindre et rend définitivement la paix à l’Empire. En quittant Beaucaire, Grégoire X remonte  le Rhône et s’arrête d’abord à Valence, puis à Vienne, où il passe la dernière moitié du mois de septembre 1275 ; il y consacre plusieurs prélats et y prononce l’union des Églises de Valence et de Die, mesure commandée par l’état misérable de ces églises, qu’avaient ruinées leurs longues luttes avec les comtes de Valentinois.

Le 6 octobre, le pape est à Lausanne, où vient bientôt le rejoindre Rodolphe de Habsbourg, accompagné de sa femme et de ses enfants. Là le roi des Romains s’acquitte par d’importantes concessions de la dette de gratitude qu’il a contractée envers le pape au jour de son élection : il promet de restituer à l’Église les domaines Italiens que l’Empire avait usurpés, de prendre la croix et de se mettre à la tête d’une croisade nouvelle ; enfin il y est question de la cérémonie du couronnement impérial, à laquelle Grégoire se réserve d’appeler le nouvel élu. Autour du pape et de l’Empereur se rangent les principaux seigneurs ecclésiastiques du royaume de Bourgogne Provence, parmi lesquels les archevêques de Lyon et d’Embrun, les évêques de Genève, de Valence, de Sisteron et de Marseille.

Autrefois de telles assemblées se terminaient par de nombreuses concessions de privilèges ; cette fois, elles sont très rares. Néanmoins l’archevêque Jacques d’Embrun, partisan dévoué du pape et de l’empereur  se voit, peu de temps après l’entrevue de Lausanne, renouveler  ses privilèges par Rodolphe qui  lui reconnaît les qualités de chambellan de l’empereur, de prince du Saint Empire et de conseiller à la Cour impériale.                                                          

Deux ans plus tard, Rodolphe, à l’exemple de ses prédécesseurs, prend  l’Église de Vienne sous sa protection.

Si le clergé, suivant l’exemple et les conseils du pape, s’est rapproché de Rodolphe, il n’en est point ainsi des seigneurs laïques du royaume d’Arles : seul Humbert, seigneur de la Tour et de Coligny, sénéchal de ce royaume, obtient alors des lettres qui le placent sous la sauvegarde impériale. En les sollicitant, il ne fait que se conformer aux traditions de sa famille. D’ailleurs le Dauphin Jean I n’est encore qu’un enfant, soumis à la tutelle du duc de Bourgogne ; Charles d’Anjou n’est point homme à faire la cour au roi des Romains, et le comte Philippe de Savoie, qui par son mariage avec la palatine Alix a étendu son influence en Franche-Comté, nourrit à l’égard de Rodolphe des dispositions fort peu sympathiques. On le voit, dans une grande partie du royaume d’Arles le nouveau roi ne rencontre qu’indifférence ou hostilité.

Dès la fin de l’année 1277, le pape  ouvre des négociations avec Rodolphe de Habsbourg ; au printemps, elles aboutissent à des actes solennels par lesquels Rodolphe abandonne toutes les prétentions qu’il pourrait élever sur la Romagne à l’encontre des droits du Saint-Siège. 

Ce premier point réglé, Nicolas III se retourne vers Charles d’Anjou et porte un coup sensible à son influence dans l’Italie centrale, en l’amenant à renoncer à la charge de sénateur de Rome et au vicariat de l’Empire en Toscane. Mais pour le récompenser de cette soumission, le pape le réconcilie avec Rodolphe (qui a besoin du pape pour être couronné et faire élire son fils roi des Romains)  et au printemps de 1280, Rodolphe, renouvelant un ancien diplôme de Barberousse, investit solennellement Charles d’Anjou des comtés de Provence et de Forcalquier.

