Face au danger que l’Iran représente à leurs yeux d’abord pour Israël plus que pour l’Occident, les membres du Triumvirat occidental des Etats Unis, de la France et du Royaume Uni, après avoir pris en compte leurs erreurs d’analyse notamment en Egypte et en Tunisie, ont une nouvelle fois décidé de changer de « fusils d’épaule » en choisissant de soutenir, sous le couvert d’une nécessaire démocratisation, les sunnites d’Irak puis de Syrie contre les chiites d’Irak, de Syrie, du Liban, de Bahreïn……
On se souviendra pourtant par exemple qu’après la Première Guerre mondiale, les Français, qui avaient reçu le mandat sur la Syrie, avaient créé un Territoire des Alaouites. En effet se défiant du nationalisme arabe des sunnites, ils avaient encouragé pendant l'entre-deux-guerres un particularisme alaouite proche du chiisme voulant faire des Alaouites un peuple à part entière, n'ayant rien à voir avec les Arabes et dont l'histoire remonterait aux Phéniciens. Alaouites dont le livre est le Coran mais qui rejettent la Charia et les obligations cultuelles de l’Islam comme les Alévis.
On se souviendra également que pendant très longtemps la France a soutenu le régime baasiste sunnite irakien de Saddam Hussein qui sera abattu sous un prétexte fallacieux par son allié américain .
Coutumiers désormais des changements d’alliance, les Etats Unis qui avaient soutenu les talibans contre le régime prosoviétique en Afghanistan et ont placé à la tête de l’Irak les Chiites après avoir renversé le régime sunnite de Saddam Hussein, se mettent désormais à soutenir les sunnites de ce pays et ceux de Syrie.
En Afghanistan, après que les Etats Unis aient aidé donc les extrémistes sunnites talibans à venir au pouvoir puis après les en avoir chassés, ce triumvirat s’apprête, tout en prétendant lutter à l’intérieur de leur pays respectifs contre les extrémistes musulmans ( très majoritairement sunnites en Europe), à laisser revenir au pouvoir ces talibans.
En Irak, après avoir renversé le régime baasiste sunnite le plus laïc qui existait dans les pays arabes du Proche Orient avec celui baasiste chiite (alaouite) de Syrie, les Etats Unis, sous couvert de vouloir instaurer la démocratie, ont mis en place un régime chiite proche de celui qui dirige l’Iran, lequel régime exige aujourd’hui l’extradition du Qatar ou il se trouve réfugié, de son vice-président Tarek al-Hachémi contre lequel le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, a délivré un mandat d’arrêt en l’accusant de terrorisme.
Emirat du Qatar qui s’avère être depuis quelques années ou plusieurs mois le refuge et le soutien de bon nombre d’extrémistes sunnites rentrés à l’ occasion du « printemps arabe » en Tunisie, en Lybie, en Egypte, en Syrie.
Royaume d’Arabie Saoudite qui forme et finance depuis des années bon nombre d’imans intégristes envoyés y compris en Europe prêcher un islam rigoureux que ne connaissaient pas jusqu’alors les musulmans sunnites d’Afrique du Nord.
Les Etats Unis avec leurs fidèles vassaux anglais, et désormais français, font ainsi le choix d’apaiser les inquiétudes légitimes d’Israël et de ces monarchies sunnites du Golf qui se retrouvent confrontées à la menace commune interne et externe des chiites, faisant oublier à ces dernières que leur ennemi principal était, il n’y a pas encore longtemps l’Etat Hébreu et non pas leurs concitoyens chiites musulmans.
Le triumvirat occidental prend ainsi le risque avec la Turquie sunnite, en cours de réislamisation, et qui rêve de revenir à l’époque ottomane ou le calife des sunnites se trouvait à Istanbul, de sacrifier comme ce pays l’a fait, l’ensemble des minorités chrétiennes, druzes, alaouite, alévis de l’ensemble du Proche Orient.
En effet en favorisant le développement d’un front sunnite contre un front chiite qui mènera inéluctablement à une sorte de guerre de religion entre ces deux grandes fractions de l’Islam qui, peu ou prou, se trouvent à un stade ou l’Europe se trouvait lors des guerres de religion entre catholiques et protestants, le triumvirat ouvre une voie triomphale aux extrémistes musulmans sunnites largement encouragés par les monarchies du Golfe qui sont loin d’être des parangons de vertu en matière de démocratie et en tous cas très peu respectueuses des droits des minorités chrétiennes tout en revendiquant pourtant sans complexe l’égalité de traitement dans nos démocraties occidentales.
