En 1973, quand le Royaume-Uni est entré dans l'UE, 60% des documents de la Commission européenne étaient rédigés en français et 40% en allemand. Un demi-siècle plus tard, ils sont en anglais à 82%, et seulement à 3% en français, qui reste théoriquement la deuxième langue source, selon des chiffres officiels.
Ce "quasi-monopole" a "entraîné une obligation de fonctionner en anglais, qui est acceptée et internalisée. Beaucoup de fonctionnaires utilisent plutôt l'anglais que leur langue alors qu’avec le Brexit guère plus de 1,5% des 450 millions environ de citoyens européens sont de langue maternelle anglaise et que les 1700 fonctionnaires européens britanniques devraient être intégralement remplacés principalement par des fonctionnaires majoritairement de langue allemande ( langue maternelle de près de 95 millions d’entre eux ) de langue française ( 72 millions) de langue italienne ( 61 millions) Espagnole voire polonaise …
Les nouvelles agences de l’Union telle Frontex, l’Agence du Médicament ne prennent même plus la peine de traduire bon nombre de documents.
Désormais les anglophones à commencer par les Anglais peuvent faire de très importantes économies de traduction et d’enseignement des langues étrangères et il devient presque ridicule pour certains Etats de l’union de dépenser de l’argent pour enseigner une autre langue étrangère que l’anglais.
Alors que dans la Confédération Helvétique, les proportions des effectifs des fonctionnaires fédéraux par langue maternelle doivent être respectées, cela n’est plus le cas dans l’Union Européenne.
Alors que celle-ci prône en théorie le trilinguisme, dans la pratique, un très grand nombre de fonctionnaires européens sont incapables de s’exprimer correctement dans une autre langue étrangère que l’anglais ne prenant même pas la peine d’apprendre le français bien que vivant dans une ville francophone
« Et ces gens-là » comme aurait dit Jacques Brel se disent défenseurs de l’Identité Européenne alors qu’ils singent de plus en plus désormais non plus les Anglais mais les Américains.
L'anglais est promu comme panacée linguistique avec la complicité tacite de l’Allemagne qui depuis la deuxième guerre mondiale fait le complexe d’infériorité du vaincu par rapport aux Anglo-saxons (Le plus bel exemple étant donné par l’actuelle présidente de la Commission Madame Ursula von der Leyen qui pourtant comme issue de l’ancienne aristocratie allemande pourrait faire preuve de plus de fierté à l’égard de la langue de Goethe). Et les gouvernements français issus de « l’Elite mondialisée » n’ont rien fait pour défendre de leur côté la langue de Voltaire.
Avec une grande dose de snobisme. on décide que vous devez parler anglais pour être pris au sérieux, ce que les fonctionnaires acceptent largement, tout en prenant le risque, faute de côtoyer beaucoup moins désormais de fonctionnaires européens de langue maternelle anglaise ( qui ne devraient plus représenter qu’environ 1,5% d’entre eux ) de s’exprimer de plus en plus dans un jargon euro-anglais, parfois incompréhensible pour des personnes de langue maternelle anglaise, de plus en plus proche de publicités commerciales soi-disant en anglais qui fleurissent dans toute l’Europe.
Or, il y a seulement 20 ans beaucoup de fonctionnaires de l’Union Européenne se plaignaient qu'il leur était impossible de parler leur propre langue.
Pourtant la Charte des droits fondamentaux de l'UE de l'an 2000 engage l'Union à respecter la diversité linguistique (article 22) et son article 21 interdit toute discrimination basée sur la langue. Les 24 langues officielles ont, en théorie, les mêmes droits.
Mais subrepticement, c'est notre pensée qui s'américanise ( et non plus s’anglicise) à l’heure pourtant où les Etas Unis montrent à l’Europe un spectacle affligeant. Alors qu’on ne peut certainement pas prétendre qu’aujourdhui les Etats Unis soit un pays dont les Intellectuels rayonnent.
L’Union Européenne a été transformée en grand bazar commercial sans âme sur l’influence croissante des Anglais qui, après l’avoir minée de l’intérieur, ont décidé de la quitter au grand dam des Ecossais.