Syrie-Russie-Armes Chimiques-OIAC-Intervention-USA-France-Royaume Uni-Poutine
Il y a quelque chose d’un peu dérangeant dans le comportement actuel des gouvernements occidentaux et de la plus grande partie de leurs médias à l’égard de la Russie.
En effet on est en droit de s’interroger sur les raisons qui amèneraient un gouvernement russe à vouloir empoisonner des citoyens russes domiciliés au Royaume Uni qui ne constituent plus de sources de nuisance pour lui et à un gouvernement du Royaume Uni de refuser de communiquer au présumé auteur les résultats des analyses conduites par son laboratoire officiel (lequel au surplus reconnait ne pas pouvoir affirmer l’origine du poison utilisé).
De même on est en droit de s’interroger sur l’utilité pour le gouvernement syrien de Mr Assad à se mettre à utiliser des armes chimiques à la fin d’une guerre qu’il est en train de gagner plutôt qu’à continuer d’utiliser la stratégie qui lui a réussi avec des moyens militaires classiques et le gouvernement russe avoir intérêt à le laisser faire et ce , qui plus est dans une zone où se trouvent stationnés des soldats russes (alors que la surface d’action de ce type d’armes est quasi impossible à circonscrire) alors que la Russie a pris la responsabilité de contrôler l’élimination par le régime syrien de toutes ses armes chimiques.
Et là encore, alors qu’il existe une Organisation l’OIAC qui a mission d’enquêter sur un tel sujet, pour quelle raison, Mr Poutine prendrait de manière parfaitement irrationnelle un tel risque de demander que cette organisation mène son enquête ?
En fait on croit comprendre que les gouvernements occidentaux USA, France et Royaume Uni qui reconnaissent implicitement s’être trompés sur l’affaire syrienne et que la guerre est en train d’être gagnée par la Syrie avec ses alliés russe et iranien, espèrent, non plus tenter un ultime coup pour abattre le gouvernement syrien (pour comme en Irak ou en Lybie le remplacer par quoi d’ailleurs ?) ni contraindre le gouvernement syrien à respecter la ligne rouge fixée, mais marquer une ligne rouge aux actions en général de Monsieur Poutine et en particulier s’inviter dans le règlement de l’affaire syrienne qui risque bien de se faire sans eux avec une partition du pays.
Pourtant à la différence de la Russie et de l’Iran qui sont intervenus et interviennent en Syrie à la demande du gouvernement légitime syrien, les Occidentaux, comme le fait la Turquie actuellement , s’apprêteraient à y intervenir militairement officiellement (les forces spéciales n’étant officiellement pas présentes), sans aucun vote d’autorisation de l’ONU à la différence de l’Irak où ils avaient été autorisés d’intervenir pour un motif qui s’est avéré crée de toute pièce par les USA ni comme en Lybie où ils avaient également obtenu l’autorisation mais pour un mandat qu’ils se sont permis d’élargir en violation du droit international au renversement du gouvernement du colonel Kadhafi.
Les citoyens des USA, de France ou du Royaume Uni ont eu le moyen de se rendre compte que le président Poutine est tout sauf stupide et impulsif et n’avait rien à gagner à des opérations tordues d’un tel type
En outre et surtout ils savent que dans nos pays, un principe constant est que le doute profite à l’accusé d’une part et que les gouvernements, qui se prétendent vouloir faire respecter le droit, se doivent de donner l’exemple et de respecter le droit international d’autre part.
Le président Poutine et son gouvernement, même si les médias occidentaux lui sont majoritairement hostiles, aura beau jeu de démontrer à l’opinion internationale que les pays occidentaux revendique l’application du droit international quand cela les arrange et s’empresse de le violer quand cela contrarie leurs plans.
Après s’être rendu compte que les sanctions internationales contre la Russie étaient assez inefficaces et préjudiciables pour eux, que les expulsions de « diplomates » n’impressionnaient guère ce pays, ils en viennent à menacer militairement indirectement la Russie par le biais de l’affaire syrienne plutôt que d’engager une négociation générale avec elle au risque de déclencher un conflit international.
Et à un moment où la France, si les choses tournaient mal, dispose d’une armée réduite à sa plus simple expression et pourrait se voir lâcher par une Amérique, plutôt assez inconstante, qui il y a quelques jours encore s’apprêtait à vouloir retirer toutes ses troupes de Syrie comme elle l’avait déjà annoncé autrefois pour l’Irak et pour l’Afghanistan.
Si le président de la France, un peu imprudemment comme ses prédécesseurs Obama et Hollande, a cru devoir réaffirmer le principe d’une ligne rouge à Mr Assad et ne peut comme eux désormais reculer sous peine de perdre sa crédibilité nationale et internationale, il doit prendre en compte le fait que désormais la défense de cette ligne rouge se fait contre la Russie et prendre garde que toute intervention ne constitue pas un événement comparable à l’attentat de Sarajevo.