Au moment où la Suède vient de rétablir le service militaire obligatoire alors qu’elle est certainement moins menacée sur son territoire que la France, il convient de se souvenir des raisons qui ont conduit le Président Chirac à le suspendre en France.
Tout d’abord d’une manière générale, depuis notamment la suppression des tribunaux militaire par le Président Giscard d’Estaing, l’Armée n’était plus en mesure de faire respecter toute une partie des règles militaires à une partie du contingent. Et l’incident particulier qui s’était produit sur le Porte avion Foch pendant la première guerre du Golfe sous le Président Mitterrand qui l’avait obligé à revenir à Toulon pour débarquer les marins du contingent qui n’étaient pas volontaires et réembarquer les seuls volontaires, avait amené le Président Chirac à considérer à raison qu’il n’était plus envisageable d’obliger des soldats du contingent à défendre leur pays en dehors du territoire national.
En outre, à juste titre, les militaires de carrière estimaient que la technicité croissante des armements imposait d’avoir recours à des soldats de carrière plus motivés et mieux entrainés pour faire face à un combat moderne.
Pour ces raisons, l’Armée actuelle est majoritairement opposée au rétablissement du Service Militaire Obligatoire dès lors qu’elle est amenée à conduire essentiellement des OPEX, des opérations extérieures et ne devrait pas, compte tenu de ses effectifs limités, les utiliser à des OPIN, opérations sur le territoire national telle que l’opération SENTINELLE.
D’autant que même à l’époque de la défunte DOT, Défense Opérationnelle du Territoire, jamais vraiment repensée depuis, son rôle était ou du moins aurait été extrêmement limité dans la mesure où, si le Corps de Bataille avait été amené à combattre en Allemagne dans un cadre conventionnel face aux Force du Pacte de Varsovie, il n’en serait pas resté grand-chose pour assurer en repli en cas d’invasion, la défense du territoire national.
A juste titre donc la Défense Opérationnelle du Territoire ne relève pas des missions prioritaires de l’Armée de Métier crée à partir de 1996 mais d’une Armée de Conscription encadrée par la Gendarmerie Mobile appelée si l’on veut Garde Nationale, dotée de moyens légers adaptés, lui permettant d’organiser un combat efficace notamment dans les grandes agglomérations, seules lieues où une résistance peut désormais être encore efficacement organisée.
Or ce n’est pas avec des « Réserves prétendument Opérationnelles » et en nombre insuffisant quand bien même l’effectif de 85 000 soldats serait atteint dans les 3 ans, que l’on peut espérer valablement refonder une véritable Défense Opérationnelles du Territoire mais avec des soldats du contingent ayant effectué sans aucune permission une formation militaire de base de 45 jours ensuite affectés pour 45 autres jours sans permission à leur mission de défense du territoire national que l’on peut espérer organiser sérieusement une telle défense dans la mesure où un seul tel contingent de l’ordre de 600 000 soldats par an serait à peine suffisant.
En effet force est de reconnaitre en cette fin d’année 2016 que malgré la prétendue importante montée en puissance de la Réserve Opérationnelle, 13 000 militaires de carrière restent stupidement affectés à l’opération Sentinelle au détriment de la formation qu’il était en droit de recevoir quand ils se sont engagés pour effectuer de véritables opérations militaires et de leur affectation à celles-ci.
A raison tous les débuts de trimestre d’une incorporation de 150 000 appelés et de leur versement pour 5 ans dans la réserve véritablement opérationnelle, la « Garde Nationale » devrait pouvoir disposer d’un effectif nettement plus conséquent compte tenu de contraintes beaucoup plus faibles d’utilisation d’un tel contingent et de la Réserve véritablement opérationnelle que la Réserve Opérationnelle actuelle qui ne permettra au mieux de mobiliser chaque jour 24 h sur 24 qu’un grand maximum de 3000 gardes et jamais, si besoin, de remplacer les 13 000 militaires de carrières actuellement encore mobilisés pour la défense du territoire.
Il faut donc arrêter de tromper la population et faire comme la Suède qui vient de rétablir le Service Militaire Obligatoire pour 2018 qu’elle avait supprimé en 2010 ou comme la Suisse, pays neutre comme elle et qui, bien que n’ayant pas connu la guerre depuis plus d’un siècle a maintenu une Armée de Milice.