MAISON DE BAVIERE / HAUS VON BAYERN
.LOUIS IV / LUDWIG IV (1282-1347), empereur / kaiser de 1314 à 1347
Fils du duc Louis II de Bavière et de Mathilde de Habsbourg. Il épouse Marguerite II de Hainaut qui lui apporte pour dot le Hainaut et la Hollande avec la Zélande et la Frise qui ne sont pas considérés comme des fiefs masculins.
A la mort de l’empereur Henri VII en 1313, le fils de Philippe le Bel, comte de Poitiers (futur roi Philippe V) est candidat avec Louis de Bavière et Frédéric le Beau de Habsbourg. Les princes électeurs sont divisés en deux factions, celle des Wittelsbach avec pour candidat Louis de Bavière et celle des Habsbourg avec Frédéric le Beau ; le pape toujours à Avignon Jean XXII croit pouvoir affirmer son autorité, refuse de faire connaitre sa préférence, déclare l’empire vacant, et nomme le 14 mars 1314 le roi de Naples Robert le Sage, son vassal, comme vicaire pour le Royaume d’Italie (du Nord). Il s’octroie des pouvoirs à l’égard de l’empire qu’il n’a pas. Louis est couronné roi de Germanie le 20 octobre 1314 puis est couronné de la couronne impériale par l’évêque de Mayence à Aix la Chapelle le 25 novembre 1314 alors que Frédéric a été sacré de son côté par l’évêque de Cologne.
Alors que son père Philippe III le Hardi, n'avait pu accéder au trône impérial en 1273 après lui, Philippe le Bel n’aura pas réussi à faire élire empereur ni son frère Charles de Valois en 1308, ni son fils le comte Philippe de Poitiers en 1314.
Philippe le Bel meurt le 29 novembre 1314. Son fils ainé Louis lui succède sous le nom de Louis X. Il n’a pas d’enfant. Il meurt en 1316 et son frère Philippe lui succède puis meurt en 1322 également sans enfant. Son frère cadet Charles lui succède sous le nom de Charles IV le Bel. Avant de mourir, confronté à l’absence de postérité de ses deux fils ainés a décidé d’innover dans le droit des apanages (un apanage est un bien que le roi démembre de son domaine pour le donner à l'un de ses fils cadets, en avance sur l'héritage). Par lettres patentes scellées le jour de sa mort, il révise le statut de l'apanage de Poitou. Faute d'héritier mâle, le Poitou reviendrait à la couronne de France.
Cette clause de « masculinité » fait là son apparition tout comme l’invocation peu de temps plus tard de la « la loi salique ».
Exhumée par les Valois, la « loi salique » leur permettra d’abord d’écarter en 1328 à leur profit de la succession du royaume de France, Isabelle de France, fille de Philippe IV Bel, épouse du roi d’Angleterre Edouard II Plantagenêt et son fils Edouard III, cause de la guerre de « Cent ans » de 1357 à 1453.
Opposé à Marie de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Charles le Téméraire et à ses descendants nés de son mariage avec Maximilien de Habsbourg en 1477, le principe de la masculinité de certains fiefs royaux donnés en apanage, permettra de leur refuser l’héritage du Duché de Bourgogne. Une des Causes des guerres entre les rois de France et empereur notamment entre François Ier et Charles Quint.
En 1316, est élu le pape Jean XXII pour succéder à Clément V. Il est le deuxième pape à résider à Avignon.
En Italie, le conflit tourne à l’épreuve de force avec les Gibelins : le duc de Milan Matteo Visconti, excommunié par le pape, envoie son fils Marco, assiéger Gènes, cité Guelfe. Robert le Sage débloque cette ville le 21 juillet 1318.
Louis IV l’emporte sur son rival Frédéric le Beau le 28 septembre 1322 à la bataille de Muhldorf au cours de laquelle ce dernier est fait prisonnier avec son frère Henri et le duc de Lorraine Ferri. Léopold d’Autriche, frère des deux prisonniers, continue en vain la guerre.
