La dissuasion nucléaire française dispose d’environ 300 têtes nucléaires réparties en 3 Forces.
La FOST, Force Océanique Stratégique, dispose de quatre sous-marins nucléaires de la classe Le Triomphant, sous-marins lanceurs d'engins de nouvelle génération (SNLE-NG), caractérisés notamment par une invulnérabilité et une mobilité accrues du fait de leur discrétion acoustique. Chaque sous-marin est armé de 16 missiles. En 2025, ils seront tous armés du missile M51-3 à 6 têtes nucléaires océaniques de 100 kt chacune d’une portée de 6 000 kms permettant de frapper plusieurs objectifs éloignés grâce à un système d'espacement des têtes intégré à la partie haute du missile.
Les FAS, Forces Aériennes Stratégique regroupent la cinquantaine de Rafale B en dotation dans l'Armée de l'air équipés du missile (ASMP-A) porteur de la tête nucléaire aéroportée (TNA) d'une puissance estimée à 300 kt.
La (FANu), Force aéronavale nucléaire est constituée du porte-avions Charles de Gaulle et des 28 Rafale M des deux flottilles embarquées.
Le rayon d'action des Rafale, de l'ordre de 2 000 km au maximum, nécessite de recourir au ravitaillement en vol pour les missions stratégiques types qu'ils auraient à mener. Pour ce faire la France disposera d’ici 2025 d'une flotte de 12 avions ravitailleurs.
La dissuasion repose sur la crainte supposée d’un ennemi potentiel non désigné, mais qui pour l’heure ne peut être que la Russie, d’une frappe nucléaire au cas où elle s’en prendrait aux intérêts vitaux de la France.
Elle suppose tout d’abord la volonté s’en faille du Chef de l’Etat français de menacer la Russie du feu nucléaire voire si la Russie ne croit pas au « chantage » de devoir passer à l’acte avec le risque cette fois d’une riposte nucléaire de la Russie qui pourrait être, ne serait-ce que par la taille plus restreinte du territoire français et d’une défense anti-missile balistique et cybernétique inférieure beaucoup plus meurtrière pour elle.
En effet la menace ne peut être sérieusement prise en compte qu’en fonction de la qualité de la défense anti-missiles et cybernétique de chaque camp.
Les capacités françaises en matière de défense antimissile balistique reposent en partie sur le missile intercepteur Aster 30, utilisé par le Principal Anti-Air Missile System (PAAMS), dont sont dotées les frégates Horizon, et le Système sol-air moyenne-portée/terrestre (SAMP/T ou Mamba), mis en œuvre par l’armée de l’Air. Le missile Aster 30 Block 1 NT est doté d’ un autodirecteur ainsi qu'un nouveau calculateur qui affine le pilotage du missile pendant sa phase d'interception ce qui lui permet d'engager des cibles plus manoeuvrantes et rapides et ainsi d'augmenter ses capacités face à des missiles balistiques d’une portée de 1 300 à 1 500 km donc d'une couverture face aux menaces de type Missile balistique à courte portée (SRBM) à une couverture face à l'entrée du domaine Missile balistique àmoyenne portée (MRBM). Le missile Aster Block 2, pour l’instant au stade de concept, propose d’intercepter les missiles balistiques de nouvelle génération de missiles hypersonique (Mach 7) manoeuvrants ayant une portée inférieure à 3 000 km, il sera optimisé pour intercepter dans le domaine d'altitude 20 à 70 km.
Cette menace n'est pas prise en compte par les programmes américains, que ce soit le Patriot, (qui ne monte pas au-dessus de 20 à 25 kilomètres) le THAAD (qui ne descend pas en dessous de 50 kilomètres) ou le SM-3 (qui évolue dans l'espace exoatmosphérique)
Or La défense antiaérienne tactique de l’armée américaine et de ses alliés est basée sur le système sol-air Patriot. Selon les caractéristiques techniques officielles, le Patriot est capable d’intercepter des cibles volant jusqu’à 2 500 km/h à 100 km de distance (25 km pour les cibles balistiques) et jusqu’à 25 km d’altitude (11 km pour les cibles balistiques). Le temps de réaction du système est de 15 secondes. Patriot peut traiter à la fois huit cibles et lancer des missiles à une fréquence de 3 secondes. En dépit de ces conditions parfaites d’interception, le Patriot est peu efficace : en Irak, sur 91 missiles irakiens lancés, 45 ont été détruits par 158 missiles sol-air américains. Dans la majorité des cas le corps du missile irakien était touché, mais pas son ogive. L’exploitation en conditions réelles a également révélé d’autres lacunes du système américain, notamment la sensibilité des groupes électrogènes à l’encrassement avec du sable, et ses radars se sont avérés sensibles aux perturbations électriques.. Au final, le principal défaut de Patriot reste sa faible portée et l’altitude d’interception de la cible – à moins de 20 et 7 km respectivement du site protégé.