Pour sceller la paix établie entre les deux maisons, il est convenu que Charles, le petit-fils de Charles d’Anjou, épousera Clémence, l’une des filles de Rodolphe de Habsbourg, et que le jeune prince recevra de Rodolphe de Bourgogne-Provence, jadis destiné à ce Hartmann, dont le mariage avec la fille d’Édouard Ier roi d’Angleterre n’a pas encore été célébré. Le pape Martin IV qui succède à Nicolas. II n’a rien de plus pressé que de rendre à Charles d’Anjou les fonctions de sénateur de Rome ; la jeune princesse Clémence conduite dans le royaume de Naples vers son fiancé Charles Martel, et bientôt le roi de Sicile doit se préoccuper d’assurer, fût-ce par la force des armes, la soumission du royaume de Bourgogne-Provence au nouveau souverain que l’Empire devait lui donner ; il organise à Tarascon une expédition destinée à remonter le Rhône et à soumettre le pays. Le triomphe de la maison d’Anjou semble alors complet.                                                      

Le bruit d’un prochain rétablissement du royaume de Bourgogne-Provence au profit de Charles Martel se répand en Europe. Le clergé du royaume de Bourgogne-Provence, déjà inquiet de la réconciliation de Charles d’Anjou avec Rodolphe de Habsbourg,  craint les agressions d’un pouvoir local, tel que la royauté de la maison d’Anjou, qui respecterait médiocrement les privilèges et la quasi-indépendance des églises. 

Bien plus encore, c’est Marguerite de Provence, qui s’estime trompée par le rapprochement entre son adversaire Charles d’Anjou et l’Empire. Au surplus, les Habsbourg qui l’abandonnent pour reconnaître les prétentions de Charles, sont les ennemis acharnés des princes de Savoie, ses oncles, pour le service desquels elle s’est toujours employée avec tant de zèle. Marguerite devient l’ennemie des Habsbourg autant que des Angevins et, en 1281 et 1282, elle organise activement la résistance à leurs projets. Depuis qu’elle a prêté hommage à Rodolphe, Marguerite, entraînant après elle sa sœur Eléonore d’Angleterre, ne cesse de chercher les moyens de recouvrer son héritage, c’est-à-dire la partie de la Provence à laquelle elle prétend avoir des droits. Elle s’adresse, successivement à son neveu Edouard Ier et à son fils Philippe le Hardi : Nicolas III intervient lui-même comme médiateur entre elle et Charles d’Anjou. Rien n’en résulte sinon un vif mécontentement de Marguerite. Marguerite menace de recourir aux armes ; mais Charles d’Anjou se rapproche de la cour de France et en réussissant à faire de son fils le prince de Salerne le négociateur de la paix entre Philippe le Hardi et la Castille.

Cette manœuvre habile augmente à Paris le crédit des Angevins qui travaillent avec plus d’ardeur au grand dessein du royaume de Bourgogne-Provence, laissant Marguerite s’épuiser en doléances. Eléonore d’Angleterre, pour son compte et celui de sa sœur, le signale à Edouard Ier mais semble beaucoup moins pressé de rompre avec Charles d’Anjou. 

Néanmoins il ordonne à Jean de Grailly, son sénéchal de Gascogne, de se rendre auprès de Marguerite ; la reine le retient auprès d’elle, heureuse de trouver en pareille besogne l’assistance d’un homme « d’une bravoure et d’une prudence consommées. Cependant le roi d’Angleterre s’ engage avec réserve à soutenir la cause de sa tante : il ne renonce pas à son ancien projet, si contraire à la politique actuelle de Marguerite, d’unir par un mariage sa maison à celle des Habsbourg, maintenant alliés de Charles d’Anjou ; idée d’ alliance qui indigne Marguerite qui croit nécessaire d’écrire de lui rappeler que ce même Rodolphe de Habsbourg dont Edouard veut faire son allié, est l’ennemi juré du vieux comte Philippe de Savoie, grand oncle du roi d’Angleterre et oncle des deux reines Marguerite et Éléonore. Malgré les efforts de Marguerite et du roi d’Angleterre, la paix n’était pas encore près de se faire entre la Savoie et les Habsbourg.

