Pour la première fois, semble-t-il, sous la Vème République, le ministre des Armées n’est pas ministre d’Etat ce que me semble pas avoir relevé beaucoup de commentateurs.
Loin de penser qu’il s’agit d’un moindre intérêt pour les Armées du nouveau Président de la République française qui, de par son jeune âge, n’a pas effectué de Service militaire, au contraire cela traduit chez lui la volonté de marquer qu’il est le Chef des Armées et que le ministre en charge des Armées va se trouver réduit à un simple rôle de Secrétaire d’Etat.
Pour différentes raisons, le nouveau Président a décidé de rétablir un Service Militaire d’ 1 mois.
Si un tel rétablissement dans les circonstances actuelles rencontre l’assentiment de la majorité des Français, ce n’est pas le cas des militaires de métiers qui, à juste titre, ne se voient pas redevenir en charge de la formation et de l’encadrement de ces nouveaux soldats qui ne pourront servir que dans une sorte de Garde Nationale sur le territoire national dans le cadre d’une nouvelle Défense Opérationnelle du Territoire alors qu’ils doivent eux se former essentiellement à la Défense Extérieure sur des matériels de plus en plus sophistiqués. En outre, « déjà à l’os », l’Armée française peut légitimement craindre de « faire les frais » sur le plan budgétaire du rétablissement du Service Militaire obligatoire.
Un tel rétablissement ne peut se faire qu’avec la seule composante de l’Armée qu’est la gendarmerie et plus spécialement des escadrons de gendarmerie mobile.
Si l’on peut admettre que l’on rétablisse pour l’instant un Service militaire d’ 1 mois seulement comme l’envisage actuellement le nouveau Président, personne ne peut raisonnablement penser que l’on puisse faire d’un ou d’une jeune civile un soldat en 4 semaines quand bien même il s’agirait de former une Garde Nationale dotée d’un armement individuel limité au fusil d’assaut tel le Famas actuel qui va disparaitre dans l’Armée. Rapidement l’on se rendra compte de la nécessité d’étendre à 3 mois continus la formation de base de ces nouveaux conscrits.
Dans l’immédiat, sur la base d’un nombre de conscrits potentiels de 900 000 pour une classe d’âge de 18 ans ramené à 720 000 après rejet des hommes et femmes jugés inaptes, le contingent mensuel s’élèverait à 60 000 par mois ce qui sur la base d’un encadrement de 10% implique un besoin mensuel de 6000 sous-officiers et officiers que manifestement la gendarmerie mobile serait incapable de fournir ni la « Réserve Opérationnelle ». Et sur l’année un besoin 72000 officiers et sous-officiers.
Le Service militaire obligatoire ayant été suspendu il y a maintenant 20 ans, hormis les quelques officiers et sous-officiers engagés après 1997, les plus jeunes anciens officiers et sous-officiers issus du Service militaire Obligatoire ont tous plus de 40 ans.
La seule solution pour le redémarrage du Service Militaire passe par le recours au bénévolat des anciens sous-officiers et officiers sans limitation d’âge après contrôle d’un minimum d’aptitude qui accepteraient de reconsacrer 1 mois minimum de leur temps sans rémunération au Service de leur pays. Ce qui suppose quand même d’en trouver de l’ordre de 65000. Ce qui n’est pas un mince challenge ! Au fil des ans ensuite, on peut espérer qu’un certain nombre d’appelés accepteront de refaire 1 mois pour obtenir le grade de sous-officiers et prendre le relais des anciens.
Chaque conscrit devra ensuite pouvoir être rappelé pendant 1 mois pendant 5 ans dans la Garde Nationale dans l’unité stationnée près de son domicile.
Sur la base de bataillon de 600 soldats, l’incorporation de l’ordre de 60 000 conscrits par mois, implique de trouver 100 cantonnements ce qui parait encore tout à fait possible surtout si, pendant les 5 mois de mai à septembre, le mois de service obligatoire est effectué en camp. Mais une répartition sur le territoire doit tenir compte des besoins des agglomérations.
Ainsi le Grand Paris devrait stationner sur son territoire de l’ordre de 12 000 conscrits en 20 bataillons. Marseille, Lyon, l’agglomération Lilloise chacune 2 bataillons soit 3600 soldats puis toutes les agglomérations de l’ordre de 500 000 habitants disposer d’un bataillon etc
Il est tout à fait surprenant d’entendre de la bouche d’un ancien ministre des Armées, opposé à l’époque à la fin du Service Militaire Obligatoire Monsieur Morin dire que le rétablissement du Service Militaire d’1 mois promis par le Président Macron ne fera pas car notamment d’une durée insuffisante alors qu’il apparait vital de recréer une Défense Opérationnelle du Territoire que ne pourra pas assurer l’armée de métiers.
Il faut bien commencer à réamorcer le système avant que les anciens sous-officiers et officiers issus du Service Militaire Obligatoire soient tous devenus inaptes ou soient morts. Sinon la remontée en puissance nécessaire de la DOT ne pourra plus être effectuée que sur une bien plus longue durée par les Militaires engagés au détriment des missions que l’on a toujours besoin de leur confier si la France ne veut pas abandonner son rôle de puissance moyenne disposant d’un siège permanent à l’ONU et d’un droit de veto.
Et pour des raisons budgétaires évidentes, cela ne pourra se faire que par la mise à disposition gratuite des cantonnements par les agglomérations d’implantation, l’absence d’indemnité pour les appelés à servir près de leurs lieux de résidence et le bénévolat des anciens sous-officiers et officiers chargés de les former et de les encadrer.
Si la Suède a décidé de rétablir le Service Militaire et y arrive, on ne voit pas pourquoi, si cela est vital, la France n’y parviendrait pas.