Côté russe, les missiles S-400 protègent le ciel dans la région de Moscou, en Extrême-Orient, dans la région baltique et au sud de la Russie. Le "parapluie" déployé par le S-400 au-dessus de sa zone de responsabilité est bien plus grand que ses concurrents: 400 km de rayon et d’altitude. Les performances du S-400 dépassent largement tout autre complexe de défense antiaérienne dans le monde - ce n’est pas par hasard qu’il a été baptisé Triumph. La particularité unique du Triumph est que l’on peut y connecter des modules supplémentaires pour améliorer l’efficacité de travail générale aussi bien que contre des cibles d’un type en particulier. Ses hautes performances ont été confirmées au cours des essais et des exercices. Sur le polygone de Kapoustine Iar, le S-400 a neutralisé une cible se déplaçant à 2 800 m/s. Il a également intercepté une autre cible balistique à très grande altitude. Or aujourdhui la Russie compte douze régiments dotés de missiles sol-air S-400.
Sur le plan de la cyberdéfense, là encore, il semble que la Russie ait une longueur d’avance. Sans rentrer dans le détail, Il n’est pas exclu que sur le plan militaire elle soit capable de s’en prendre aux systèmes informatiques avec le risque de perturber sérieusement sinon paralyser les capacités de tirs de missiles ennemis.
Sur le plan tactique, Il faut ajouter que si la France a supprimé sa Force Hadès en 1997 composés de régiments d’artillerie nucléaire tactique, la Russie dispose encore de régiments d’artillerie nucléaire préstratégiques équipés d’OTR-21 Totchka plus connu sous le code OTAN SS-21 ou SS-21 Scarab d’une portée pour sa dernière version de 185 kms pouvant être dotés d’obus nucléaire de 10 à 200 kt et ne semble plus exclure de les utiliser sur un éventuel champ de bataille européen. Or les missiles balistiques tactiques sont encore difficiles à vaincre sur le champ de bataille
Or si c’était le cas, la France ne pourrait répondre que par la menace de tirs balistiques nucléaires à longue portée sur les cibles choisies du territoire russe,.
En prendrait-elle le risque ? Alors que la population française ne dispose pratiquement d'aucune protection contre une attaque nucléaire.
Le 18 octobre 2018, lors de la quinzième édition de la grande conférence annuelle du cercle Valdaï, le président Poutine est intervenu sous forme d’une interview conduite par le politologue Fiodor Loukianov. La thématique en était : « Le monde dans lequel nous allons vivre : stabilité et développement au 21è siècle ». Un passage de cette interview a retenu plus particulièrement l’attention : évoquant les risques de conflit nucléaire, le Président russe a défrayé la chronique en indiquant que les Russes, en pareille circonstance, iraient au « paradis » en tant que « martyrs » ; l’auteur de cette frappe, irait, lui, en enfer, puisque la rétorsion de la Russie, en le détruisant, le priverait de la possibilité de se repentir…Ces formulations ont retenu l’attention. Sur la forme, elles rappellent un entretien diffusé début 2018 dans le cadre d’un documentaire dans lequel Vladimir Poutine, commentant les conséquences d’une riposte nucléaire russe, s’interrogeait sur un mode rejoignant la « thématique apocalyptique » du discours de Valdaï :
« … comme citoyen de la Russie et comme chef de l’Etat russe, je me pose la question : à quoi bon pour nous un monde dans lequel il n’y aurait pas la Russie ? »
La déclaration de Vladimir Poutine a contraint néammoins le porte-parole de la présidence russe, Dmitriï Peskov, à corriger le tir en affirmant que l’important, dans le propos présidentiel, ne résidait pas dans « l’allégorie » du paradis et de l’enfer, mais bien dans l’affirmation que la doctrine nucléaire de la Russie n’octroie pas à ses dirigeants le droit à une frappe nucléaire préventive ou « première frappe » stratégique :
« Dans notre doctrine il n’y a pas de droit à une première frappe. Nous ne nous considérons pas en droit d’exercer une première frappe » ; « Nous n’attaquerons personne en premier. Mais si on nous attaque, alors tout le monde tombera – certains en enfer, certains au paradis, etc.
Le pire n'est jamais sur mais le passé a montré que dans un monde de plus en plus dangereux, les choses peuvent très vite déraper..