Le désengagement progressif des Etats Unis en Europe, marqué par une diminution très importante de ses troupes basées en Allemagne, nullement compensée par l’augmentation de celles transférées en Pologne alors que les risques de conflit augmentent, pose un grave problème à la France.
En effet si les Opex permettent d’entrainer ses personnels dans des combats de basse intensité au niveau de petites unités, elles empêchent notamment les armées de terre et de l’air de procéder depuis des années à des exercices de grande ampleur au niveau divisionnaire les entrainant à un combat de haute intensité sur le théâtre européen de moins en moins improbable et risquant de survenir plus vite qu’on pourrait le craindre jusqu’à présent et usent prématurément ses matériels
L’équilibre qui existait à l’époque de la guerre froide a disparu. Et celle des remontrances de l’Union Européenne à la Russie devient totalement irréaliste. Malgré ses tentatives la France n’arrive pas à convaincre ses partenaires de l’Union, notamment ceux qui ont été sous la tutelle de l’Empire russe ou de l’Union soviétique, d’engager celle-ci dans un dialogue réaliste avec la Russie.
On peut comprendre que ces Etats aient plus confiance dans l’Otan que dans une défense européenne qui sans les USA ne reposerait que sur un armée française sous-dimensionnée et qui au surplus ne s’entraine plus depuis longtemps à la guerre conventionnelle sur le théâtre européen quand la Russie organise des exercices réunissant 300 000 hommes à quelques centaines de kilomètres de la frontière de l’Union.
Alors que l’Otan aurait dû disparaitre en même temps que le Pacte de Varsovie, son maintien, l’extension de son champs d’intervention couplé avec une intégration d’anciens Etats membres du Pacte de Varsovie constitue une véritable provocation à l’égard de la Russie.
Or que le Président Poutine soit encore longtemps au pouvoir ou non, le patriotisme russe est tel qu’il est exclu que la Russie, qui a gagné la Deuxième guerre mondiale se résigne, nonobstant, la chute de l’Union soviétique à subir le sort de l’empire Austro-hongrois ou de l’empire ottoman. On constate d’ailleurs que même vaincu de la Première guerre mondiale, le président turc rêve de reconstituer une forme d’empire ottoman.
Or actuellement la diplomatie de l’Union européenne, faute de défense européenne, est fort démunie pour contenir toute déstabilisation sur les marches frontières entre l’Union Européenne et la Russie. Faute d’un nouveau Congrès de Vienne qui permettrait de remettre à plat certaines situations contestables imposées après le deux guerres civiles européennes du XXème siècle, les tensions en Europe ne feront que s’accroitre, surtout si la crise économique conséquence de celle la crise sanitaire importée de Chine, engendre de fortes tensions sociales en Europe et amène la victoire des mouvements populistes nationalistes et l’éclatement de l’Union Européenne. Les conditions d’un dialogue constructif avec la Russie ne peuvent exister que s’il existe un certain équilibre des forces armées entre l’Union Européenne et la Russie. Et l’alliance, contre nature, de fait actuelle entre la Turquie et la Russie et entre cette dernière et la Chine constitue une grave menace pour l’Union Européenne
Face à une telle situation de déséquilibre, la France n’a pas d’autre choix pour appuyer sa diplomatie en direction de la Russie que d’améliorer ses capacités de défense en Europe.
Désormais, la France ne peut pas faire l’impasse sur le risque de conflit conventionnel en Europe et doit considérer que si elle a des intérêts évidents à intervenir en Afrique malgré le ressentiment croissant des populations locales ses intérêts vitaux sont avant tout en Europe. Et comme les Etats Unis considèrent à juste titre qu’ils n’ont pas à garantir seuls la stabilité du continent européen, la France reste seule pour faire un certain contre poids à l’Armée russe. Car en cas de guerre conventionnelle, il sera exclu de recourir à la dissuasion nucléaire.
Or aujourd'hui , la France dispose de 9 brigades réparties en 2 divisions mais serait bien en peine de mener un combat conventionnel en Europe avec guerre plus qu'une grosse brigade avec moins de 200 chars lourds qui serait "consommée" dans les 15 premiers jours de combat sans guère de possibilité de relève .
Dès lors que faute d’une telle défense européenne crédible, pas un Européen n’accepterait de prendre le risque d’une guerre non seulement pour la Crimée, pas davantage pour l’Ukraine, encore moins pour la Biélorussie et même pour les Etats Baltes pour lesquels on peut sérieusement douter du respect par les Etats Unis de l’article V du traité de l’Atlantique Nord, le risque s’accroit que ne saurait contrer de simples sanctions économique totalement contreproductives.
Si donc les Etats Africains d’abord et les Etats de l’Union Européenne ne prennent pas rapidement le relais de la France, quelle que soit la menace évidente que représente non seulement pour elle mais pour l’Union Européenne le risque de déstabilisation des Etats Africains (dont elle est en grande partie responsable par la guerre de Libye), elle devra rapidement mettre fin à ses Opex Barkhane et Chammal (qui au surplus usent prématurément ses matériels) ainsi qu’à l’opération Sentinelle qui ne devrait plus être assurée que par des réservistes de la gendarmerie. Et elle devra rétablir au plus vite augmenter ses effectifs et matériels, rétablir la conscription comme la Suède car il sera de plus en plus difficile de trouver des Sous-officiers et Officiers pour encadrer progressivement un contingent de près de 800 000 hommes et femmes alors que les Armées vont devoir concentrer tous leurs efforts pour s’entrainer à un combat de Haute Intensité de grande ampleur dans un exercice impliquant rapidement au moins dans son intégralité la 3èmedivision de sa Force Scorpion afin de tester en vrai grandeur ses capacités à combattre en Europe et idéalement, avec l’accord de l’Allemagne sur le territoire de celle-ci avec l’armée allemande comme plastron.