Union Européenne-Russie- Conflit de Haute Intensité- Défense-
L’Union Européenne se trompe de priorité. Au lieu de se focaliser sur le respect des droits de l’Homme, les affaires sociétales et la défense de la démocratie -qui sont considérés dans le reste du monde comme la volonté d’imposer les valeurs occidentales et rebutent de plus en plus un certain nombre de ses membres- elle ferait mieux de se préoccuper de sa défense.
Le président Poutine n’est pas un va en guerre mais la Russie a ses lignes rouges dont l’une est la non remise en cause de l’annexion de la Crimée. Il ne tolérera pas davantage que l’Ukraine et la Biélorussie se rapprochent de l’Union Européenne. Nonobstant les manœuvres navales provocatrices organisées en Mer Noire par les USA, la Grande Bretagne et l’Ukraine, n’en déplaise à cette dernière, sa demande d’adhésion à l’Otan sera vraisemblablement majoritairement rejetée par ses membres dont aucun ne serait prêt à mourir pour qu’elle récupère la Crimée. Et si par extraordinaire, elle était acceptée, elle serait considérée comme un casus belli par la Russie.
Or le Président Poutine a les moyens de sa politique de sorte qu’il tolérera de moins en moins les critiques, les provocations ou les sanctions de l’Union Européenne. Alors que le Président Biden a jugé, après l’avoir traité de « tueur », indispensable de le rencontrer à Genève, certains membres de l’Union Européenne se sont opposés stupidement à une telle reprise de discussion et l’ont ainsi renforcé dans sa conviction de la vassalisation de l’Union à l’égard des USA.
Il n’est donc pas à exclure qu’un exercice militaire russe de grande ampleur réunissant comme en 2018, près de 300 000 hommes se terminent subrepticement par un conflit de « haute intensité » qui démarrerait en Ukraine et en Pologne. Or la Russie dispose d’une capacité en matière de cyberdéfense, de guerre spatiale et de défense anti missiles qui parait bénéficier désormais d’une certaine supériorité sur les Forces de l’Otan en Europe.
Face à une telle offensive éclair, les armées des Etats membres de l’Union et membres de l’Otan seraient actuellement parfaitement incapables de tenir le choc même avec l’appui des 30 000 soldats américains restés stationnés en Europe car les armée polonaise et allemande sont actuellement largement non opérationnelles et l’armée française, la plus forte de l’Union, ne dispose que de la Force Scorpion, composée des Ier et 3ème Division, qui ne peut réunir que 50 000 hommes et ce, dans un délai de mise sur pied de plusieurs semaines compte tenu de la dispersion dans le monde des unités composant ses 9 brigades dont les régiments eux-mêmes sont éclatés du fait que leur compagnies ou escadrons remplissent actuellement une multitude de mission dans des lieux très éloignés. Sans compter que, cette Force Scorpion ne dispose d’aucune possibilité de relève ni même de recomplétement et les stocks de munitions ne lui assurent qu’une durée de combat limité. On relèvera en effet que l’Etat major a bien de la peine avec les Unités de sa Force Scorpion a pouvoir réunir 10 000 hommes dans un futur exercice Orion programmé en 2023, format qui correspond simplement à un exercice de l’ampleur les Manœuvres Alpes organisées par la 27 Division Alpine de 10 000 hommes il y a une trentaine d’année.
Actuellement cette Force Scorpion n’est pas encore entrainée à un type de conflit conventionnel de haute intensité sur le territoire de l’Union Européenne du fait de la quasi absence d’exercices appropriés depuis près de 25 ans des brigades qui la composent.
Une fois le Rhin atteint en deux ou trois semaines, la Défense Opérationnelle du Territoire n’existant plus, le Président français ne pourra que recourir à la dissuasion nucléaire mais outre qu’il devra bien réfléchir, avec une opinion publique qui se révoltera, avant d’en menacer la Russie, rien ne dit que s’il y recourait, que beaucoup des cibles ennemies seraient atteintes compte tenu des moyens de brouillage, de détection, et anti-missiles russes. En revanche comme l’a proclamé le Président Poutine ;
« L’agresseur doit comprendre que le châtiment est inévitable (…). Et nous, en tant que victimes d’une agression, en tant que martyrs, nous irons au Paradis. Eux, ils crèveront tout simplement, ils n’auront même pas eu le temps de se repentir »,
Il n’est pas impossible qu’un tel conflit n’intervienne en Europe avant celui inévitable avec la Chine dans lequel les USA voudront nous entrainer voire qu’il ait lieu avec une Russie alliée de circonstance de la Chine si on continue de vouloir l’exclure du concert européen.
« Si vis pacem para bellum »
Pour revenir à un équilibre des forces conventionnelles sur le théâtre européen sans lequel le Président Poutine ne peut considérer que les injonctions des dirigeants de l’Union ne sont que de la gesticulation,
faute de pouvoir augmenter suffisamment l’armée de métier, il serait bon de compléter la Force Scorpion d’une brigade d’artillerie nucléaire avec nos anciens missiles Hades modernisés puis de rétablir au plus vite comme la Suède le Service militaire ce qui prendrait environ 10 ans pour pouvoir incorporer une classe d’âge de 800 000 jeunes, compte tenu du fait que l’encadrement d’un tel contingent suppose de reformer environ 80 000 officiers et sous-officiers, encadrement qui, mis à part au départ par les escadrons de gendarmerie mobile, ne pourrait être assuré par l’armée de métier ( les officiers et sous-officiers de réserve issus du dernier contingent appelé ayant plus de 50 ans ce qui est un âge avancé pour des sergents, adjudants, aspirant, sous-lieutenant.. )
S’ajoute le fait que contre l’armée russe on ne peut guère envisager, un deuxième front si ce n’est de manière difficile par l’armée turque dans le Caucase, pour autant que la Turquie confirme son soutien à l’Ukraine sur l’affaire de Crimée.
Et les renforts éventuels américains, pour autant qu’ils respectent l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord ce dont on peut douter autant sous la présidence de Biden que de celle de Trump, supposeraient des débarquements dont l’organisation prendrait plusieurs mois avec un risque considérable d’échec désormais. Seul sans doute un débarquement américain rapide sur la côte pacifique de la Russie serait susceptible de créer un deuxième ou troisième front front en Sibérie dont la mise en œuvre serait impossible en hiver.
Malheureusement, il ne semble pas que les dirigeants des Etats membres de l’Union aient encore pris conscience du risque d’un conflit de Haute Intensité auquel l’Etat Major français prévoit pourtant de se préparer.