Il existe une citoyenneté européenne mais il semble difficile de définir l’identité européenne.
Et les Institutions de l’Union Européenne font malheureusement tout pour contrarier la construction d cette identité.
En effet alors que l’Union Européenne prône l’égalité des langues, et pour essayer de la respecter, le trilinguisme, elle privilégie paradoxalement depuis quelques années l’usage de l’anglais.
Or cet usage qui tend à devenir exclusif dans de nombreux domaines, va à l’encontre de ce prétendu objectif du trilinguisme dans la mesure où elle rend inutile pour les citoyens irlandais et maltais d’apprendre deux autres langues de leurs concitoyens de l’Union et pour ces derniers d’apprendre une autre langue que l’anglais.
Pourtant si l’on examine attentivement ce qui se passe au Canada, en Belgique et même en Suisse, on constate que l’usage progressif de l’anglais entre les communautés linguistiques différentes nuit à la cohésion de ces Etats.
L’absence de politique de bilinguisme ou de trilinguisme dans ces trois pays crée un véritable mur entre leurs communautés linguistiques. Ce que les Suisses appellent humoristiquement le « Röstigraben » s’accentue, votations après votations. Certes la Suisse reste exemplaire dans la mesure où un équilibre linguistique est recherché en permanence dans l’Administration Fédérale. En outre il reste impensable de faire en Suisse une carrière politique au niveau national sans être trilingue. Mais il n’en reste pas moins que de plus en plus, les différentes parties linguistiques du pays prennent comme en Belgique l’habitude de se parler en anglais ce qui diminue jour en jour leur sentiment de partager des valeurs communes. Si les Suisses francophones pensent de plus en plus comme les Français, les Alémaniques, qui ne veulent surtout pas passer pour des Allemands, se réfugient dans le développement d’un dialecte alémanique non écrit et donc un peu schizophrénique incompréhensible pour les Suisses francophones ou italophones qui font encore l’effort d’apprendre l’allemand accentuant la réaction des uns et des autres à communiquer dans un anglais souvent basique et approximatif. La Belgique meurt de ne pas avoir imposer le bilinguisme. La Suisse devra bien plus rapidement qu’on ne le pense, en venir au bilinguisme intégral dans les cantons bilingues ou situés de part et d’autres de la frontière linguistique et reléguer l’anglais en deuxième langue avec un coefficient inférieur à la première langue étrangère enseignée en évitant les erreurs du Canada qui ne parvient pas à imposer le bilinguisme,
En ce qui la concerne, l’Union Européenne doit rapidement réagir en imposant à tous ses fonctionnaires d’être parfaitement trilingues, ce qui n’est absolument pas le cas et contraire à l’esprit des traités. De même un Etat ne devrait plus pouvoir proposer de faire partie de la Commission Européenne un de ses citoyens qui ne soit pas parfaitement trilingue.
En outre. toutes les Etats ou régions situées de part et d’autre d’une frontière linguistique devraient obligatoirement enseigner en première langue la langue de l’autre côté de cette frontière, comme l’a décidé la Sarre ou comme cela s’est toujours passé au Luxembourg, deux Etats exemplaires sur ce point.
Et surtout pour tenter sérieusement d’atteindre l’objectif affiché du trilinguisme, d’imposer le principe de l’enseignement de l’anglais exclusivement comme deuxième langue avec beaucoup moins d’heures d’enseignement sachant que de toute façon, compte tenu du bain culturel dans lequel baigne la jeunesse européenne et la facilité d’apprentissage de cette langue par rapport aux autres langues de l’Union, elle sera aussi bien maitrisée que la première langue étrangère enseignée.
L’Union Européenne ne doit pas devenir sur le plan culturel une colonie des Etas Unis et par l’uniformisation générale qu’elle génère, perdre la diversité culturelle qui fait la grandeur de sa civilisation.