Nul ne peut douter sérieusement désormais que, charia ou pas dans leur constitution, les nouveaux régimes ne seront pas des états laïcs mais instaureront l’Islam (sunnite) comme religion d’Etat avec à la clé le statut de dhimmi pour les chrétiens et les juifs. Car même dans la Turquie pourtant laïque voulue par Atatürk, force est de reconnaitre que la très grande majorité des chrétiens et des juifs ont dû s’exiler et que ceux qui restent, ultra minoritaires par rapport aux Sunnites, sont loin de voir encore aujourdhui leurs droits respectés.
Le Triumvirat, en outre, est largement responsable, depuis l’intervention de Lybie, de la montée en puissance dans le Sahara de ces mouvements extrémistes sunnites salafistes qui détiennent désormais l’armement lourd que très imprudemment il leur a livré avec le Qatar notamment pour lutter contre Kadhafi. Mouvements qui vont jusqu’à prôner dans leur programme la restauration du califat comme les Frères Musulmans présentés à l’opinion occidentale comme modérés.
Califat que, après son abolition en 1924 par Atatürk, le chérif de la Mecque Hussein Al-Rachid (aïeul de la dynastie régnant actuellement en Jordanie), allié des Britanniques durant la Première Guerre mondiale avait échoué dans sa tentative de restaurer à son profit, contré par la montée en puissance d'Abbdel Aziz ibn Saoud fondateur en 1932 du royaume d'Arabie saoudite après une accession au pouvoir qui a fait environ 500 000 morts entre 1901 et 1932
Face à la progression constante de l’extrémisme non seulement à ses portes mais à l’intérieur de ses frontières , l’Union Européenne fait preuve d’une abstention coupable à l’égard de la politique souvent incohérente du Triumvirat dont pourtant ses citoyens subissent et subiront chaque jour davantage les effets ainsi que les minorités chrétiennes ou musulmanes occidentalisées qui vivent dans les pays ou l’extrémisme musulman s’est développé avec le soutien actif des monarchies du Golfe.
Or le devoir des gouvernants occidentaux est, avant de vouloir développer dans certains pays la démocratie à laquelle la majorité des habitants est réfractaire, d’abord et avant tout de garantir cette démocratie à l’intérieur de leur pays à leurs citoyens et dans les pays minés par l’extrémisme musulman à leurs minorités religieuses en luttant contre le développement du fanatisme religieux ce qu’ils ne font certainement pas en pactisant, pour des raisons économiques ou politico-religieuses à l’égard d’Israël, avec des Etats qui se refusent à accorder aux chrétiens et aux juifs une égalité qu’ils exigent et obtiennent dans les pays démocratiques majoritairement chrétiens.
Il ne suffit pas, comme poudre aux yeux électorale, par exemple à un gouvernement français, d’obtenir de son allié le Qatar d’empêcher le prédicateur Youssef al-Quaradawi de venir en France, mais il incombe aux membres de l’Union Européenne dans leur ensemble de cesser de s’abstenir pour les raisons que l’on sait d’imposer à leurs « alliés » musulmans le respect de certaines règles qu’ils prétendent vouloir instaurer dans des pays guère plus dictatoriaux qu’eux dans lesquels les minorités notamment chrétiennes bénéficiaient jusqu’à présent d’un statut certainement meilleur que celui qu’elles ont dans ces pays « alliés » et qu’elles auront demain dans les pays « délivrés de leur tyran » dotées de constitutions qui ne risquent pas d’avoir comme préambule notre charte européenne des droits de l’homme !
En conclusion il est inadmissible que l’Europe laisse certains de ses membres avoir une politique étrangère et de défense qui, sous couvert prétendu de vouloir développer notre modèle démocratique dans certains pays sans pour autant l’exiger de certains de leurs « alliés » crée un véritable chaos qui va inéluctablement aboutir à restreindre encore les droits des minorités dans ces pays et ceux qu’ils prétendent vouloir « libérer » ainsi qu’à perturber le fonctionnement de nos démocraties.