Il est pour le moins étonnant pour un étranger de constater que pendant toute la campagne des élections présidentielles, une question cruciale n’a jamais été abordée par les différents candidats à savoir celle de savoir pourquoi, au-delà de la controverse sur les agences de notations, des Etats disposant de la même monnaie l’euro et de la même notation par exemple AAA, n’empruntaient pas au même taux.
Et pourtant la réponse à cette question est d’une extrême simplicité parfaitement compréhensible pour n’importe quel citoyen électeur n’ayant aucune notion d’économie : c’est que non seulement le citoyen de cet Etat a moins confiance dans son propre Etat que dans l’autre mais surtout que le citoyen de l’Etat étranger qui accepte de prêter à cet Etat a moins confiance en lui qu’en son propre Etat et exige une prime de risque qui explique cet écart de taux ou « spread ». En un mot il croit moins (credo) dans le sérieux de cet Etat que dans le sien c'est-à-dire qu’il croit qu’il a plus de risque de prêter à cet Etat qu’au sien.
C’est malheureusement une évidence qu’il convenait de rappeler !
Dès lors on est en droit de se demander ce que cet Etat doit faire pour obtenir de la part du citoyen étranger une crédibilité aussi grande que celle qu’il a dans son propre Etat.
Or si les dirigeants de l’Etat perçu comme moins sérieux parvenaient à convaincre que ses citoyens ont la ferme volonté de se montrer désormais aussi sérieux que leurs concitoyens européens qui s’estiment plus sérieux qu’eux, une partie du problème de l’endettement excessif de leur Etat se trouverait résolu.
En effet si la France pouvait emprunter aujourd’hui aux taux de l’Allemagne c'est-à-dire à environ 1% de moins, elle économiserait entre 10 voire à terme 20 milliards d’euros chaque année sur une dette de plus de 2000 milliards soit une bonne partie de ce que ne lui rapporte l’impôt sur le revenu. Et si la France avait le franc suisse pour monnaie et pouvait emprunter aux taux qu’emprunte la Confédération helvétique….près de 20 à 40 milliards.
Et il est évident que ce raisonnement est encore plus pertinent appliqué à l’Italie, à l’Espagne qui doivent emprunter à des taux supérieurs à 3 % à ceux auxquels emprunte l’Allemagne !
Malheureusement on en est loin lorsque des hommes politiques de gauche de cet Etat jugé moins sérieux proposent tout simplement que la Banque Centrale Européenne se mette à lui prêter directement à 1% c'est-à-dire à un taux d’environ 1% inférieur à celui auquel emprunte l’Etat allemand en faisant tout simplement marcher la « planche à billet » sur le modèle de la Réserve Fédérale américaine ou de la Banque d’Angleterre.
Politique qui permettrait à la France de « s’affranchir » de la contrainte de sérieux qu’exigent les citoyens étrangers pour continuer de lui prêter.
Faisant semblant d’oublier au passage que ces citoyens étrangers ont des représentants qui sont majoritaires au conseil d’administration de la Banque