Puis Louis IV descend son armée en Italie ou il délivre Milan assiégée, occupe Pavie. Le pape Jean XXII déclare que Louis usurpe ses droits et menace de l’excommunier. Jean XXII veut faire comprendre au monde chrétien que le déplacement de la papauté à Avignon ne diminue aucunement son autorité. Il nomme lieutenant-général de l’Eglise contre les Gibelins en Italie Philippe de Valois neveu de Philippe le Bel qui s’y rend en 1320-1321 mais les Visconti parviennent à lui faire repasser les Alpes. Jean XXII déclare les Visconti hérétiques; et comme l’empereur favorise les Visconti, il déclare l’empereur fauteur d’hérétiques: et, par une bulle du 9 octobre, il ordonne à Louis de Bavière de se désister dans trois mois de l’administration de l’empire, « pour avoir pris le titre de roi des Romains sans attendre que le pape ait examiné son élection » ; le 23 mars 1324, il l’excommunie.
Louis ne fléchit pas et convoque un concile pour juger le pape accusé d’hérésie et d’usurpation de biens d’autrui ; puis par une nouvelle bulle du 15 juillet 1324, il déclare l’empereur contumax, et le prive de tout droit à l’empire, s’il ne comparaît devant lui avant le 1er octobre. Puis il tente de faire élire empereur à sa place Charles IV le Bel, troisième fils de Philippe le Bel, roi de France depuis 1322 et surtout époux de Marie de Luxembourg, fille de l’empereur Henri VII de Luxembourg. Entretemps ses légats convient pour octobre les princes électeurs à Bar ou Charles se rend .Mais seul Léopold d’Autriche, frère du duc Frédéric emprisonné s’y rend également ; en revanche l’archevêque de Trèves Beaudoin, frère de Jean de Bohême et de Marie de Luxembourg s’abstient de venir signe du refus des princes électeurs de prendre le risque d’élire son époux Charles. Marie meurt le 26 mars 1324 mettant fin aux ambitions impériales de son mari.
Louis décide alors de se rendre à Rome avec son armée. Le 31 mai 1327, il reçoit à Milan la couronne du royaume d’Italie (couronne des Lombards) des mains de l’évêque de Venise assisté de celui d’Aléria, tous deux excommuniés par le pape car l’archevêque de Milan a trouvé un prétexte pour ne pas être présent et il fait arrêter le duc de Milan Galéas Ier Visconti qui ne se montre pas assez docile.
Même ses supporteurs Gibelins se détournent de lui à tel point qu’il doit assiéger Pise pendant un mois pour pouvoir y entrer. Nouvelle bulle de Jean XXII, à Avignon, le 23 octobre: « Nous réprouvons ledit Louis comme hérétique. Nous dépouillons ledit Louis de tous ses biens meubles et immeubles, du palatinat du Rhin, de tout droit à l’empire ».
Le roi de France Charles IV le Bel meurt le 25 décembre 1327 sans héritier mâle.
Rome ouvre ses portes sans résister à Louis mais le clergé a quitté la ville sur l’ordre du légat du pape de sorte que c’est un laïc Sciarra Colonna, un membre puissant de la noblesse romaine, représentant le Sénat Romain qui le couronne empereur le 17 janvier 1328.
Le pape réagit en prononçant la déchéance de l’empereur mais ne parvient pas à obtenir des princes électeurs l’élection d’un remplaçant. Louis IV réplique et prononce le 14 avril 1328 la déchéance du pape pour hérésie. Le 18 avril l’empereur tient une assemblée générale à l’issue de laquelle est lue la sentence par laquelle il dépose le pape convaincu d’hérésie et de lèse-majesté, etc. » puis l’empereur prononce un arrêt de mort contre le pape, et même contre le roi de Naples, qui ont accepté du pape le vicariat de l’empire sur l’Italie. Puis il décrète le 23 avril que les papes ne pourront plus quitter Rome plus de deux jours sans l’accord du Sénat du peuple romain et nomme pape sous le nom de Nicolas V le franciscain Pietro Rainalducci qu’il fait acclamer par le peuple romain puis couronné à Saint Pierre le 22 mai 1328.