Cependant les ennemis de la maison d’Anjou se réunissent à Mâcon, à l’automne de 1281, où Marguerite organise la résistance contre le futur roi de Bourgogne-Provence. L’archevêque de Lyon, l’évêque de Langres, le comte Philippe de Savoie, le comte de Champagne, le comte d’Alençon, le comte et le duc de Bourgogne, Thomas de Savoie, fils du mari de Jeanne de Flandre, le comte de Vienne Henri de Pagny, presque tous parents de la reine et plus ou moins menacés par l’ambition des Angevins sont présents. Tous annoncent l’intention d’aider Marguerite à poursuivre ses réclamations et ils se donnent rendez-vous à Lyon, au mois de mai 1282 pour aller plus avant et s’opposer par force aux projets de la maison d’Anjou.

En même temps, en mars 1282, l’archevêque de Lyon et le Chapitre de Vienne, dont le siège archiépiscopal est vacant, s’unissent pour la défense de leurs privilèges, qu’ils croient menacés par l’avènement du futur roi de  Bourgogne-Provence : « Nous craignons, disent d’un commun accord l’archevêque de Lyon et les membres du chapitre de Vienne, que l’arrivée du Roi annoncé ne cause un grave préjudice aux droits, juridictions et possessions de l’Église .

Aussi, pour faire face à ce danger, ils forment une alliance contre tout potentat qui « sous le prétexte du royaume de Vienne, au nom et pour le compte du roi de Vienne, saisirait ou tenterait de saisir, léserait ou tenterait de léser les droits et juridictions de leurs Églises ou de l’une d’elles. » Parmi les seigneurs ecclésiastiques ou laïques qui se préparent à résister par tous les moyens au pouvoir du futur roi, on ne rencontre ni le dauphin Humbert Ier ni son allié le comte Aymar IV de Valentinois. De plus, les églises de Vienne et de Lyon considèrent à cette époque le Dauphin comme leur adversaire ; d’où il est permis d’en déduire  qu’Humbert a de  bonnes relations avec la famille d’Anjou; la guerre semble imminente partout dans le sud-est de la France ; les forces qui se réunissent à Macon heurteront bientôt celles qui s’organisent en Provence enfin Marguerite de Provence pourra vider sa querelle avec Charles d’Anjou. Mais le danger est détourné par la catastrophe soudaine des Vêpres Siciliennes, révolte populaire de l'île de Sicile contre la domination de Charles d'Anjou, survenu à Palerme et Corleone, le 31 mars 1282, mardi de Pâques. À la suite de ce soulèvement et du massacre des Français, les Siciliens se libèrent du joug angevin en passant sous la protection du roi d'Aragon Pierre III ce qui aboutit au partage du royaume de Sicile en un « royaume de Naples », terme impropre mais devenu courant, qui reste aux Angevins, et un royaume de Sicile, sous domination aragonais

A la suite des Vêpres Siciliennes, Philippe le Hardi prend ouvertement le parti de son oncle Charles d’Anjou et organise une expédition contre le rival de Charles, l’excommunié Pierre d’Aragon. Cette guerre est destinée à venger du même coup l’injure de l’Église et celle de la maison de France aussi le roi obtient-il, pour subvenir aux dépenses nécessaires, un décime sur les biens du clergé.                      

Or, en vertu des décisions que les ambassadeurs de France ont sollicitées de la cour de Rome, le décime est levé, non seulement en France, mais dans tous les pays frontières, notamment dans une partie considérable du royaume de Bourgogne-Provence.

Rodolphe de Habsbourg se plaint l’année suivante au pape Honorius IV, qui a succédé à Martin IV sur le siège pontifical. Plaintes inutiles ! Le pape répond que le roi de France est en pleine guerre, et que le moment est mal choisi pour lui enlever les subsides que l’Église Romaine lui a promis.

