La calme Suisse, patrie du compromis, est en passe de connaitre une guerre linguistique comparable à celle qui continue de régner en Belgique.
En effet alors que l’instruction publique reste une compétence des Cantons mais fait l’objet d’un accord fédéral dénommé HarmoS (qui impose notamment l’apprentissage de deux langues étrangères, la première au plus tard en 5ème soit CE2, la seconde en 7ème soit CM2 dont une langue nationale) conclu par la Conférence des Directeurs Cantonaux et en vigueur depuis 2009, le Grand Conseil du Canton de Thurgovie vient de violer un tel accord en votant l’abandon de l’enseignement du Français à l’Ecole Primaire mettant à mal et par la même le principe du Bien Vivre Ensemble.
Le prétexte car il s’agit bien d’un prétexte politique, de pure démagogie, des hommes politiques suisses alémaniques qui veulent faire plaisir à leur clientèle de parents soumis à leur engouement croissant, transmis à leurs enfants, envers la connaissance de l’Anglais censée leur assurer un avenir professionnel supérieur ainsi qu’ aux préoccupations des enseignants dépassés par la baisse de capacité de concentration générale des élèves.
En effet, outre le fait que toutes les études scientifiques le prouvent, la grande majorité des enfants n’accédera pas à des niveaux professionnels tels qui leur imposeront de savoir l’Anglais mais aussi au minimum deux autres langues internationales importantes, mais exercera un emploi au niveau national qui leur permettra, s’ils maitrisent deux des trois langues nationales principales, l’Allemand. Le Français et l’Italien de disposer d’un salaire moyen supérieur de l’ordre de 15% à ceux qui ne maitrisent qu’une langue nationale et l’Anglais.
En réalité le problème de la surcharge prétendue des élèves pourraient éventuellement trouver une explication dans le fait que depuis une quarantaine d’années, par engouement d’une forme complexée de nationalisme, les suisses alémaniques parlent de moins en moins bien le bon Allemand qui reste qu’ils le veuillent ou non leur langue écrite (ce qui n’est pas sans leur causer certains problèmes sur le plan intellectuel dont ils ne semblent pas avoir pris conscience) et exigent de plus en plus que l’enseignement du primaire soit effectué en dialecte Switzerdütsch plutôt qu’en bon allemand Hochdeutsch ce qui reporte pratiquement l’enseignement de cette langue à l’entrée des Cycles d’Orientation comme une espèce de langue étrangère à apprendre en concurrence avec l’Anglais et le Français, au détriment de ce dernier réputé plus difficile et moins « intéressant » en raison de l’idée reçue qui laisse croire que l’apprentissage en priorité de l’Anglais serait, à tort, plus rentable pour la majorité alors que seule toujours une minorité accède aux études supérieures et surtout à un emploi imposant en Suisse la connaissance de l’Anglais.
Ainsi cette méconnaissance progressive du bon Allemand HochDeutsch et la nécessité de l’apprendre comme langue étrangère, imposerait, en raison de la surcharge des élèves, de limiter l’enseignement à une seule autre langue étrangère et compte tenu de l’engouement actuel pour l’Anglais, à celle qui n’est pas langue nationale de la Suisse plutôt qu’au Français ou à l’Italien qui le sont.
Malheureusement sauf à penser que les enfants suisses alémaniques ont une insuffisance intellectuelle particulière (provenant sans doute de la diffusion exagérée hors du milieu familial d’un dialecte qui les rend de plus en plus incapables de parler correctement le bon allemand (pour lequel ils doivent suivre en quelque sorte des cours de remise à niveau) il faudrait qu’on nous explique comment les enfants non seulement du Luxembourg, mais surtout de la Sarre (qui a décidé de devenir complétement bilingue Allemand-Français en 40 ans) font pour apprendre également l’Anglais que ceux d'entre eux qui en ont réellement besoin professionnellement pratiquent également ?
On peut s’étonner d’ailleurs que comme aujourdhui l’Alsace et la Lorraine en France ou l’Allemand est en perte de vitesse , les cantons du Valais, de Fribourg, de Bern, de Soleure, du Jura, de Bâle-Ville et Bâle campagne qui se trouvent sur la frontière linguistique comme la Sarre et le Luxembourg, n’ont pas encore jugé utile d’opter comme la Sarre et le Luxembourg pour un bilinguisme Allemand-Français qui serait certainement beaucoup plus rentable pour la grande majorité que l’apprentissage d’un Anglais, souvent basique faute de pratique quotidienne suffisante qui ne sert à la plupart qu’à le bredouiller lors de leurs voyages de loisir à l’étranger.