Sept jours plus tard est couronné roi de France Philippe de Valois sous le nom de Philippe VI, fils aîné de Charles de Valois, frère cadet du roi Philippe le Bel, et de Marguerite d'Anjou. Son accession sur le trône de France découle d'un choix politique, fait en deux temps, à la mort de Louis X le Hutin en 1316 puis à celle de Charles IV le Bel en 1328, afin d'éviter que la couronne ne passe dans les mains d'Édouard III d'Angleterre, pourtant petit-fils de Philippe le Bel, ainsi évincé au profit du neveu de ce dernier (la maison de Valois dont il est issu tire son nom de l'apanage donné à Charles, fils de Philippe III le Hardi et père de Philippe VI). Pour empêcher Edouard III, roi d’Angleterre, fils d’Isabelle de France, d’hériter du royaume de France, plusieurs siècles après Clovis, un article du code salique des francs saliens est exhumé, isolé de son contexte, employé par les juristes de la dynastie royale des Valois pour justifier l'interdiction faite aux femmes de succéder au trône de France appelé loi salique. L'éviction des femmes du pouvoir par cette loi s'appuie sur un certain nombre de faux en écriture, de mensonges et d'omissions de l'histoire.
Ainsi en droit féodal français, on va distinguer les fiefs masculins des fiefs féminins ce qui n’est pas le cas dans l’empire. Si les femmes peuvent héritier des fiefs dits féminins, il ne leur serait pas possible d’hériter des fiefs masculins. Le fief féminin est opposé au fief masculin, qui ne peut être possédé que par un mâle comme le royaume de France, lequel « ne tombe point en quenouille ». Ainsi Le Duché de Bourgogne, terre du royaume donné en apanage est considéré comme un fief masculin tandis que le comté de Bourgogne, terre d’empire est considéré comme un fief féminin.
Mais la grande majorité de la chrétienté reste fidèle à Jean XXII et le roi de Naples arrive avec des troupes aux portes de Rome. L’empereur Louis IV doit finalement abandonner Rome le 4 aout 1328 et l’antipape Nicolas doit fuir et aller le rejoindre à Pise dérogeant ainsi à l’édit de Louis du 23 avril. Le roi de Naples Robert fait rentrer alors sous la domination, ou plutôt sous la protection papale, Rome et plusieurs villes d’Italie. Les Visconti abandonnent alors l’empereur et se rangent du parti de Jean XXII, qui est toujours réfugié dans Avignon. Louis préfère regagner en 1329 rapidement sans armée la Germanie tandis que Nicolas V finit par tomber aux mains de Jean XXII et doit abjurer publiquement ses erreurs.
Mais Louis continue de refuser de faire dépendre son pouvoir de l’approbation du pape qui lui maintient ses exigences d’allégeance et demande à Jean de Luxembourg, roi de Bohême, de déposer l’empereur.
Jean de Luxembourg vient au secours de Brescia cité guelfe assiégée par les Gibelins partisans de Louis. Il la libère et continue son combat contre les Gibelins, prend en 1331 Bergame, Verceil, Pavie, Novare., Parme, Regio et Modène puis Lucques paraissant réussir à créer un royaume guelfe d’Italie du Nord vassal du pape comme celui de Sicile (Italie du Sud) ; mais Louis IV suscite alors la révolte contre Jean de Luxembourg en Bohême en liguant contre lui Othon d’Autriche, le marquis de Misnie, et Charobert, roi de Hongrie, et jusqu’à la Pologne. Jean de Bohême laisse son fils Charles vicaire en Italie puis revient en Allemagne ou il bat tous ses ennemis l’un après l’autre.