Sans doute en vue de resserrer les liens qui l’attachent à la dynastie Capétienne et d’affermir sa propre influence dans l’est de la France, Rodolphe, alors âgé de soixante-six ans, se met à demander et obtient la main de la jeune Isabelle de Bourgogne, sœur du duc Robert,  qui devient ainsi le beau-frère de l’Empereur,

En 1284, Rodolphe  épouse donc en secondes noces Isabelle de Bourgogne (1270-1323), fille d’Hugues IV de Bourgogne duc de Bourgogne. L’année suivante, Philippe IV dit le Bel devient roi de France. Très vite, il va chercher à grignoter la partie sud du Royaume de Bourgogne-Provence dont l’empereur Rodolphe de Habsbourg est le roi.

En 1290, la guerre contre Pierre III d’Aragon continuant et les décimes pour la financer continuant d’être levés les princes et seigneurs de l’Empire commencent à rechigner amenant l’empereur Rodolphe à répéter ses protestations. Le pape Nicolas IV lui répond que les décimes levés sur le clergé du pays d’Empire sont exigés, non pas en faveur d’une cause nationale, mais au nom des Intérêts sacrés de l’Église, dont le roi d’Aragon n’a cessé d’être l’ennemi et qu’il n’en saurait résulter aucun préjudice pour l’Empire aucun avantage pour le roi de France. Certes mais peu à peu le clergé du Royaume de Bourgogne-Provence s’habitue à lier ses intérêts et ses aspirations aux intérêts et aux aspirations du clergé français. D’ailleurs, la politique royale cherchait par d’autres moyens à entraîner dans son orbite le royaume de Bourgogne-Provence ; sur plus d’un point elle fait des progrès aussi réguliers que sûrs ; parfois elle impose ses décisions aux seigneurs, et apparaît aux populations comme l’arbitre suprême de la guerre ou de la paix.

Dans le comté de Bourgogne, cœur du royaume de Bourgogne-Provence, les amitiés françaises du Palatin Otton de Bourgogne inquiètent depuis longtemps Rodolphe doit intervenir  en 1289, pour la soumission  obtenir de son vassal indocile. Otton est dans l’est le centre de ralliement des adversaires des Habsbourg, comme l’est dans le sud-est son rival le comte de Savoie.

Aussi, peu de temps après son expédition en Comté, Rodolphe doit se préoccuper de nouveau des entreprises du comte Amédée ; il revient en 1291 dans les régions qui forment la Suisse actuelle et appelle auprès de lui tous les seigneurs du sud-est qui sont les adversaires de son éternel ennemi.

Son appel est entendu. On voit à Morat (dans l’actuel canton de Fribourg), dans cette ville reconquise par les Habsbourg sur Philippe de Savoie, les seigneurs ecclésiastiques et laïques du royaume de Bourgogne-Provence, se presser autour de Rodolphe.

Convoqués pour s’associer aux mesures que l’empereur entend prendre contre les rebelles, ils accourent, apportant leurs rancunes avec leur ambition. Sont présents à côté de l’évêque de Valence et de Die, le dauphin Humbert Ier, le comte Aymar de Valentinois, le comte Amédée de Genève, la dame de Faucigny et Humbert de Villars ; tous s’associent aux déclarations solennelles que lance Rodolphe contre ses ennemis, et dont il confie l’exécution à son représentant le bailli de l’Empire pour les pays au-dessus de l’Oron.

Mais le résultat le plus clair de cette manifestation est la confirmation, par l’empereur, des privilèges du comte de Valentinois et de l’évêque de Valence, et la concession pour quelques mois de la garde de l’abbaye de Saint Claude au dauphin Humbert Ier qui porte toujours le titre de sénéchal du royaume de Bourgogne-Provence.                                                      

Quelques jours après, il rencontre le fils de son ancien rival, Charles II de Sicile, dans une entrevue qui dut attirer l’attention des contemporains il y fut sans doute question du sort du royaume d’Arles. Si les deux souverains y tombèrent d’accord sur quelques résolutions, ce ne fut que pour y donner un nouvel exemple de la vanité des desseins des grands de la terre.

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