L’Etat Français, en mal d’économies, lance à nouveau l’idée d’une réforme territoriale censée mettre fin au « millefeuilles » qui fait que l’Administration du pays, sans pouvoir prétendre et de loin qu’il est le mieux administré des pays européens comparables, est sans conteste la plus couteuse de ceux-ci.
L’idée assez simpliste est que le regroupement de régions d’une part et la suppression d’autre part des départements qui les composent devraient générer automatiquement des économies sans qu’aucune étude chiffrée ne vienne pour autant le démontrer.
Pourtant si on se fie à ce que l’on peut appeler l’échec des intercommunalités, force est de constater que les budgets des Communautés de Communes se sont développés sans que ceux des Communes qui les composent aient enregistré une quelconque diminution.
En principe la suppression pure et simple du département devrait bien en tout logique être une source d’économies incontestables même si elle n’a pas été chiffrée sans pour autant véritablement faire disparaitre totalement ce qui avait présidé à sa conception il y a deux siècles notamment l’implantation des Préfectures et des Sous-préfectures c’est-à-dire des services de l’Etat à une journée à cheval pour chaque citoyen si les Services de la Région et ceux de l’Etat restent distants d’un aller-retour d’une demi-journée en train ou en voiture pour le citoyen ce qui parait essentiel.
En revanche l’augmentation de la taille des régions par fusion regroupement ne devrait pas être une source importante d’économies ( le chiffre de 25 milliards évalué à la « louche » par le secrétaire d’Etat en charge de la réforme apparait irréaliste) et n’apparait réellement motivée que sur la base d’une idée fausse selon laquelle les Régions devraient avoir une certaine taille pour peser sur le plan économique.
Idée fausse qu’il est facile de prouver à partir d’exemples simples.
En effet est-ce que le Luxembourg avec ses 400 000 habitants estime avoir besoin de fusionner avec qui que ce soit ?
Est-ce que les grands réformateurs de la dernière heure parisiens oseraient prétendre que le quart des 28 Etats de l’Union n’auraient pas la taille vitale :
Outre le Luxembourg, les 3 pays baltes, Malte, Chypre, Slovénie ?
Et puisque la référence à l’Allemagne fédérale est à la mode qu’un Länder comme la Ville-Etat d’Hambourg avec ses 1.8 millions d'habitants ne l’aurait pas non plus.
Ou encore, en dehors mais au milieu de l’Union Européenne, que la Suisse Romande avec ses moins de 2 millions d’habitants ne serait pas économiquement viable alors qu’elle prouve depuis des années le contraire et ne représente guère plus que l’ensemble de la Savoie à laquelle on conteste depuis longtemps la prétendue absence de taille critique.
En réalité la réforme que repousse depuis plus de 30 ans la France est le projet toujours raisonnable de faire des régions de taille non pas uniforme suivant les particularités non seulement économiques et géographiques mais aussi historiques pour leur redonner une forte identité économique de 3 à 6 départements maximum, région séparée des Villes-Etats regroupant à elle seule une population de plus de 1 millions d’habitants.
Ainsi alors que la Ville-Etat de Lyon au limite pratiquement du département du Rhône appelé logiquement à disparaitre se verra progressivement atteindre le statut d’un Länder tel que celui d’Hambourg, la région Rhône-Alpes dont elle ne devrait plus logiquement être la capitale éclaterait alors en 3 régions :
1 Région Savoie-Bugey-Valromey-Gex qui pourrait regrouper les territoires des deux départements savoyards avec tout l’Ain sans la Bresse
2.Région Dauphiné-Valentinois-Vivarais
3.Région Bresse- Forez-Beaujolais-Roannais à laquelle seraient rattachées quelques communes du département du Rhône supprimé, non intégrées à la Ville-Etat de Lyon.
Et par exemple dans la région Savoie Bugey Valromey Gex, les services de l’Etat ne seraient plus présents que dans 6 préfectures Albertville, Annecy, Annemasse, Chambéry, Nantua et Saint Jean de Maurienne.
Sans un peu de bon sens, toute réforme territoriale en outre ne tendant pas vers la fédéralisation de la France tout en prétendant vouloir s’inspirer du modèle fédéral allemand est vouée à l’échec.