Alors que le Président de la République française vient de se rendre sur le porte-avion Charles de Gaulle pour clôturer les campagnes de l’Aéronavale française en Irak contre Daesh du fait de l’immobilisation prochaine pour 18 mois de son unique porte-avion, on est légitimement en droit de se poser la question du bilan réel de ces deux campagnes par rapport à celui qui nous est présenté et surtout le bilan de ces derniers deux mois passés aux larges des eaux territoriales syriennes si ce n’est à quai à Limassol à Chypres.
En effet alors que l’on nous présente un bilan global depuis aout 2014 des actions menées par les Rafales tant de l’Armée de l’Air depuis la Jordanie ou d’Abu Dhabi que de ceux embarqués sur le Charles de Gaulle au cours de son premier déplacement de deux mois début 2015 au large des eaux territoriales syriennes poursuivi pour les raisons déjà exposées dans le Golfe Persique puis de ce nouveau dernier séjour de deux mois d’octobre à décembre 2016 en totalité cette fois au large des eaux territoriales syriennes, force est d’admettre que l’on nous présente aucun bilan chiffré précis des bombardements qui auraient été effectués dans le cadre du plan de reprise de Mossoul de cette dernière campagne du Charles de Gaulle.
Et pour cause !
Car comme lors de la première campagne de début 2015, faute par le gouvernement français d’admettre les Russes comme des alliés objectifs voire au moins comme les Américains de passer avec eux pour leurs interventions en soutien de l’armée irakienne et des kurdes des accords de « de-confliction », l’Aéronavale française était dans l’impossibilité quasi-absolue de bénéficier de sa position plus favorable au large de Chypre que celle dans le Golfe Persique pour pouvoir survoler l’espace aérien syrien entièrement contrôlé par les Russes pour pouvoir aller bombarder Daesh en Irak dans le cadre du plan de reconquête de Mossoul notamment.
A moins que comme vient de l’exposer assez benoitement le chef d’Etat-major de la Marine Nationale française, celle-ci se soit résignée elle-aussi à passer avec l’armée russe et notamment l’armée de l’Air mais également l’escadre entourant le porte-avion Amiral Kouznetsov qui se trouve lui dans les eaux territoriales syriennes entre l’escadre française et les côtes de Syrie des accords de « déconfliction » pour éviter que les rafales de l’Aéronavale française soient abattus lors de leur survol du territoire Syrien.
Outre le fait que de tels accords de « déconfliction » ont dû imposer à la Marine Nationale française d’obtenir des Russes depuis les eaux territoriales syriennes des corridors aériens sécurisés entre Damas et Alep pour se rendre au-dessus du territoire irakien et en revenir avec ravitaillement en vol et donc présenter leurs plans de vols et indiquer les cibles visées, ce qui a quelque chose d’un peu humiliant vis-à-vis de soldats russes présentés comme les alliés de l’ennemi Assad (et sinon ennemis en tous cas pas alliés reconnus des Français ), on est en droit de s’étonner que les journalistes français ( à l’exception évidemment de ceux du Figaro propriété de Mr Dassault constructeur des Rafales) ne se soient pas posés la question de savoir qui a autorisé de tels accords de déconfliction et qui les a signés si ce n’est le Président de la République française Hollande et son fidèle ministre de la Défense Le Drian. Et surtout également de se demander si le brillant ancien Premier Ministre et actuel Ministre des Affaires Etrangères Eyraud et son Premier Ministre Valls en étaient informés.
Si oui, l’opinion publique française et Internationale aurait de bonnes raisons de s’offusquer de l’hypocrisie d’un gouvernement français si prompt à fustiger sur le plan international le type d’action menée par la Russie contre Daesh en Syrie notamment à Alep en soutien du Président Assad tout en concluant avec l’aval du Président Poutine des accords de déconfliction pour pouvoir se faire « mousser » au sujet de ses actions en Irak dans le cadre d’une coalition dont l’efficacité du soutien apporté à l’armée irakienne pour la reprise de Mossoul n’a pas encore été démontrée .
Si non ce serait une nouvelle preuve des nombreux disfonctionnements de ce gouvernement français.
En toute hypothèse, même si de tels accords relèvent de la « Real Politik », on peut s’étonner surtout que la Commission de la Défense Nationale du Parlement français ne semble pas penser à interpeller le Ministre Le Drian sur la réalité de tels accords passés avec l’armée russe nécessairement avec l’aval du président Poutine.
Enfin on comprend très mal la critique formulée par la grande majorité des hommes politiques français et journalistes de tous bords contre la nécessité affichée par l’ancien Premier Ministre, Fillon, candidat désigné de la Droite pour la Présidentielle française, de discuter avec la Russie des moyens de vaincre Daesh et de rétablir la paix en Syrie et en Irak alors que l’évidence, que cela plaise ou non, démontre que c’est ce pays qui détient désormais les meilleures cartes alors que la diplomatie française s’est montrée parfaitement incapable d’analyser sérieusement la situation d’un pays que, compte tenu de son passé, elle devrait connaitre aussi bien sinon mieux que les Russes.
Mais tout cela ne relève-t-il pas d’un réel aveuglement de certains hommes politiques et médias français et étrangers y compris américains depuis plus de 20 ans dans la manière de lutter contre l’Islamisme ?