Jean de Luxembourg négocie une alliance à Fontainebleau avec le roi Philippe VI qui prévoit que si Jean parvient à s’emparer du Royaume d’Italie (du Nord) et celle de Bourgogne-Provence, le roi de France lui reconnaitra la couronne des Lombards en échange de cette dernière.
De son côté, Louis IV envisage un instant d’abdiquer en faveur de son cousin Henri de Bavière soutenu financièrement par le roi de France Philippe VI contre la mise en gage de royaume de Bourgogne-Provence mais il en est dissuadé par le roi de Naples, Robert d’Anjou dit le Sage, vassal du pape pour son royaume et qui ne veut pas se retrouver vassal du roi de France pour son comté de Provence.
En Italie, les Guelfes et les Gibelins, se liguent alors contre Charles de Bohême Son père passe les Alpes pour le secourir et arrive lorsque ce jeune prince vient de remporter une victoire le 25 novembre dans le Tyrol. Ils rentrent ensemble Prague, et Jean donne à son fils la Marche de Moravie, en lui faisant prêter un hommage lige.
Les cités guelfes ou gibelines du Royaume d’Italie sont très hostiles aux prétentions de Jean de Luxembourg, du pape et du roi de France et constituent la Ligue de Ferrare dont les troupes battent celles de Jean et du pape de sorte qu’à l’automne 1332, les cités de Brescia, Bergame, Modène et Pavie reviennent dans le camp gibelin ; Jean de Luxembourg doit rentrer en Bohême en 1333.
Le pape Jean XXII meurt en 1334 à Avignon. Son successeur Benoit XII, nouveau pape français et troisième pape à résider à Avignon, reprend ses prétentions hégémoniques sur l’empire.
En 1337, Louis IV achète l’alliance du roi d’Angleterre Edouard III ce qui lui permet de raffermir ses positions en Flandre contre le roi de France allié du nouveau pape.
Puis le 17 mai 1338, la position du pape devenant impopulaire en Italie, il fait publier le manifeste Fidem Catholicam dans lequel il est proclamé que l’empereur occupe un rang aussi élevé que le pape comme élu des princes électeurs sans qu’il soit besoin d’une quelconque approbation du Saint Siège. En outre, il soutient qu’un vrai concile représentant l’Eglise Universelle qu’il estime avoir le droit comme le pape de convoquer est supérieur aux simples assemblées que ce dernier peut réunir. Les princes électeurs ne peuvent qu’approuver et le 16 juillet 1338, réunis à Rhense, ils adoptent le point de vue de Louis IV et déclarent que l’élection par eux de l’empereur suffit à rendre légitime l’autorité de l’empereur ce qui est acté à l’issue de la Diète de Francfort du 4 aout 1338.
Peu de temps après, son allié le roi Edouard III débarque en Flandre ; après l’avoir reçu lors de la Diète de Coblence du 5 septembre 1338, Louis IV le nomme vicaire pour la Basse-Germanie et les troupes impériales se joignent aux anglaises et investissent le Cambrésis en 1339 ; puis Edouard écrase la flotte française à la bataille de l’Ecluse ; en revanche les Flamands sont écrasés à Saint Omer et l’armée anglo-impériale est tenue en échec devant Tournai ; en outre Edouard III s’avère incapable de payer ses alliés et l’alliance éclate.
En raison de l’alliance existant entre les rois de France et les papes d’Avignon, c’est un homme de confiance du roi Philippe VI qui est élu pape à la mort de Benoit XII en 1342 sous le nom de Clément VI ; celui-ci somme Louis IV d’abdiquer et parvient à faire élire contre lui un antiroi de Germanie en la personne Charles de Bohême. Louis IV s’apprête à reprendre les armes quand il meurt subitement le 11 octobre 1347.
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MAISON DE LUXEMBOURG / HAUS VON LUXEMBURG
.CHARLES IV / KARL IV (1316-1378), empereur / kaiser de 1347 à 1378